3 déc 2015

COP 21 : un enjeu écologiste sérieux et non pas un prétexte

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La manifestation sauvage contre l'état d'urgence prenant comme prétexte la COP 21, dimanche dernier place de la République à Paris, a été une grossière erreur.

Et pas seulement parce qu'elle a révélé la mentalité anti-sociale des participants, notamment avec le saccage du petit mémorial pour les victimes des attentats, au niveau de la statue. Les images, explicites, de gens prenant des bougies ou des pots de fleurs pour les jeter sur la police, ont profondément traumatisé les masses.

Non, le fond du problème va bien au-delà et concerne le fait même d'avoir un projet. Un projet qui soit valable pour l'avenir, qui donne un sens à la vie, qui réponde aux défis du réchauffement climatique.

Afin de justifier que nous ayons le droit de critiquer, regardons ce que sont nos propositions. Déjà, la première, la plus démocratique, est que nous considérons qu'il est nécessaire d'avoir un point de vue ouvert sur la nature et les animaux.

Cela signifie, dit simplement, que les abattoirs nous font mal au coeur, que le béton nous est désagréable, que l'huile de palme nous apparaît comme inacceptable. C'est une question de sensibilité et c'est déjà énorme.

Bien entendu, ce n'est pas suffisant pour changer le monde, mais ce qu'il faut dire ici, c'est que c'est déjà suffisant, au moins, pour entrer en collision complète avec les anarchistes, les trotskystes (et tous leurs avatars très variés : bordiguistes, anarcho-maoïstes, etc.). Il y a ici une approche de la réalité qui est fondamentalement différente. A nos yeux, ce sont des beaufs ; à leurs yeux, nous sommes des « illuminés » et aucun dialogue n'est possible ni souhaitable.

Lien vers le dossier : Vladimir Vernadsky et la biosphèreEn ce qui concerne les recherches plus approfondies sur la nature de notre monde, nous avons émis deux thèses essentielles, qui nous sont propres. La première, c'est la considération qu'il y a une contradiction villes-campagnes qui est essentielle. Nous avons longuement exposé ce point.

Naturellement, cela va de pair avec une pratique écologiste de notre côté. Il est toujours agaçant, désobligeant ou, peut-être, accablant, de voir par exemple tel ou tel opportuniste, par exemple anarcho-maoïste, reprendre ce concept de contradiction villes-campagnes, sans avoir aucune conscience réelle de ce que cela signifie, ni bien sûr aucune pratique.

Cela montre que, si l'idéologie est essentielle, la culture l'est autant, les deux étant liés puisqu'il s'agit au fond de savoir comment vivre. D'ailleurs, un mode de production se définit par les moyens de produire ce qui permet la reproduction de la vie.

Justement, de quelle vie s'agit-il ? Selon nous, et c'est notre seconde thèse, la planète Terre est une biosphère, un ensemble complexe organisé. Le concept a été formulé par le savant soviétique Vladimir Vernadsky, un peu après la révolution russe.

Cela nous semble tout à fait juste, tout à fait conforme au matérialisme dialectique. Rien n'existe de manière isolée et par conséquent on ne peut pas découpler les phénomènes. Tout est interrelié. Il ne s'agit pas simplement de moins polluer ou de trouver une sorte d'accord avec la nature : il s'agit de savoir quelle est notre place matérialiste en son sein, car la nature, c'est la réalité, c'est la matière ayant atteint un stade très développé, où elle est vivante, c'est-à-dire avec un haut degré de sensibilité.

Lien vers la pages des 100 mesures pour les animaux

Nous pourrions ajouter ici plusieurs choses. Tout d'abord que, fort de cette compréhension, nous avons retrouvé et expliqué quel a été le parcours du matérialisme historiquement (depuis l'antiquité grecque jusqu'à Baruch Spinoza et le matérialisme anglais ou encore Ludwig Feuerbach, en passant par les philosophes arabo-persans, etc.).

Ensuite, cela a permis de comprendre toute une mentalité française, qui a été notamment voire principalement synthétisée par Pierre-Joseph Proudhon d'un côté, Jean Jaurès de l'autre, et qu'on peut qualifier de « socialisme français ».

Ici, pour faire court, nous opposons notre marxisme orthodoxe, fidèle aux études des « classiques » sur tous les points, au révolutionnarisme français de type plébeien, utilisant des « mythes » mobilisateurs et à moitié antisémite.

L'écologie est donc le cadet de leurs soucis ; c'est au mieux un prétexte pour faire leur éloge de la décentralisation, du fédéralisme, de la liberté individuelle.

Cela, à une époque où au contraire où il faut tout planifier, depuis la production jusqu'aux mouvements de population, sans quoi on va de catastrophe en catastrophe !

Ici, encore pour faire court, nous opposons la collectivisation, la planification et la centralisation, sur la base des nécessités historiques et scientifiques, à l'éloge de l'individu. Voilà un programme qui est réellement écologiste, car il se met à la hauteur de la biosphère, et ne réduit pas la question aux « désirs individuels ».

La contradiction entre les villes et les campagnes

Ce qui ne veut pas dire, d'ailleurs, que les individus vont en souffrir : au contraire, c'est dans l'harmonie avec la biosphère et dans le rapport dialectique avec la collectivité que les individus peuvent réellement s'épanouir.

Le saccage du mémorial place de la République n'a ainsi fait que crever un abcès. Comme on a pu le voir encore une fois par ailleurs, l'ultra-gauche ne sait faire qu'une chose : parasiter les grandes manifestations et pousser à la « radicalité ». Les trotskystes exigent « davantage » et les anarchistes disent « ça va péter », avec parfois quelques uns qui prennent cela au sérieux et décident de faire quelques dégâts.

Il n'y a toutefois aucun programme, aucun système de valeurs, aucune proposition. La manifestation contre l'état d'urgence place de la République à Paris, avec ses 200 casseurs et ses 2000 hippies, n'avait aucun contenu, à part la célébration du retour en arrière dans le temps, la volonté de « freiner » le capitalisme.

Ce ne sont pas des gens qui luttent pour quelque chose, mais des gens qui « protestent » - avec des nez de clowns ou bien des projectiles - mais sans aucune perspective générale.

Sur paris-luttes.info, site internet favorable au spontanéisme d'ultra-gauche, des « membres de l’assemblée parisienne contre la COP21 » se sont même justifiés de la manière suivante suite à l'échec de dimanche, avec ses 341 interpellations :

« Nous sommes là pour dire nous ne voulons pas de leur protection, que nous n’approuvons pas leur déferlement sécuritaire, la répression des composantes les plus faibles et discriminées de la population. Pas de trêve entre nous et l’Etat ! Pas de complaisance envers le cirque de la COP21, la destruction concertée et mesurée du monde. Nous l’avions déjà dit il y a longtemps : la COP sera sociale ou ne sera pas ! »

Lien vers le dossier : La vie, la matière, l'univers

Tout cela est absurde, car il n'y a pas d'un côté l’État et de l'autre une poignée de révolutionnaires. Il y a, en réalité, la lutte de classes, avec un État au service des classes dominantes. Quel intérêt d'aller, masqué, provoquer la police à 150 ou 200 personnes, avec comme seule perspective de se faire interpeller ? Ne serait-pas là un sens du martyr éminemment catholique ?

Et, si ce n'est pas le cas, demandons-le : où est le programme révolutionnaire ? Où est surtout la réflexion écologiste ?

C'est donc précisément là que la bât blesse : l'ultra-gauche n'a aucun programme écologiste. Tout ce qu'elle sait dire, c'est que les problèmes écologistes sont une conséquence du capitalisme. La belle affaire ! Comme si c'est de savoir cela qui allait résoudre les problème !

Lien vers la déclaration 11 : Faisons face au changement climatique !

Ces gens n'ont toujours pas compris, apparemment, que le réchauffement climatique est déjà là, qu'il est inévitable que d'ici 2100, on ait un réchauffement climatique d'au moins 2°C, les projections annonçant souvent même davantage.

Ou, plutôt, devrait-on dire qu'ils ne veulent pas le comprendre. Car leur but, il faut le dire, est de retourner en arrière. Les anarchistes et les trotskystes défendent les intérêts des petits propriétaires, des petits entrepreneurs, des petits producteurs.

Ils ne veulent pas renverser le capitalisme et la révolution n'est pour eux qu'un mythe mobilisateur. Leur rêve est de faire régresser le capitalisme, de lui donner un visage humaine, nous ramenant de manière romantique à un moyen-âge idéalisé, comme par exemple la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.

Leur maître à penser, qu'ils n'ont sans doute jamais lu, c'est Victor Hugo, le nôtre, que nous avons étudié, c'est Karl Marx. La différence idéologique est nette. La différence culturelle l'est encore plus.

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