17 juin 1936

La vie de nos cellules - Charles Roth (juin 1936)

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Charles Roth, juin 1936

Le but de cet article est de rappeler toute une série de conseils qui furent déjà maintes et maintes fois donnés pour améliorer le travail de chacune des organisations de base de notre Parti. Qu'on considère encore une fois ce que représente aujourd'hui l'organisation de notre Parti. Il a dépassé ses 100.000 adhérents depuis quelques semaines et ceux-ci sont répartis dans près de 5.000 cellules.

Précisons qu'à peine un millier d'entre elles sont en liaison directe avec les grandes entreprises de ce pays, là où le patronat et les organisations fascistes développent leur politique d'appauvrissement et de division de la classe ouvrière.

Le nombre de nos cellules a certes augmenté de 726 par rapport à octobre 1935 pour 49 régions sur 61, que compte le Parti, mais de seulement une centaine dans les entreprises.

Ainsi, au premier abord, il apparaît que nous devons vérifier l'affectation des nombreux camarades qui sont venus pour lutter avec nous et tenir compte de leur situation sociale.

C'est que les cellules d'entreprises doivent toujours être la base du Parti car c'est là que se déroule l'essentiel de la lutte pour le pain, pour la liberté et pour la paix.

Elles assurent au Parti le contact indispensable avec les ouvriers les plus éclairés et la grande masse de ceux qui sont encore à gagner à la lutte, y compris ceux qui se sont laissés entraîner dans les formations fascistes.

C'est là qu'il nous est le plus facile de les conquérir, car c'est là qu'apparaît le mieux la contradiction qui ronge toutes les organisations fascistes, à savoir : qu'elles ne peuvent pas prendre en mains la défense des intérêts des travailleurs parce qu'elles sont les organisations du grand patronat qui les tolère et les développe pour la défense de ses privilèges.

C'est là, en premier lieu, que le Volontaire national, que l'ouvrier catholique acceptera de mettre sa main dans celle que nous lui tendons pour défendre ensemble nos revendications communes. Mais nos autres cellules ont aussi leur importance car ce sont elles en particulier qui assureront la liaison, indispensable aussi, entre notre Parti et la masse non prolétarienne qui lutte de plus en plus résolument aux côtés du prolétariat.

Certaines d'entre elles d'ailleurs ont pour tâche de créer les conditions favorables pour la formation de la cellule dans l'entreprise la plus importante de leur champ d'action.

Enfin, dans l'état actuel de nos liaisons avec l'ensemble des ouvriers, elles nous permettent d'avoir de bons contacts avec eux, en attendant d'avoir réalisé une meilleure affectation de chaque membre du Parti. Nous ne cachons pas que l'affectation d'une façon raisonnable des nouveaux adhérents à notre Parti doit nécessiter de notre part beaucoup d'attention.

De la bonne ou de la mauvaise répartition des camarades peut dépendre la bonne ou la mauvaise activité de notre organisation. C'est qu'en définitive, comme l'a dit le camarade Staline :

« Après qu'une juste solution est donnée, le succès dépend du travail d'organisation, de l'organisation de la lutte pour l'application pratique de la ligne du Parti, du juste choix des hommes, du contrôle de l'exécution des décisions des organismes dirigeants. Sans cela, la ligne juste du Parti et les justes résolutions risquent de subir de sérieux dommages.

Bien plus, après que la ligne politique juste est donnée, le travail d'organisation décide de tout, y compris le sort de la ligne politique elle-même, de sa réalisation ou de son échec ». (J. Staline : Deux Mondes .)

Ainsi, nous venons d'enregistrer un très grand succès électoral pour notre Parti, cela est dû à son programme mais aussi à l'activité de tout le Parti, à sa tactique juste réalisée grâce à une discipline incomparable.

Mais, par là même, nous avons contracté des engagements que nous voulons tenir non seulement auprès de nos 1.500.000 électeurs, mais vis-à-vis de centaines de milliers d'autres et, en particulier, vis-à-vis de milliers de femmes, de soldats et de jeunes qui n'ont pu voter mais pour qui nous sommes devenus « l'Espoir ».

