11 oct 2014

PCMLM - Déclaration 62 - viser la bourgeoisie, et non une prétendue «oligarchie»

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La France connaît une offensive nationaliste tout azimut, où la « réconciliation nationale » est prônée pour faire face à la « mondialisation ». C'est une tendance ouverte par la victoire du « non » lors du référendum sur la constitution européenne, et qui ne cesse de se renforcer. Notre pays est travaillé par des forces idéologiques légitimant un État fort, célébrant le bonapartisme, appelant au coup de force pour le « rétablissement » du pays.

Cette dynamique est d'autant plus puissante que le nihilisme est toujours davantage produit par le capitalisme pourrissant. Les fondements mêmes de la culture sont rejetés, au profit de romantismes et d'ultra-individualismes post-modernes. Plus rien ne semble avoir de sens, à part ce qu'on peut « choisir » individuellement, dans une aventure idéalisée.

La classe ouvrière et les larges masses ne peuvent que refuser tant la fuite en avant de l'anticapitalisme romantique que la vague réactionnaire au service de la bourgeoisie. Cependant, elles sont désarmées culturellement et idéologiquement. Elles font confiance à la gauche « post-moderne » d'un côté pour défendre les valeurs progressistes, ce qui est une aberration. Ou bien elles cèdent aux sirènes nationalistes qui prétendent défendre les intérêts de « tout le monde », au sein de la nation.

Dans ce contexte, la tâche communiste est d'affirmer le matérialisme dialectique, d'en présenter les fondements et de les faire correspondre à une juste compréhension de notre pays, mais également de combattre la puissante démagogie qui se développe, consistant à nier la bourgeoisie et le mode de production capitaliste, afin de prétendre que l'ennemi aurait comme nature simplement la « finance », une « oligarchie ».

Ces thèses sont celles du fascisme, elles nourrissent le fascisme, qui inévitablement profitera de cette vision du monde. Et ces thèses sont portées non pas seulement par l'extrême-droite, mais également par l'extrême-gauche, qui par définition rejette le matérialisme dialectique et bascule dans l'anticapitalisme romantique à la Jean Jaurès.

La thèse de la domination de « l'oligarchie » est devenue une constante ; voici quelques exemples dont il y a lieu de comprendre la teneur.

« La logique du tout Commerce qui anime l’UMPS à l’échelle européenne doit être combattue avec détermination tant il est vrai que l’oligarchie mondialiste tente d’imposer son modèle de domination sans se soucier de la réalité des nations, des peuples et des cultures qui représentent pourtant la richesse de notre planète. Tout n’est plus que marché et finance, l’humain laisse la place au consommateur mondialisé. »
(intervention de Louis Aliot pour le Front National, le 17 septembre 2014, au Parlement européen)

« Le choix des communistes, c’est depuis toujours le monde du travail et de la création. Ce que nous combattons, c’est quand le Capital suce inlassablement tout l’argent qui devrait servir à développer l’entreprise (…). Et qu’ on arrête avec la fable de la France en faillite. C’est la finance qui nous rançonne ! »
(Pierre Laurent, secrétaire national du Parti « communiste » français, Discours aux Personnalités lors de la Fête de l’Humanité, le 13 septembre 2014 )

« La financiarisation de l’économie a créé une nouvelle polarité qui n’est pas réductible à la gauche et à la droite. Désormais, il y a l'oligarchie d’un côté et le peuple de l’autre. Cette redistribution du champ politique m’a fait conclure que le système n’a pas peur de la gauche, car il la digère toujours. Le système a peur du peuple ! »
(Jean-Luc Mélenchon, interview au Nouvel Observateur, 2 octobre 2014)

« Quand il devient clair pour presque tout le monde que la « gauche » prend soin des mêmes « réalités », des mêmes intérêts, que la droite, la politique parlementaire dite « démocratique » entre en crise. Alors, les aventuriers d’extrême droite, qui sont la roue de recours du chariot politique de l’oligarchie dominante, entrent en scène. »
(Alain Badiou, interview au journal La Marseillaise du 7 octobre 2014)

« L’heure venue, le Marché s’emparera sans mal de ces hommes déracinés et déculturés pour en faire de simples consommateurs. »
(Eric Zemmour, Le suicide français)

Ce positionnement contre « l'oligarchie », contre une force « extérieure » venant parasiter la société, contre la « finance » qui viendrait gangrener le capitalisme, pave la voie à une mobilisation de type fasciste. Et pour y faire face, il faut une véritable réflexion de fond sur le projet de démocratie populaire, de Front Populaire antifasciste.

Telle est la tâche que se donne notre organisation. Et cela signifie ne faire aucun compromis avec les thèses du révisionnisme moderne issu de Khrouchtchev (et dans notre pays Maurice Thorez), ainsi qu'avec les « révisions » du marxisme notamment au nom de thèses ultra-démocratiques, mouvementistes, spontanéistes, etc. L'ultra-gauche et le post-modernisme, alliés au trotskysme, sont des ennemis tout aussi dangereux que le réformisme et le révisionnisme moderne, qu'ils rejoignent dans leur substance.

Le combat contre la thèse réactionnaire sur « l'oligarchie » est essentielle : sans cela, les masses resteront désarmées culturellement et idéologiquement face à la démagogie fasciste, elles ne comprendront pas que l'ennemi c'est le mode de production capitaliste devenu décadent.

Toutefois, ce combat est impossible sans un refus systématique, complet, absolu, du cosmopolitisme. Le matérialisme dialectique explique que la contradiction est interne, et par conséquent pour comprendre les phénomènes se déroulant en France, il faut connaître la France, son existence aujourd'hui comme son histoire ayant abouti à cette situation.

Il est significatif socialement que l'extrême-gauche a d'autant moins parlé de la France que la crise s'est renforcée : cela révèle sa nature petite-bourgeoise. Frappée par la crise générale du capitalisme, la petite-bourgeoisie tente d'échapper à sa prolétarisation en levant le drapeau contradictoire des nationalisations et du refus des taxes, de l'anti-mondialisation et du renforcement des entreprises face à la concurrence, des aides étatiques et du recul de l’État.

Afin de masquer ses contradictions, la petite-bourgeoisie utilise de plus des arguments cosmopolites, afin de masquer le mode de production capitaliste dont elle dépend finalement, afin de mobiliser les masses en sa faveur.

Cela est dans l'ordre des choses, car la petite-bourgeoisie n'est pas une vraie classe, elle est une réalité sociale précaire et éphémère entre la bourgeoisie et le prolétariat. Elle ne sait que faire « pression », à coups d'arguments, utilisant pour cela des causes lointaines qui sont refaçonnées selon ses besoins.

Le matérialisme dialectique, au contraire, prend en compte la France telle qu'elle est, en étant par ailleurs un produit historique : même si le matérialisme dialectique est le produit – en substance – de la classe ouvrière internationale, dans sa nature elle est le fruit de la culture française portée par la classe ouvrière de notre pays.

Lien vers la déclaration du PCMLM n°50 intitulée Résolution stratégiqueNotre organisation a, par conséquent, ouvert une nouvelle étape historique non seulement en défendant le matérialisme dialectique en tant que science, mais en formulant des points de repères très concrets dans l'histoire de notre pays.

Il ne saurait y avoir de matérialisme dialectique en France sans juste compréhension du caractère historiquement progressiste de la monarchie absolue, sans analyse solide du phénomène romantique suite à la révolution française, sans saisie de la nature du gaullisme.

Pour prendre un exemple concret : le gaullisme a été porté par la fraction la plus réactionnaire existant en France, mais la défaite face à l'Allemagne nazie a obligé la bourgeoisie la plus réactionnaire à s'allier aux Alliés, pour après 1945 intégrer les partisans d'un fascisme seulement français ayant finalement tourné le dos aux nazis (l'école d'Uriage, François Mitterrand, etc.).

Rien que cela exige une analyse approfondie. Mais cela exige de connaître la culture de notre pays, l'existence de notre pays. Et le cosmopolitisme est précisément la démarche petite-bourgeoise qui refuse l'analyse concrète d'une situation concrète, qui nie la nécessité scientifique d'étudier en théorie et en pratique notre pays.

Le cosmopolitisme ne peut donc qu'être réfuté comme démarche petite-bourgeoise opposée aux nécessités historiques du prolétariat.

Parti Communiste Marxiste Léniniste Maoïste [France]
Octobre 2014

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