10 déc 2014

Trois exemples de positions caractéristiques de l'ultra-gauche - 2 : le prolétariat «multinational»

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Lien vers les documents et analyses sur L'Héritage culturel nationalChaque pays a ses particularités culturelles, qui ne relèvent pas que du détail, comme par exemple le fait d'utiliser des baguettes ou des fourchettes et des couteaux, encore est-il par ailleurs discutable que cela soit en tant que tel un détail.

Un Français a du mal à saisir la mélancolie russe, il se sent éloigné de la minutie allemande, il a du mal à concevoir l'opiniâtreté finlandaise, il appréhende mal le flegme britannique. Toutes ces qualités, bien sûr, il les comprendra, mais le jour où les cultures se rencontreront de manière démocratique, échangeront, fusionneront.

On n'en est pas là. L'histoire d'un peuple ayant abouti au stade national est passé par le marché dans un cadre géographique précis. Le capitalisme est précisément établi sur ce marché. On ne peut pas abolir ce marché ; il faut le dépasser, en former un plus grand, et organisé harmonieusement.

Alors, comment comprendre les gens qui nient la culture nationale ? C'est facile : de tels gens veulent éviter le socialisme. Ils prétendent donc vouloir passer au communisme, justement pour l'empêcher en empêchant la période nécessaire avant : le socialisme.

C'est là quelque chose de typique d'ultra-gauche, dont le trotskysme est l'exemple le plus développé.

« Voie Prolétarienne » est ici typique du genre, de par son mélange d'ultra-gauchisme et de trotskysme, son approche totalement cosmopolite.

Dans son dernier document, il est expliqué par exemple qu'il faut se situer politiquement en France « dans le cadre de l’unité prolétaire multinationale », et d'ailleurs il y aurait besoin de « partis du prolétariat multinational dans chaque pays ».

Tel est le point de vue de l'ultra-gauche, qui oppose un prolétariat immédiatement mondial à un capitalisme uniquement mondial. C'est une vision anti-historique, niant les contradictions au sein du capitalisme, entre pays capitalistes, au sein du développement capitaliste au niveau international (avec des pays semi-coloniaux qui sont capitalistes bureaucratiques), etc.

C'est tellement cosmopolite et « mondialiste » que « Voie Prolétarienne » prône l'abolition directe des frontières :

« En tant qu’internationalistes prolétariens nous combattons les préjugés nationaux et chauvins, nous défendons l’égalité de tous les droits entre étrangers et français, la libre circulation et l’établissement des hommes et des femmes et la régularisation de tous les sans-papiers. C’est dans ces combats politiques que se fortifie l’unité du prolétariat multinational de France. »

Est-ce réellement « internationaliste » ? Non, c'est cosmopolite, c'est ultra-libéral, c'est à l'opposé même du rideau de fer qu'il faut faire tomber autour de notre pays une fois le socialisme instauré.

Notre pays suit un développement, qu'il doit assumer, dans le socialisme ; son évolution n'est en rien dépendant des autres pays. La contradiction est interne. Tel n'est pas le point de vue, classiquement trotskyste, de « Voie Prolétarienne » :

« Si les processus révolutionnaires naissent sur une base nationale, le socialisme ne peut exister que si la révolution progresse à l’échelle internationale. »

C'est l'esprit typique de la capitulation trotskyste. On comprend pourquoi « Voie Prolétarienne » utilise régulièrement ce terme de « multinational » qui n'a pas de sens : il a une fonction. C'est une invention, qui sert à justifier la position ultra-gauchiste : si le prolétariat est déjà multinational, alors la révolution elle-même n'a un sens que si elle-même est multinationale directement.

Une fois dit cela, on abandonne la réalité nationale pour le fantasme de la révolution comme processus mondial directement. On nie la bataille pour le socialisme dans son pays au nom du socialisme planétaire. On a une apparence de super révolutionnaire, alors que c'est un esprit de capitulation face à l'étude de son pays.

La conséquence principale de cela, bien entendu, c'est la négation du fascisme. L'ultra-gauche ne comprend pas la réalité nationale, donc rien au fascisme. Elle nie le fascisme, rejette le Front populaire, au nom de la « radicalité ».

La dernière longue analyse de « Voie Prolétarienne » ne parle ainsi pas du fascisme, la menace principale étant… le Parti Socialiste. On est totalement éloigné de la réalité des masses. Pour prendre un exemple très parlant, « Voie Prolétarienne » dit :

« Le FN progresse électoralement sur un vote interclassiste anti- système »

C'est là n'avoir rien compris. Les ouvriers qui votent Front National ne le font justement pas dans un esprit inter-classiste : ils le font en tant qu'ouvriers. Ils ne nient pas les classes : ils veulent dépasser leurs problèmes au nom de l'unité des classes.

