La prise d'otage meurtrière dans un magasin casher de la porte de Vincennes à Paris appartient entièrement à la logique anticapitaliste romantique du fondamentalisme islamique. L'antisémitisme est dans le noyau dur de cette idéologie. La preuve en est que les quatres personnes mortes dans le magasin Hyper Cacher ont été liquidées dès le début par le militant islamiste Amédy Coulibaly.

Pourtant, il n'y a pas eu de mouvement « je suis Hyper Cacher » comme il y a eu des « je suis Charlie », et dans une moindre mesure des « je suis Police » ou autres similaires, la mort de quatre personnes (plusieurs autres étant gravement blessées) n'étant considérée que comme un épilogue sanglant de l'opération contre Charlie Hebdo pour un nombre important de personnes, pratiquement une anecdote en quelque sorte. Le fait même que la première attaque d'Amédy Coulibaly à Montrouge visait très probablement une école juive (située à 50 mètres du lieu de la fusillade) à l'heure de l'arrivée des élèves n'est tout simplement jamais évoqué.

Et ce que cela rappelle, c'est le silence terrible qu'il y a eu au moment de l'affaire Merah, particulièrement de la part de la gauche de la gauche et de l'extrême-gauche : dès qu'il s'agit d'antisémitisme, un voile est jeté sur le crime. Si l'ensemble des médias de gauche a dénoncé la barbarie à Charlie Hebdo pour ce qu'elle était (une attaque politico-militaire), à l'époque elle n'avait rien dit ou presque quand des enfants juifs avaient été assassinés. Au mieux cela était considéré comme un fait-divers sanglant.

Maintenant que de nouveau les personnes juives sont visées, rien n'est dit, ou si peu, dans les mêmes médias… La raison de cela c'est bien entendu ce sordide antisémitisme français, qui est exterminateur non pas vraiment dans la mesure où il voit des Juifs partout (même si bien sûr cette tendance existe, avec Alain Soral, Dieudonné, etc.), mais surtout  parce qu'il ne les voit jamais.

Cela va de pair à l'extrême-gauche avec l'idéologie post-moderne qui cherche un sujet révolutionnaire non prolétarien, et le trouve dans l'immigré, le musulman, le trans, etc., reprenant selon les occasions des identités purement fictives élaborées dans les grandes universités impérialistes, troquant le principe de révolution contre celui de transgression. Il n'y a par exemple pas un mais plusieurs Islam dont chacun des courants et des variantes portent la marque d'une expression culturelle nationale particulière.

Mais cela, les petits-bourgeois post-modernes le nient pour en faire un seul bloc dans lequel ils tentent d'enfermer les masses dont une part de la culture est musulmane. Ce qu'est réellement l'Islam, les post-modernes s'en moquent ; c'est pour cela qu'ils ne parlent jamais de la Falsafa ou du rôle de titans de la pensée comme Avicenne et Averroès dans l'émergence de la Renaissance et du matérialisme.

Cette idéologie « rupturiste », de type ultra-gauche, ne comprend rien à l'idéologie exterminatrice du fondamentalisme islamique, à son anticapitalisme romantique, préférant se focaliser sur une « islamophobie » qui n'existe pas, étant soit du racisme, soit une critique de la religion, selon les cas.

Voici ce que dit par exemple le Nouveau Parti Anticapitaliste – exemple typique de structure post-moderne, historiquement proche des « Indigènes de la République » - dans une négation de la nature fasciste des assassins islamistes :

« Une politique qui engendre le désespoir et la barbarie

Cette violence meurtrière et barbare ne vient pas de rien. Elle se forme au cœur de la violence sociale et morale que connaît une large fraction de la jeunesse des quartiers, la violence du racisme et de la xénophobie, des discriminations, la violence du chômage et de l'exploitation. Cette violence barbare est l'enfant monstrueux  de la guerre sociale  que mènent la droite et la gauche au service de la finance.  Et aussi des guerres contre les peuples qui se sont enchaînées depuis la première guerre contre l'Irak, en Afghanistan, en Libye, en Afrique, en Syrie.

C’est aussi la guerre engagée depuis des décennies contre le peuple palestinien. Des guerres qui ne visent qu'à maintenir la domination des multinationales, leur droit à piller les richesses alimentent ainsi les pires fondamentalismes réactionnaires.  Cette violence militaire barbare engendre une autre violence barbare. Il n'y a pas de réponse à la décomposition sociale dont le crime contre Charlie  Hebdo est la dramatique expression sans combattre les politiques qui l'engendrent. »

Le Nouveau Parti Anticapitaliste n'a pas publié de communiqué suite aux meurtres dans le magasin casher, pas plus d'ailleurs que le reste de l'extrême-gauche, qui est déjà lancée dans une dénonciation de « l'islamophobie » pour contrer « l'union nationale » bourgeoise appelée par le gouvernement.

C'est le triomphe absurde d'une ligne d'ultra-gauche totalement populiste d'un côté, du libéralisme relativiste bourgeois de l'autre. Et les masses ne sont pas vraiment dupes de ce triste jeu qui empêche une affirmation authentiquement matérialiste, prenant en compte tous les aspects des contradictions.

Les masques tombent, le silence antisémite s'expose clairement, le post-modernisme montre son incapacité à affronter la réalité et assumer la classe ouvrière française dans sa réalité.