Le projet de construction de l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes est un événement historique important, reflétant la contradiction entre villes et campagnes qui se renforce avec le mode de production capitaliste. C'est l'actualité qui doit être importante à nos yeux : la défense de la zone humide existante est une grande nécessité pour la protection de la biosphère.

Une semaine après la consultation locale sur le projet, marquée par la terrible défaite puisque le « Oui » à la construction l'a emporté, il est donc intéressant de connaître les points de vue des uns et des autres à ce sujet, en particulier dans le camp se voulant progressiste ou révolutionnaire.

L'interprétation de la réalité et la prise de positions conséquentes sont la base pour faire avancer les choses... ou pas!

Voici une liste, non exhaustive, des principales structures de l'extrême-gauche (mais, vues les positions, d'une certaine manière également de l'ultra-gauche).

Alternative Libertaire : historiquement très lié à la LCR devenu le NPA, Alternative Libertaire a une orientation également très en faveur des « mouvement sociaux ». C'est même le thème de la « démocratie directe » qui a été mis en avant au moment de la consultation.

Pourtant, dans son article « Notre-Dame-des-Landes, non c’est non : la lutte se poursuit », c'est cette même « démocratie directe » qui est rejetée… au nom d'une démocratie plus élargie :

« Cette consultation avait été organisée de telle façon qu’il pouvait difficilement y avoir d’autre résultat. Le gouvernement avait choisi de la limiter au département de Loire-Atlantique, alors que cet aéroport concerne au moins les deux régions Bretagne et Pays-de-la-Loire. Mais un tel périmètre de consultation aurait été favorable au Non. »

On notera la fanfaronnade d'un article publié avant la consultation :

« En cas de victoire du oui, la question de l’expulsion des zadistes ne sera pas une mince affaire. Selon toute probabilité le sang coulera. »

Combattre pour le socialisme : l'organisation trotskyste n'aborde jamais la question de Notre-Dame-des-Landes.

Convergences Révolutionnaires : l'ancienne fraction « l'Etincelle » de Lutte Ouvrière, qui a rejoint le NPA en 2009, n'a pas abordé la question de la consultation.

Coordination des Groupes Anarchistes : la CGA, d'orientation particulièrement « sociétale », n'a pas pris position sur la consultation, ni après les résultats.

Drapeau Rouge (désormais en fait « Parti Communiste Maoïste », d'orientation anarcho-spontanéiste) : aucune position.

Fédération Anarchiste : on trouve une position par le groupe de Besançon, bien évidemment en faveur des ZAD, intitulée « Soutien à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes », parvenant au passage à relativiser la destruction des personnes juives d'Europe :

« La ZAD de Notre-Dame-des-Landes participe de cette tendance. Elle concrétise aujourd’hui un projet que les multinationales et l’État à leur botte vont s’efforcer d’anéantir. La seule répression policière risquant de heurter les sensibilités (comme on l’a vu dans la lutte contre le barrage du Testet), la bouffonnerie gouvernementale a fait appel à la clownerie citoyenne en organisant un référendum.

En accordant la liberté de parole selon le principe « une demi-heure pour Hitler, une demi-heure pour les Juifs », on ne risque pas trop de surprises. »

Gauche Révolutionnaire : l'organisation trotskyste, issue des JCR des années 1990 qui avaient abandonné la LCR considérée comme pas assez anti-impérialiste et offensive, est désormais d'orientation sociétale, ainsi que progressiste social-démocrate.

Une position a été prise et on y lit notamment :

« Entre 50 et 60 000 personnes avaient manifesté le 27 février dernier contre ce grand projet inutile qui dévorerait des centaines de millions d’euros de fonds publics et des milliers d’hectares de nature pour le seul bénéfice de multinationales telles que Vinci. Adieu certaines espèces protégées que le gouvernement est déjà prêt à éradiquer par arrêté préfectoral…

Peu importent les déclarations du (déjà lointain!) sommet de la COP21 sur la réduction des gaz à effet de serre et le CO2, il s’agit de continuer à faire des profits en polluant et en détruisant les espaces naturels.

Les 9 et 10 juillet prochains, le grand rassemblement de l’été aura à nouveau lieu à Notre Dame des Landes. La mobilisation n’est pas près de s’arrêter ! Stoppons les grands projets inutiles du gouvernement et des multinationales ! »

Initiative Communiste Ouvrière : aucune position de la part de cette structure inspirée de l'ultra-gauche iranienne.

Lutte Ouvrière : ayant une approche « syndicaliste dure », l'organisation trotskyste LO n'aborde jamais les questions culturelles. Historiquement, elle a eu à leur sujet une position ultra-conservatrice (pas de boucles d'oreilles ni de cheveux longs pour les garçons, habillement bourgeois pour ne pas choquer, etc.) avant de céder à « l'air du temps ».

LO n'a abordé ainsi qu'à reculons le thème de la consultation, dans un tout petit article suite au vote, se positionnant contre le projet, sans pour autant donner de point de vue mobilisateur dans un sens ou dans un autre. La question écologiste n'existe pas et le seul aspect utilisé est la question des grands groupes et des grands patrons, comme ce passage en témoigne :

« Cela reste le seul objectif de ce transfert : garantir des profits aux actionnaires de Vinci. Le gouvernement, appuyé par la droite, a gagné son référendum (qu’il présentait prudemment comme purement consultatif tant qu’il n’en connaissait pas le résultat). Mais il n’est pas au bout de ses peines. »

On lisait pareillement, en avril :

« Mais ces grands chantiers commandités par l'État sont des mannes pour les trusts du BTP, comme Vinci, et plus le projet est pharaonique plus les profits pour les bétonneurs sont juteux. Tant pis s'ils s'avèrent inutiles pour les besoins de la population. »

Nouveau Parti Anticapitaliste : le NPA possède une orientation sociétale et a régulièrement abordé la question de Notre-Dame-des-Lande, considéré comme le lieu d'un affrontement entre « technocratie » et « démocratie ».

Le NPA, dans son article « Enfumage à Notre-Dame-des-Landes : résister et ne rien lâcher », reprend cette approche et met en avant la « Démocratie », montrant bien son approche petite-bourgeoise ultra-démocratique.

La fuite en avant est de rigueur, avec également une prise de position unilatérale en faveur des zadistes. On lit, entre autres :

« Nous résisterons, ensemble, à toute tentative d'expulsion des occupantEs et habitantEs de la Zad, qui continueront « d’habiter, cultiver et protéger ce bocage », qui défendent un autre monde que le modèle capitaliste des Vinci, du PS et de ses alliés. »

Parti ouvrier indépendant et Parti ouvrier indépendant démocratique : aucune des deux organisations issues de la scission du POI (représentant historiquement le courant lambertiste) n'a pris de position.

Pôle de renaissance communiste en France : aucune position.

Rassemblement des Cercles Communistes : cette structure à laquelle appartient notamment la Coordination Communiste 59/62 n'a pas pris position.

Tendance Communiste Internationaliste : aucune position de la part de cette structure liée à l'ultra-gauche italienne de type bordiguiste.

Ex-Union des Révolutionnaires Communistes de France : aucune position

Voie Prolétarienne : aucune position

Ainsi, une actualité importante de l'histoire de notre pays en ce début de XXIe siècle n'est pas prise au sérieux. On a déjà pu voir cela au moment de la COP21  : ce fut un grand événement historique, mais le silence domina. Car l'extrême-gauche française est d'esprit associatif, son idéologie ne dépasse pas le syndicalisme s'imaginant révolutionnaire. Les questions culturelles et idéologiques n'existent pas, quant à la question du rapport à la Nature, cette dernière est tout simplement niée.

Voilà pourquoi, avec lesmaterialistes.com, nous œuvrons à la rupture avec cette extrême-gauche, pour qu'une véritable orientation révolutionnaire se développe dans notre pays.