23 Jan 2016

Mickael Wamen face à Macron : un exemple de syndicalisme amenant à la défaite culturelle

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« Je suis poli » : voici comment le syndicaliste « Goodyear », Mickaël Wamen, a justifié qu'il ait serré la main au ministre de l'économie Emmanuel Macron, après une discussion sur la radio RMC. Une politesse qui reflète bien un point de vue conformiste et de collaboration de classe, et cela au moment où il y a une condamnation à la de la prison ferme contre la séquestration faite il y a deux ans pour les « Goodyear ».

Serre-t-on la main au grand défenseur du capitalisme, alors que le même capitalisme condamne à la prison ? Certainement pas et ce refus d'assumer la lutte de classes est typique de la CGT, façonné pendant des décennies par l'idéologie du PCF devenu révisionniste, ayant trahi le marxisme-léninisme et également refusé le marxisme-léninisme-maoïsme, sa version réactualisée et modernisée.

Mickaël Wamen a d'ailleurs été candidat aux élections législatives de 2012 pour le mouvement « Colère et Espoir » de l'ancien dirigeant PCF Maxime Gremetz qui est un exemple typique de cette ligne révionniste radicale en parole mais totalement intégrée aux institutions capitaliste en actes - il a d'ailleurs été exclu à la suite d'un arrangement passé avec la droite et l'extrême-droite pour se faire élire représentant du Conseil régional à l’Agence Régionale d’Hospitalisation à la place du candidat soutenu par le Parti Socialiste et le PCF.

Emmanuel Macron ne s'est pas bien évidemment démonté, opposant aux propos syndicalistes, défendant des intérêts particuliers, une vision de l'économie en général ; ce qui bien sûr est bien plus percutant.

Entre des intérêts individuels et une vision à l'échelle de la société, il y a une différence de niveau, de crédibilité, d'écho :

[Mickaël Wamen] « Le 31 octobre 2011, on est venus sur notre parking nous faire des promesses. Elles en sont où ces promesses aujourd'hui ? On a fait l'ANI [accord national interprofessionnel] qui permet non pas de sécuriser l'emploi mais de sécuriser les licenciements. Parce que M. Macron, si vos lois avaient été mises en place quand Goodyear a annoncé la fermeture du site en 2007, on n'aurait pas pu se battre pendant sept ans. En six mois, on aurait été licencié. »

[Emmanuel Macron] « Mais ce que vous êtes en train dire en voulant interdire le licenciement ou de mettre des cartons à celui qui embauche en lui disant 'Si tu t'en sépares, dans X années ça va te coûter peut-être une fortune' cela a une conséquence, qui fait souffrir les Français aujourd'hui : on n'embauche plus. C'est ça la réalité des choses (…).

Interdire le licenciement, c'est une idée facile, pardon de le dire. On peut vous la répéter, cela fait plaisir sur un plateau. Mais la réalité des choses, quand vous interdisez le licenciement c'est que vous bloquez les embauches !

Cela n'existe pas d'interdire les licenciements !

Ou alors vous vivez dans une économie fermée administrée. Ça n'est pas l'économie française. Il y a en effet deux millions de salariés qui travaillent pour des entreprises étrangères. On a besoin de l'investissement et des entrepreneurs qui prennent des risques (…). Le combat que vous avez mené, il a conduit à bloquer pendant 7 ans et demi l'entreprise ! Parfois avec de bonnes idées, on devient pyromane ! »

Voilà comment parle un ministre, bien formé par le capitalisme, pour écraser idéologiquement un syndicaliste CGT au niveau simplement économiste. Si le PCF(mlm) est tout à fait pour une « économie fermée administrée » – un État socialiste avec la planification de l'économie – ce n'est pas le cas du syndicaliste CGT, qui par conséquent ne fait pas le poids face à un cadre bourgeois éprouvé, ne pouvant opposer le matérialisme dialectique au discours capitaliste.

Lien vers le dossier : PCF(mlm)/Pour une démocratie populaire

Ce qui signifie que le syndicaliste croit en le capitalisme ; faire le poids n'est de toutes manières pas son but. Au fond, il est pensé dans la tradition syndicaliste que « tout va s'arranger ». C'est là le cœur de l'esprit « cinéma » du syndicalisme « dur » : beaucoup de mise en scène puis des accords à l'amiable. C'est là toute l'histoire de la CGT des 50 dernières années.

Mickaël Wamen ne déroge pas à la règle ; il dit d'ailleurs au sujet de son emprisonnement possible « je vous garantis que je n'irai pas », lors de son passage dans l'émission C à Vous sur France 5.

Comment le sait-il ? La question ne dépend-elle pas de la lutte de classes ? En réalité, on voit déjà se profiler un accord entre l’État et la CGT, un accord qui sera difficile à mettre en place. En effet, la crise générale est trop importante pour qu'un syndicalisme radical ne serait-ce que verbalement ou théâtralement ait sa place. Une séquestration, même « à l'amiable », devient intolérable.

C'est cela que le syndicalisme ne comprend pas et c'est en cela qu'il est quelque chose qui doit être catégoriquement soumis à la politique, au matérialisme dialectique. On ne combat pas la bourgeoisie et sa vision du monde avec de simples revendications économiques, aussi justes soient-elles.

D'ailleurs, dans l'émission C à Vous sur France 5, Mickaël Wamen, en bon syndicaliste CGT, a résumé la vie de la classe ouvrière à l'emploi et aux horaires du travail. Cela signifie qu'il assume entièrement que la classe ouvrière ne soit qu'une variable pour le capitalisme. Il veut simplement qu'il n'y ait pas trop de casse et raisonner comme cela, c'est faire le jeu du capitalisme lui-même, en atténuant des conflits inévitables.

On est totalement éloigné des traditions social-démocrate historique et communiste, pour qui la classe ouvrière doit prendre le pouvoir, décider de la production.

C'est une question de contenu ; de fait, lorsqu'une personne a parlé des pesticides dans l'alimentation industrielle, tout ce que Mickaël Wamen trouve à dire relève du misérabilisme et de la démagogie :

« Bien manger, cela demande d'avoir un peu d'argent, quand même. Ce n'est pas donner à tout le monde (…). Il y a aujourd'hui en France une population qu d'abord essaie de se nourrir. Et on voit que la misère sociale qui s'insère dans notre pays a créé un marché, un marché des pauvres.

On voit tout un tas de magasins ouvrir où on vend aujourd'hui des produits encore plus néfastes que ceux qu'on voit sur votre plateau. Il y a des gens qui aimeraient bien avoir des œufs bios. Et aujourd'hui ils n'en ont pas les moyens. C'est une réalité quotidienne ds Français.

Je pense que les gens ne se posent pas vraiment la question de savoir ce qu'il y a dedans est bon ou pas. La préoccupation c'est de savoir s'ils pourront nourrir leurs gamins ou pas. »

recommandation militante - la séquestrationNaturellement, la présentatrice et la personne invitée expliquent alors au syndicaliste – qui visiblement n'y connaît rien et pratiquait de la pure démagogie – que les œufs bios ne sont pas chers.

Ce qui est vrai ! D'ailleurs, certains produits bios sont peu chers, tout comme une alimentation végétalienne coûte moins cher qu'une alimentation utilisant des produits d'origine animale. Mais voilà un aspect du capitalisme que le syndicalisme ne comprend pas, voulant simplement que les abattoirs augmentent les salaires !

Et s'il y a une partie de la population qui est absolument précarisée, Mickaël Wamen ne nous fera pas croire non plus que la classe ouvrière ne dispose pas encore – et heureusement – d'un certain budget lui permettant de disposer de télévisions écran plat, de bonnes casseroles, d'un bon ordinateur voire d'une console de jeu moderne avec le dernier FIFA.

Prétendre que la question de l'alimentation relève donc simplement d'une question financière est faux. La question est culturelle : la classe ouvrière est totalement imbriquée dans la culture capitaliste, dans l'idéologie de la consommation de ce que proposent les entreprises.

La classe ouvrière qui tolère McDonald's, Justin Bieber, Johnny Hallyday et la téléréalité n'est pas une classe ouvrière qui a conscience d'elle-même.

Ainsi, une alimentation relativement saine est possible si l'on évite la facilité permise par le capitalisme. Si les masses mangent au McDonald's, ce n'est pas parce que ce n'est pas cher (ce qui n'est d'ailleus pas le cas), c'est par faiblesse d'esprit, par acceptation de l'idéologie capitaliste. Le niveau de vie de la France n'est pas celui du Bangladesh et le discours du syndicaliste CGT est dénué de sens, car la misère en France est également sociale et culturelle.

D'ailleurs, toutes les masses ne vont pas au McDonald's, et n'y a-t-il pas des ouvriers qui font attention à leur santé, qui font du sport ? La position de Mickaël Wamen, en plus d'être démagogique, revient à gravement insulter les masses que de se dire qu'elles achètent n'importe quoi pour leurs enfants. C'est là insulter toutes les mères ouvrières qui veulent le meilleur pour leurs enfants.

En réalité, la classe ouvrière a arraché des moyens pour vivre et consommer, mais le fait en acceptant souvent les règles du capitalisme, voilà le cœur du problème.

Le syndicaliste CGT montre d'ailleurs qu'il a parfaitement intégré une démarche beauf en dénonçant, lors de la même émission, que la question de l'abolition du gavage des oies ait été une « actualité ».

C'est là encore une fois typique du syndicalisme et on comprend pourquoi mai 1968 et le gauchisme des années 1970 a dynamité le PCF, qui s'est opposé à mai 1968 tout comme à une réflexion sur la vie quotidienne. Que les gauchistes soient devenus des post-modernes petit-bourgeois est un fait, mais cela ne nie pas la nécessité du travail sur la vie quotidienne.

On ne lutte pas contre la bourgeoisie sans comprendre que les luttes de classes ne sont pas qu'économique, mais également culturel et idéologique. Sinon, la défaite est assurée ! Le syndicalisme, même radical ou « révolutionnaire », paralyse la classe ouvrière. Le post-modernisme petit-bourgeois est une fausse alternative.

Ce qu'il faut, c'est le matérialisme dialectique, qui explique que le foie gras et l'huile de palme sont des produits issus de la barbarie, que notre planète est une biosphère dont l'humanité est une composante, que la planification générale de l'humanité dans la République Socialiste mondiale est à l'ordre du jour !

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