Le caractère révisionniste de la «convention de la France insoumise»
Submitted by caviaLe révisionnisme est un puissant poison qui naît d'une tentative de l'ancien de s'opposer au nouveau, au sein même du Mouvement Communiste International. Sous des prétextes divers, des théoriciens « révisent » le marxisme, afin de faire passer en contrebande des conceptions qui servent le mode de production capitaliste.
La bataille contre le révisionnisme est un contre-poison nécessaire, permettant d'y voir clair. Pour cette raison, il faut porter son attention sur Jean-Luc Mélenchon.
Au sens strict, Jean-Luc Mélenchon n'est pas historiquement lié à la bataille pour le communisme, puisqu'il fut tout d'abord trotskyste, puis membre du Parti Socialiste de 1976 à 2008, participant aux institutions en étant sénateur pendant dix-huit ans, membre de la franc-maçonnerie.
Toutefois, cette figure éminente du mitterrandisme, a pris le relais du révisionnisme du Parti « Communiste » français. Sa démagogie s'appuie sur tout un éventails de revendications qui sont directement liés à Maurice Thorez, dirigeant historique ayant fait passé le Parti Communiste français dans le camp du révisionnisme.
C'est la particularité historique de Jean-Luc Mélenchon, qui fait que son programme n'est pas d'une nature révisionniste – puisqu'il ne prétend pas être pour le communisme – mais possède un caractère révisionniste, piochant dans une longue tradition française.
C'est tout à fait visible dans ce qui ressort de la « convention de la France insoumise » qui vient de se tenir Saint-André-lez-Lille (Nord), les 15 et 16 octobre 2016. Jean-Luc Mélenchon reprend les thèses historiques de Maurice Thorez, à savoir l'idée d'une union du peuple français contre une petite oligarchie, avec comme inspiration la Révolution française.
A cela s'ajoute la « grande idée » du Parti « Communiste » français des années 1970 : l'autogestion.
Le Parti « Communiste » français a mis en avant l'autogestion comme réponse « démocratique » à la question de la révolution socialiste. Un mouvement « par en bas » devrait parvenir à changer les choses en profondeur, sans violence révolutionnaire.
Le « Programme commun » du Parti « Communiste » français et du Parti Socialiste de François Mitterrand devait aller en ce sens.
Jean-Luc Mélenchon réitère le processus avec la « convention de la France insoumise ». Toute la forme de sa candidature à l'élection présidentielle est un thorézisme renouvelé.
Jean-Luc Mélenchon définit d'ailleurs de la manière suivante la nature de cette première convention :
« C’est une stratégie révolutionnaire, sans coup de fusil ni coup de bâton, avec des bulletins de vote. »
Cette prétention est exactement celle du thorézisme, avec sa voie à la démocratie « authentique » sans passer par la révolution. C'est la position du révisionnisme qui prétend avancer à la révolution sans mener celle-ci, transformer le monde sans abattre la bourgeoisie comme classe.
Chez Jean-Luc Mélenchon aujourd'hui, il s'agit donc d'un démarche populiste où le contenu réformiste est mis en scène, afin de paraître correspondre aux attentes des masses, comme on peut le voir avec le public de la convention.
En effet, environ un millier de personnes ont participé à la « convention », en étant décisionnaires des choix faits. Les deux-tiers de ces personnes avaient été tirées au sort parmi les sympathisants de Jean-Luc Mélenchon, le reste consistant bien entendu en des membres des partis politiques soutenant sa candidature à la présidentielle.
Est-ce démocratique ? Pas du tout : la démocratie réelle n'est pas un rassemblement hasardeux et plus ou moins manipulé, puisque tout le monde n'est pas tiré au sort.
La démocratie est un débat rationnel autour d'idées et de conceptions présentées de manière approfondie. Ce que fait Jean-Luc Mélenchon, c'est chercher une pseudo légitimité pour son idéologie de la « révolution citoyenne ».
Cela correspond exactement à ce qu'a été le mouvement « Nuit debout ».
D'ailleurs, d'autres « conventions » du même type sont prévues et aboutiront en décembre à 347 mesures. C'est là non pas synthétiser, mais procéder par le populisme. C'est une démarche anti-idéologique, anti-théorique et anti-parti digne des populistes d'Amérique du Sud comme Hugo Chávez au Venezuela, que justement Jean-Luc Mélenchon appréciait tellement.
Jean-Luc Mélenchon a une démarche ultra-démocratique de type thorézienne qui, en réalité, est anti-démocratique. La démocratie n'existe qu'avec une expression formulée de manière réelle et présentée dans la durée, pas en un coup d'éclat où des gens censés représenter le « peuple » donne un avis « spontané ».
La démocratie est portée à ce titre par le Parti Communiste (MLM) synthétisant la réalité au moyen du matérialisme dialectique, par par les populismes procédant par proclamations et prétendant être des « vecteurs » pour le « peuple ».
Jean-Luc Mélenchon rejoint lui totalement le principe thorézien de la « démocratie comme création continue ».
Il réclame, dans la logique des choses, le droit de révocation des élus, une Assemblée constituante pour une VIe République, à quoi s'ajoutent des revendications sociales : aller vers les 32 heures par semaine de travail, le remboursement à 100 % des soins, le droit de retraite à 60 ans, la suppression de la Loi travail dite El Khomri, etc.
C'est-à-dire qu'il propose non pas de cibler la bourgeoisie comme classe, mais de ré-impulser les institutions en s'appuyant sur des mesures sociales pour mobiliser. C'est là le sens de la Marseillaise chantée à la fin de la « convention » et entamée par Jean-Luc Mélenchon lui-même.
On est là en-dehors du mouvement ouvrier, du drapeau rouge, de la bataille pour le socialisme.