17 sep 1937

Le IXè Congrès National des Jeunesses Communistes de France - Raymond Guyot (septembre 1937)

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Raymond Guyot, septembre 1937

Convoqué à Paris, du 10 au 14 juillet, le IXe Congrès de la Fédération de Jeunesses Communistes de France s'est déroulé dans le cadre magnifique de la capitale de la France du Front Populaire, avec ses inoubliables manifestations du 14 Juillet et sa retentissante Exposition 1937.

La manifestation organisée, par nous au Stade Buffalo, comme séance d'ouverture du Congrès, a été au niveau du Paris de la Liberté, tant par son ampleur que son caractère.

Plus de 50.000 jeunes étaient rassemblés, vibrants et enthousiastes, acclamant le défilé des jeunes gens de la Fédération et des jeunes filles de l'Union des Jeunes Filles de France, faisant revivre les glorieuses traditions de liberté de la France, exaltant l'amour du travail en glorifiant le métier, clamant notre volonté de protéger la paix « en faisant la ronde » autour d'elle.

Cadre merveilleux, tableaux inoubliables, et quelle force, quelle fierté, quelle ardeur soulevaient les coeurs de toute cette jeunesse, lorsque le camarade Maurice Thorez, le chef du Parti communiste - un jeune vibrant à l'unisson de la jeunesse française – s'est adressé à elle au nom du communisme, lui ouvrant ainsi le chemin de la vie ! Ce grand amour de la Jeunesse pour le Parti communiste et ses chefs devait encore se manifester intimement, au cours du Congrès lui- même, lorsque le camarade Marcel Cachin, accompagné de Maurice Thorez et de Marcel Gitton, salua les congressistes en termes émouvants, ou bien quand le camarade Jacques Duclos, que tous appellent « l'ami des jeunesses », pré sidait notre première séance et nous aidait de ses conseils au cours des débats.

Ainsi, au lendemain de Buffalo, 3.000 délégués étaient réunis à la Mutualité et ensuite au Théâtre des Champs-Elysées, travaillant à déterminer le contenu de l'activité future de la Fédération. Ils parlaient au nom de 85.000 adhérents de la Fédération, et les camarades jeunes filles au nom de leurs 18.000 adhérentes. Une grande force, faite de sérieux et de jeunesse, s'est dégagée du Ixè Congrès, et c'est avec confiance que nous marchons vers de nouvelles victoires.

La présence de plusieurs délégations internationales et de délégations de plusieurs organisations amies, devait donner au Congrès un éclat plus brillant encore.

Je veux ici remercier le camarade Santiago Carillo, secrétaire général des Jeunesses socialistes unifiées de la vaillante Espagne, le camarade Genot, du Bureau exécutif des Jeunes Gardes Socialistes de Belgique, le camarade Michel Wolf, secrétaire de l'Internationale Communiste des Jeunes, et les représentants des Fédérations des Jeunesses Communistes d'Angleterre, des Etats-Unis, d'Allemagne, d'Italie, de Tchécoslovaquie, de Suisse, etc... pour leur présence et pour leurs interventions qui provoquèrent, au sein du Congrès, de si grandioses manifestations unitaires et d'internationalisme. C'est également de tout cS ur que nous remercions nos frères de combat pour la liberté et le bien-être de la jeunesse qui ont salué notre Congrès : Christian Félix, président de l'Union des Jeunesses Pacifistes de France, René Berlin, secrétaire des Jeunesses Laïques et Républicaines.

Les Jeunesses Socialistes de France ont regretté avec raison qu'aucun de leurs dirigeants ne soit venu saluer le Congrès de leur Fédération soeur. Et c'est unanimement que Jeunesses socialistes et Jeunesses communistes regrettent l'attaque calomnieuse et nuisible pour l'unité à laquelle s'est livrée le camarade Bernard Chochoy à notre égard, dans le Populaire du 21 juillet 1937.

Quelques mots d'explication sont nécessaires.

Le Comité national mixte des Jeunesses Socialistes, comme nos amis des Jeunesses Pacifistes et des Jeunesses Laïques et Républicaines, a reçu une lettre d'invitation à notre Congrès dès le 18 juin. Dans cette lettre, nous priions nos camarades de ne rien organiser à Paris le jour de Buffalo.

A cette lettre, Bernard Chochoy nous a répondu le 24 juin, en ces termes :

« Je vous accuse réception de votre lettre du 18 juin. Nous référant à votre désir, nous n'organiserons rien le dimanche 11 juillet et nous demandons à notre entente de la Seine de ne rien organiser non plus. »

Le 8 juillet, nous adressions une nouvelle lettre au camarade Bernard Chochoy en ces termes :

« Le Ixè Congrès national de la Fédération des Jeunesses Communistes de France se tient, comme vous le savez, les 12 et 13 juillet. Nous serions très heureux, à cette occasion, qu'une délégation de votre Comité national mixte assiste aux débats de notre Congrès afin de resserrer les liens fraternels qui unissent nos deux fédérations sS urs. Nous vous joignons deux cartes d'invitation pour le Rassemblement de Buffalo à la tribune d'honneur réservée à nos invités. »

J'ajouterai que le Congrès a envoyé une résolution aux J. S. Et aux J. L.R.; dans laquelle est indiquée notre volonté commune de travailler à l'unité antifasciste de la jeunesse.

C'est pourquoi nous avons été étonnés que le camarade Chochoy n'ait pas cru devoir envoyer une délégation des J. S. À notre Congrès, comme nous lui en avions fait l'invitation, d'autant plus que de notre côté nous ne manquons jamais d'envoyer, à chaque Congrès de la Fédération des J. S., une délégation de notre Comité Central – c'est ce qui s'est produit une fois de plus au dernier Congrès es J. S., à Creil, et c'est ce qui sera fait à la prochaine assise nationale de nos camarades.

Notre étonnement fut d'autant plus grand lorsque Bernard Chochoy - connaissant fort bien nos invitations, puisqu'il a de sa main accusé réception – a écrit dans le Populaire « que les Jeunesses Socialistes, contrairement à d'autres organisations, n'ont pas, elles, reçu de télégramme du Congrès».

Mauvaise méthode, camarade Chochoy. Méthode néfaste qui se répète trop souvent, comme nous pourrions ici en donner de nombreuses preuves.

Le résultat ne peut être que d'aggraver les rapports entre Jeunesses Socialistes et Jeunesses Communistes au moment où tout crie : Unité ! Unité !

Cette méthode n'a jamais été et ne sera jamais la nôtre, conscients que nous sommes de l'importance décisive de l'unité pour vaincre le fascisme et pour donner plus de bien-être à la jeune génération laborieuse.

Au contraire, nous sommes prêts à faire toutes les concessions et tous les sacrifices nécessaires dans l'intérêt de l'unité entre J. S. Et J. C.

Le IXè Congrès en a donné une preuve nouvelle.

Alors que nous croyons possible et utile l'unité entre les deux Jeunesses avant la réalisation du Parti unique, notre Congrès, tenant compte de l'opinion émise par les Jeunesses Socialistes d'après laquelle l'unité des jeunesses ne peut être que la conséquence de l'unité des deux Partis, a recommandé de ne pas proposer immédiatement l'unité organique des Jeunesses, mais de renforcer l'unité d'action des deux organisations et d'oeuvrer en commun avec le Parti communiste et le Parti socialiste pour la réalisation immédiate, comme c'est possible, du Parti unique du prolétariat. Rien ne s'oppose au renforcement de l'unité des Jeunesses communistes et des Jeunesses socialistes. Au contraire, contre l'offensive du capital, pour l'aide à l'Espagne, à la Chine, tout porte à l'union.

C'est donc sous le signe de l'unité de toutes les Jeunesses attachées à la Liberté et au Progrès social, que le IXe Congrès a appelé les forces de la Fédération et de l'Union des Jeunes Filles à se mobiliser aux côtés du front populaire, pour poursuivre son S uvre grandiose et rénovatrice de Liberté, de Paix et de Bien-Etre.

De ce point de vue, il a été souligné en particulier

1° La nécessité de travailler à unir toute la jeunesse ouvrière au sein des syndicats afin de briser l'offensive du grand capital menaçant les conquêtes sociales (40 heures, congés payés, droit syndical), et voulant que le renouvellement des contrats collectifs se fasse au détriment de la classe ouvrière.

Non seulement nous défendrons les droits acquis, mais nous interviendrons pour que, dans toutes les industries, la réglementation du travail des jeunes soit comprise dans le contrat et pour que le problème de l'éducation professionnelle soit enfin résolu dans l'intérêt des jeunes sans-travail et de l'économie française qui manque de main-d'oeuvre qualifiée.

2° L'urgence qu'il y a d'améliorer sérieusement les conditions de vie des soldats et de leurs familles, par l'application dans chaque unité, de la circulaire Daladier et par des réformes du régime des permissions, du prêt, de la nourriture, des allocations familiales et des conditions culturelles à la caserne.

L'armée sera plus supportable aux jeunes et d'autant plus forte contre le fascisme français et le fascisme international que l'épuration de ses cadres fascistes sera commencée.

Nous réaffirmons notre désir de voir aboutir la réduction du temps de service militaire actif, et notre volonté de voir allouer les sommes nécessaires, permettant à la jeunesse française de pratiquer l'éducation physique sur une large échelle et d'une façon systématique.

3° Après avoir réaffirmé notre sympathie active envers l'Espagne républicaine, nous avons appelé toutes nos forces à développer la solidarité envers la jeunesse espagnole et son armée populaire. Nous ne ferons jamais assez pour l'envoi d'argent, de médicaments, de vivres à nos camarades ; jamais seront trop nombreux les combattants de l'armée populaire ; jamais, tant que notre pays et son gouvernement continueront la politique fausse et qui pousse à la guerre, dite de non-intervention, nous ne cesserons de réclamer la levée du blocus de l'Espagne républicaine par le respect du droit international.

Nous savons que l'Espagne combat pour la liberté du monde et pour protéger la paix, et cela compte avant tout.

