7 juin 2014

L'ultra-gauche contre le débarquement de juin 1944

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Les pays impérialistes ont célébré hier les 70 ans du débarquement allié en Normandie, afin de se présenter comme des forces positives historiquement. Elles n'ont cependant pas pu masquer les contradictions inter-impérialistes, avec tout un jeu pathétique entre Barack Obama et Vladimir Poutine, obligeant d'ailleurs François Hollande à dîner avec le premier pour aller ensuite « souper » avec le second.

Cependant, le débarquement allié reste un événement foncièrement positif de l'histoire du monde, au-delà de la récupération faite hier, en présence du président français François Hollande, de la chancelière allemande Angela Merkel, des présidents américain et russe Barack Obama et Vladimir Poutine, ou encore de la reine d'Angleterre.

Cela été une contribution, non fondamentale mais utile, dans la victoire sur l'Allemagne nazie ; rappelons en effet que c'est sur le front de l'Est que les troupes nazies ont principalement été vaincues. Les États-Unis d'Amérique sont surtout intervenus, de leur côté, pour éviter soit un triomphe d'une puissance impérialiste ennemie (l'Allemagne nazie), soit la diffusion massive du communisme.

Cependant, leur engagement rentre dans le cadre de l'offensive contre la menace principale, formée des puissances dites de l'Axe : le nazisme allemand, le fascisme italien et l'impérialisme japonais.

Il en va ainsi de la lutte contre le fascisme sur le plan international comme de celle-ci sur le plan national : le front est nécessaire. A ce titre, cela vaut le coup d'oeil de regarder quelles ont été alors les positions des trotskystes et des anarchistes, c'est-à-dire de l'ultra-gauche.

Car en ce moment ces courants politiques mettent en avant un « antifascisme radical » se voulant « anticapitaliste », afin de lutter contre différentes « oppressions » relevant du « fascisme » compris comme système répressif brutal. Et cela en niant l'unité de toutes les personnes progressistes, y compris réformistes.

Le fascisme n'est jamais compris comme un saut qualitatif, simplement comme une généralisation de la brutalité, comme une évolution dans les « nuances » de la répression. Cela se résume parfaitement dans la position de Partisan – Voie Prolétarienne qui dans un de ses derniers documents affirme :

« La dictature de la bourgeoisie, avec Hollande, Sarkozy ou Le Pen, c’est la même brutalité du Capital contre le travail, avec quelques nuances pour donner le change. »

C'est typique de l'ultra-gauche, anarchiste ou trotskyste ou encore bordiguiste, etc., qui nie que le fascisme s'oppose à la démocratie. Bien sûr la démocratie bourgeoise ne peut pas s'opposer au fascisme, pour autant lorsque le fascisme se pose comme alternative historique, c'est la démocratie populaire qu'il faut lui opposer, pas une « révolution » qui nie l'unité nécessaire, le front populaire.

Lors du débarquement de 1944, l'ultra-gauche défendait déjà cette perspective délirante du refus de l'antifascisme. A l'époque, les différents courants trotskystes avaient fusionné, en janvier 1944, dans le « Parti Communiste Internationaliste » (d'autres avaient rejoint des partis collaborationnistes, pour prétendument les infiltrer, voire collaboraient directement).

Et le journal de cette organisation, La Vérité, s'opposait au débarquement. Avant celui-ci, il est dit ouvertement que lorsque celui-ci se produira, il ne faut pas aider les troupes alliées. On lit dans le dossier spécial de mai 1944 « Comment en finir avec le fascisme et la guerre » :

« Lors du débarquement, vous aurez d'autres chiens à fouetter que de servir de domestiques à Eisenhower et à de Gaulle pour rétablir la domination impériale du patronat français. »

On lit également :

« La soi-disant insurrection nationale ne peut être qu'un mot d'ordre mensonger et trompeur qui sert la bourgeoise allemande et alliée ; c'est pourquoi, nous, communistes internationalistes, nous opposons à ce mot d'ordre celui d'un nouveau Juin 36, d'un vaste soulèvement prolétarien. »

Le 10 juin 1944, on lit alors dans La Vérité :

« Le débarquement a commencé. Le moment décisif de la guerre est arrivé (…). Mais Roosevelt et Hitler travaillent justement à nous empêcher de nous libérer du capitalisme, parce qu'ils sont les agents des Krupp et des Morgan (…). Fraternisons, main tendue aux soldats allemands ! (…) Les forteresses volantes et les tanks d'Eisenhower n'apporteront pas la libération des travailleurs de l'Europe. A la place de l'impérialisme allemand qui s'écroule, ils viennent imposer la domination du capital financier yankee et anglais. »

Est très connu le fameux article « Ils se valent », dans la publication du 22 juin 1944. Au refus de la lutte armée, qui a toujours été la ligne trotskyste en pratique, s'ajoute l'opposition à la libération de la France :

« La libération de Roosevelet vaut tout autant que le socialisme de Hitler. »
(...)
« Refuse de te faire mobiliser dans "l'armée de libération" »

Cela montre à quel point le terme de « hitléro-trotskystes » fut mérité pour ces gens-là. Les courants politiques bordiguistes avaient le même point de vue, y compris une partie des anarchistes, l'autre partie se soumettant à la bourgeoisie par anticommunisme.

Avec l'aide de la CIA, anarchistes et trotskystes contribueront à la scission anticommuniste au sein de la CGT de 1947, donnant naissance à la Confédération Générale du Travail - Force Ouvrière (dont le premier responsable sera l'anarchiste Léon Jouhaux, à qui on donnera même le prix Nobel de la paix en 1951 pour son activité anticommuniste !).

Ainsi, en 1944, au nom de la « révolution », l'ultra-gauche niait l'antifascisme. Et elle fait de même aujourd'hui : son « antifascisme radical » s'oppose à l'antifascisme du Front populaire.

Mots clés: 
Les grandes questions: 
Resume page accueil: 
Les pays impérialistes ont célébré hier les 70 ans du débarquement allié en Normandie, afin de se présenter comme des forces positives historiquement...