3 Jan 2015

2015 sera-t-il l'année du début réel d'un exode des personnes juives de France ?

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Hier matin, le vendredi 2 janvier, des traces d'un début d'incendie avec inscrits dans la suie une croix gammée et l'incription « ANTIJUIFS » ont été découverts dans le hall d'un immeuble à Garges-les-Gonnesse, une ville limitrophe de Sarcelles, dans le Val-d'Oise. Quatre familles juives vivent dans cet immeuble situé à quelques dizaines de mètres de la synagogue et dans un des quartiers visé par le pogrom de cet été.

Le nazi Dieudonné a lui lancé ce 27 décembre à Nantes devant 5000 personnes sa nouvelle « tournée », après avoir annoncé la création de son parti politique il y a quelques semaines.

Nous en somme donc là en France en ce début d'année 2015.

Et logiquement, les chiffres de départ de personnes juives émigrant vers Israël sont tombés : 6600 personnes ont fait leur « alyah » en 2014, contre 3400 en 2013. C'est en une année seulement plus qu'en dix ans entre 1980 et 1989.

L’État israélien, qui tablait à la base sur 5000 départs pour 2014, considère que la progression va être constante. Et bien entendu, ce qu'il faut craindre, c'est l'effet boule de neige.

S'il y a un mouvement de fond significatif en faveur de l'exode, les départs seront massifs. Car la France a une société pourrie par l'antisémitisme. Un antisémitisme insidieux, où tout ce qui est juif est passé à la trappe, ne doit pas exister.

Le départ des personnes juives françaises est un traumatisme pour les progressistes, mais les autres n'y prennent pas garde, s'en moquent, dénoncent un fantasme, nient l'antisémitisme… et pour cause.

Il serait par ailleurs ici fort erroné de penser que ce départ, cette exode, ne se fait que vers Israël. Ce n'est pas du tout le cas ; contrairement aux apparences, le sionisme est une idéologie qui n'a pas de bases solides dans les masses juives françaises.

L'atout de l’État d'Israël est de proposer des facilités techniques (aides matérielles à l'installation, obtention simple de la nationalité, etc.) tout en se posant comme seul garant de la sécurité face à l'antisémitisme. Hors ces deux vecteurs, les masses ne sont pas happées par le sionisme, qui n'est pas un projet qui les fait vibrer du tout ; l'attitude positive eu égard au sionisme et à la religion est véritablement propre aux personnes juives membres de la bourgeoisie, qui en font des outils idéologiques à leur service.

Les masses, quant à elles, basculent dans la religiosité populaire ou bien, comme le dit l'adage, votent avec leurs pieds. Les départs se font ainsi aussi vers les États-Unis, le Canada, ou encore la Belgique ou l'Argentine. Il n'y a pas de chiffres précis, mais ces dernières années, les départs vers un autre pays qu'Israël étaient du même nombre que ceux vers Israël.

On en est donc, ici, à peu près 13 000. Sauf que là aussi il faut faire des précisions. Lorsqu'on parle de 6600 personnes parties en Israël en 2014, on parle ici de gens ayant pris contact avec l'agence juive pour effectuer officiellement leur « alyah ». On parle donc des gens prenant la nationalité israélienne, étant accompagnés par un programme pour apprendre la langue, trouver un logement, etc.

Il faut donc ajouter des gens allant là-bas, mais de manière individuelle, conservant la nationalité française car ne se considérant que difficilement potentiellement israélien.

Dans tous les cas, si le chiffre tourne autour de 13 000 personnes juives qui sont parties, il faut voir que ce chiffre est très peu par rapport au chiffre de 600 000 personnes juives en France (ou plutôt une peu plus de 1 000 000 si on compte non pas de manière religieuse mais culturelle), mais qu'en même temps une simple addition de ce chiffre (qui est en croissance constante qui plus est) sur plusieurs années change fondamentalement la donne.

Lien vers le dossier Proudhon et le "socialisme français"Si d'ici six à sept ans, pratiquement 100 000 personnes juives françaises ont quitté notre pays, alors le processus ne pourra que s'accélérer. Il faut bien saisir ce point crucial : l'exode actuel correspond à l'antisémitisme.

Ce dernier est insidieux, comme par exemple une page wikipédia consacrée à l'actrice française Mélanie Laurent où sa culture juive n'est absolument pas mentionnée alors qu'elle l'est sur la page en anglais, et ce alors qu'elle est connue pour avoir joué le rôle d'une jeune juive française se vengeant des nazis dans le film Inglorious Basterds de Quentin Tarantino et avoir expliqué avoir accepté ce rôle parce qu'elle est juive justement et petite-fille de déporté. Ou encore une page wikipedia en anglais consacrée à Kirk Douglas où sa culture juive est largement expliquée, tandis que pour la page en français, on apprend juste que que ses parents sont des « immigrants juifs ». Et ce genre d'exemple, où la culture juive propre à des personnes publiques ou même des personnages de fiction (dont cela fait donc partie de la personnalité narrative) est tout simplement « effacée », est absolument récurrent.

C'est ce genre de choses, de négation de la culture juive, qui est typique de l'antisémitisme français. Et donc, de la même manière que l'antisémitisme est insidieux, diffus, les départs se font de manière diffuse. Ce qu'on risque de voir, dans les prochaines années, c'est un départ de-ci de-là, avec une France béate qui va s'apercevoir au bout de dix ans : « tiens, c'est vrai, les Juifs sont partis ».

C'est, finalement, aussi simple que cela. Et c'est le prix à payer quand :

- l'extrême-gauche pratique le jauressisme et le proudhonisme, c'est-dire un anticapitalisme romantique par définition poreux au national-socialisme ;

- la société est incapable d'assumer l'universalisme et le métissage, poussant à la ghettoïsation et à la fuite identitaire ;

- la destruction des personnes juives d'Europe par les nazis n'est toujours pas présentée en tant que telle, de manière scientifique, autrement que comme un « événement » tombé d'on ne sait où, alors qu'il y a une superstructure idéologique précise – l'anticapitalisme romantique - et une infrastructure très claire : le capitalisme en crise.

Assumer le matérialisme dialectique, c'est aller à contre-courant des tendances négatives, irrationnelles. Le fascisme d'un côté, le post-modernisme de l'autre, forment deux côtés d'une même médaille qui est celle du nihilisme – et on sait que l'antisémitisme est une composante traditionnelle du nihilisme.

Face aux tendances destructrices, aux forces de l'extermination qui se lèvent dans la société, il faut assumer l'utopie : une société sans classes ni État, dans le cadre d'un universalisme métissé, élevant toujours plus haut le niveau de culture, en étant en harmonie avec la nature.

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En 2014, 6600 personnes juives françaises ont émigré vers Israël. Si d'ici six à sept ans, pratiquement 100000 personnes juives françaises ont émigré, le processus ne pourra que s'accélérer. Il faut saisir ce point crucial : l'exode actuel correspond à l'antisémitisme...