31 Jan 2007

Brochure ANTIFASCISME - George Jackson

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Présentation

George Jackson (1941-1971) est un révolutionnaire afro-américain. Condamné à l’âge de 18 ans à 10 ans de prison pour avoir volé 70 dollars lors d’un braquage, il se politise en prison et devient l’un des principaux dirigeants historiques du Black Panther Party. Il fondera également l’organisation militante de prisonniers appelée « Black Guerilla Family. »

Les USA et le fascisme

Emprisonné, Jackson s’est politisé et a fait une relecture de sa vie et de l’existence de la communauté afro-américaine aux USA. Il constate que dominent aux USA des règles et des principes équivalant au fascisme. La fin de l’esclavage n’a fait que marquer un saut qualitatif dans l’oppression :

« si vous ne  trouvez  pas de  travail à  l’intérieur  du complexe industriel, le néo-esclavage actuel ne vous garantit plus le minimum de nourriture et de protection que vous apportait l’autre. Vous êtes libre, libre de crever de faim. Le sens, la signification de l’esclavage est dans le lien qui nous attache à notre salaire. Nous avons besoin de ce salaire ; sans lui, nous sommes condamnés à mourir de faim ou de froid. »

La communauté afro-américaine est donc comprise comme une colonie intérieure ; Jackson retrouve la ligne développée par l’Internationale Communiste à l’époque de Staline et qui fût  reprise par le Black Panther Party. Et pour lui le prolétariat des USA subit le fascisme, auquel il faut livrer bataille.

Les USA forment un impérialisme puissant, au fascisme organisé et sélectif, au fascisme mutant et opportuniste.

Le système capitaliste cherche à s’adapter, et le fascisme consiste précisément en l’adaptation, voilà pourquoi la seule stratégie possible est le conflit ouvert. Aucun compromis ne peut être possible avec un système qui récupère toute opposition, la paralyse, la neutralise, l’intègre. Jackson considère donc que le fascisme a pris une forme nouvelle, sélective.

« L’Etat industriel, l’Etat fasciste moderne, a découvert qu’il est capital de dissimuler l’opulence et la vie de loisir de sa classe dirigeante en offrant aux classes inférieures une sorte de marché aux puces qu’on appelle consommation de masse. »

Le pouvoir est centralisé, toutes les structures sont arrangées pour fournir l’illusion de la démocratie et assurer au capitalisme sa domination la plus complète. Les réformistes jouent un rôle essentiel: cooptés par le système, ils sont un rouage vital pour le système. Jackson constate que les USA sont :

« une société de masse qui n’est pas une société de masse; une société de masse faite par des autoritaires, dont les intérêts matériels à court terme sont parfaitement adaptés au développement du parfait État totalitaire et de son économie centralisée. »

Voilà pourquoi le fascisme ne peut être défini que dans la lutte pour la victoire du peuple sur lui :

« Jamais nous n’aurons une définition complète du fascisme, parce qu’il est en constante évolution, montrant un visage nouveau chaque fois qu’il doit affronter une série donnée de problèmes de menaces contre la prédominance de la classe dirigeante, traditionaliste et capitaliste. Mais s’il fallait à toute force, pour parler clair, le définir d’un mot assez simple pour être compris de tous, ce mot serait « réforme. » Si on lui ajoute l’adjectif «économique», la définition sera plus précise. « Réforme économique », voilà qui se rapproche beaucoup d’une définition admissible des forces motrices du fascisme. »

Une lame dans la gorge du fascisme

De par sa situation, la communauté afroaméricaine est en première ligne contre le fascisme ; le racisme ne vise justement qu’à empêcher la révolution par la peur de la communauté noire. Il faut donc que celle-ci assume son rôle et la tâche de l’avant-garde est de la guider dans cette tâche.

« Nous envoyons nos enfants dans des centres « culturels » dirigés par des hommes qui nous haïssent, qui haïssent la vérité. Il est clair qu’il vaudrait mieux qu’il n’y ait pas d’école. Brûlez-la, et toute la littérature fasciste, brûlez-la aussi. Les fascistes vont vous apprendre à intervertir le blanc et le noir - il y a de l’argent là-dessous. Brûlez tout ça. Sans la mission et les missionnaires, il n’y aurait pas de collaborateurs. Lisez le Petit Livre Rouge, c’est pour nous le seul moyen de redevenir nous-mêmes.

Brûlez tout cela, et donnez aux colonies de l’intérieur la caisse de dynamite de l’autodétermination, de l’anticolonialisme et de la pensée de Mao ! Noirs, Bruns, Blancs, tous nous sommes des victimes, il faut nous battre !

Au terme de cette lutte de masses, collective, naîtra un homme nouveau, il est l’avenir, le produit de l’évolution, il n’en sera que mieux équipé pour mener la véritable lutte, la lutte permanente post-révolutionnaire - celle qui instaurera des rapports nouveaux entre les êtres humains. »

George Jackson est devenu le théoricien le plus expressif de l’oppression vécue par la population afro-américaine ; nul autre que lui n’a parlé de manière plus profonde de la psychologie, de l’esprit des personnes opprimées aux USA. Justement pour cela, il met le principe de révolte au coeur du processus révolutionnaire, de révolte révolutionnaire. Jackson prône la continuité avec l’histoire du mouvement communiste né en Europe ; critiquant l’option « sexe - musique - drogues » d’une partie du mouvement contestataire, il lui oppose :

« Huey Newton et son idée de communes noires, établies au coeur des agglomérations populeuses de l’Etat ennemi. Cette idée admet la violence, autant qu’il en faudra pour faire aboutir les exigences du peuple et des travailleurs. Ces communes seront reliées par un parti d’avant-garde national et international, et unies aux autres sociétés révolutionnaires du monde (...). Chez les Noirs, les traits autoritaires sont surtout les effets du terrorisme et de l’absence de stimulation intellectuelle. La commune les rachètera. Pour l’heure, le travailleur noir se borne à choisir la stratégie de survie la moins dangereuse et compliquée. Toutes les classes et toutes les personnes sont sujettes au syndrome autoritaire. C’est une régression atavique vers l’instinct grégaire (...). Nous ne pouvons pas nous retirer des villes (...). Il faut forcer les fascistes à se retirer. Et sous la protection des fusils qui les forceront à partir, nous bâtirons les nouvelles communes noires. Une lame dans la gorge du fascisme. »

Une lame dans la gorge du fascisme: tel est la nature et le devoir de la communauté afroaméricaine dans le combat contre le fascisme «amérikkkain.»

Les grandes questions: