17 Jan 1941

Mettons en échec les plans répressifs de l'ennemi. Assurons l'inviolabilité du Parti (1941)

Submitted by Anonyme (non vérifié)

1941

Au fur et à mesure que la guerre impérialiste se prolonge et s'amplifie, en même temps que s'aggravent partout les contradictions de classe et la sourde colère des masses populaires contre l'oppression nationale et contre l'esclavage colonial, la peur du communisme devient de plus en plus grande chez les ploutocrates des divers pays capitalistes.

En 1848, les fondateurs du socialisme scientifique Karl Marx et Friedrich Engels écrivaient en tête de l'immortel manifeste du Parti communiste : « Un spectre hante l'Europe, le spectre du communisme » et aujourd'hui, en 1941, c'est ce même spectre qui hante les cervelles de Pétain et de Hitler , de Churchill et de Roosevelt , de Mussolini et autres représentants du capitalisme international.

C'est qu'en effet, de plus en plus, les travailleurs sentent qu'il faut en finir avec le vieil ordre social capitaliste générateur d'oppression, de misère et de guerre et les gouvernants capitalistes opposent partout leur répression bestiale à la volonté d'émancipation et de libération des peuples.

Le secrétaire général du Parti communiste allemand, notre cher camarade Ernst Thaëlmann, est emprisonné à Berlin sans le moindre jugement depuis 8 ans ; le secrétaire du Parti communiste américain, Earl Browder est emprisonné pour 4 ans par Roosevelt ; en France, fait sans précédent dans l'histoire, une quarantaine de députés communistes honnêtes et courageux, restés fidèles à la cause du peuple sont emprisonnés depuis un an et demi et ils sont actuellement déportés en Afrique où leur vie est menacée, cependant que certains d'entre eux sont contraints à la vie illégale depuis octobre 1939.

Au surplus, avec ces députés communistes dont la fière attitude est connue des travailleurs du monde entier, plus de 100.000 travailleurs français peuplent les camps de concentration, les prisons et les bagnes de France et d'Afrique.

Les capitalistes ont peur du Parti communiste parce qu'il est aujourd'hui dans chaque pays le grand espoir libérateur des masses opprimées et exploitées.

Les classes possédantes savent que partout grandit l'amitié entre les peuples à l'égard du pays du socialisme, à l'égard de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques dont la force s'accroît sans cesse, tandis que s'usent et s'affaiblissent les impérialismes.

La guerre s'est étendue aux Balkans.

Deux peuples, ceux de Yougoslavie et de Grèce ont été contraints à mener une guerre juste défensive contre les envahisseurs de leur pays, et là-bas, en Extrême-Orient le peuple chinois poursuit sa guerre de libération nationale.

Les peuples de tous les pays capitalistes veulent la paix, ils en ont assez des ruines et de la misère que leur imposent les brigands impérialistes.

Ils tournent de plus en plus leurs regards vers les communistes qui défendent partout le pain, la liberté et la paix et vers l'U.R.S.S., patrie du socialisme, espoir des travailleurs du monde entier.

Partout grandit le prestige des communistes ; partout grandit le prestige de l'U.R.S.S. Qui poursuit sa politique indépendante de paix, reste en-dehors de la bataille de gangsters que se livrent les impérialismes rivaux et soutient les peuples qui luttent pour leur indépendance.

Le grand pays du socialisme qui a été insulté, traîné dans la boue par les réactionnaires de tout acabit et par les traîtres de la IIde Internationale donne au monde entier le magnifique exemple de grandioses victoires socialistes et au moment même où dans les pays capitalistes la misère et la famine règnent, l'U.R.S.S. Connaît le bien-être et l'abondance.

La Révolution socialiste d'Octobre 1917 donne des résultats qui montrent à tous les hommes le chemin de la délivrance, le chemin du bonheur et c'est pourquoi la réaction capitaliste essaye, pour durer, de se draper des oripeaux d'un socialisme de contrebande en même temps qu'elle parle de « révolution ».

Mais les nazis qui essayent de jouer aux « socialistes » ne peuvent faire oublier à personne qu'ils sont des agents des ploutocrates allemands et les exécutants d'une politique rétrograde d'exploitation et d'asservissement des masses laborieuses.

