Trotskysmes et néo-socialismes français
Le fait que la social-démocratie française n'ait été qu'une pâle copie, vide de contenu, de la social-démocratie allemande, a amené un résultat aux conséquences politiques immenses pour le mouvement ouvrier de notre pays.
En Allemagne, la social-démocratie c'est une série d'organisations de masse, organisées autour d'une idéologie bien déterminée : le marxisme. L'objectif se veut la prise du pouvoir d'Etat, par la lutte des classes, et cela reste le cas même lorsque les forces électoralistes triomphent complètement.
En France, la social-démocratie n'a nullement atteint cette dimension de masse. En 1913, alors qu'en Allemagne la social-démocratie compte 1,1 million d'adhérents, en France il n'y en avait que 91 000.
En Allemagne, ainsi qu'en Autriche, on trouve avant 1914 une littérature marxiste toujours plus poussée tant dans le réformisme que dans la révolution, avec des auteurs comme August Bebel, Karl Kautsky,Rosa Luxembourg, Wilhelm Liebknecht, Karl Liebknecht, Victor Adler, Rudolf Hilferding, Max Adler, Edouard Bernstein ou encore Franz Mehring.
On ne trouve rien de cela en France où le marxisme a été toujours réfuté. Le plus grand théoricien français, Jean Jaurès, n'a jamais laissé d'écrit théorique exposant son point de vue, privilégiant des études historiques, dont celle sur la révolution française qui justement aboutira au conflit idéologique avec Karl Kautsky et Franz Mehring.
La clef est bien entendu que Jean Jaurès considérait la « république » comme un principe neutre, pouvant indifféremment être socialiste ou capitaliste ; à ses yeux, comme d'ailleurs pour ensuite tous les réformistes, il faut s'appuyer sur la « république » pour avancer, en lui donnant une perspective sociale...