31 Jan 2007

Brochure ANTIFASCISME - Mao Zedong

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Présentation

Lien vers le site des oeuvres de Mao Zedong maozedong.frMao Zedong (1893-1976) a été le dirigeant de la révolution chinoise. Adoptant la ligne de l’Internationale communiste, il développe la ligne de la guerre populaire dans la confrontation avec le fascisme chinois et le fascisme japonais, avant de mettre en avant certains points essentiels selon lui au marxisme (principalement la dialectique et la culture).

Fascisme chinois et fascisme japonais

Mao Zedong a été le premier grand théoricien de la notion de fascisme dans les pays contrôlés par le colonialisme. Selon lui, les colonisateurs font en sorte qu’émergent de nouvelles classes sociales qui lui soient liées. Dans les villes existe ainsi la bourgeoisie compradore, terme venant du portugais ; il s’agit d’une bourgeoisie bureaucratique, servant d’intermédiaire au service des colonisateurs. Dans les campagnes, les colonisateurs soutiennent la mise en place de grands propriétaires terriens.

La colonisation installe donc des régimes fascistes, où la dictature prévaut. Les communistes ont donc considéré la Chine comme un régime de type fasciste, où « la terreur ouverte prévaut » (Zhou Enlai, A propos du fascisme chinois).

De fait, en Chine les communistes se sont confrontés à deux fascismes: le fascisme chinois et le fascisme japonais lors de son invasion. Ce combat contre deux fronts a été très compliqué et a nécessité en Chine un grand débat, qui a été en même temps international. L’Internationale communiste issue de la révolution russe de 1917 avait appelé au soulèvement des peuples opprimés et en son sein de grands débats se sont développés autour de ce thème. Si en effet le caractère colonial d’un pays était évident, facile à reconnaître, comment fallait-il considérer la bourgeoisie nationale ? Etait-elle une alliée ou une ennemie ?

Les trotskystes ont mis en avant la « révolution permanente » mais c’est le principe de révolution ininterrompu (ou par étapes) qui a prévalu chez les communistes. La raison en est que la bourgeoisie nationale a un double caractère: d’un côté elle préférerait la révolution car elle est elle-même opprimée par les pays impérialistes, mais elle a logiquement peur de la révolution. Mao Zedong parle donc de la bourgeoisie nationale comme d’une alliée potentielle, possible mais non nécessaire, mais surtout il rejette la « révolution permanente » car selon lui les étapes sont inévitables: il faut mener à bien la révolution démocratique que la bourgeoisie nationale est justement incapable de mener.

Voilà pourquoi les communistes de Chine ont tout fait pour faire imploser le Kuomintang : si les fascistes chinois étaient dans ce parti, d’autres forces sociales y étaient présentes, et étaient nécessaires pour vaincre l’invasion japonaise. Cela était d’autant plus compliqué qu’il existait plusieurs seigneurs de la guerre, qui contrôlaient certains territoires et étaient autant de régimes fascistes au service de tel ou tel pays colonial. Mao Zedong parle ainsi de régime semi-colonial semi-féodal, et pour lui tous ceux qui sont contre ce régime doivent s’unir :

« L’étape actuelle de la révolution en Chine est une étape de transition qui va de la liquidation de la société coloniale, semi-coloniale et semi-féodale à l’édification d’une société socaliste, c’est le processus de la révolution de démocratie nouvelle (...). Tous ceux qui sont pour la résistance et la démocratie sont qualifiés pour participer à ce pouvoir [de front uni national anti-japonais], quel que soit le parti ou le groupement politique auxquels ils appartiennent. »
(La révolution chinoise et le Parti Communiste de Chine)

Mao Zedong met donc en avant une philosophie antifasciste propre à son pays et son époque :

« Tout homme doit mourir un jour, mais toutes les morts n’ont pas la même signification. Un écrivain de la Chine antique, Sema Tsien, disait: « Certes, les hommes sont mortels; mais certaines morts ont plus de poids que le mont Taichan, d’autres en ont moins qu’une plume. » Mourir pour les intérêts du peuple a plus de poids que le mont Taichan, mais se dépenser au service des fascistes et mourir pour les exploiteurs et les oppresseurs a moins de poids qu’une plume. »
(Servir le peuple)

Fascisme et culture dominante

Dans les années 1960-1970, Mao Zedong a affirmé que l’URSS était devenue un régime fasciste avec l’accession de Khrouchtchev à la direction du Parti Communiste d’Union Soviétique. Selon lui, l’idéologie commande tout, et dans un pays socialiste, si la culture dominante n’est pas systématiquement une culture au service du peuple, alors le fascisme se développe dans les esprits et accumulent des forces. Le principe de « révolution culturelle » est la conséquence de cette analyse : les traditions devenant de plus en plus pesantes et bloquant l’émergence du « nouveau » (par rapport à l’« ancien »), il faut balayer celles-ci.

« La lutte de classes, la lutte pour la production et l’expérimentation scientifique sont les trois grands mouvements révolutionnaires de l’édification d’un pays socialiste puissant. Ces mouvements constituent une sûre garantie permettant aux communistes de se garder de toute bureaucratie, de se prémunir contre le révisionnisme et le dogmatisme et de demeurer toujours invincibles, une sûre garantie permettant au prolétariat de s’unir avec les larges masses travailleuses et de pratiquer une dictature démocratique.

Si, en l’absence de ces mouvements, on laissait se déchaîner les propriétaires fonciers, les paysans riches, les contre-révolutionnaires, les mauvais éléments et les génies malfaisants, tandis que nos cadres fermeraient les yeux et que nombre d’entre eux n’opéreraient même pas de distinction entre l’ennemi et nous, mais collaboreraient avec l’ennemi, se laissant corrompre, démoraliser et désunir par lui, si nos cadres étaient ainsi entraînés dans le camp ennemi ou si l’ennemi parvenait à s’infiltrer dans nos rangs, et si beaucoup de nos ouvriers, paysans et intellectuels se laissaient aussi séduire ou intimider par l’ennemi, alors il se passerait peu de temps, peut-être quelques années ou une décennie, tout au plus quelques décennies, avant qu’une restauration contrerévolutionnaire n’ait inévitablement lieu à l’échelle nationale, que le parti marxiste-léniniste ne devienne un parti révisionniste, un parti fasciste, et que toute la Chine ne change de couleur. »
(cité dans: Le Pseudo-communisme de Khrouchtchev et les leçons historiques qu’il donne au monde)