29 Jan 2007

Brochure ANTIFASCISME - Clara Zetkin

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Présentation

L’Allemande Clara Zetkin (1857-1933) a été une figure historique du mouvement communiste. Féministe, elle est à l’origine de la journée internationale de la femme le 8 mars, qu’elle propose en 1910 à la seconde conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague au Danemark. Par la suite, elle fut une des membres historiques des spartakistes qui furent fondés  sous la direction de Rosa Luxembourg et de Karl Liebknecht. Elle fut ensuite une dirigeante du Parti Communiste d’Allemagne et de l’Internationale Communiste,  ainsi que du Secours Rouge International et à l’origine de la première analyse historique du fascisme au sein des rangs communistes.

Une première analyse du fascisme

Si Zetkin est la première à analyser le fascisme, c’est parce que ce dernier est un mouvement nouveau. Mussolini prend le pouvoir en Italie en 1922 ; quelques années auparavant on trouve la dictature de Horthy en Hongrie, instaurée en 1920, ou encore la terrible répression des « rouges » par les « blancs » en Finlande en 1918. La révolution de 1917 en Russie a été suivie d’une vague révolutionnaire, qui a amené une vague contre-révolutionnaire. Il a donc été logique de mettre a priori tous les mouvements de répression anticommuniste sur le même plan, et de considérer que les dictatures se valent toutes.

Zetkin fût la première à expliquer que cette analyse est fondamentalement erronée. Elle oppose la terreur blanche comme conséquence de l’existence d’un fort mouvement révolutionnaire, et le fascisme qui apparaît comme un châtiment parce qu’il n’y a pas de mouvement révolutionnaire. La terreur blanche « classique » est le produit de la tentative de faire de la révolution, le fascisme est le produit de l’absence de cette tentative.

Il est vrai que la terrible répression anticommuniste de 1918 en Finlande n’a pas abouti à une dictature « classique », pas plus qu’en Turquie avec Mustafa Kémal: ce qui en est ressorti est un régime paternaliste ultra-conservateur et anti-communiste, mettant en avant un semblant de démocratie. Le fascisme italien ne se veut, lui, pas une démocratie, et surtout il prétend être un régime révolutionnaire. Zetkin a reconnu ces caractéristiques particulières du fascisme. Dans La lutte contre le fascisme, qui date de juin 1923, elle explique que :

« La terreur instaurée par Horthy [en Hongrie] fut une vengeance. L’exécuteur de cette vengeance est la petite caste féodale des officiers.

Il en va autrement du fascisme. Il n’est nullement la vengeance de la bourgeoisie après un soulèvement du prolétariat. Historiquement et objectivement, le fascisme est bien plus un châtiment infligé parce que le prolétariat n’a pas continué la révolution commencée en Russie. Et le fascisme ne repose pas sur une petite caste, mais sur de larges couches sociales, qui englobent même une partie du prolétariat. »

Zetkin affirme alors que la question n’est pas que militaire, mais également politique et idéologique: le fascisme n’est pas une armée blanche classique qu’il suffirait de combattre et de vaincre ; il est nécessaire de mener une politique antifasciste.

La nature du fascisme

Zetkin critique ardemment les socialistes, qui ont émis toutes sortes de théories pour expliquer que la révolution n’était pas nécessaire pour que les masses s’émancipent. La conséquence en a été que les masses ont été désarmées alors que le capitalisme s’écroulait sous ses contradictions. Zetkin est en effet une dirigeante de l’Internationale Communiste, et les thèses de celle-ci se fondent sur la conception selon laquelle l’Etat bourgeois se décompose parce que le système capitaliste est dépassé.

Le fascisme est le produit de cette décomposition générale du capitalisme, de la bourgeoisie, de l’Etat. La première guerre mondiale a aggravé cette décomposition et appauvri de très nombreuses couches sociales, comme par exemple les couches intellectuelles ou les paysans, sans parler des « classes moyennes », la petite-bourgeoisie. Le fascisme est alors une fuite en avant, une tentative de sauver les meubles en renforçant la richesse « nationale ».

Zetkin considère que le soutien d’une partie des couches sociales appauvries au fascisme puise sa source dans la politique socialdémocrate. Les socialistes ayant déçu ces couches sociales avec leurs fausses promesses, ces couches sociales deviennent réceptives à la démagogie fasciste.

Puisque la perspective de la lutte de classes ne renferme apparemment rien de productif, l’idée qui se développe est qu’il faut dépasser les clivages de classe, que la nation doit être « au-dessus » des divergences et des antagonismes sociaux. Il y aurait alors quelque chose de « neuf » qui apparaîtrait. Zetkin analyse longuement le fascisme italien et le processus marquant la naissance des syndicats fascistes, d’une société totalement compartimentée, organisée en corporations chapeautées par l’Etat.

Les contradictions propres au fascisme

De par sa nature même, foncièrement démagogique, le fascisme est un régime instable. La petite-bourgeoisie qui a cédé aux sirènes du fascisme parce qu’elle a été déçue par la social-démocratie s’aperçoit nécessairement assez vite que le régime ne fait que l’utiliser et ne défend pas ses intérêts. Une partie même des masses populaires a été séduite par la démagogie nationaliste, et elle comprend pareillement qu’elle a été utilisée. Cela signifie que le fascisme doit faire vite pour restructurer le capitalisme et relancer la machine économique.

Zetkin se penche sur ses contradictions et affirme que les antifascistes doivent taper là où cela fait mal, précisément sur ces promesses non tenues, afin de démasquer le fascisme. De plus, le fascisme ne peut pas gérer longtemps ses propres contradictions internes: entre l’administration pré-fasciste et la nouvelle administration, au sein des couches dirigeantes, des différentes couches bourgeoisies l’ayant soutenu, au sein de l’armée, etc.

Ainsi, pour Zetkin, « le fascisme est actuellement l’expression la plus forte, la plus concentrée, l’expression classique de l’offensive générale de la bourgeoisie mondiale » et il faut répondre à sa violence par la violence.

Les grandes questions: