1 fév 2007

Brochure ANTIFASCISME - Otto Rühle

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Présentation

L’Allemand Otto Rühle (1874-1943) est une figure du mouvement appelé par Lénine le « gauchisme ». Militant socialiste proche de Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht, opposé pareillement à la première guerre mondiale, il fait partie du Parti Communiste d’Allemagne à sa fondation. Il en est exclu en 1919 pour « gauchisme » et participe à la naissance du Parti Communiste des Ouvriers d’Allemagne (KAPD), puis à l’Union générale des travailleurs d’Allemagne - Organisation unitaire, petite scission de l’Union Générale des Travailleurs d’Allemagne, elle-même scission du KAPD, puis n’est plus organisé à partir de 1924, se rapprochant de l’anarchisme et écrit de nombreuses oeuvres sur l’éducation et la psychologie individuelle. Il meurt en exil au Mexique.

Fascisme & bolchévisme

Pour Rühle les choses sont très claires: le bolchevisme est la matrice du fascisme, de par son autoritarisme et sa bureaucratie. Le bolchevisme n’a fait que réaliser le triomphe du capitalisme en Russie, sous la forme « capitaliste d’Etat », et donc « fasciste. » Dans Fascisme brun, fascisme rouge, il explique que :

« En Russie, le bolchévisme connut le même sort. La victoire du parti de Lénine suffit pour instaurer le capitalisme, mais non pour réaliser le socialisme. Et le capitalisme, non pas au vieux sens du terme, mais conformément à son développement général, le capitalisme d’Etat. Le fascisme russe, sous la forme de la dictature stalinienne, s’est montré totalement adapté à cette nécessité économique. »

Selon Rühle, tout le problème vient de la forme « parti » ; c’est cette forme qui est la cause de tous les malheurs du prolétariat. Si Rosa Luxembourg n’a pas réussi à mener la révolution allemande de 1918, ce n’est pas parce que son parti était trop faible (par rapport au modèle bolchévik), mais parce qu’il s’agissait d’un parti. Rühle reprend en fait, sans le savoir, les arguments syndicalistes-révolutionnaires de la France du 19ème siècle. La conséquence est alors logique :

« la lutte contre le fascisme commence par la lutte contre le bolchevisme. »

Car le bolchevisme est le modèle du fascisme et du nazisme :

« Il faut placer la Russie au premier rang des nouveaux États totalitaires. Elle a été la première à adopter le nouveau principe d’État. C’est elle qui a poussée le plus loin son application. Elle a été la première à établir une dictature constitutionnelle, avec le système de terreur politique et administrative qui l’accompagne.

Adoptant toutes les caractéristiques de l’État totalitaire, elle devint ainsi le modèle pour tous les pays contraints à renoncer au système démocratique pour se tourner vers la dictature. La Russie a servi d’exemple au fascisme. »
(La lutte contre le fascisme commence par la lutte contre le bolchevisme)

Le fascisme comme « sous-produit »

En publiant La lutte contre le fascisme commence par la lutte contre le bolchevisme en septembre 1939, Rühle appelle donc à  lutter contre l’URSS à la toute veille de la seconde guerre mondiale et alors que le régime nazi est au pouvoir depuis six années déjà. Dans sa perspective, seul le prolétariat est le protagoniste de notre époque ; le fascisme n’existe pas ou ne peut être qu’un épiphénomène, un sous-produit.

Il peut donc prolonger sa critique (revendiquée d’ultra-gauche) des positions de Lénine en la prolongeant contre l’URSS et l’Internationale Communiste, accusant :

« les léninistes Staline et Dimitrov de réaliser un compromis avec la petite bourgeoisie pour lancer le mouvement loufoque des «Fronts populaires».»
(La lutte contre le fascisme commence par la lutte contre le bolchevisme)

Il considère même que Lénine est à l’origine du type de régime nationaliste. De la « centralisation » aux « méthodes terroristes », c’est le bolchévisme qui est le modèle du fascisme.

« Nationalisme, autoritarisme, centralisme, direction du chef, politique de pouvoir, règne de la terreur, dynamiques mécanistes, incapacité à socialiser— tous ces traits fondamentaux du fascisme existaient et existent dans le bolchevisme. Le fascisme n’est qu’une simple copie du bolchevisme. Pour cette raison, la lutte contre le fascisme doit commencer par la lutte contre le bolchevisme. »
(La lutte contre le fascisme commence par la lutte contre le bolchevisme)

Il va de soi que les positions de Rühle n’ont aucun impact historique, à part dans certains cercles d’extrême-gauche faisant de la critique de l’URSS de Lénine et Staline leur seule activité.

Les grandes questions: