14 avr 2015

PCF (mlm) - Déclaration 70 - Sur le gauchisme et le rôle de François Maspero

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Le matérialisme dialectique est une doctrine concise, un système idéologique complet. Ce n'est pas une méthode, pas une source d'inspiration. Ce n'est pas quelque chose qui devrait être « appliqué » sur autre chose ; c'est le monde lui-même synthétisé dans une théorie guidant l'esprit et la pratique.

C'est la thèse principale de tout Parti communiste authentique, qui ne peut exister qu'avec une Pensée-guide indiquant le chemin de la révolution dans un pays donné, avec une interprétation correcte de son économie, de sa culture, de son histoire, de sa société, de sa réalité matérielle.

Cela n'a rien à voir avec les conceptions gauchistes d'un « parti de la lutte », un Parti « construit dans le feu de la lutte de classe », un Parti comme produit de luttes locale se fédérant dans leur révolte, qui sont en totale contradiction avec les enseignements de Lénine sur la nature du matérialisme dialectique, notamment dans « Que faire ? ».

En France, la révolution a, de fait, toujours souffert d'une profonde déviation qui peut se résumer par le concept de « syndicalisme révolutionnaire ». Un mépris fort pour la théorie, le refus de l'approche systématique du matérialisme dialectique, l'économisme spontanéiste, la posture dédaigneuse à l'encontre des aspects culturels, l'oscillation entre le réformisme électoraliste pragmatique et le radicalisme anti-politique d'ultra-gauche... Telles sont ses caractéristiques.

La Charte d'Amiens, adoptée en 1906 lors du IXe Congrès du syndicat français, la Confédération Générale du Travail (CGT), est une expression célèbre de cela, ayant officialisé la séparation totale entre le mouvement syndical et les partis politiques. Le Parti Communiste français était dans la pratique, avec son dirigeant Maurice Thorez, une sorte de Parti social-démocrate « syndicaliste révolutionnaire ».

Ce n'est pas une surprise que, dans ce contexte, cet opportunisme célèbre la révolution française comme une sorte de modèle idéal à suivre - les personnes descendant dans les rues, dans un soulèvement de masse linéaire brisant automatiquement la réaction - et n'a jamais analysé l'histoire de notre pays en tant que tel.

Nous pouvons notamment voir comment il n'y a jamais eu une étude matérialiste dialectique de l'aspect progressiste du protestantisme dans l'histoire de notre nation, du rôle progressiste d'unification de la monarchie absolue. Les positions de la bourgeoisie ont été prises comme étant « correctes », que ce soit sur la vision « matérialiste » de René Descartes ou les mouvements culturels depuis le XVIe siècle, par exemple dans le domaine des arts ou de la littérature.

Bien sûr, avec cela à l'arrière-plan, il n'a pas été possible d'unifier la classe ouvrière. Il a seulement été possible de construire une gauche comme opposition économique et sociale, avec certains aspects progressistes, mais dans une soumission au système politique bourgeois. Il y a même eu une capitulation totale devant la constitution autoritaire de la Ve République, née d'un putsch militaire en 1958 et du « sauvetage » de Charles De Gaulle.

En fait, nous pouvons dire que depuis 1968, la révolution en France a été bloquée par l'oscillation entre une gauche ouvertement institutionnelle (les socialistes et « communistes ») et les révoltes de gauche conduites par les trotskystes et les anarchistes. Toutes les énergies fournies par les masses ont été gaspillées.

C'est pourquoi nous disons que le matérialisme dialectique doit être bien compris, appliqué, défendu. L'opportunisme de droite soutenant la gauche bourgeoise et l'opportunisme de gauche soutenant les trotskystes et les anarchistes sont deux tendances sociales qui n'existent que pour freiner la révolution. Les deux prétendent être la seule forme « pratique », en disant que tout le reste à part eux est seulement illusoire.

Une personne a joué ici un rôle important contre-révolutionnaire : François Maspero, dont la mort a été annoncée hier.