Il faut donc, aujourd'hui, « réaliser » dans la voie du Pain, de la Paix et de la Liberté, et notre fraction parlementaire n'en aura qu'une plus grande autorité pour agir, si elle s'appuie sur la volonté et l'action des masses organisées par nos cellules de base ; mais, pour « réaliser », il nous faut de bonnes organisations.

Enfin, indépendamment de l'activité propre des communistes au Parlement, nos organisations du Parti peuvent déjà obtenir des résultats dans la voie indiquée si, avec les syndicats, elles luttent pour les revendications immédiates ; si, avec les Comités antifascistes et les Comités du Front populaire – où les communistes se retrouvent avec leurs frères socialistes et leurs amis radicaux et d'autres encore, appartenant aux organisations du Front populaire - elles dressent le barrage devant l'activité des ligues fascistes.

Or, nous en revenons toujours à la qualité du travail de nos organisations et de celui de chacun de leurs membres. « Le Parti est fort par l'unité de volonté et d'action, par l'activité et le dévouement de tout le Parti dans son entier, et de chaque membre du Parti pris séparément », disait le camarade Kaganovitch au dernier Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique, et cela est valable avec encore plus de raison pour notre Parti.

Pour faire face à nos engagements, pour répondre aux espoirs qui sont placés en nous, il nous faut non seulement nous réjouir des résultats obtenus sous la direction de notre Comité central, mais il faut perfectionner notre organisation avec le renfort considérable qui nous arrive de la part des camarades qui adhèrent à notre grand Parti et qui nous en fournissent ainsi le moyen, et faire que, dans chacune de nos cellules, chaque nouvel adhérent soit à la place et accomplisse la tâche dans laquelle il donne le maximum de résultats. On relira avec profit à ce sujet le rapport présenté au Congrès du Parti par notre camarade Marcel Gitton et les trois articles parus dans le n° 2 de l'Internationale Communiste sur la question des cadres dans notre Parti, sans oublier de revoir le rapport du camarade Dimitrov au Congrès de l'Internationale communiste.

LE TRAVAIL DE LA CELLULE

Il ne saurait y avoir une bonne activité du Parti, en général, s'il n'y a pas une bonne activité de chacune de nos cellules. Voilà pourquoi nous rappelons pour tous nos camarades comment doit fonctionner la cellule en général.

C'est qu'il ne s'agit pas d'une société ou d'un groupement quelconque, mais d'une organisation d'hommes et de femmes d'accord sur les buts poursuivis par le Parti, contenus dans le programme de l'Internationale communiste et agissant d'une façon disciplinée lorsque la décision a été prise.

Il n'existe dans aucun Parti quelque chose de comparable au travail d'une cellule communiste et il est donc naturel que nous ayons à l'expliquer à ceux qui adhèrent à notre Parti.

« Les devoirs de la cellule sont : l'accomplissement du travail du Parti parmi la population laborieuse par une propagande et une agitation communistes, systématiques, le recrutement, la diffusion de la littérature du Parti, la publication régulière de feuilles de propagande reflétant la vie et les revendications des travailleurs, l'éducation et la culture des membres du Parti et des ouvriers de l'entreprise (et des autres aussi, ainsi que ceux que nous influençons qui appartiennent aux couches sociales, non prolétariennes), l'intervention dans tous les conflits politiques, dans toutes les revendications des travailleurs de l'endroit, l'étude et la défense de ces revendications en liaison avec l'action de classe et les buts d'émancipation sociale poursuivis par le Parti communiste. » Voilà comment sont déterminées les grandes lignes de ce travail dans le projet de statuts modifiés que nos adhérents auront incessamment en mains, en application de la décision de notre dernier Congrès. Il reste à rappeler comment peut être accompli ce travail. Les adhérents de la cellule peuvent n'avoir à se réunir que tous les quinze jours, mais plus souvent si les événements l'im posent ; l'essentiel est que l'activité, le travail réel des communistes dans les masses se déroule dans l'intervalle des deux Assemblées générales de la cellule.

Ainsi les communistes pourront remplir honorablement les fonctions qui leur ont été confiées dans les organisations dont ils peuvent être membres : syndicats, comités de chômeurs, organisations féminines, comités antifascistes ou du Front populaire, comités de défense de l'Humanité , etc., etc...

On n'insistera jamais assez sur le choix de l'heure et des lieux des réunions de cellule.

