Réagissons contre la répression - Maizieres (décembre 1927)
Submitted by Anonyme (non vérifié)décembre 1927
Lors de nos récentes campagnes, il apparaît que nos cellules d'entreprises n'ont pas pris une part active à la préparation de ces campagnes.
Certains échos, d'autre part, nous indiquent que dans notre Parti, un grand nombre de camarades délaissent leurs cellules d'entreprises pour se réfugier sur leur lieu d'habitation et qu'en général, nos cellules n'ont pas suffisamment d'activité.
Nous sommes en face d'une situation économique et politique tout à fait favorable pour montrer à nos camarades du Parti l'importance de l'organisation sur la base de la production et leur rappeler que cette structure est le résultat de l'expérience acquise par les nombreuses années de lutte du parti bolcheviste et des différentes sections de l'Internationale Communiste.
A l'enthousiasme du début, aux nombreuses imprudences commises ces dernières années dans le travail quotidien au sein de l'usine, au manque de méthodes de travail, succède dans une certaine mesure le scepticisme, voire même le découragement, il nous faut réagir. La répression patronale se fait chaque jour plus féroce, elle s'organise. La bourgeoisie ne nous laissera pas impunément nous installer au coeur de l'usine, car elle sait que l'existence même de notre cellule communiste, défendant les ouvriers contre un patronat rapace, les entraînant à la lutte non seulement pour les revendications immédiates, mais aussi en vue du renversement de la bourgeoisie, constamment à la pointe du combat, faisant pénétrer nos mots d'ordre, c'est pour elle l'effervescence continuelle dans l'usine, la désorganisation de la production, la fin des dividendes, le développement de l'influence du Parti. Au travers de ces luttes partielles, les ouvriers prennent conscience de leur force, ils se préparent, guidés par notre Parti, à livrer la bataille décisive, il est donc très naturel que la bourgeoisie contre-attaque et traque nos militants.
Nous devons, non pas enregistrer purement et simplement la destruction systématique de nos cellules, mais nous devons tirer de l'offensive patronale de premiers enseignements, connaître la méthode employée par le patronat, envisager de nouvelles formes de travail.
La bourgeoisie, devant une case économique sérieuse, passe à l'offensive contre la classe ouvrière ; elle veut faire payer aux travailleurs les frais de cette crise, elle s'attaque aux salaires, à la journée de travail.
Cette offensive commencée il y a quelques mois se précise chaque jour davantage, une nouvelle vague de grèves déferle sur notre pays, nos militants sont poursuivis, les lois scélérates fonctionnent à plein, le gouvernement Poincaré espère mettre notre Parti dans l'illégalité. Cette situation pour tous les communistes doit être un stimulant énergique ; enracinons-nous dans les entreprises, préparons-nous, fabriquons nous mêmes nos journaux d'usine. Seulement dans cette mesure, nous pourrons supporter les coups de la bourgeoisie. J'ai l'impression qu'à tous les échelons du Parti, l'on n'attache pas assez d'importance aux questions d'organisation. Nos directions de rayons, de régions, planent au milieu de grands problèmes politiques, l'on discute longuement, mais l'on néglige la tâche essentielle : celle de se retourner vers les cellules, de les aider, de les conseiller, de les organiser.
Sans cette aide indispensable, les camarades, aux prises avec de grosses difficultés, se découragent, ils ne trouvent pas l'aliment politique nécessaire qui les lie à la cellule, ils disparaissent : ou bien ils quittent le Parti, ou bien ils retournent sur leur base locale. Que faut-il faire ? Un certain nombre de propositions me viennent à l'esprit, elles ne sont évidemment pas nouvelles, mais je crois nécessaire de les rappeler.
1.
A chaque conférence des sous-rayons – comités locaux – rayons et régions, il serait nécessaire de poser la question du rôle de la cellule comme organisme de base de notre parti et de son fonctionnement. Le rapport sur l'activité d'une ou plusieurs cellules suivi d'autocritique, à l'ordre du jour de ces différentes conférences, serait très intéressant.
2.
La section centrale d'organisation pourrait recueillir un certain nombre d'expériences acquises par certaines de nos cellules et vulgariser le détail de leur travail pratique dans nos différentes régions. Lier ce travail pratique aux campagnes du Parti.
3.
Dans nos différentes écoles de rayons et régions, développer davantage les cours sur la cellule d'entreprise.
4.
Toutes les campagnes du Parti, quelles qu'elles soient, doivent avoir comme base essentielle d'agitation la cellule d'entreprise. Sur ce point, il est indispensable d'insister. D'une façon générale, les campagnes du Parti sont l'apanage de l'Humanité , de la fraction parlementaire ou des Comités du Parti, nos cellules participent à la préparation de ces campagnes dans une faible proportion.
J'insiste et j'indique que quel que soit le caractère de la campagne engagée, ce sont nos cellules d'entreprises qui doivent être la base de toute l'agitation, ensuite seulement, des assemblées populaires locales peuvent être organisées.
Je pense qu'en raison de l'offensive patronale, il est temps d'employer des formes de travail plus conspiratives et clandestines. Il ne s'agit pas de se réfugier dans la complète illégalité, mais de battre le patronat dans ses méthodes de répression.
D'abord, enlever à nos cellules de grosses entreprises les rattachés. Il est certain que cette mesure peut donner de bons résultats car nous ne devons pas toujours voir un mouchard dans un ouvrier travaillant à l'usine. Ensuite, au sein de la cellule, ne s'appeler que par un chiffre ou une lettre.
Diviser, si c'est possible la cellule en sous-cellules d'atelier, ce qui diminue d'autant les possibilités de mouchardage.
Il nous faut également apprendre à être moins bavards, plus discrets, éviter, comme nous le constatons très souvent, de parler bruyamment au sortir de la réunion.
Il arrive très souvent que lors d'un conflit notre cellule tout entière est chassée de l'entreprise. Là encore, i1 nous faut lutter. Seule une partie de la cellule doit lutter, mais nous devons toujours conserver un noyau qui continuera le travail commencé et l'application du plan de travail élaboré.
Nous avons également un grand apprentissage à faire pour démasquer impitoyablement les mouchards et les flics. Nos comités du Parti doivent dans cette tâche seconder et aider les cellules dans cet important travail. Des conversations sur les méthodes à employer doivent être tenues avec nos cellules. Nous devons également renforcer sérieusement les Comités du Parti (comités de sous-rayons, comités locaux) qui sont en liaison directe avec nos cellules.
Notre Parti possède d'excellents militants dans les organismes de base ; il suffit de les aider, de les conseiller, de les faire travailler au comité local, nous aurons ainsi la possibilité d'avoir des comités, donnant à nos cellules la vie politique indispensable. Le sujet n'est pas épuisé car il est vaste, mais il est nécessaire d'examiner les régions une à une, de leur donner des directives particulières et de remonter à tout prix ce courant néfaste au Parti. Nos camarades des grandes régions ont suffisamment d'expérience pour compléter les nombreuses omissions de mon papier. Nous nedevons pas nous décourager, la lutte de classe exige parfois de lourds sacrifices.