Quant aux gouvernants de Vichy, ils ont beau parler de « révolution nationale », chacun sait qu'ils sont des traîtres au service de l'étranger et de vulgaires laquais des puissances d'argent.

Non, les travailleurs français ne croient ni au « socialisme » de M.Krupp von Bohlen ni à celui de ses commis du gouvernement allemand, pas plus qu'il ne croient au « révolutionnarisme national » de M.Schneider, du Creusot, ni a celui de ses commis de Vichy.

Les gouvernants de Vichy et leurs protecteurs allemands qui répètent avec solennité les pires âneries dans l'espoir de tromper les masses savent qu'il leur faut renoncer à combattre victorieusement les communistes dans le domaine des idées et des faits, sur le plan de la doctrine, et alors, devant cette constatation d'impuissance, il ne reste aux représentants de la barbarie moderne qu'un moyen de combattre le communisme : une répression féroce ayant pour objet la destruction physique du Parti communiste afin de priver les masses populaires du guide éclairé qui leur est indispensable pour se libérer.

Voilà pourquoi, la police française et la Gestapo, agissant de concert, poursuivent une double tâche :

1°[manque] imprudences, de tous les bavardages et de tous les défauts d'organisation pour porter des coups à notre Parti, provoquer des arrestations de militants et détruire nos organisations.

2°L'organisation méthodique de la démoralisation et de l'assassinat des dizaines de milliers de militants communistes et de travailleurs qui sont dans les prisons, les camps de concentration et les bagnes.

Le Parti doit voir très nettement ce que recherche l'ennemi de classe et prendre les mesures qui s'imposent pour faire échec aux plans répressifs de la bourgeoisie.

Il faut en finir avec le « crétinisme légaliste »

Notre parti travaille dans les conditions de l'illégalité.

La bourgeoisie n'hésitant pas un instant à violer sa propre légalité fait arrêter par la police, sans l'ombre du moindre prétexte, des personnes soupçonnées de pouvoir être communistes.

Cela, chaque communiste le sait et il est donc clair qu'un militant quelque peu connu avant guerre ne peut songer à participer au travail illégal du Parti sans prendre d'indispensables mesures de précaution.

La première des choses à faire est de ne plus aller sous aucun prétexte à son domicile connu de la police et sûrement surveillé.

C'est là une précaution élémentaire que chacun devrait comprendre sans beaucoup d'explications, et pourtant, il n'en n'est rien.

Il y a des camarades qui se croient encore dans la période légale d'avant-guerre et qui font preuve de ce que l'on peut appeler un « crétinisme légaliste ».

On a pu voir des militants à qui l'on demandait s'ils avaient bien quitté leur domicile, s'ils prenaient leurs précautions, répondre avec une naïveté désarmante : « Je ne couche pas chez moi, je n'y vais qu'à midi pour déjeuner ».

Notre Parti a payé de l'arrestation de plusieurs de ses cadres de telles méthodes qui sont empreintes d'un opportunisme intolérable et doivent être condamnées de la façon la plus nette.

Etre un bon communiste dans les circonstances actuelles, c'est avant tout appliquer scrupuleusement les règles du travail illégal ; c'est comprendre que chaque défaillance en ce domaine constitue un danger pour le Parti et un véritable crime contre la classe ouvrière.

C'est pourquoi, nous voulons rappeler aux membres du Parti des règles fondamentales qu'on ne doit laisser transgresser en aucune manière par qui que ce soit.

Le « crétinisme légaliste » et l'organisation

La sous-estimation de la répression capitaliste, le « crétinisme légaliste » dont certains camarades font preuve dans le domaine de l'organisation constituent un péril pour le Parti.

L'intérêt de la classe ouvrière, l'intérêt de notre pays que nous voulons libérer de l'exploitation capitaliste, de la misère, de la famine et de l'oppression nationale, l'intérêt du Parti exigent que tous les responsables, quels qu'ils soient, qui se livrent à des bavardages, font preuve de légèreté et d'esprit d'irresponsabilité soient implacablement éliminés de leurs responsabilités.

« L'ennemi de classe » est aux aguets, il dispose de moyens formidables, et il y a des camarades qui, sans tenir compte de cette réalité, se comportent d'une façon scandaleuse.

Là, ce sont des militants ayant été un peu connus avant-guerre qui au lieu de conserver l'incognito le plus strict auprès des personnes avec lesquelles ils sont en contact, se font connaître agissant ainsi comme des petits-bourgeois prétentieux et irresponsables.

Là ce sont des militants qui stupidement établissent des listes de militants susceptibles de tomber entre les mains de la police, alors que l'établissement de listes de ce genre est rigoureusement interdit par le Parti et doit être considéré comme une provocation.

Ailleurs ce sont d'anciens exclus du Parti qu'on utilise pour de toutes petites tâches et puis on découvre que ces éléments sont « dévoués », on élargit le champ des prétendus services rendus par ces individus à qui on permet de se mettre au courant de beaucoup de choses jusqu'au jour où ces militants livrent tout à la police.

Une telle naïveté n'est-elle pas criminelle ?

Ailleurs encore, ce sont des responsables qui avec une légèreté indigne de communistes confient des tâches importantes à des membres du Parti qui ont mal travaillé et nui à la sécurité du Parti.

Ce sont des domiciles illégaux de camarades que connaissent un tas de personnes.

Ce sont des liaisons nombreuses effectuées par la même personne sans aucune coupure, ce qui met en danger tout le système de liaison.

Ce sont des renégats qui peuvent livrer à la police, s'ils sont arrêtés toute une série de noms qu'ils n'auraient pas du connaître.

Ce sont des responsables qui avec une légèreté incroyable organisent des réunions d'une dizaine de militants.

Ce sont des filatures, des surveillances policières qu'on néglige, faisant preuve ainsi d'une quiétude criminelle, au lieu de combattre l'ennemi avec vigilance, au lieu de tout changer dés qu'on s'est aperçus de la surveillance policière qui ne peut pas ne pas être rapidement observée si chaque militant a sans cesse l'esprit en éveil.

On a pu voir des responsables qui avec une cécité incroyable ont laissé la police préparer un grand coup pendant des semaines sans s'apercevoir de quoi que ce soit.

Ce sont aussi dans de trop nombreux cas des militants qui, oubliant que la police traque notre Parti, vont chez les uns, chez les autres comme si nous étions en période légale et qui un beau jour sont tous pris bêtement sans avoir rendu le moindre service à la classe ouvrière.

Ce sont des bavards qui par vanité petite-bourgeoise disent ou laissent entendre qu'ils font un travail important sans penser que cela peut aider l'ennemi.

Et puis, c'est aussi le libéralisme pourri à l'égard des lâches, des traîtres, la tendance à plaindre ou à excuser ceux qui, tombés entre les mains de la police, ont livré leurs camarades alors qu'ils doivent être dénoncés comme traîtres dans leur localité.

Cela fera réfléchir ceux qui seraient tentés de les imiter.

De tout cela se dégage pour notre parti des règles sévères :

1° Tout membre du Parti qui, soit par négligence, soit par ses bavardages, soit en livrant ce qu'il sait à la police s'il est arrêté aura permis à l'ennemi de classe de découvrir ne serait-ce qu'une petite partie de l'organisation fera l'objet d'une enquête minutieuse et ses agissements nuisibles au Parti seront dénoncés publiquement devant les masses laborieuses.

2° Tout membre du Parti qui essaiera d'apprendre quoi que ce soit de l'organisation du Parti en-dehors de ce qu'il sait de son propre travail et de sa propre organisation doit être considéré comme suspect et son cas doit être soumis à l'organisme supérieur en vue des mesures et sanctions à prendre.

3° Toute tentative pour un groupe de base de trois membres d'entrer en contact avec un groupe similaire sera considérée comme suspecte et des sanctions en conséquence seront prises.

Les liaisons entre organisations d'un même échelon sont absolument interdites.

(Les groupes de base de trois ne doivent pas se connaître entre eux, les cellules ne doivent pas se connaître entre elles ; il ne doit pas y avoir de liaisons horizontales).

4° Aucune réunion de plus de trois camarades ne doit être tenue. Les groupes de trois constituent la base d'organisation de la cellule du Parti et toute tentative de constituer des groupes de plus de trois membres doit être considérée comme une violation de la discipline du Parti.

Sur la base de ces règles d'action correspondant aux exigences de notre travail illégal une lutte implacable doit être menée contre le laisser-aller, le laisser-faire, contre l'esprit de « copinerie », contre le libéralisme pourri à l'égard de ceux qui transgressent les directives du Parti.