Il faut évidemment tenir compte pour cela de chaque cas particulier et pas seulement du fait qu'il s'agit de réunir les membres d'une cellule d'atelier, d'usine, de bureau, d'administration, de chantier, de rue, de quartier ou une cellule rurale.

Pour chacun de ces cas il y a des conditions différentes d'une localité et d'une entreprise à l'autre.

Par exemple, dans les grandes villes, là où les ouvriers habitent loin du lieu de travail, la cellule d'entreprise peut se réunir dans des conditions différentes de celle d'une cellule d'entreprise d'un centre industriel isolé où les ouvriers habitent dans les maisons attenantes à l'usine.

Le but à atteindre, c'est d'assurer la participation du maximum de camarades à la réunion de l'organisation.

A l'heure actuelle, les lieux des réunions laissent encore bien souvent à désirer, et nous connaissons des cas où le caractère intérieur des entretiens n'est pas toujours respecté.

Il faut bien faire comprendre à l'ensemble de nos organisations que cela peut nous porter un tort considérable car nous pouvons sans nous en rendre compte livrer à l'adversaire de classe des informations sur notre travail, sur nos intentions, qu'il n'a pas besoin de connaître. On peut rappeler à cet égard quelques conseils établis particulièrement pour les cellules d'entreprise.

En règle générale, il ne faut jamais parler des affaires du Parti en présence de personnes inconnues, et surtout en présence de personnes au sujet desquelles on a des renseignements sur leur liaison avec la police et les adversaires ;

En règle générale, il ne faut pas organiser de réunions du Parti en public. C'est pourquoi, pour les réunions du Parti, il faut choisir un lieu où il est possible de discuter les questions du Parti sans crainte d'indiscrétion ;

Chaque membre du Parti doit veiller à ne pas égarer de documents concernant la vie intérieure du Parti. Les directions donneront, bien entendu, l'exemple en réduisant considérablement tout ce qui peut se trouver au siège des organisations et chez les militants connus ;

En général, les membres du Parti travaillant en usine ne doivent pas sans nécessité dire à qui que ce soit qu'ils sont membres du Parti. On pourrait ajouter à ces remarques quelques réflexions sur la tenue des communistes et leurs rapports avec les autres ouvriers et surtout avec les personnes qui ne partagent pas encore nos opinions, mais que nous devons gagner.

On ne pourrait tolérer dans le Parti, par exemple, des hommes qui s'enivrent d'une façon systématique, de même que la sincérité des opinions et le dévouement à l'organisation ne peuvent toujours se mesurer à la couleur de la cravate ou à l'exposé d'une façon bruyante de ses sentiments communistes.

Tout cela n'a rien à voir avec l'établissement de contacts fraternels avec l'ensemble des travailleurs et de ceux qui n'appartiennent pas à la classe ouvrière mais qui luttent avec elle tout en venant d'horizons différents.

L'assemblée de la cellule, par son organisation, dans le choix du lieu, la tenue de ses membres, peut et doit passer inaperçue. Bien entendu, la discrétion doit présider à la convocation des membres de la cellule et des sympathisants lorsque nous avons à nous réunir avec eux.

LA RÉPARTITION DES TACHES DANS LA CELLULE

La force de notre Parti provient de ce que chacun de ses membres participe, dans la mesure de ses moyens et de ses aptitudes particulières, au travail commun.

Il reste à répartir entre chacun des membres de la cellule l'ensemble des tâches qu'elle doit accomplir à la suite des décisions prises. Pour en effectuer le contrôle, le secrétaire notera d'une façon conventionnelle ce que chacun s'est engagé à faire et à la prochaine assemblée, on examinera si les buts ont été atteints. Ce sera aussi l'occasion de faire une critique rapide de l'exécution de la tâche afin d'améliorer notre travail à l'avenir.

Peut-être, dans certaines circonstances, faudra-t-il encore surveiller l'exécution de la décision prise si celle-ci revêt une importance particulière et doit rencontrer des obstacles dans sa réalisation. D'ailleurs, dans ce cas, on fera en sorte que celui ou ceux qui doivent l'accomplir aient reçu toutes les explications pour aplanir les difficultés possibles.

