18 mar 1937

La terrible nuit de clichy dicte au front populaire son devoir immédiat - Parti Communiste SFIC (mars 1937)

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Parti Communiste SFIC, mars 1937

Le Bureau politique du Parti communiste français s'est réuni ce matin, jeudi, au siège du Comité central, sous la présidence de Marcel Cachin.

Douloureusement ému par les sanglants événements de Clichy, le Bureau politique s'incline devant les malheureuses victimes qui s'ajoutent à la liste déjà longue des meilleurs fils de la classe ouvrière qui ont donné leur vie pour la défense de la République, pour la sauvegarde de la démocratie et de la paix.

Il décide de s'inscrire pour un versement de 5.000 francs dans la souscription lancée par le Secours populaire de France en faveur des familles éplorées.

La douleur du peuple ouvrier est profonde comme en témoigne l'unanimité avec laquelle il vient de répondre à l'appel de ses organisations syndicales, de l'Union des Syndicats de la Région parisienne et de la Confédération générale du travail. La grève générale limitée à une demi journée, se déroulant dans un calme, une discipline impressionnante et une dignité parfaite, atteste la puissance de la classe ouvrière organisée et sa volonté de voir mettre un terme aux agissements intolérables des provocateurs à la guerre civile.

Les ennemis de la République, ceux qui rêvent d'un nouveau 6 février, ceux qui fomentent continuellement des troubles en France et dans les colonies, pour le compte de puissances étrangères, ne doivent pas pouvoir perpétrer leur mauvais coup.

Le Front populaire qui a déjà tant fait en faveur du peuple ne se laissera pas manoeuvrer par la réaction et le fascisme, ennemis de la France.

Le Front populaire plus uni que jamais, dont la cohésion sera resserrée par les leçons qui se dégagent des événements tragiques de Clichy, poursuivra son œuvre pour le plus grand bien du pays. Avec le Parti radical dont le prestige provient de sa lutte pour les libertés républicaines, avec ses chefs tant injuriés par ceux qui ont fait couler le sang ouvrier, avec nos frères socialistes qui, hier, à la réunion du Comité d'entente parisien, proclamaient avec nous la nécessité de désarmer et dissoudre les ligues factieuses, avec la grande C.G.T. Dirigée par notre camarade Léon Jouhaux, avec tous les démocrates, tous les républicains, tous les hommes de bonne volonté, le Front populaire ira de l'avant vers le progrès social pour le triomphe de la démocratie et de la République.Mais la terrible nuit de Clichy dicte au Front populaire son devoir immédiat.

Il faut, comme le souligne le Programme adopté par tous, désarmer et dissoudre effectivement les ligues factieuses.

Il faut, selon la parole de notre camarade Léon Blum, président du Conseil, que passe enfin le souffle républicain dans la police, dans l'armée, dans les administrations de l'Etat.

Il faut, sans faiblesse, garantir la réalisation du Programme du Rassemblement populaire :

garantir la retraite aux vieux travailleurs,

garantir les revendications légitimes des paysans, des petits commerçants, des artisans,

garantir aux chômeurs le relèvement de leur allocation, garantir la mise en route des grands travaux,

réaliser la réforme démocratique de la fiscalité française de manière à donner à l'Etat les ressources qui lui sont nécessaires en même temps qu'il sera possible de soulager les pauvres. Par la réalisation de son Programme, par son union, par sa cohésion, le Front populaire assurera à la France le pain, la liberté et la paix. Tout pour le Front populaire ! Tout par le Front populaire !