1 déc 1934

La lutte pour l'unité de la jeunesse - Victor Michaut (décembre 1934)

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Victor Michaut, décembre 1934

La jeunesse participe activement au grand mouvement popu laire qui pousse les masses laborieuses de notre pays à s'unir contre l'offensive de la bourgeoisie, contre le fascisme et la guerre.

Tandis que les hitlériens français s'efforcent d'opposer les jeunes générations à leurs aînés, la partie la plus active de la jeunesse travailleuse a rejoint le front antifasciste et combattu, coude à coude, avec les travailleurs adultes.

Cette union s'est créée et élargie au cours de l'action menée en commun, depuis février, pour repousser l'offensive fasciste. Dans chaque meeting et manifestation antifasciste apparaissent, et quelquefois dominent, les visages jeunes.

Notre jeunesse communiste, commençant à se libérer de son sectarisme étroit, a joué dans ce mouvement un rôle positif qui lui vaut un accroissement d'influence et d'organisation jamais atteint jusqu'ici.

Artisans du congrès mondial qui rallia 100.000 jeunes au mou vement d'Amsterdam-Pleyel en France, organisateurs des actions communes réalisées en premier lieu avec les jeunes socia listes, les jeunes communistes sont devenus des lutteurs infatigables pour le front unique de la jeunesse auquel ils consacrent toutes leurs forces.

Premiers résultats de l'unité d'action

L'unité d'action a permis une activité politique plus grande de la jeunesse.

Des masses toujours plus nombreuses de jeunes travailleurs, jusque là indifférents, prennent conscience de leur intérêt de classe et participent aux manifestations économiques et poli tiques de la classe ouvrière.

Rappelons qu'au lendemain des journées de février, les diri geants de la J.O.C. (Jeunesse ouvrière chrétienne) déclenchèrent une grande campagne sous le mot d'ordre mensonger « pas de politique» afin de détourner les jocistes du chemin de la lutte révolutionnaire dans lequel s'engageait un grand nombre d'entre eux.

Les jeunes socialistes, qui restaient sur la notion réformiste d'une organisation purement culturelle et distractive, ne participant pas à la lutte des classes et ne prenant pas position sur les questions politiques les plus brûlantes, restant soumis complè tement au Parti socialiste, ont commencé à réviser cette conception.

Dans la discussion qui précéda leur conférence nationale extra ordinaire tenue en octobre dernier, de nombreux jeunes socia listes, en particulier dans la Seine, se sont prononcés pour une organisation indépendante de la jeunesse, pour la participation active et organisée à la lutte de classes, contre la défense natio nale en régime capitaliste, pour le front unique avec les jeunes communistes.

Bien qu'en raison de l'attitude du Parti socialiste, il n'existât pas de pacte national entre jeunesses socialistes et communistes, les membres des deux fédérations ont uni leurs efforts en maintes occasions : démonstrations de rues et piquets de grève en février, participation massive aux grandes manifestations populaires, action contre les manoeuvres aériennes, meetings réalisés en commun, signature de pactes locaux et régionaux, création un peu partout de comités de coordination J.S.-J.C. Pour la première fois, en septembre, et malgré que le comité national mixte des J.S. N'ait pas répondu favorablement aux propositions de notre comité central, la journée internationale des jeunes fut réalisée en commun par les jeunes socialistes et communistes, dans plus de 40 meetings, entraînant également la participation de jeunes laïques et républicains, de sportifs de l'U.S.S.G.T., de jeunes syndiqués confédérés.

En développant parmi la jeunesse l'enthousiasme et la confiance en ses propres forces et en celles de la classe ou vrière, les bases ont été créées pour les premières victoires sur les revendications immédiates.

Le plus grand coup contre la tentative fasciste d'introduire le travail obligatoire pour les jeunes chômeurs a été porté à Calais où l'action de notre jeunesse communiste, s'appuyant sur les jeunes chômeurs eux-mêmes et sur toute la population labo rieuse, a fait reculer la municipalité réactionnaire.

Le mouvement de front unique pour la défense des conscrits et des soldats, déclenché par le comité national de la jeunesse contre la guerre et le fascisme , a permis d'obtenir dans plu sieurs localités, la musette garnie et le pécule de départ récla més par les conscrits.

La défense des encasernés a pris la forme populaire de création de « caisse du sou du soldat » dont certaines rassemblent la plupart des organisations de la localité, par exemple à Malakoff ou 31 organisations sont adhérentes à la caisse.

Enfin, une brèche a été ouverte dans l'odieuse législation qui brime l'enfance et les adolescents sans ressources.

La campagne menée par le S.O.I. Avec la participation des jeunesses communistes, jeunesses socialistes, jeunesses laïques et républicaines et de quelques autres groupements a un réel retentissement qu'on a constaté au cours des meetings organisés par le « comité de lutte contre les bagnes d'enfants ».

L'unité sportive ouvrière réalisée

Un pas décisif a été accompli dans le domaine sportif, pour l'union des forces de la jeunesse.

Bientôt l'unité organique, par la fusion de la Fédération spor tive du travail et de l'Union des sociétés sportives et gymniques du travail, sera un fait acquis.

Déjà les congrès des deux fédérations, tenus le 11 novembre, se sont prononcés à une quasi unanimité pour la convocation du congrès de fusion qui se tiendra les 23 et 24 décembre. L'accord entre les deux fédérations est établi sur les bases suivantes :

1.

Défense des revendications sportives des travailleurs ; caractère de lutte de la fédération unique ;

2.

Lutte contre les tentatives de fascisation et de militarisation du sport ;

3.

Indépendance organique du mouvement sportif ouvrier

4.

Rôle éducateur, physique et moral, de la nouvelle fédération ;

5.

Lutte pour l'unité internationale du sport ouvrier.

Un projet de programme d'orientation et de revendications, ain si qu'un projet de règlement intérieur, ont été déjà élaborés dans ce sens et sont soumis aux sportifs des deux fédérations. Dans un document qui rappelle les efforts sincères faits par l'Internationale Rouge des Sports pour la création d'une seule Internationale Sportive Ouvrière, les représentants de la F.S.T. et de l'U.S.S.G.T. Indiquent que la nouvelle fédération :

« se déclare prête à participer aux démonstrations organisées par l'I.R.S. Et l'I.S.O.S. Et organisera elle-même des démonstrations internationales.

Elle sollicitera sa participation aux congrès et conférences des deux internationales et leur fera appel pour ses congrès et conseils nationaux ».

Ainsi l'unité sportive internationale est en marche. La nouvelle Fédération Sportive et Gymnique du travail de viendra le centre de ralliement de tous les travailleurs sportifs de France, l'unité sportive ouvrière étant déjà populaire parmi les milliers de sportifs et un premier rapprochement sérieux s'étant réalisé avec une grande fédération laïque, l'U.F.O.L.E.P., qui compte plus de 300.000 membres.

Lutter d'arrache-pied pour gagner à la F.S.G.T. Les sportifs des clubs indépendants et des fédérations officielles, telle est maintenant la tâche principale des communistes travaillant dans le mouvement sportif.

Notre front s'élargit

Avec les premiers succès qu'il remporte, le front unique de la jeunesse s'élargit.

De nouvelles organisations et de nouvelles couches sont entraî nées dans le mouvement.

Lors de son dernier congrès tenu à Perpignan, la fédé ration des Jeunesses laïques et républicaines a décidé d'adhérer au Comité national de la jeunesse contre la guerre et le fascisme .

Dans de nombreux endroits les J.L.R. Luttent côte à côte avec les jeunes socialistes et communistes.

Les jeunes équipes de la « Jeune République » qui participent déjà à l'Alliance internationale pour la défense de la jeunesse allemande, ont appuyé la proclamation des droits des jeunes générations lancée par le comité national de la jeunesse et ont reçu un délégué de ce comité à leur conférence nationale de Roanne.

Ainsi le front s'élargit et entraîne, avec les jeunes travailleurs, la partie la plus active de la jeunesse estudiantine et des classes moyennes.