Avec l'effondrement idéologique du Parti Communiste français dans la seconde partie des années 1950, il y avait un immense espace pour produire quelque chose de nouveau - soit en revenant aux sources en assumant le matérialisme dialectique, soit en procédant à la liquidation de toute l'expérience de l'Union soviétique sous Staline.

François Maspero a aidé la seconde perspective, contribuant à la formation d'une idéologie gauchiste et à sa promotion. De 1959 à 1982, Maspero a ainsi été l'éditeur de la toute la littérature anticommuniste des « gauchistes », au moyen de petits livres bon marché, et par la tenue également d'une librairie dans le Quartier latin parisien, qui a contribué à la diffusion massive du gauchisme à travers différentes collections d'ouvrages.

Dans la « Bibliothèque socialiste », par exemple, nous trouvons tous les auteurs gauchistes traditionnels qui sont utilisés pour rejeter le léninisme, la dictature du prolétariat, le matérialisme dialectique : Boukharine, l'austro-marxiste Max Adler, Rosa Luxembourg, des trotskystes comme Michael Löwy et Victor Serge, des syndicalistes révolutionnaires comme Pierre Monatte, etc.

Dans la collection « Textes à l'appui », nous trouvons plus de 150 livres dans tous les domaines intellectuels, tous appuyant un « socialisme » anti-communiste, sur la base de différents courants gauchistes existentialiste, trotskiste, catholique de gauche.

Dans la « Petite Collection Maspero », nous trouvons la plupart des mêmes auteurs, toujours dans une ligne anti-soviétique et anti-dialectique, avec des intellectuels comme Charles Bettelheim, mais aussi beaucoup d'auteurs présentés de sorte qu'ils soient utilisés dans l'idéologie « tiers-mondiste » : Malcolm X, Fidel Castro, Che Guevara, Ho Chi Minh, Giap, différents auteurs liés au FLN algérien, avec bien sûr, Mao Zedong intégré dans cette « perspective ». Dans ce contexte, François Maspero a également publié la revue « Tricontinentale ».

François Maspero lui-même était proche d'Aimé Césaire et de Léopold Senghor, penseurs existentialistes de la « négritude » ; il est allé à Cuba en 1961. Le livre qui a ici le plus influencé le gauchisme était Révolution dans la révolution Régis Debray, où ce dernier a théorisé la négation du Parti, la nécessité du volontarisme et du spontanéisme, l'absence de la nécessité de l'idéologie, etc.

Il fut publié dans la collection « Cahiers libres », un nom qui est une allusion aux « Cahiers » du réactionnaire chrétien « socialiste » Charles Péguy. On retrouve ici la même préoccupation que l'école française d'Uriage des années 1940, la « quête » pour la « troisième voie », contre le capitalisme et le communisme, pour la formation d'un « homme nouveau ».

L'idéologie promue par le gauchisme français, à travers les éditions Maspero, était en effet celle de « l'homme nouveau ». Le volontarisme et le mysticisme de la révolution étaient un moyen de promouvoir un mode existentialiste de régénération.

Un espace important a été donné ici à la question de la psychologie, qui est une question traditionnelle française depuis le XVIIe siècle ; François Maspero a promu l'ultra-gauchiste Wilhelm Reich, le renégat du Parti Communiste français Charles Nizan, Célestin Freinet, Ronald Laing, Félix Guattari, etc.

Une importante série de livres a consisté en « Lire le Capital », sous la supervision de Louis Althusser, qui décrit d'une manière « philosophique » le premier livre du Capital, et a eu une forte influence chez les étudiants proches ou membres du Parti Communiste français.

C'était une façon d'influencer celui-ci, que François Maspero a rejoint une fois qu'il était devenu ouvertement révisionniste, publiant la revue « Partisans » ; mais il le quitta rapidement et a rejoint le produit le plus important de ce gauchisme : la « Ligue communiste » du début des années 1970. L'idéologie de François Maspero était bien celle de la Quatrième Internationale trotskyste.

Et il est intéressant ici de noter, si nous jetons un regard sur les faux maoïstes en France aujourd'hui, que ceux-ci défendent exactement la même idéologie, qui est un mélange d'« anti-impérialisme », d'une pseudo-activiste « dialectique des secteurs d'intervention », du culte existentialiste de la « rébellion » individuelle, la négation des questions idéologiques, etc.

François Maspero a cessé ses activités en 1982, sa maison d'édition devenant « La découverte », maintenant dans les mains du monopole espagnol Planeta, le huitième plus grand éditeur de livres dans le monde. Il a « aidé » ensuite les « dissidents » en Europe de l'Est, allant lui-même en Pologne et en Tchécoslovaquie.

Le gauchisme s'est lui-même transformé, dans les années 1980 jusqu'aux années 2010, cessant de prétendre faire une quelconque révolution, mais expliquant encore en vain qu'il serait révolutionnaire. Les anarchistes et trotskystes aujourd'hui sont le produit direct de cela, des activités de François Maspero.

Le maoïsme n'était alors pas en mesure de rejeter ces courants, cette tendance gauchiste, parce qu'il n'a en tant que tel pas été bien compris par l'avant-garde en France, principalement la « Gauche Prolétarienne », dont le rejet du gauchisme a été transformé en une position anti-théorie et ainsi logiquement en « syndicalisme révolutionnaire ».

En fait, contre la tendance gauchiste petite-bourgeoise, une étude approfondie de l'histoire nationale était nécessaire, associée à une étude approfondie du matérialisme dialectique. C'est ce qu'ont fait Gonzalo au Pérou, Akram Yari en Afghanistan, Ibrahim Kaypakkaya en Turquie, Siraj Sikder au Bengale oriental - ce faisant, ils ont produit une Pensée-guide.

Le gauchisme est un piège contre-révolutionnaire. Sa nature est la même que les « communistes des conseils » en Europe et en Russie dans les années 1920, que les trotskystes des années 1930, et toutes leurs variantes comme le POUM ou les « Amis de Durruti » pendant la guerre civile espagnole, ou « l'ultra-gauche » au cours de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine.

Le gauchisme prétend être plus radical, alors qu'en fait, il nie l'histoire de la classe ouvrière, de sorte que toute révolte devient purement symbolique, jusqu'à la capitulation sous le drapeau de l'existentialisme individuel.

Le gauchisme dit que les questions idéologiques sont secondaires, que la « révolte » est la clef principale qui résout tous les problèmes, et que donc un Parti idéologique n'est pas nécessaire, car il serait formé « dans le cours » de la révolution.

Aujourd'hui, le gauchisme français nie les questions idéologiques et culturelles ; il promeut l'action « anticapitaliste » comme réponse à tout, et condamne en tant que tel le Front antifasciste car ce serait réformiste.

La vacuité de la ligne « anticapitaliste » du gauchisme est néanmoins évidente. C'est seulement un piège, une étape pour aider la prochaine ligne « anticapitaliste » : celle du fascisme.

Défendre le matérialisme dialectique comme la seule doctrine est la tâche communiste contre le gauchisme, et cela ne peut être fait que dans le cadre du Parti Communiste, parce que personne ne peut être communiste en dehors d'un Parti communiste.

Le gauchisme est plein de vanité et de prétentions ; il se donne une image d'« activisme » et de « lutte », mais en fait, ce n'est qu'une tendance de la décadence du capitalisme : c'est une cinquième colonne dans les rangs de la gauche, pour la désorganiser, la démembrer.

Défendre les traditions de la classe ouvrière, défendre les valeurs socialistes !
Rejeter les prétentions faussement révolutionnaires « anticapitalistes » du gauchisme !
Unité des progressistes pour unifier les masses sous le drapeau antifasciste !

Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)
Avril 2015

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L'éditeur François Maspero a joué un rôle historique particulièrement néfaste en aidant le gauchisme à s'organiser.