Le Parti Communiste français
S’intéresser à la France d’avant-guerre – celle de 1914-1918 pour laquelle va s’enflammer une partie de la population, c’est s’intéresser à un pays dont le poids de la culture du monde agricole est immense. La grande industrie s’est développée de manière particulièrement lente comparée à l’Angleterre et la majeure partie de la population est rurale. En 1913, les localités de moins de 2000 habitants rassemblaient 22 715 011 habitants, contre 16 537 234 aux villes. Qui plus est, la moitié des terres est aux mains de 65 000 familles, le reste étant composé d’un grand nombre de parcelles d’un quart d’hectare, ce qui a fait qu’on a parlé de la France comme le pays de la « petite-propriété ».
A cet émiettement s’ajoute le fait que 32% des ouvriers travaillent dans la petite industrie, c’est-à-dire qu’ils font face à la culture patriarcale typique d’une activité issue du féodalisme, tout comme le tiers des paysans qui sont en fait des journaliers. Mais le reste des ouvriers n’échappe pas pour autant, avec la bourgeoisie industrielle, à la culture paternaliste, comme en témoigne la petite ville de La Machine dans la Nièvre, totalement organisée autour des activités minières (cité Sainte-Marie dans les années 1850, cité Sainte-Eudoxie dans les années 1870, club sportif organisé par l’entreprise, etc.)
La France d’avant-guerre a donc une mentalité foncièrement individualiste, un individualisme se fondant d’un côté sur les rapports économiques existants, avec 44% des actifs présents dans une agriculture protégée depuis des décennies par les droits de douane, et deux millions et demi de rentiers vivant de leurs investissements financiers.