C'est que tout s'apprend, mais faut-il encore que ceux qui ont le plus d'expérience sachent la transmettre aux nouveaux venus dans le Parti.

Combien de temps gagné et d'action plus productive si dans beaucoup de cas on ne recommençait pas les mêmes erreurs, les mêmes tâtonnements inévitables lorsqu'on entreprend une tâche pour la première fois.

Même ce qui paraît simple comporte parfois des difficultés. La distribution d'un tract, d'un journal d'usine peut se faire par mille moyens qu'on adapte aux circonstances, aux lieux, etc.... Il a fallu quelquefois plusieurs expériences pour trouver la meilleure façon de le faire.

Trouver les termes et la forme voulus pour rédiger un tract, pour faire un exposé dans un milieu donné (voir à ce sujet les brochures : Savoir parler au Peuple , C.D.L.P., 0 fr. 75) pour établir les meilleurs contacts avec les camarades d'autres organisations, tout cela a dû être appris et, lors de la répartition du travail entre les membres de la cellule, surtout dans la période actuelle d'afflux de nouveaux camarades, il ne faudra pas craindre d'être trop explicatif. Dans certains cas, pour ne pas surcharger la réunion de la cellule ou pour d'autres raisons encore, il sera préférable de donner en tête à tête les explications nécessaires à celui qui doit réaliser la décision. La répartition des tâches proprement dites variera évidemment avec le caractère de la cellule et les buts qu'elle poursuit car elles peuvent varier d'un cas à l'autre.

Une cellule de village, surtout si celui-ci est peu important, ne publiera pas nécessairement une feuille de propagande, car celle-ci peut être menée dans les masses par d'autres moyens. Cependant ce qui est indispensable et ce qui n'existe pas toujours, même dans des cellules importantes, aussi incroyable que cela puisse paraître, c'est que la cellule doit nommer un bureau et, pour le moins, lorsque la cellule à très peu de membres, un secrétariat. L'article 14 du projet de modification aux statuts indique : « La cellule nomme un bureau. Le bureau dirige le travail de la cellule et le répartit entre les membres, qu'il s'agisse de la propagande, de l'action pour la défense de la liberté et de la paix, pour les revendications du peuple travailleur de France, de la vente des journaux, du travail parmi les femmes, de la collaboration avec la cellule des jeunes, etc...

Le bureau de la cellule est responsable devant la cellule. Il est révocable à tout moment par la cellule. »

Ces explications sont suffisamment claires en ce qui concerne le rôle du bureau et elles précisent bien, ce qui ne se produit pas toujours dans la pratique, c'est que ce n'est pas seulement lui qui est l'exécutant des tâches décidées mais chacun des membres de la cellule à qui il répartit d'une façon raisonnable sa part de responsabilité dans l'exécution des décisions.

Cependant, il y a des fonctions qu'on peut retrouver dans la majorité des cellules et dont on n'a pas encore parlé ; nous aurons l'occasion de revenir sur chacune d'elles dans de prochains numéros des Cahiers du Bolchevisme . Bornons-nous à les énumérer :

1.

La perception des cotisations qui ne se fait pas obligatoirement toujours de la même manière mais qui doit être faite régulièrement ; 2.

La recherche de ressources financières : collectage, fêtes, organisations de séances de cinéma, etc... Cette tâche s'interpénètre dans beaucoup de cas avec celle de la propagande et l'une ne doit pas faire oublier l'autre.

L'effort qu'on demande aux amis du Parti ne doit pas nous faire perdre de vue que, par notre bonne organisation des bals, des sorties, des rassemblements, nous devons donner satisfaction au besoin de plaisir, de délassement, qu'ils viennent y chercher.

Aujourd'hui plus que jamais nous pouvons le faire, encore faut-il se donner la peine de tout prévoir ;

3.

Les relations avec nos camarades socialistes : comité de coordination, discussion pour la réalisation de l'Unité politique, etc.; 4.

Les relations avec le Comité du Front populaire ;

5.

L'organisation de l'auto-défense ;

6.

L'information sur l'activité des formations fascistes. Nos cellules ont donc de quoi trouver l'aliment pour assurer leur vie et faire que chaque nouveau camarade qui vient à nous puisse enfin participer d'une façon consciente à la grande bataille sociale pour faire de notre pays une France libre, forte et heureuse.