Et c'est dans la mesure où ils seront capables d'appliquer, dans les conditions actuelles, la politique du Parti avec esprit de responsabilité, avec fermeté, avec dévouement et esprit de sacrifice, faisant en toutes circonstances passer le Parti avant tout, que les camarades doivent être appelés aux fonctions responsables.

Il faut cloisonner hermétiquement l'organisation du Parti

[manque]

L'objection souvent formulée pour différer cette décentralisation si nécessaire est le « manque de cadres ».

Cette objection ne tient pas, au contraire la décentralisation en multipliant les groupes de trois permettra de faire accéder à des responsabilités des dizaines, des centaines de militants qui à la tête d'un groupe de trois feront leurs premières armes de dirigeants politiques.

Comment doit être organisée une section du Parti

Afin de mieux faire comprendre à tous nos membres comment doit être organisé le Parti, nous allons prendre l'exemple d'une section, la section de ...

A la tête de la section, il y a trois camarades ayant été désignés par l'échelon supérieur.

La localité est divisée en quatre quartiers.

A la tête de chaque quartier, il y a une direction de trois camarades désignés et contrôlés par la direction de la section (après vérification).

Dans chacun des trois premiers quartiers, il y a trois cellules locales et dans le quatrième il n'y en a que deux pour le moment.

Il y a en outre deux organisations du Parti dans deux importantes usines de la localité.

Voyons comment fonctionne cette section.

A la direction de la section, la répartition du travail est ainsi établie :

1° Le responsable politique chargé de l'application de la ligne du Parti par les organisations et la presse du parti.

En outre, il s'occupe des questions de la Jeunesse, des Femmes et de la lutte contre la répression capitaliste.

2° Le responsable de l'organisation chargé de l'organisation du Parti sur la base de l'entreprise et sur la base locale.

Il a la charge de l'organisation matérielle de la propagande (impression et diffusion) et s'occupe aussi des divers mouvements de masse : paysans, classes moyennes, vieux travailleurs, comités populaires locaux.

3° Le responsable du travail syndical chargé du travail des communistes dans les syndicats, des comités populaires d'entreprises et des chômeurs.

Dans cette direction, comme dans toutes les directions du Parti à tous les échelons, les décisions doivent être prises collectivement, les tâches pour chacun des membres de la direction doivent être fixées et les responsabilités doivent être personnelles.

La direction de l'organisation du quartier est constituée d'après les mêmes principes de répartition du travail.

A la tête de chaque cellule, il y a également une direction de trois camarades et trois groupes de base de trois, soit en tout douze camarades.

Du fait de cette organisation compartimentée, la direction de la section connaît et est en liaison avec quatre directions de quartier et deux directions d'organisations d'entreprises.

La direction de quartier, ignorant tout de l'organisation dans les autres quartiers est en liaison avec d'une part, la direction de la section, et d'autre part avec les trois cellules du quartier.

La direction d'une cellule est en liaison avec la direction du quartier et avec les trois groupes de trois qui la composent.

Quant au groupe de base de trois, il a à sa tête un responsable qui, seul, est en relation avec la direction de la cellule, ce qui fait que dans le groupe de trois, deux camarades ne connaissent personne en dehors de leur groupe et le responsable connaît un dirigeant de la cellule car les trois dirigeants de la cellule établissent chacun la liaison avec un groupe de base et toujours le même.

Sur la base des organisations existantes, le territoire de la localité est partagé ; la direction du quartier a assigné à chaque cellule le groupe de rues qui constituent son ressort territorial et chaque groupe de trois a aussi un secteur déterminé à travailler, soit un bloc de maisons, soit une ou plusieurs rues...

[manque]

Ceci nous amène à souligner combien il est indispensable que chaque groupe de base du Parti, c'est-à-dire, chaque groupe de trois puisse polycopier des textes et faire pénétrer notre propagande partout, non seulement en diffusant le matériel de propagande central, régional ou local, mais en intervenant directement dans son petit coin sur le plan des questions qui préoccupent la population (ravitaillement, injustices, passe-droit, etc...) au moyen de tracts, inscriptions, etc... etc...

Avec des dizaines de milliers de groupes de trois agissant à travers tout le pays, rien ne pourra empêcher l'établissement de contacts étroits entre notre Parti et le peuple de France.

D'ailleurs, plus il y a de groupes de trois et plus petite est pour chacun d'eux la portion de territoire à travailler.

Au surplus, dans un groupe de trois, les camarades se connaissent, le travail de chacun d'eux est facilement et immédiatement contrôlable.

Si par exemple, le groupe de trois a décidé de faire des inscriptions tel jour on sait tout de suite si chaque camarade a rempli sa tâche, et pour si peu que l'esprit de vigilance règne dans le groupe, il est impossible à un provocateur de faire sa besogne criminelle sans se faire rapidement repérer, après quoi des mesures appropriées peuvent très rapidement chasser cet ennemi et le mettre hors d'état de nuire.

C'est donc dans cette ambiance de confiance mutuelle que peuvent travailler les groupes de trois et ce résultat serait plus difficilement obtenu dans un groupe large où le contrôle de l'activité de chacun des membres serait beaucoup moins commode à effectuer.

L'organisation du Parti à l'usine

[manque]

Ainsi, pour récapituler les effectifs et les cadres de cette section, nous trouvons :

Sur le plan local :

Dirigeants de la section, 3.

Dirigeants de quartiers, 12, soit 4 directions de 3 membres. Dirigeants de cellules, 33, soit 11 directions de 3 membres.

Membres d'un groupe de base, 99, soit 33 gr. De base de 3 membres.

Sur le plan de l'usine :

Dirigeants d'usine, 3 ;

Dirigeants de cellules, 6, soit 3 directions de 3 membres.

Membres de groupes de base, 17, soit 5 groupes de base de 3 membres et 3 groupes de 2 ;

Deuxième usine :

Dirigeants de cellule, 3 ;

Membres de groupes de base, 9, soit 3 groupes de base de 3 membres.

Soit au total : 185

125 membres de groupes de base ;

42 dirigeants de cellules.

12 dirigeants de quartier.

3 dirigeants d'usine.

3 dirigeants de section.

On remarquera que cette organisation du Parti, fortement décentralisée, en même temps que soumise à une direction unique transmettant les directives du comité central, exige un grand nombre de cadres et c'est pourquoi dans les circonstances actuelles le travail de formation des cadres doit être au premier plan des préoccupation du Parti.

Nous pouvons et nous devons former des milliers de cadres capables de diriger le mouvement ouvrier aux différents échelons.

Le choix et le contrôle des cadres

Nous avons indiqué plus haut que les cadres doivent être désignés par les échelons supérieurs, après une vérification minutieuse et certains camarades se demandent ce que devient le principe de l'électivité inscrit dans les statuts de notre Parti.

Il est à peine besoin d'indiquer qu'un Parti vivant et travaillant dans l'illégalité ne peut agir comme il le faisait dans la période légale et à ce sujet, il est bon de rappeler comment sur ces questions Lénine combattait les mencheviks.

Lénine écrivait : « Pourquoi poser le principe de la large démocratie quand la condition essentielle de ce principe est inexécutable pour une organisation clandestine ?

Ce principe, en l'occurrence, n'est pas plus qu'une phrase sonore, mais vide qui atteste une inintelligence complète de nos tâches immédiates en matière d'organisation...

Et voilà que des gens qui se vantent d'avoir le sens des réalités viennent nous prêcher non pas la nécessité d'un secret rigoureux et d'une sélection sévère (partant restreinte) des membres, mais le principe de la large démocratie.

Extraordinaire aberration ! »

Et Lénine d'ajouter : « Le seul principe d'organisation pour les militants de notre mouvement doit être : secret rigoureux, triage minutieux des membres, préparation de révolutionnaires professionnels.

Avec ces qualités, nous aurons quelque chose de plus que la démocratie : une confiance fraternelle complète entre révolutionnaires...

Et ce serait une erreur considérable de croire que l'impossibilité d'un contrôle vraiment démocratique rend les membres de l'organisation révolutionnaire incontrôlables. »

C'est en tenant compte de ces principes que doivent être choisis et contrôlés les cadres du Parti. Seuls doivent être placés aux postes responsables des militants fermes, éprouvés, dévoués à la cause du communisme, ayant une confiance absolue dans la politique du communisme, ayant une confiance absolue dans la politique du Parti et de l'I.C., dans la politique indépendante de paix de l'U.R.S.S.

