PCF(mlm) – Déclaration 85 – Les 20 thèses contre l'idéologie syndicaliste
Submitted by Anonyme (non vérifié)1. Le syndicalisme est une démarche historiquement nécessaire de la classe ouvrière pour améliorer ses conditions d'existence au sein des entreprises, afin d'améliorer le quotidien. Les revendications se sont élargies à l'ensemble de la vie quotidienne, faisant notamment de la revendication économique de la journée de huit heures un projet social. Les congés payés sont un exemple de ce prolongement du domaine économique au social.
2. Les revendications syndicales ne peuvent pas être victorieuses sur le long terme, en raison de la crise générale du capitalisme provoquée par la baisse tendancielle du taux de profit. L'appauvrissement général des larges masses est un phénomène inévitable, provoqué par le besoin de profits toujours plus élargis de la part du capitalisme. Le combat revendicatif est nécessaire tactiquement pour organiser les masses et améliorer leur sort, mais s'insère dans la question stratégique de la bataille pour la direction de la société.
3. Pour cette raison, le mouvement ouvrier a historiquement placé le syndicalisme comme étant secondaire par rapport à la social-démocratie comme parti politique porteur de valeurs idéologiques, culturelles et morales. Le syndicalisme n'était qu'un aspect de l'organisation des masses devant se faire à tous les niveaux – que ce soit dans les activités culturelles comme les activités sportives.
4. Le fascisme, comme mouvement plébéien, tente de récupérer l'esprit des revendications syndicales en les plaçant dans le giron du nationalisme, afin de soutenir un projet de mobilisation totale, conforme aux besoins militaristes de la fraction la plus agressive de la bourgeoisie.
5. Le mouvement ouvrier a connu une scission historique à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Alors que la social-démocratie s'est développée de manière particulièrement forte en Allemagne, en Autriche, en Bohème-Moravie, elle a été inexistante en France, en Italie et en Espagne, où le parti socialiste a en réalité été un parti syndicaliste-républicain.
6. En France, la définition de « communiste » a été confondu historiquement avec celle de syndicaliste considérant comme nécessaire l'existence d'un parti présentant politiquement les thèses syndicalistes. L'avènement de Maurice Thorez à la direction du Parti Communiste français correspond à cette confusion.
7. Le maintien, après 1989 et la chute du bloc soviétique social-impérialiste, de l'existence du Parti « Communiste » français (devenu révisionniste à partir de 1953) tient à sa liaison organique avec la CGT. Alors que ,conformément à l'esprit de la social-démocratie historique, le syndicat doit être un relais du Parti, c'est le contraire qui s'est produit.
8. Mai 1968 a été un élément essentiel du processus de continuation de la ligne du PCF comme « parti syndicaliste » de Maurice Thorez : face au maoïsme et ses questions idéologiques et culturelles, le PCF devenu révisionniste a encore plus renforcé sa perspective uniquement économique et social.
9. Le fascisme – comme proposition d'un idéal, d'abnégation, d'épopée, bien que sur une base résolument fausse et démagogique – profite résolument des espaces béants laissés par l'économisme de l'idéologie syndicaliste. De par son institutionnalisation, le syndicalisme tend en effet d'autant plus à l'esprit étroit, à la mesquinerie, à la corruption par le capitalisme le plus parasitaire.
10. L'anarchisme est historiquement le courant anti-politique qui s'est opposé à l'émergence de la social-démocratie. En France, en Italie et en Espagne, il est tout à fait naturel qu'il se tourne de manière volontaire vers le « syndicalisme révolutionnaire » et sa « pureté » anti-politique, opposé à toute option culturelle et idéologique.
11. L'anarchisme et le fascisme profitent d'autant plus de l'inexistence d'une réelle social-démocratie historique qu'il y a, à la place un parti socialiste d'idéologie pragmatique, sur une base sociale-républicaine, d'esprit laïc et positiviste. L'opportunisme socialiste a comme prix l'anarchisme et le fascisme, qui eux-mêmes renforcent le républicanisme « social », etc.
12. La raison historique pour l'inexistence d'une social-démocratie réelle en France, en Italie et en Espagne tient à l'ampleur idéologique du catholicisme social, à l'ancrage de l'idéologie de la petite propriété, à la très importante proportion de paysannerie dans l'économie jusqu'au milieu du XXe siècle.
13. L'économie capitaliste a besoin de travailleurs organisés pour moderniser toujours davantage sa production. En ce sens, des syndicats non pas de masse, mais ayant une représentativité de masse, font tout à fait l'affaire. La dépendance financière des syndicats vis-à-vis des institutions est la garantie de leur intégration.
14. Le maoïsme, depuis son apparition comme idéologie dans les années 1960, a toujours rejeté le soutien à l'idéologie syndicaliste, ainsi qu'aux syndicats comme fin en soi. L'autonomie des masses sur le plan de l'organisation est impératif et concerne non pas simplement l'aspect économique, mais également culturel et idéologique.
15. Le faux maoïsme, forme thorézienne de gauche, n'est qu'une variante du syndicalisme révolutionnaire, suivant la considération tout à fait erronée qu'un communiste serait un syndicaliste qui aille jusqu'au bout.
Il est significatif que la Gauche Prolétarienne, la plus haute forme de maoïsme en France dans les années 1960, ait, suite à sa décadence et sa capitulation, vu ses militants rejoindre les rangs de l’intellectualisme bourgeois ou bien du syndicalisme révolutionnaire.
16. Il est tout à fait significatif que le syndicalisme français ait, historiquement, toujours salué la Charte d'Amiens de 1906, qui avait reçu alors 830 voix sur 839 au congrès de la CGT. Rédigée par les anarchistes Victor Griffuelhes et Émile Pouget, cette charte prône le refus de la politique au nom d'une prétendue « efficacité » qui, en réalité, réduit la lutte à une bataille économique contre le patronat, sans voir l'ampleur de l'affrontement révolutionnaire avec la bourgeoisie.
On y lit ainsi notamment que « le Congrès déclare qu'afin que le syndicalisme atteigne son maximum d'effet, l'action économique doit s'exercer directement contre le patronat, les organisations confédérées n'ayant pas, en tant que groupements syndicaux, à se préoccuper des partis et des sectes qui, en dehors et à côté, peuvent poursuivre, en toute liberté, la transformation sociale ».
17. L'idéologie syndicaliste a été le fléau qui a ravagé les luttes de classes en France, amenant les luttes à s'enfermer dans un esprit économiste étroit, soumettant les masses aux pires influences idéologiques et culturelles de la bourgeoisie, donnant des ailes aux réformistes sociaux se maquillant en « révolutionnaires » au moyen de revendications économiques de façade.
18. Rejeter la réduction des luttes de classes à la question simplement économique est la base nécessaire pour avancer dans le processus révolutionnaire. L'expérience de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne chinoise est ici l'expérience dont on peut le plus profiter.
19. La négation de l'idéologie et de la culture par les forces anarchistes, « communistes » révisionnistes, trotskystes… bref les forces de l'idéologie syndicaliste, doit être combattue de manière la plus vigoureuse par la défense de l'idéologie et de la culture par le Parti Communiste de France comme noyau d'avant-garde, fondé sur le matérialisme dialectique, c'est-à-dire aujourd'hui le marxisme-léninisme-maoïsme.
20. Le changement de société ne consistera certainement pas en un coup de force économique, comme feignent de le croire les forces relevant de l'idéologie syndicaliste, mais de l'organisation générale de masses renversant l’État pour en former un nouveau, la classe ouvrière en armes prenant les commandes à la fois de l'économie, de la culture, de l'idéologie.
Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)
Juin 2016