PCF(mlm) - Déclaration 83 - Sur le maximalisme
Submitted by Anonyme (non vérifié)Nous affirmons qu'il est possible et nécessaire d'utiliser un concept nouveau dans le cadre du socialisme scientifique : celui de maximalisme.
Il faut entendre par « maximalistes » les courants réformistes « durs », limitant leurs revendications à des mesures économiques et sociales « maximales » dans le cadre des institutions.
Le maximalisme ne forme pas une tendance réformiste de gauche, démocratique et progressiste, ayant encore des illusions sur la nature de la société capitaliste et de l’État, comme cela put être le cas pour les « maximalistes » du Parti Socialiste italien du début du XXe siècle.
Le maximalisme forme une tendance démagogique, proposant au mieux un « socialisme » parlementaire, une « République sociale », un « socialisme par en bas », l'autogestion, etc.
C'est l'expression de la convergence historique, ces vingt dernières années en France, des courants suivants :
- le trotskysme qui en tant qu'idéologie « révolutionnaire » a fait faillite et s'est reconvertie dans « l'anticapitalisme », nouvelle version du « Programme de transition » élaboré par Trotsky ;
- le révisionnisme, principalement avec le P"C"F, qui est obligé d'élaborer une nouvelle « utopie » pour justifier son existence ;
- les syndicalismes révolutionnaire et étudiant en tant que courants revendicatifs anti-politique.
La CGT, qui a réélu hier Philippe Martinez comme dirigeant à son 51e congrès, est une des forces principales du maximalisme.
Le maximalisme s'oppose formellement au socialisme scientifique et à ses enseignements sur le mode de production capitaliste et sur la nature de l’État. Il rejette le principe de révolution socialiste, au profit de « mobilisations » uniquement économiques et sociales.
Les thèses du maximalisme sont exactement les mêmes que celles de Maurice Thorez, dans des versions remises au goût du jour. Il s'agit de thèses ultra-démocratiques, c'est-à-dire servant en définitive au renouvellement du personnel politique de la société bourgeoise, à la modernisation des institutions, à l'amélioration de la forme du régime.
Le maximalisme se focalise sur la question de la distribution des richesses, utilisant les masses comme levier de mobilisation pour en réalité réaliser une ré-impulsion du capitalisme.
Le maximalisme prétend qu'un mouvement se fondant uniquement sur une base revendicative économique et sociale suffit à produire le changement ; il existe toujours dans ce cadre des fractions d'ultra-gauche se posant en parasitisme du maximalisme et prétendant poser la ligne « déterminée » permettant d'aller « jusqu'au bout ».
En réalité, aucun mouvement économique et social ne peut avoir de sens s'il ne possède pas également une validité idéologique et culturelle lui permettant d'exister de manière progressiste dans le cadre historique.
C'est le sens de la lutte de classes, telle qu'elle a été définie par la social-démocratie, dont le mouvement communiste est l'héritier direct.
Nous tenons à insister sur le fait que le maximalisme ne représente pas un courant de réformisme sincère, une tendance démocratique progressiste.
Le maximalisme est la convergence du syndicalisme révolutionnaire, du révisionnisme, du trotskysme, avec l'ultra-gauche – y compris dans ses variantes faussement « autonome » ou « maoïste », par exemple – comme sous-produit cherchant à la « radicalisation ».
Le maximalisme s'oppose à la bataille idéologique et culturelle, qui seule peut dépasser le cadre des revendications utilisées par le mode de production capitaliste pour gagner du temps, du terrain, voire se moderniser.
Le maximalisme est, en essence, totalement opposé à la thèse fondamentale de Lénine dans Que faire ?, que nous assumons pleinement et entièrement : il n'y a pas de mouvement révolutionnaire sans théorie révolutionnaire et cette dernière est portée par le Parti Communiste.
Ce qui compte, c'est la bataille de positions : tel est le chemin de la révolution socialiste. Lénine nous enseigne :
« Nous avons vu que l'agitation politique la plus large et, par suite, l'organisation de vastes campagnes de dénonciations politiques sont une tâche absolument nécessaire, la tâche la plus impérieusement nécessaire de l'activité, si cette activité est véritablement social-démocrate.
Mais nous sommes arrivés à cette conclusion en partant uniquement du besoin le plus pressant de la classe ouvrière, besoin de connaissances politiques et d'éducation politique. Or, cette façon de poser la question, à elle seule, serait trop étroite, car elle méconnaîtrait les tâches démocratiques d'ensemble de toute social-démocratie en général et de la social-démocratie russe actuelle en particulier.
Pour éclairer le plus concrètement possible cette thèse, essayons d'aborder la question du point de vue le plus “familier” aux économistes, du point de vue pratique. « Tout le monde est d'accord » qu'il est nécessaire de développer la conscience politique de la classe ouvrière.
La question est de savoir comment s'y prendre et ce qu'il faut pour cela. La lutte économique « fait penser » les ouvriers uniquement à l'attitude du gouvernement envers la classe ouvrière ; aussi quelques efforts que nous fassions pour « donner à la lutte économique elle-même un caractère politique », nous ne pourrons jamais, dans le cadre de cet objectif, développer la conscience politique des ouvriers (jusqu'au niveau de la conscience politique social-démocrate), car ce cadre lui-même est trop étroit (…).
La conscience politique de classe ne peut être apportée à l'ouvrier que de l'extérieur, c'est-à-dire de l'extérieur de la lutte économique, de l'extérieur de la sphère des rapports entre ouvriers et patrons. Le seul domaine où l'on pourrait puiser cette connaissance est celui des rapports de toutes les classes et couches de la population avec l'Etat et le gouvernement, le domaine des rapports de toutes les classes entre elles.
C'est pourquoi, à la question : que faire pour apporter aux ouvriers les connaissances politiques ? - on ne saurait donner simplement la réponse dont se contentent, la plupart du temps, les praticiens, sans parler de ceux qui penchent vers l'économisme, à savoir « aller aux ouvriers ». Pour apporter aux ouvriers les connaissances politiques, les social-démocrates doivent aller dans toutes les classes de la population, ils doivent envoyer dans toutes les directions des détachements de leur armée. »
« Du moment qu'il ne saurait être question d'une idéologie indépendante, élaborée par les masses ouvrières elles-mêmes au cours de leur mouvement, le problème se pose uniquement ainsi : idéologie bourgeoise ou idéologie socialiste.
Il n'y a pas de milieu (car l'Humanité n'a pas élaboré une « troisième » idéologie; et puis d'ailleurs, dans une société déchirée par les antagonismes de classes, il ne saurait jamais exister d'idéologie en dehors ou au dessus des classes).C'est pourquoi tout rapetissement de l'idéologie socialiste, tout éloignement vis-à-vis de cette dernière implique un renforcement de l'idéologie bourgeoise.
On parle de spontanéité. Mais le développement spontané du mouvement ouvrier aboutit justement à le subordonner à l'idéologie bourgeoise, il s'effectue justement selon le programme du Credo, car le mouvement ouvrier spontané, c'est le trade-unionisme, la Nur-Gewerkschaftlerei ; or le trade-unionisme, c'est justement l'asservissement idéologique des ouvriers par la bourgeoisie.
C'est pourquoi notre tâche, celle de la social-démocratie est de combattre la spontanéité, de détourner le mouvement ouvrier de cette tendance spontanée qu'a le trade-unionisme à se réfugier sous l'aile de la bourgeoisie, et de l'attirer sous l'aile de la social-démocratie révolutionnaire. »
Le maximalisme est une forme « radicale » de réformisme, c'est un mélange de réformisme et de révisionnisme, avec comme but de prétendre qualifier de changement ce qui ne l'est pas.
Etant donné que la question idéologique est au centre du processus révolutionnaire, le maximalisme est ainsi contre-révolutionnaire ; c'est un obstacle au chemin de la révolution socialiste, de la nécessaire guerre du peuple pour renverser l’État et instaurer le socialisme.
Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)
Avril 2016