Et il doit être entendu qu'il ne suffit pas d'avoir rendu des services au Parti dans la période légale pour être jugé digne de remplir actuellement telle ou telle fonction dans le Parti.

L'action illégale exige des qualités : de la force de caractère, de la prudence, du courage, de la fermeté politique, un esprit révolutionnaire.

C'est de tout cela qu'il faut tenir compte dans le choix des militants pour les postes responsables, et à tous les échelons, il faut suivre les militants, veiller à leur développement ; chaque direction de chaque cellule doit savoir quels sont les meilleurs dirigeants de groupes de trois susceptibles de « monter » ; chaque direction de quartier ou groupe de cellules doit savoir quels sont les meilleurs dirigeants de cellules et ainsi de suite de façon à créer une réserve de cadres dont le Parti a besoin pour ses tâches d'aujourd'hui et ses tâches de demain.

Et afin de voir comment s'effectue le choix des cadres, la direction de l'échelon supérieur doit savoir sur quelles bases une direction inférieure propose tel ou tel militant pour tel ou tel poste, car seuls le mérite, les capacités et le dévouement au Parti doivent jouer, à l'exclusion de tout esprit de « copinerie ».

La lutte contre la répression capitaliste

Nous ne reviendrons pas sur les directives d'action revendicative contenues dans le précédent numéro de « La Vie du Parti », directives qui sont toujours valables et dont les organisations du Parti doivent tenir scrupuleusement compte.

Après avoir indiqué ce qu'il convient de faire pour assurer la sécurité du Parti et contrecarrer les plans de provocation policière de la bourgeoisie, nous voulons attirer l'attention des membres du Parti sur l'action à mener pour combattre la répression capitaliste.

Le Parti a dans ses mots d'ordre lancés pour le Premier Mai, souligné que la lutte contre la répression pour les communistes français et pour ceux de tous les pays doit se concentrer sur les noms de Thaëlmann, secrétaire général du Parti communiste allemand, de Browder, secrétaire général du Parti communiste des États-Unis, et des députés communistes français ainsi que des 100.000 militants et travailleurs emprisonnés, internés et déportés par la clique de Vichy et la Gestapo.

Partout, il faut redoubler d'ardeur pour dresser les larges masses populaires contre la répression. Dans chaque circonscription, des députés communistes qui sont soit emprisonnés, soit contraints à la vie illégale, il faut mener une campagne ardente pour la libération de ces hommes en associant au nom de l'élu ceux des autres militants de la circonscription victimes de la répression.

Partout, il faut mettre en opposition la répression qui frappe les communistes défenseurs du peuple et la tolérance dont bénéficient les voleurs capitalistes, les profiteurs de guerre ; partout, il faut mettre en opposition le fait que les travailleurs emprisonnés sont réduits à la famine, tandis que Daladier, Blum, Gamelin, Reynaud, Guy La Chambre et Cie sont nourris comme des princes au château de Bourassol ;

partout, il faut exalter les figures de nos militants sur qui la répression s'acharne ; partout, il faut dénoncer l'hypocrisie de Pétain qui prétend avoir été opposé à la guerre alors qu'il a été un des principaux soutiens des fauteurs de guerre et qu'il emplit les prisons de milliers d'hommes et de femmes qui ont lutté contre la guerre impérialiste ;

partout, il faut démontrer que dans les pays capitalistes : France, Allemagne, États-Unis, Angleterre, Italie, Espagne, etc... les communistes sont persécutés, parce qu'ils sont les ennemis des ploutocrates, les ennemis des exploiteurs du peuple ;

partout, il faut dénoncer l'odieux régime qui règne dans les prisons et les camps de concentration aux défenseurs du peuple tandis que le régime politique est accordé à des politiciens comme Dormoy, Auriol et Cie ;

partout, il faut assurer l'organisation de la solidarité aux familles des victimes de la répression ; partout, il faut soulever l'indignation et la colère des populations laborieuses contre la déportation des prisonniers politiques en Afrique du Nord où les bourreaux de notre peuple ont projeté de les assassiner.

Contre les plans bourgeois de démoralisation des prisonniers politiques

De concert avec la Gestapo, la police Française a organisé dans les prisons et les camps de concentration tout un système de démoralisation des prisonniers politiques en même temps que les familles de ces prisonniers sont l'objet de nombreuses pressions.