Aux dernières assemblées des « Etats Généraux de la Jeunesse » où se trouvaient surtout les représentants de ces catégories, la voix communiste a été entendue, plusieurs motions favorables aux intérêts de la jeunesse ont été votées (quelques-unes sur la. base de propositions communistes) et les éléments fascistes furent démasques et isolés.

Le ralliement de l'immense majorité de la jeunesse de France au front populaire du travail, de la paix et de la liberté est donc nécessaire et possible.

Dans ce but, il faut corriger les faiblesses principales de l'actuel mouvement unitaire de la jeunesse.

Corrigeons nos faiblesses . Quelles sont ces faiblesses ?

1.

L'agitation prime sur l'action. En général on se borne à l'or ganisation d'assemblées et meetings communs.

La lutte pour le succès des revendications de la jeunesse n'occupe pas la premiere place.

Il est particulièrement dangereux de constater le retard, l'insuf fisance ou même la négligence complète d'organisation de l'ac tion des jeunes au cours des derniers mouvements revendica tifs, grèves et luttes de chômeurs (métallurgie parisienne, tex tile roannais).

2.

L'unité d'action est trop souvent limitée à un accord entre Jeunesses socialistes et communistes.

On oublie que les propositions adressées à la J.S. Ou même l'ac cord réalisé avec cette organisation, doivent tendre justement à mobiliser l'ensemble des jeunes travailleurs de la localité ou de l'usine, y compris les membres d'organisations catholiques, mi litaires ou fascistes en vue de l'action commune contre la bourgeoisie.

3.

L'activité propre de la Jeunesse communiste est insuffisante. L'organisation de nos forces par la création de cellules dans les entreprises et au sein des organisations de masses de la bour geoisie n'est pas au centre de nos préoccupations.

Ainsi la jeunesse laborieuse de France, qui peut devenir, sous la direction de notre Parti, une grande force révolutionnaire, ne bénéficie pas complètement des premiers succès de l'unité d'ac tion.

Il faut, sans retard, donner des bases solides, revendicatives, à son unité et l'élargir sans cesse.

Pour le triomphe des revendications et le Comité central.

La politique scissionniste des diviseurs de la classe ouvrière, Doriot-Barbé, les faux « amis de la jeunesse », a été repoussée par toute la jeunesse communiste, unanime.

A Saint-Denis, la majorité du rayon est restée fidèle au déve loppement du rayon et à son unité idéologique.

Donner à chaque adhérent une éducation communiste et déve lopper parmi la jeunesse la propagande pour les buts du com munisme acquiert maintenant une importance exceptionnelle pour la préparation aux combats décisifs pour le pouvoir. Les premiers efforts faits dans ce sens auprès des jeunes socia listes, pour une clarification des conditions de l'unité organique doivent être poursuivis.

Elles furent indiquées ainsi au congrès de la jeunesse socialiste :

1.

Rupture avec le réformisme et la collaboration de classes, lutte inlassable pour les intérêts économiques et politiques de la jeunesse ;

2.

Condamnation de la défense nationale en régime capitaliste, action antimilitariste résolue auprès de jeunes travailleurs, conscrits et soldats ;

3.

Lutte pour le renversement de la bourgeoisie, pour la dicta ture du prolétariat, pour le pouvoir des soviets qui libérera la jeunesse, pour la défense de l'Union Soviétique ;

4.

L'indépendance d'organisation de la jeunesse avec ses organes élus, une large démocratie intérieure basée sur les principes du centralisme démocratique ;

5.

En conséquence organisation à caractère de lutte, liaison étroite de l'éducation et de l'action, libre développement cultu rel et politique, participation incessante au combat des exploi tés contre les exploiteurs.

Ces propositions firent une forte impression sur les jeunes so cialistes, il est nécessaire de les expliquer à toute la jeunesse, d'éduquer de plus larges masses sur la base du programme de l'Internationale communiste des jeunes et des principes du mar xisme-léninisme.

Ainsi, est possible, par une juste direction du Parti sur la Jeu nesse communiste un développement impétueux de notre fédé ration qui groupe maintenant plus de 10.000 adhérents et dont la responsabilité grandit devant la jeunesse travailleuse de France.

Les grandes questions: