PCF (mlm) - Déclaration 73 - Le maoïsme et le concept de social-impérialisme
Submitted by Anonyme (non vérifié)L'un des grands apports de Mao Zedong est le concept de « social-impérialisme », c'est-à-dire la considération qu'un mouvement apparemment réformiste au sein du peuple se transforme en vecteur du fascisme.
C'est une contribution extrêmement grande au matérialisme historique, à la juste compréhension des phénomènes sociaux. Il fallait toute la vaste maîtrise du matérialisme dialectique par Mao Zedong pour saisir comment une chose peut se retourner en son contraire.
Chaque chose a plusieurs aspects, et il y a lieu de saisir l'aspect principal. Sans cela, on a une interprétation fondamentalement erronée de la chose en question.
Mao Zedong a ainsi analysé de manière correcte l'évolution de l'Union Soviétique, comprenant la modification sociale s'y étant déroulée. L'Union Soviétique continuait, après la mort de Staline, à se revendiquer du communisme, mais elle a réalisé des changements fondamentaux dans son économie, dans son approche idéologique, dans sa culture.
En fait, en apparence l'Union Soviétique était encore socialiste, en réalité elle ne l'était plus, et Mao Zedong après avoir étudié cette transformation a conclu de manière correcte que :
« En URSS aujourd'hui, c'est la dictature de la bourgeoisie, la dictature de la grande bourgeoisie, c'est une dictature de type fasciste allemand, une dictature hitlérienne. »
Cette thèse a été approfondie tout au long des années 1960 et 1970. Le Parti Communiste de Chine, guidé par Mao Zedong, a alors pu guider les révolutionnaires du monde entier en montrant le véritable caractère d'organisations et partis se prétendant révolutionnaires, ayant l'air réformistes mais étant en réalité de type fasciste.
L'exemple français est ici très parlant. Le Parti « Communiste » français de Maurice Thorez, qui avait trahi les enseignements du marxisme, assumaient des thèses pratiquement réformistes, mais en même temps il jouait un rôle fasciste en s'opposant de manière agressive au camp révolutionnaire.
Le P«C»F devenu surtout réformiste a clairement utilisé le principal syndicat, la CGT, dans un rôle social-fasciste de contrôle des masses, d'écrasement des contestations révolutionnaires, d'isolement des forces révolutionnaires.
Cela fut évident en mai 1968, durant la fameuse révolte de la jeunesse suivie d'une grève massive des travailleurs, où le P«C»F se posa directement en soutien au régime, alors que lui-même avait compris pourtant en 1958 que la « cinquième république » était un régime ultra-autoritaire visant à emprisonner idéologiquement les masses. La CGT joua un grand rôle, en mai-juin 1968, pour empêcher que les idées révolutionnaires ne se diffusent dans les masses.
Ce qui fut vrai en France le fut dans tous les pays capitalistes. Le Parti Communiste d'Italie devint un des principaux défenseurs du régime : il était devenu réformiste, mais tous ses organismes générés jouèrent un rôle contre-révolutionnaire, se positionnèrent sur une ligne de soutien complet au régime, s'alliant même au parti de la Démocratie Chrétienne.
Dans les pays semi-coloniaux semi-féodaux, la situation fut la même. La clique dirigeante de l'Union Soviétique n'avait pas seulement trahi le marxisme pour passer dans le camp du réformisme : elle était devenue une clique fasciste, social-impérialiste.
Elle utilisa donc les partis communistes des pays semi-coloniaux semi-féodaux pour les dénaturer, les transformer en organes devant donner naissance à une bourgeoisie bureaucratique à son service.
Rappelons ici la thèse matérialiste dialectique fondamentale : dans les pays opprimés par les pays capitalistes-impérialistes, il existe une bourgeoisie bureaucratique servant d'intermédiaire aux monopoles impérialistes, ainsi qu'une couche de propriétaires terriens maintenant le pays dans une arriération semi-féodale, voire féodale.
Le révisionnisme propagé par la clique dirigeante du social-impérialisme soviétique a prétendu que la question agraire était une contradiction simplement particulière sans aspect central et absolument inséparable de la question des réformes sociales en général, alors que le capitalisme se développait de toutes manières.
Cela a donné des mouvements se définissant comme « marxiste-léniniste » ou de « libération nationale » qui, en réalité, servaient une fraction de la bourgeoisie bureaucratique, dans le cadre de l'affrontement entre les deux superpuissances : l'URSS social-impérialiste et les États-Unis.
Ces mouvements de « gauche » et de « libération nationale » avaient l'air social en apparence, étant fascistes en réalité. Gonzalo, qui a reconstitué le Parti Communiste du Pérou, présente à l'inverse de la manière suivante le principe de la révolution démocratique :
« Quelle est l'essence de cette révolution démocratique?
C'est une guerre paysanne dirigée par le Parti Communiste, elle entend créer un État nouveau constitué de quatre classes pour écraser l'impérialisme, la grande bourgeoisie, les propriétaires terriens et, ce faisant, accomplir ses quatre tâches.
C'est ainsi que la révolution démocratique a une forme principale de lutte: la guerre populaire et une forme principale d'organisation: la force armée;
cela représente, donc, la solution du problème de la terre, du problème national, de la destruction de l'Etat propriétaire terrien bureaucratique, des forces armées réactionnaires -cette colonne qui le soutient- pour réaliser l'objectif politique de construire un État nouveau, un État de Démocratie Nouvelle et de créer la République Populaire de Démocratie Nouvelle, pour ensuite, avancer immédiatement vers la révolution socialiste.
En synthèse: la révolution démocratique se concrétise dans la guerre paysanne dirigée par le Parti Communiste; toute autre modalité ne représente rien d'autre qu'un service à l’État propriétaire terrien bureaucratique ».
L'absence d'offensive initiale contre le féodalisme, dont l'existence est la base pour empêcher la bourgeoisie nationale de pouvoir se développer réellement, est la preuve que les mouvements faussement révolutionnaires ne servant dans ce cadre qu'à ré-impulser le capitalisme bureaucratique, en manipulant les masses et en plaçant au centre du régime une nouvelle fraction de la bourgeoisie bureaucratique.
Le trotskysme, en tant qu'idéologie propre à la contre-révolution s'organisant en tant que « cinquième colonne » dans les rangs de la révolution, a toujours joué un rôle important dans la mise en valeur du social-impérialisme.
Le trotskysme a ainsi défendu le social-impérialisme soviétique comme étant un « Etat ouvrier dégénéré » ; il a soutenu différentes fractions bureaucratiques d'Asie, d'Amérique latine et d'Afrique en les présentant comme « révolutionnaires sans le savoir ».
Le trotskysme a même produit des tendances opposées à cette position, afin de se renforcer en jouant sur tous les tableaux.
En France, on a ainsi les « Jeunesses Communistes Révolutionnaires » qui avaient comme slogan « Ho Ho Ho Chi ! Minh Che Che Guevara ! » et qui soutenaient en pratique le FLN algérien, une faction bureaucratique absolument pas anti-féodal et largement ouverte à des compromis avec la France, dans un esprit d'ouverture au social-impérialisme soviétique.
Mais on a aussi l'« Organisation Communiste Internationaliste » soutenant un mouvement concurrent, le Mouvement National Algérien, alors que Lutte Ouvrière ne soutient personne et rejette les mouvements « petit-bourgeois » et « nationalistes ».
Le trotskysme jouait ainsi sur tous les tableaux, mais toujours dans la négation de la réalité semi-coloniale semi-féodale des pays opprimés. Ce scénario « multiforme » ne cessa de se répéter par la suite.
Les mobilisations de masse ne pouvaient que s'effondrer par la suite, au vu des résultats : des années de soutien aux sandinistes du Nicaragua s'évaporaient alors que ceux-ci parvenaient au pouvoir sans que rien ne change pour la base sociale du pays.
Cela renforçait le courant sceptique de Lutte Ouvrière, alors que les autres repartaient sur une nouveau sujet révolutionnaire international. Qui se souvient aujourd'hui du soutien massif au « sous-commandant Marcos » et son EZLN au Mexique ?
La mort de Hugo Chàvez au Vénézuela est bon exemple de par sa dimension très révélatrice, de nombreuses forces saluant son aspect « anti-impérialiste » alors qu'en réalité il s'agissait d'un fasciste. Le groupe espagnol Odio de Clase a alors d'un coup abandonné le maoïsme, par incapacité à saisir la question semi-coloniale semi-féodale des pays opprimés, passant dans le soutien aux forces pro-russes d'Ukraine, et successivement du soutien aux Talibans à celui des forces kurdes en Syrie, etc., dans un mélange de trotskysme et d'idéologie national-révolutionnaire.
Le trotskysme, dans toutes ses variantes, nie que la classe ouvrière puisse être protagoniste, et prétend toujours trouver un « levier » pour activer la « révolution », d'où les soutiens notamment aux « révolutions arabes » qui n'étaient que des affrontements entre factions de la bourgeoisie bureaucratique.
Le trotskysme est une arme contre-révolutionnaire, détournant les masses vers des voies de garage en se présentant comme plus « radical » que des réformistes qui ne sont, en réalité, que des sociaux-impérialistes, des sociaux-fascistes.
Le courant politique « marxiste-léniniste » hoxhaiste, de Enver Hoxha qui fut dirigeant de l'Albanie, n'est d'ailleurs rien d'autre qu'une variante de trotskysme : on a la même tactique de « front uni » pour déborder les réformistes, avec également toujours la négation du caractère semi-colonial semi-féodal des pays opprimés, la même réduction économiste de la pratique, sans aucune dimension idéologique et culturelle.
D'autres courants idéologiques, se voulant pareillement « marxiste-léninistes » voire « maoïstes », ne sont que des trotskystes déguisés, utilisant le même principe de revendications « radicales » pour « déborder » en se présentant comme vraiment « anti-opportuniste », sans avoir aucunement d'idéologie précise, de théorie expliquée clairement, de ligne présentée nettement.
Les trotskystes travaillent d'ailleurs le plus souvent au sein des réformistes « révolutionnaires », les hoxhaistes s'alliant avec eux et les faux « maoïstes » tentant d'agiter le tout depuis l'extérieur. Sauf qu'à la base même, rien ne peut se produire, les fondements même étant pourris, car de type social-impérialiste : social en paroles, impérialiste en pratique.
Tel est le rôle du social-impérialisme et de ses opposants trotskystes de différentes variantes : prétendre formuler un réformisme « révolutionnaire » et ainsi attirer les masses, puis capter les déçus en prétendant former une ligne de « gauche », non réformiste, non opportuniste, au réformisme « révolutionnaire ».
Tout cela est une négation de l'analyse politique, de l'analyse détaillée de la société d'un pays donné sur les plans économique, politique, culturel et idéologique. C'est à l'inverse la raison faisant que les maoïstes se sont historiquement toujours opposés au social-impérialisme et au social-fascisme : générer une pensée-guide dans chaque pays permet d'éviter les écueils et de bien cerner les montagnes à conquérir.
La révolution socialiste ne passe pas par les « mouvements sociaux » et les défilés organisés par les sociaux-impérialistes et sociaux-fascistes du Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon et de ses associés. Elle passe par un long travail idéologique et culturel qui ne peut être mis en place que par un Parti Communiste fermement établi sur le matérialisme dialectique.
La conception d'un « putsch » de l'extérieur de la classe ouvrière, au moyen de coups de force, de « luttes décisives » et autres conceptions anarchistes est totalement extérieure au matérialisme dialectique. La dynamique réellement révolutionnaire ne peut se développer qu'au sein de la classe ouvrière, par l'intermédiaire de son antagonisme, de son affrontement avec la bourgeoisie et son Etat depuis son existence elle-même.
Connaître la vie quotidienne de la classe ouvrière est ainsi primordial, puisque c'est par là qu'on comprend les valeurs, les conceptions et les pratiques qui sont propres à la classe et qui doivent permettre de poser les ferments partidaires pour le communisme.
La bataille est celle pour les positions communistes dans les masses, ce qui nécessite une base d'unité partidaire, une maîtrise conséquente de notre idéologie : le matérialisme dialectique, une ligne de masses adaptée aux conditions concrètes de la vie quotidienne du peuple.
Cela n'a rien à voir avec les mobilisations par en haut du social-impérialisme et du social-fascisme, avec les « mouvements sociaux » dont la base petite-bourgeoisie ne peut que servir à la fois le réformisme et l'anarchisme.
Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)
Juillet 2015