Ainsi notre Fédération poursuit son sublime combat avec le Front populaire pour donner Liberté, Paix et Bien-Etre à la jeunesse. C'est dans ce but que le IX° Congrès s'est préoccupé de l'organisation des loisirs de la jeunesse.

Cette question s'est posée devant nous d'une façon aiguë depuis deux années, en liaison étroite avec l'amélioration des conditions de travail de la jeunesse.

Des grandes choses ont été déjà faites dans ce sens. Je pense surtout au magnifique réseau des « Auberges de la Jeunesse », au développement de l'aviation populaire, à la rénovation du sport entreprise par la F.S.G.T., à la création, par les syndicats, l'Humanité, des oeuvres de Loisirs et de Vacances.

Je pense encore à cette véritable éclosion de groupes de touristes, de campeurs, de cyclo-touristes qui sillonnent nos routes magnifiques, clamant à pleins poumons : « Allons au-devant de la vie !» Tout ceci constitue le point de départ d'une organisation gigantesque des loisirs de la Jeunesse. Nous sommes fiers que notre Fédération ait été active dans ce mouvement et puisse déjà être, pour la jeunesse, une grande famille qui organise ses loisirs, qui fera mieux encore pour les sports d'hiver et pour l'été 1938.

Le Congrès s'est de même penché sur le problème de l'éducation de la jeunesse. Nous nous sommes réjouis des premières améliorations apportées dans le système d'éducation primaire et les réformes que notre ami Cogniot se propose de faire triompher pour l'enseignement secondaire et supérieur.

Il a été également indiqué que notre Fédération devait devenir une sorte d'Université populaire et permanente dont le but serait d'élever le niveau culturel de ses membres et de les éduquer dans l'esprit du Front populaire.

Ainsi, il fut possible à notre Ixè Congrès de déterminer avec plus de précision, le contenu du travail et de l'activité de notre Fédération, au service du Front populaire, établissant des relations avec tous les Partis et organisations du Front populaire, combattant pour la Liberté et la Paix, pour le Bien-Etre de la jeunesse, organisant dans la joie les loisirs de la jeunesse et devenant une vaste Université populaire. C'est en partant de cette thèse fondamentale que nous avons indiqué que dans la Fédération des Jeunesses, peuvent adhérer tous les jeunes travailleurs sans exception.

Seuls n'ont pas droit d'entrer dans nos rangs les ennemis du Front populaire, les amis de Hitler, les ennemis de la culture, les fascistes et les trotskystes.

Nous savons que le IXe Congrès exige de tous les membres de la Fédération un grand travail, mais chacun sait que par ce travail nous éduquerons la jeunesse non par milliers mais par centaines de milliers, par millions.

Ainsi va notre ambition !

Nous sommes une organisation d'utilité publique et désormais, quand nous demanderons à une direction régionale le bilan de son activité, nous ne nous bornerons pas à lui demander : « Combien de clubs, combien d'adhérents ? »

Nous ajouterons des questions comme celles-ci : « Dans votre région, pour combien de jeunes chômeurs avez-vous créé les conditions pour leur permettre d'acquérir une qualification professionnelle ? A combien de jeunes avez-vous fait passer le brevet sportif populaire ?

A combien de milliers de jeunes avez-vous fait goûter les joies de la vie collective en plein air ? Combien de jeunes ont suivi des cours et quels cours ? Combien de jeunes de 14 à 18 ans n'ayant pas pu obtenir le certificat d'études l'ont-ils maintenant acquis ? » Nous sommes convaincus que les cadres de notre Fédération passeront avec succès cet « examen ». Mais il ne faut pas se cacher la difficulté de la tâche. C'est pourquoi le problème de la direction de nos clubs, de nos foyers, groupes, est en définitive la question centrale de laquelle tout dépend.

Appeler à la direction des hommes jeunes, déjà expérimentés, telle est la solution. Nos jeunesses de Paris sont fières d'avoir à leur direction le camarade Magnaval, conseiller municipal de Paris ; celles de Paris-Sud le camarade Benoist, député de Seine-et-Oise ; celles de Paris-Nord le camarade Gillot, conseiller municipal de Saint-Denis ; celles de Marseille le camarade André Rivière, dirigeant aimé des jeunes.

Il est désirable qu'une telle situation existe non seulement dans toutes les régions de France, mais encore dans chaque groupe, club, foyer des jeunes gens ou des jeunes filles, des villes ou des villages. Par cela, les plus grands succès nous attendent d'autant plus qu'à l'exemple de l'Union des Jeunes Filles de France, pour laquelle nous donnerons de plus grandes facilités de développement, le Ixè Congrès a décidé la création d'un mouvement analogue pour la jeunesse du village, que nos amis appellent déjà leur « Union des Jeunesses Agricoles ».

En avant, camarades, pour unir toute la jeune génération laborieuse de France ! Marchons en rangs compacts avec le Front populaire, avenir de la démocratie française !

En avant, pour une grande Fédération des Jeunes sous le triple signe Lutte ! Joie ! Culture !