12 mai 2013

Humanisme, Lumières, Bourgeoisie - 1ère partie : présentation

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Les communistes sont imperméables au nihilisme national ; leur objectif est de dépasser la nation, qui n’est qu’un phénomène temporaire. La France, en tant que nation, n’existe historiquement que pour permettre à la bourgeoisie de pleinement se développer, dans un cadre adéquat.

A l’aube de la révolution socialiste, ce cadre commence à vaciller ; dans la construction du socialisme et dans la perspective du communisme à l’échelle mondiale, les nations disparaissent définitivement, cédant la place à la communauté universelle.

Comprendre la nature, temporaire, de la nation française, est une nécessité pour la classe ouvrière. Sans cela, elle n’est pas en mesure d’assumer l’établissement d’un État socialiste dans son pays, et par la suite de dissoudre cette nation dans la république socialiste mondiale.

Cela est d’autant plus important qu’à l’époque de la révolution socialiste, la bourgeoisie pousse au (vain) « rétablissement » des valeurs nationales, alors que la petite-bourgeoisie tente de bloquer la roue de l’histoire en niant la cadre national (au profit de corporations, de communautés, de régions, de pseudos nations, du racisme, de l’ethno-différentialisme, etc).

Quel est l’intérêt historique des valeurs nationales ? Celles-ci ont un double caractère.

D’un côté, les valeurs nationales représentent une étape de civilisation, commune à toute l’humanité mais avec des différences d’apparence (le fait de vivre en société à grande échelle notamment avec une langue commune, le principe d’une justice à prétention universelle, la fin des hostilités locales et régionale, l’élévation du niveau de vie, la généralisation des sciences face à l’obscurantisme, etc).

D’un autre côté, la culture nationale de chaque pays apporte sa pierre à l’édifice de la culture humaine en général (le sauna finlandais, le « french kiss », la pop anglaise, la pizza italienne, etc).

En France, les valeurs nationales ont donc elles-mêmes un double caractère. Distinguer ce qui restera dans le socialisme, de ce qui ne restera pas, est d’une grande importance culturelle.

Mais ce n’est pas tout. A l’époque de la crise générale du capitalisme, la bourgeoisie française tente de modifier la compréhension qu’on a de la culture française, elle tente de masquer sa nature, d’en donner une définition « nouvelle » conforme à ses propres intérêts.

L’importance historique de Rimbaud est gommée, et en lieu et place la bourgeoisie décadente réécrit l’histoire et place Baudelaire comme « inventeur de la modernité. » Un auteur progressiste comme (Savinien) Cyrano de Bergerac est caché derrière une oeuvre puérile et sans intérêt comme la pièce éponyme d’Edmond Rostand, et son oeuvre elle-même diffamée comme relevant du « baroque. »

La raison de cela est que la bourgeoisie tente de maintenir le cadre national, en cultivant les éléments les plus incongrus mais les plus visibles (les plus baroques précisément), afin de maintenir les différences nationales. Rejeter ces nouvelles divisions nationalistes (régionalistes, localistes, etc.) est une tâche aussi importante que le dépassement des réelles différences nationales.

Voici comment Lénine présente cette question :

Le marxisme est inconciliable avec le nationalisme, fût-il le plus « juste », le plus « pur », le plus fin et le plus civilisé.

A la place de tout nationalisme, le marxisme met l’internationalisme, la fusion de toutes les nations dans une unité suprême qui se développe sous nos yeux avec chaque nouvelle verste de chemin de fer, chaque nouveau trust international, chaque association ouvrière (internationale par son activité économique et aussi par ses idées, ses aspirations).

Le principe de la nationalité est historiquement inéluctable dans la société bourgeoise, et, compte tenu de cette société, le marxiste reconnaît pleinement la légitimité historique des mouvements nationaux. Mais, pour que cette reconnaissance ne tourne pas à l’apologie du nationalisme, elle doit se borner très strictement à ce qu’il y a progressif dans ces mouvements, afin que cette reconnaissance ne conduise pas à obscurcir la conscience prolétarienne par l’idéologie bourgeoise.

Le réveil des masses sortant de la torpeur féodale est progressif, de même que leur lutte contre toute oppression pour la souveraineté du peuple, pour la souveraineté de la nation. De là, le devoir absolu pour le marxiste de défendre le démocratisme le plus résolu et le plus conséquent, dans tous les aspects du problème national. C’est là une tâche surtout négative. Le prolétariat ne peut aller au delà quant au soutien du nationalisme, car plus loin commence l’activité « positive » de la bourgeoisie qui vise à renforcer le nationalisme.

Secouer tout joug féodal, toute oppression des nations, tous les privilèges pour une des nations ou pour une des langues, c’est le devoir absolu du prolétariat en tant que force démocratique, l’intérêt absolu de la lutte de classe prolétarienne, laquelle est obscurcie et retardée par les querelles nationales.

Mais aider le nationalisme bourgeois au-delà de ce cadre strictement limité et situé dans un contexte historique nettement déterminé, c’est trahir le prolétariat et se ranger aux côtés de la bourgeoisie. Il y a là une ligne de démarcation souvent très mince et que les national sociaux bundistes et ukrainiens oublient tout à fait.

La lutte contre tout joug national ? Oui, certainement. La lutte pour tout développement national, pour la « culture nationale » en général ? Non, certainement. Le développement économique de la société capitaliste nous montre dans le monde entier des exemples de mouvements nationaux incomplètement développés, des exemples de constitution de grandes nations par la fusion ou au détriment de certaines petites, des exemples d’assimilation des nations.

Le principe du nationalisme bourgeois, c’est le développement de la nationalité en général, d’où le caractère exclusif du nationalisme bourgeois, les querelles nationales sans issue. Quant au prolétariat, loin de vouloir défendre le développement national de toute nation, il met au contraire les masses en garde contre de telles illusions, préconise la liberté la plus complète des échanges capitalistes et salue toute assimilation des nations, excepté l’assimilation par la contrainte ou celle qui s’appuie sur des privilèges.

Consacrer le nationalisme en le contenant dans de « justes limites », « constituer » le nationalisme, dresser des barrières solides et durables entre toutes les nations au moyen d’un organisme d’Etat particulier : telle est la base idéologique et le contenu de l’autonomie nationale culturelle. Cette idée est bourgeoise de bout en bout et fausse de bout en bout.

Le prolétariat ne peut donner son soutien à aucune consécration du nationalisme; au contraire, il soutient tout ce qui aide à effacer les distinctions nationales et à faire tomber les barrières nationales, tout ce qui rend la liaison entre nationalités de plus en plus étroite, tout ce qui mène à la fusion des nations. Agir autrement, c’est se ranger aux côtés de la petite bourgeoisie nationaliste réactionnaire.

(Notes critiques sur la question nationale)

La classe ouvrière n’a qu’un seul drapeau, le drapeau rouge de l’internationalisme prolétarien, et par la révolution socialiste entend marcher au communisme, à la communauté universelle !

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