Ce n'est pas du nationalisme, mais du national-socialisme. Cela, l'ultra-gauche ne le voit pas, et son « ennemi principal » est donc le Parti Socialiste, et pas le FN. C'est du pur suicide politique.

Dans la même logique d'ultra-gauche, l'antisémitisme n'existe pas. On est à deux doigts de l'exode de la population juive de France, mais cela « Voie Prolétarienne » ne peut pas le voir. L'antisémitisme, « Voie Prolétarienne » n'en parle pas, cela n'existe pas même. Au sujet de Dieudonné et Alain Soral, « Voie Prolétarienne » dit :

« De nouveaux courants réactionnaires autour de Dieudonné et d’Egalité et Réconciliation visant à s’implanter dans les quartiers populaires et ont de l’influence dans les entreprises, en surfant sur le “tous pourris”, en se parant d’un discours d’apparence antiraciste et anticolonial. »

Quand on voit cette négation de la menace terrible qu'est le Front National, ainsi que de l'antisémitisme, on voit bien où mène le nihilisme national. C'est totalement déconnecté de la réalité française.

De la même manière, les grandes mobilisations de la « manif pour tous » ont été d'une importance capitale dans l'histoire de notre pays. Elles ont démontré l'intense capacité d'organisation de la bourgeoisie, qui profite de cadres éprouvés, rien par exemple qu'avec le scoutisme qui est un outil de formation pour des centaines de milliers de jeunes.

Elles ont montré que le cadre national était ce qu'il était, que la France était une seule réalité, une formation sociale bien déterminée, avec ses traditions, ses valeurs, ses conceptions, etc. Et ici, la question qui est d'une importance capitale est celle de l'héritage. Rejeter ce qui est idéologie réactionnaire, et assumer l'héritage culturel national, le porter plus en avant, à une nouvelle étape, socialiste, voilà la tâche qui incombe aux progressistes.

Sans cela, on ne saurait vaincre le projet fasciste, qui vise à résoudre les questions sociales par le nationalisme. Le projet fasciste est à l'opposé du projet de démocratie populaire qui assume l'héritage culturel national pour en développer les éléments les plus démocratiques, pavant la voie à l'étape communiste d'unification de toutes les nations.

lesmaterialistes.com accorde par conséquent une attention fondamentale à notre culture nationale. C'est celle de notre peuple, qui fait son histoire. C'est la position traditionnelle des communistes, qui n'ont jamais été les partisans du « nihilisme national ».

Et bien, que dit « Voie Prolétarienne » ? Elle nie que la « manif pour tous » ait eu une portée de masse, mobilisant des millions de personnes. Cela aurait été simplement une sorte de happening protestataire d'une petite bourgeoisie… Il est ainsi dit :

« La petite bourgeoisie traditionnelle conservatrice se mobilise contre les mesures démocratiques comme le mariage pour tous. Les contradictions entre ces couches bourgeoises intermédiaires et la grande bourgeoisie impérialiste se manifestent politiquement par leur radicalisation à droite, pour la défense de “l’identité française” et le repli national. »

C'est ici la vieille thèse trotskyste du fascisme porté par les « classes moyennes ». Cela n'a aucun sens, car les « classes moyennes » ne sont pas une classe en tant que tel : il n'y en a que deux, le prolétariat et la bourgeoisie.

Lien vers la déclaration du PCMLM n°50 intitulée Résolution stratégiqueMais au-delà de cela, ce qui est très surprenant, c'est la considération que la « manif pour tous » a été portée par la « petite bourgeoisie traditionnelle ». C'est là totalement jouer sur les mots, encore une fois : la « manif pour tous » a été portée par la bourgeoisie, voilà tout.

La preuve, c'est son succès, qui a totalement démantelé le programme post-moderne du Parti Socialiste, qui prévoyait la PMA, la GPA, etc. La bourgeoisie moderniste s'est faite littéralement brisée culturellement par la bourgeoisie dans son ensemble : d'où le « mai 1968 » de droite.

C'est cela, précisément, que « Voie Prolétarienne » ne comprend pas, car elle est dans le même camp que la bourgeoisie moderniste. Elle apprécie le droit unilatéral à l'avortement, l'abolition des frontières, les droits « LGBT », etc. bref tous les délires cosmopolites de la bourgeoisie moderniste et de ses cohortes d'intellectuels, de hipsters, de professeurs de faculté, etc.

Bref, c'est du post-modernisme, ni plus, ni moins.

 

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L'histoire d'un peuple ayant abouti au stade national est passé par le marché dans un cadre géographique précis. On ne peut pas abolir ce marché ; il faut le dépasser..