Naturellement, c'est la méthode favorite du nazisme, on ne laisse aucune nouvelle de l'extérieur pénétrer dans les prisons et les camps ; on fait courir des bruits sur les prochaines libérations, des bruits qui provoquent d'abord l'optimisme et puis ensuite le pessimisme.

C'est ainsi que les barbares de Vichy et leurs protecteurs de la Gestapo essaient de semer la démoralisation de leurs victimes

Au surplus, ces tortionnaires envoient des « moutons » dont la mission est de provoquer des reniements et des actes d'adhésion à la politique des oppresseurs de la France.

C'est ainsi qu'à la prison de Clairvaux, un nommé Parizot, tenancier de café devant la mairie de Bagnolet et agent du policier Gitton, a essayé des reniements parmi les prisonniers politiques de cette prison ; d'autres individus du même genre sont dans d'autres prisons.

Partout, ces misérables doivent être dénoncés et flétris comme il convient.

Mais la pression sur les prisonniers ne suffit pas ; on exerce aussi une pression sur leurs familles.

Le flic Gitton, un des êtres les plus répugnants que l'on puisse imaginer, a été chargé par la police, de s'occuper de cette dégoûtante besogne.

Ce flic a été rencontré à plusieurs reprises dans les couloirs de la police judiciaire où il est chez lui ; il a été vu à Troyes avec le commissaire spécial chargé de la prison de Clairvaux, et nous savons qu'il a essayé à plusieurs reprises de se servir des familles de prisonniers politiques pour influencer les prisonniers eux-mêmes.

Le rôle du flic Gitton consiste à faire croire aux familles de prisonniers politiques que leurs chers absents seront libérés s'ils consentent à signer une toute petite déclaration désavouant la politique du Parti Communiste.

Tout est calculé pour que, la chose présentée sous une forme anodine, la famille du prisonnier ait tendance à penser qu'une telle signature pourrait bien être donnée sans que cela porte à conséquence et ainsi la police espère, en obtenant des désaveux de notre politique, démoraliser la masse des prisonniers.

Sur tous ces points, il faut parler clair. Si un prisonnier politique quelqu'il soit désavoue la politique du Parti, il sera dénoncé publiquement comme pactisant avec nos ennemis, avec ceux qui affament et oppriment le peuple de France. Cela, les familles de prisonniers politiques, que nous devons entourer de notre solidarité agissante doivent le savoir.

Ces familles doivent savoir aussi que si elles conseillent aux prisonniers de trahir dans l'espoir d'être libérés, elles risquent de verrouiller un peu plus la porte de la prison où sont les leurs.

En effet, à partir du moment où un prisonnier politique a trahi et qu'il est abandonné par le peuple, la police pourra faire de lui tout ce qu'elle voudra et, à partir de ce moment, si ce renégat veut sa liberté, il sera obligé de devenir un auxiliaire du flic Gitton.

Encore faut-il ajouter que cela ne jouera que pour un petit nombre de flics envoyés dans les prisons pour moucharder tandis que les hommes sans foi et sans caractère qui auront signé un acte de reniement resteront en prison, perdant, en même temps que leur liberté espérée, leur honneur de communistes, de militants révolutionnaires.

Voilà pour quoi il est du devoir des communistes de prévenir les familles des prisonniers communistes que la signature d'un désaveu de la politique du Parti ne donnera nullement aux prisonniers la liberté que des flics de service à la Guitton font entrevoir, mais qu'elle leur vaudra tout simplement le mépris public, la honte, le déshonneur et la dénonciation publique de la trahison commise.

Et en même temps que ces recommandations doivent être faites, il est indispensable d'intensifier la lutte pour la libération des prisonniers politiques et l'action de solidarité envers leurs familles, afin que ces dernières entent autour d'elles la sympathie agissante de tout un peuple fidèle à ses défenseurs et confiant dans sa victoire finale.

Cela contribuera grandement à faire échouer toutes les tentatives de démoralisation des prisonniers politiques et de leurs familles, entreprises par la bourgeoisie, entreprises dont il ne faut pas sous-estimer le danger, mais que nous pouvons et devons faire échouer.

Les grandes questions: