17 mai 2017

Les faiblesses politiques et idéologiques du Parti Communiste Français incapable de mener un Front Populaire en 2017

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le Parti Communiste français (PCF) n'est plus aujourd'hui que l'ombre de lui-même. Ses faiblesses apparaissent de manière flagrante lorsqu'on lit le Rapport au Conseil national du 11 mai 2017 proposé par le responsable des élections Pascal Savoldelli (lire ici) à propos de la situation politique suite aux élections présidentielles et en perspectives des élections législatives.

De manière générale, dans les grandes lignes, la situation politique en France et dans le monde est saisie. Comme-nous, le PCF a compris que la tendance est à la guerre et au fascisme, de par l’accentuation des contradictions inter-impérialistes. Il a compris que ce danger est porté en France surtout par Marine Le Pen et qu'il s'agit là de l'aspect principal.

Il est expliqué à propos de la situation mondiale que :

«le danger est immense pour les libertés et la paix dans le monde »

et que :

« cette vision à laquelle adhère le FN pour l'avenir de la France a de quoi sérieusement inquiéter. »

De manière juste, le PCF n'a donc pas hésité le 23 avril 2017 a appeler à voter pour Emmanuel Macron pour faire barrage à Marine Le Pen, et se félicite de sa défaite :

« A l’issue du 2nd tour du 7 mai dernier, nous sommes fiers d’avoir avoir oeuvré et contribué avec clarté et justesse à cette défaite »

Lien vers le dossier : Le Parti Communiste français

Ce que propose ce Rapport au Conseil national est en quelque sorte de poursuivre cette dynamique afin de constituer un nouveau Front Populaire en France, faisant du danger fasciste l'aspect principal, mais ne voulant pas pour autant laisser la main au seul Emmanuel Macron, libéral bourgeois.

C'est, grosso-modo, la même position que nous défendons ici, à ceci prêt que nous assumons pour notre part les mots de « Front Populaire » et que nous avons à terme un véritable projet communiste et pas seulement des propositions réformistes assez floues pour la « transformation sociale ».

Le PCF est incapable de formuler correctement la nécessité du Front Populaire, et donc d'agir convenablement. Les concepts sont mélangés, les éléments formulés grossièrement ; il n'y a pas d'idéologie communiste.

Le PCF ne parle ainsi pas des monopoles, ni même du mode de production capitaliste, mais seulement de l'« ultralibéralisme » (ce qui est d'ailleurs contradictoire car justement l'antifascisme a conduit à soutenir le libéralisme, incarné par Emmanuel Macron, contre le fascisme, qui s'oppose au libéralisme bourgeois).

Ces propos sont typiques de l’incapacité du PCF à utiliser des concepts communistes :

« nous pouvons sérieusement nous poser une question : sommes-nous en train d’assister à l’émergence d’un nouveau modèle intellectuel et politique pour un capitalisme atteint de plein fouet par une crise de confiance à l’égard d’une globalisation financière sans visage, piétinant les peuples et la nature, comme d’une démocratie corrompue et à bout de souffle ?

Ce modèle peut se définir comme une nouvelle forme de totalitarisme combinant globalisation financière et nationalisme identitaire, étatisme et concurrence sauvage, productivisme et obscurantisme culturel, intégrisme religieux, sexisme et haine de l’autre.

C’est un néo-populisme destiné à renouer les liens entre le capitalisme et les peuples afin de les maintenir dans une servitude volontaire à l’ordre inégalitaire. Il prolifère dans le monde en captant les pulsions identitaires et les replis sur soi générés par le déclassement social et la peur de l’autre. Le danger est immense pour les libertés et la paix dans le monde.

Front Populaire

Le fascisme a pourtant été décrit de manière très claire et précise par l'Internationale Communiste au XXe siècle et bien que les choses aient forcément évoluées, les similarités avec la situation des années 1930 sont immenses.

Il ne s'agit pas là que de choix sémantiques, mais bien idéologiques. Le terme « totalitarisme » est un concept réactionnaire utilisé au XXe siècle pour mettre sur le même plan fascisme et communisme. Le terme de fascisme est au contraire celui qui fait sens normalement pour les communistes pour décrire le danger actuel qui menace les libertés et la paix.

Le PCF, dans ce rapport, montre qu'il a compris la nature du danger en expliquant par exemple, comme reproche fait aux « abstentionnistes » et au flou entretenu par Jean-Luc Mélenchon, que :

« Faire le pari politicien d'une extrême-droite plus haute pour la conquête du pouvoir, c'était en effet favoriser une imposture sociale et donner de la force politique à un national-socialisme contemporain. »

Parler ici de « national-socialisme contemporain » mais refuser dans le reste du document d'assumer les concepts communistes au sujet du fascisme, c'est faire le choix de se placer en dehors de l'idéologie communiste.

Ce choix n'est bien sûr pas nouveau de la part du PCF qui a jeté par la fenêtre depuis bien longtemps toutes conceptions communistes véritables pour mettre en avant tantôt « l'autogestion », tantôt le « Programme commun de la gauche », etc.

Lien vers le dossier : Maurice Thorez

Seulement, le PCF n'existe encore aujourd'hui que parce qu’il préserve, coûte que coûte, une partie du prestige d’antan du Parti Communiste.

Cette contorsion ne saurait perdurer éternellement et, si le PCF est déjà depuis longtemps un mort-vivant sur le plan idéologique, il l'est de plus en plus sur le plan politique.

Après s'être mis à la remorque du Parti Socialiste pendant plusieurs dizaines d'années, le PCF est en passe d'être totalement liquidé par les différentes structures mis en place par Jean-Luc Mélenchon, ancien troskyste, puis proche de François Mitterrand au Parti Socialiste.

Le choix du soutien au candidat de la France Insoumise (FI) a été très coûteux pour le PCF, comme nous l'avions expliqué ici ou .

A l'issue de ces élections présidentielles 2017, le PCF se retrouve en très mauvaise posture en prévisions des élections législatives (l'enjeu étant immense sur le plan financier). La France Insoumise a voulu intégrer les candidats PCF à sa propre structure en obligeant la signature de la plate-forme du rassemblement.

Cela est bien sûr inacceptable pour le PCF, qui a refuser pour ne pas signer son arrêt de mort.

Les critiques adressées dans ce Rapport au Conseil national à la structure de Jean-Luc Mélenchon sont tout à fait pertinentes :

« Sur le plan de l’orientation politique, FI revendique son refus de toute référence à la gauche, préférant à cette notion politique historiquement structurante, la notion exclusive et sublimée de « peuple ». FI se revendique ostensiblement de l'essentialisme du peuple en omettant les rapports de classe.

La nature et le fonctionnement particulier de FI a été une difficulté qui s’est ajoutée aux difficultés politiques de fond que nous avons eu avec eux sur la question des législatives. »

D'ailleurs, de manière fort juste, Jean-Luc Mélenchon est mis sur le même plan qu'Emmanuel Macron et Marine Le Pen quand à la nature anti-démocratique et anti-politique de leurs structures électorales :

« Sur fond d'une véritable crise institutionnelle et démocratique, les différentes forces ont joué du discrédit des partis politiques, pour s'employer à effacer le clivage gauche/droite, et ce dans l'objectif de recomposer le paysage politique sans perspective progressiste. Car enfin, il ne faut pas confondre l'affaiblissement des partis dits « traditionnels » et l'effacement du clivage gauche/droite entretenu par Macron, Le Pen et malheureusement par Mélenchon. »

Ou encore :

« Comme pour En Marche, la FI s’est constituée autour d’une plate-forme internet basée sur la transposition au domaine des campagnes électorales des techniques marketings de « Gestion de la relation client » qui transforme le client en promoteur et militant de la marque. C’est autour de ce type de plateforme que ce sont construites les campagnes d’Obama, Trump, Sander, et d’autres. Si ce sont des outils centralisés de mobilisations militantes et de campagne extrêmement efficaces et pertinents, ils ne règlent ni la pérennité, ni la vie démocratique d’une organisation. »

Seulement, que reste-il au PCF pour critiquer cela ? Le PCF pense pouvoir se sauver en s'imaginant le gardien du temple, en étant la « véritable » structure politique de gauche, en incarnant l'idéologie. Mais cela ne tiens pas quand, après avoir critiquer l’omission des « rapports de classes », il est expliqué que :

« Si le système politique actuel est interrogé, bousculé et interpellé, la démocratie n’en n’est pas moins menacée à travers la montée du populisme, dans un moment où devient insoutenable la domination et l'accaparement par les 1% des plus riches des richesses produites par les 99 autres. »

Ou plus loin :

« Dépasser le populisme en mettant au coeur l’affrontement de classe entre les 1% et les 99%. »

Cette « théorie » des 1 %, issue de la petite-bourgeoisie américaine, n'a évidemment rien à voir avec la conception communiste de la division de la société en classes et ne vaut pas mieux que les conceptions de la France Insoumise. Le PCF n'a plus rien a apporter. Il ne peut que constater impuissant la possibilité, selon lui, d'un Front Populaire aux élections législatives 2017, sans être en mesure de l'impulser, ni même de le formuler convenablement :

« Ainsi, dans 212 circonscriptions, si elles étaient rassemblées, la totalité des voix de gauche et écologistes qui se sont portées le 23 avril sur les candidatures de JL Mélenchon, B. Hamon et des candidats d’extrême gauche pourrait arriver en tête aux législatives devant la droite, En marche et le FN. N'en déplaise à nos détracteurs, la possibilité existe donc aujourd’hui, de porter à l’Assemblée nationale une force nouvelle composée de ce que la gauche compte de meilleur, en s’appuyant sur une plate-forme commune, sociale, écologiste et démocratique. »

Lien vers le portail "Front populaire, Démocratie populaire"Mais pour que le Front Populaire soit possible, il ne suffit pas de « bonnes volontés » de gauche contre la Loi Travail. Il faut à la base une structure avec une idéologie forte et puissante, communiste, capable d’entraîner les masses, d'appuyer leur unité et de briser l'opportunisme politique des autres structures pour obliger au rassemblement.

Il faut aussi une culture qui soit conforme à l'époque, aux exigences des masses et de la réalité matérielle elle-même. Dans notre critique du révisionnisme, nous considérons que le PCF a failli en France notamment en raison de ses faiblesses sur le plan culturel.

Cela apparaît de manière flagrante à notre époque avec la question écologique. En particulier, en refusant depuis de nombreuse années de critiquer le nucléaire, le PCF se fait aujourd'hui torpiller facilement par Jean-Luc Mélenchon qui se prétend plus moderne, plus « vert », moins sectaire, etc.

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