Trotskysmes et néo-socialismes français – 3e partie : contre le Front populaire et la Résistance
Submitted by Anonyme (non vérifié)Bien entendu, l'analyse de Trotsky étant totalement fausse, l'entrisme trotskyste dans la SFIO échoua. L'unité du Front populaire s'élevant comme inéluctable suite aux événements de février 1934, la ligne « ultra » des trotskystes apparaissait comme totalement décalée et ceux-ci furent exclus de la SFIO en 1935.
Trotsky modifia alors totalement sa ligne, de manière historiquement inverse du communisme. Lorsque les communistes tentaient d'arracher la base de la social-démocratie, Trotsky soutenait celle-ci en prônant l'entrisme en son sein. Inversement lorsque les communistes étaient parvenus à obliger la social-démocratie à assumer l'antifascisme, Trotsky soutint de quitter la social-démocratie.
Voici comment Trotsky critique le principe de Front populaire, en 1935, un an avant la formidable vague populaire formée par celui-ci :
« Le “Front Populaire” est une alliance du prolétariat avec la bourgeoisie impérialiste représentée par le parti radical et d'autres débris, plus petits, de la même espèce (…). La tendance générale des masses travailleuses, y compris des masses petites-bourgeoises, est évidente : elles vont à gauche. L'orientation des chefs des partis ouvriers n'est pas moins évidente : ils vont à droite (…).
Si la direction du Front Populaire (Herriot-Blum-Cachin-Thorez-Zyromski-Pivert) parvient à se maintenir au cours de la proche période décisive, alors le régime bonapartiste cédera inévitablement sa place au fascisme. La condition de la victoire du prolétariat est la liquidation de la direction actuelle. Le mot d'ordre de l' “ unité ” devient, dans ces conditions, non seulement une bêtise, mais un crime. Aucune unité avec les agents de l'impérialisme trançais et de la Société des Nations. »
(Front Populaire et Comités d'action, novembre 1935)
L'histoire donna tort à Trotsky : le Front populaire barra la route au fascisme. Sa ligne d'opposition à l'antifascisme au nom de la « révolution » n'était qu'une ligne « ultra », servant de cinquième colonne au fascisme.
C'est alors qu'il fonda le principe de la « IVe Internationale », en opposition à l'Internationale Communiste, la IIIe Internationale, qui connaissait un succès gigantesque grâce à son affirmation du principe d'antifascisme.
En France fut ainsi fondé un « Parti Ouvrier Internationaliste », à partir de la majorité des trotskystes et de leur journal « La Vérité », rejoint par le groupe de Pierre Naville issu du Parti Communiste et publiant « La lutte des classes ». S'y regroupent à peu près 600 personnes.
Toutefois, des trotskystes refusèrent de se lancer dans un tel projet et décidèrent de former un journal « de masse », appelé La Commune, et dirigé par Raymond Molinier et Pierre Frank. C'est le début d'un courant qu'on appellera le « frankisme », et un « Parti Communiste Internationaliste » est fondé également en 1936.
Un troisième groupe, les « Jeunesses Socialistes Révolutionnaires », rejoint également le « Parti Ouvrier Internationaliste », en tant que tendance, tout en étant lui-même la victime de « l'entrisme » du « Parti Communiste Internationaliste » !
Bien entendu, le « Parti Ouvrier Internationaliste » ne se développa pas, et la IVe Internationale demanda à ce que ses membres rejoignent le « Parti Socialiste Ouvrier et Paysan », une scission de la SFIO provoquée par Marceau Pivert. Ce dernier faisait partie des gens proches du trotskysme, sur une ligne « ultra » opposée au Front populaire, dans le même esprit que le POUM (Parti ouvrier d'unification marxiste) en Espagne.
La majorité du « Parti ouvrier internationaliste » refusa et fut pas moins qu'exclu de la IVe Internationale, la minorité rejoignant le « Parti Socialiste Ouvrier et Paysan » pour y former des « Comités pour la IVe Internationale ».
Le début de la guerre mondiale fait se réunir de nouveau ces trotskystes dans le « Parti Ouvrier Internationaliste », le « Parti Communiste Internationaliste » continuant son chemin à l'écart.
Tous s'opposent à la Résistance et vont parfois jusqu'à faire de l'entrisme dans des structures collaborationnistes : c'est la ligne du « Parti Communiste Internationaliste », qui s'effondrera par la suite.
Le « Parti Ouvrier Internationaliste » reprend alors le nom de « Parti Communiste Internationaliste » en 1944, rassemblant la plupart des trotskystes à part ceux formant un groupe autour du roumain Barta.
La ligne des trotskystes français est le plus clairement exprimée dans le journal La Vérité, publiée par le « Parti Communiste Internationaliste ». Dans le dossier spécial de mai 1944 « Comment en finir avec le fascisme et la guerre », il est ainsi expliqué :
« Lors du débarquement, vous aurez d'autres chiens à fouetter que de servir de domestiques à Eisenhower et à de Gaulle pour rétablir la domination impériale du patronat français. »
« La soi-disant insurrection nationale ne peut être qu'un mot d'ordre mensonger et trompeur qui sert la bourgeoise allemande et alliée ; c'est pourquoi, nous, communistes internationalistes, nous opposons à ce mot d'ordre celui d'un nouveau Juin 36, d'un vaste soulèvement prolétarien. »
Le 10 juin 1944, La Vérité explique :
« Le débarquement a commencé. Le moment décisif de la guerre est arrivé (…). Mais Roosevelt et Hitler travaillent justement à nous empêcher de nous libérer du capitalisme, parce qu'ils sont les agents des Krupp et des Morgan (…).
Fraternisons, main tendue aux soldats allemands ! (…) Les forteresses volantes et les tanks d'Eisenhower n'apporteront pas la libération des travailleurs de l'Europe.
A la place de l'impérialisme allemand qui s'écroule, ils viennent imposer la domination du capital financier yankee et anglais. »
Dans La Vérité du 22 juin 1944, l'article « Ils se valent » affirme :
« La libération de Roosevelet vaut tout autant que le socialisme de Hitler. »
« Refuse de te faire mobiliser dans "l'armée de libération" »
Il y a une même logique dans le refus du Front Populaire et celui de la Résistance : celle de l'anti-communisme, et c'est précisément la logique des courants du néo-socialisme.