11 déc 2014

Annexe : Reportage ou constat formel ? Un exemple avec Gonzalo

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Avoir une connaissance livresque, par les livres, n'est jamais suffisant, car ce sont des êtres humains qui portent la pratique. Il y a dans les êtres qui agissent donc des précisions, des nuances, tout ce qui fait la dignité du réel, par opposition aux connaissances nécessairement figées dans les ouvrages.

C'est pour cela que le reportage, concept élaboré par le communiste tchèque Egon Erwin Kisch, est d'une si grande valeur pour la connaissance. Même si elle présente un aspect partiel, une enquête racontée de manière vivante, portée par un être tournée vers la dimension vivante d'un phénomène, permet d'approfondir sa conception.

Ce qui est intéressant, c'est comment l'ultra-gauchisme est incapable de saisir cette notion de reportage. La seule chose que l'ultra-gauchisme peut faire, c'est constater. Quand on lit par exemple la presse de Lutte Ouvrière, on peut y découvrir des constats, de simples constats, et jamais d'expressions vivantes d'une réalité.

Que faut-il faire pour avoir une expression vivante de la réalité ? Il faut savoir porter un regard matérialiste dialectique, peser les contradictions, cerner la contradiction principale, comprendre le sens des contradictions secondaires.

Ce regard doit avoir la dignité du réel ; il ne saurait être livresque, sans quoi il passe à côté de la substance même de la réalité.

Prenons un exemple assez représentatif de l'approche ultra-gauchiste avec une « information » fournie récemment par un groupe d'ultra-gauche et se revendiquant du maoïsme.

On y a apprend que « le président Gonzalo démarre une grève de la faim », information donnée par « son avocat Alfredo Crespo Bragayrac ».

Il s'ensuit naturellement un discours pseudo radical expliquant que c'est une nouvelle

« inquiétante surtout compte tenu de l'age avancé du Président (79 ans) et a ses problèmes de santé ».

Il est dans la foulée précisé que :

« Défendre la vie du président Gonzalo s'inscrit dans la ligne de défense de la guerre populaire au Pérou qui fut un temps le point culminant de la révolution mondiale »

et que :

« Défendons la vie du président Gonzalo, suivons l'exemple du PCP et aujourd'hui des maoïstes Indiens ».

Tout cela est un « constat », et pas un reportage. Pourquoi ? Parce que de telles informations sont typiques d'une approche livresque. Si l'on prend Gonzalo, on trouve sur lesmaterialistes.com de nombreux dossiers et articles à son sujet : il a été un communiste éminent, ayant fait des apports théoriques d'importance.

Si l'on portait un regard réel, authentique, que se passerait-il ?

Eh bien déjà, une connaissance non livresque aurait permis de comprendre que Gonzalo a toujours catégoriquement refusé le principe de la grève de la faim. Le nouveau triomphant de l'ancien, la classe ouvrière ne saurait se suicider, et par conséquent le principe de la grève de la faim, entraînant formellement un suicide possible, est à proscrire.

C'est tout à fait dans la logique de la dialectique de la nature. Pour cette raison d'ailleurs, Gonzalo considérait que l'homosexualité ne devait pas être rejetée et qu'on pouvait être communiste et homosexuel, que cela relève d'un choix personnel, mais que dans le socialisme l'homosexualité disparaîtrait de par sa dynamique non productive sur le plan de la vie (puisque ne donnant pas d'enfants).

Tout cela n'est pas dans les livres. Les gens d'ultra-gauche tentant de s'approprier Gonzalo ne le savaient donc pas. Il leur manquait l'approche vivante, historique, ce qu'on appelle la « tradition » sur le plan de l'organisation, le lien à l'histoire communiste.

Annoncer une grève de la faim de Gonzalo est une contradiction en soi. Surtout que le prétendu avocat de Gonzalo, Alfredo Crespo Bragayrac, est en fait le dirigeant de MOVADEF, c'est-à-dire les traîtres issus des rangs communistes qui veulent des accords de paix.

Dans un même ordre d'idée, il est absurde de dire : « suivons l'exemple du PCP et aujourd'hui des maoïstes Indiens ». En effet, la ligne idéologique du Parti Communiste du Pérou et celle des maoïstes indiens sont très différentes, au point que le PCP parlait toujours de la « lutte armée » en Inde et jamais de « guerre populaire ».

Tout cela demande, encore une fois, une compréhension vivante de la situation. Il est vrai qu'ici, la question demande plus un certain niveau idéologique. Toutefois, au fond, c'est la question de l'approche livresque, formelle, qui revient.

On en revient à ce qui fait que Gonzalo défendait la « Pensée-Guide » : quand on regarde une réalité, il faut avoir un fil conducteur, qui est la dignité du réel propre à un pays, car les contradictions sont internes.

Si l'on oublie cela, on peut alors faire des grandes phrases, mais vides : c'est le propre de l'ultra-gauche.

Les grandes questions: 
Rubriques: 
Resume page accueil: 
Avoir une connaissance livresque, par les livres, n'est jamais suffisant, car ce sont des êtres humains qui portent la pratique...