26 avr 2012

Résultats des élections présidentielles: la marche du fascisme au pouvoir

Submitted by Anonyme (non vérifié)

 L'analyse des résultats du premier tour des élections présidentielles ce 21 Avril 2012 valide nombre des analyses que nous avons faites ces dernières années. Elle les valide même toutes, pour tout dire. Comme nous le disions dans notre édito du 25 Avril : "Et si le statut de Cassandre – qui explique l'avenir, mais que personne ne croit – a pu être le nôtre, désormais c'est une nouvelle phase historique qui s'ouvre, à laquelle nous appartenons de plein droit."

 

1) Une influence historique du fascisme sur les masses populaires

Car oui, ces élections sont le signe d'un saut qualitatif important dans la montée du fascisme vers le pouvoir. Un saut car une part importante de la bourgeoisie soutient aujourd'hui de manière directe ou indirecte le Front National. Mais un saut surtout car pour la première fois dans l'Histoire de la classe ouvrière de France, c'est un mouvement fasciste qui y est majoritaire. Pour la première fois, le fascisme est en train de ravir l'hégémonie culturelle dans le prolétariat aux courants progressistes.

Marine Le Pen obtient ses meilleurs résultats dans le nord, l'est et le sud-estPour la première fois dans une des grandes puissances impérialistes, le fascisme est en passe de gagner massivement la classe ouvrière à sa cause. Même en Allemagne nazie cela n'avait pas été le cas ; encore en 1940, les nazis avaient du mal à pénétrer dans les quartiers ouvriers de Berlin tant ils leur étaient hostiles.

De fait, nous sommes à la croisée des chemins. Le fascisme français est en train de réussir la synthèse qu'il n'avait jamais réussi à faire. En face de cela, l'extrême-gauche vit sa défaite historique la plus majeure. En fait de gauche, il ne reste plus que la social-démocratie qui ait encore de l'influence au sein des masses. Et encore celle-ci n'étant plus qu'un ersatz de social-démocratie ayant déjà jeté toutes ses traditions progressistes issues du mouvement ouvrier.

Les anarchistes et les trotskystes nous opposerons que les élections bourgeoises ne sont qu'un jeu réglementant des rapports de force entre bourgeois. Mais justement, elles sont importantes à cause de cela car elles donnent un éclairage sur l'influence de chacune des fractions de la bourgeoisie au sein des masses.

 

Contrairement aux théories anarcho-trotskystes, la bourgeoisie n'est pas un bloc monolithique. Elle est parcourue de contradictions provenant de positions différentes dans l'appareil de production ; comme nous l'avons montré de manière fouillée dans ce document de 2007 : La bataille pour le pouvoir en France entre les bourgeoisies industrielle et financière.

Les élections et leurs résultats ont donc un sens important pour comprendre cela car elles sont un moment essentiel où se dévoilent les stratégies de ces différentes fractions et leur influence culturelle au sein des masses.

Les élections présidentielles sont d'autant plus importantes en France du fait de la structure de la 5è République comme nous l'expliquions dans le texte Ce qu'est le gaullisme. Elles sont le coeur politique de la démocratie bourgeoise française.

la gauche a une implantation totalement symétrique à celle de Marine Le Pen

Le fascisme et la social-démocratie sont les grands vainqueurs de ces élections. Ce sont les forces principales qui structurent aujourd'hui la société française et plus particulièrement qui influencent les masses populaires de France.

Avec un score de, 17,9 % des voix et presque 6,5 millions d'électeurs, Marine Le Pen arrive à un niveau jamais atteint par un mouvement fasciste en France. Et ce d'autant plus au vu de ses zones d'influence.

De l'autre côté, le Parti Socialiste a complètement éliminé des masses toutes les autres forces de la gauche et l'extrême-gauche. Malgré le cinéma de Jean-Luc Mélenchon et des deux candidats trotskystes, plus rien n'existe aujourd'hui à gauche qui ne soit dans l'orbite du Parti Socialiste.

Que nous apprennent donc ces élections sur la composition sociale de la France et les tendances politiques qui la traversent ?

2) Recomposition géographique des rapports de force

Historiquement, les régions industrielles du Nord, de l'Est et du Sud-Est de la France étaient des bastions du P"C"F et de la social-démocratie. Les régions rurales de l'Ouest étaient, elles, des zones largement influencées par le catholicisme et donc des zones d'implantation très fortes des chrétiens-démocrates mais aussi des socialistes. Les zones rurales partiellement industrialisées du centre de la France étaient elles des bastions de la gauche républicaine puis du P"C"F. La droite, enfin, tenait son implantation majeure dans les centres des villes grandes, moyennes et petites, avec une influence importante dans certaines régions comme l'Alsace ou la Corse.

comparatif des résultats de françois hollande et marine le pen. les cartes sont pratiquement symétriqueAujourd'hui, les rapports de force ont changé considérablement comme on le voit sur l'infographie représentant la répartition du vote pour Marine Le Pen. Elle obtient tous ses meilleurs résultats justement dans les grands bastions industriels du Nord, de l'Est et du Sud-Est de le France. En fait, elle obtient ses meilleurs scores dans les régions dominées auparavant par les révisionnistes du P"C"F. Ce qui valide la thèse maoiste comme quoi le révisionnisme, en retournant le marxisme en son contraire, est un complice objectif du fascisme.

La social-démocratie, garde elle ses positions dominantes historiques de l'Ouest et du Centre et gagne le centre des grandes-villes. Cette victoire dans le centre des villes est due à leur conquête progressive par la petite-bourgeoisie intellectuelle et artistique et les cadres des grandes entreprises et du service public qui cherchent la modernité en même temps que le contact avec la haute-bourgeoisie et les sphères du pouvoir. Les masses quant à elles se sont retrouvées poussées en dehors des villes et de leur périphérie immédiate. Précisément là où monte le vote Front National.

Il est intéressant de comparer les votes pour François Hollande et ceux pour Marine Le Pen. Comme on le voit sur l'infographie comparant la répartition des votes, ils sont pratiquement symétriques. Là où la social-démocratie est la plus influente, c'est là où le fascisme l'est le moins et vice versa. Cette polarisation montre bien que ce sont les deux seules forces sociales réelles qui existent aujourd'hui en France.

Qu'est-ce que cela dit de la classe ouvrière ?

3) La classe ouvrière massée et les zones péri-urbaines

Tout d'abord, géographiquement, la classe ouvrière s'est déplacée. Elle a fuit de plus en plus loin des centres des villes et des ghettos périphériques invivables. A partir du milieu des années 70, les usines ont disparu des centres des grandes villes, dédiées à la consommation et aux services, pour se déplacer de plus en plus loin en périphérie. Les ouvriers ont suivi le mouvement en déménageant dans les zones péri-urbaines proches de ces nouvelles zones industrielles.

profil des abstentionnistes. les jeunes et les ouvriers s'abstiennent plus mais très fortes participation

Les prolétaires, en allant habiter dans ces zones péri-urbaines, cherchaient à se rapprocher de la Nature, à avoir un mode de vie plus confortable. En fait de cela, la classe ouvrière a cru au mirage de la consommation et de la petite propriété capitaliste et se retrouve coincée.

Entre les crédits à la consommation et pour la propriété, la généralisation de la voiture la classe ouvrière s'est attachée pieds et poings liés au capitalisme.

En fait de Nature, ces zones sont des espaces absolument artificiels. Ni vraiment campagne, ni vraiment ville, elles vivent sous le règne de la voiture, du pavillon personnel et de l'ennui. Elles comptent bien évidemment de petites-cités HLM pour les ouvriers les plus précaires.

Nous avons analysé en profondeur cet question de l'étalement urbain dans le texte Le socialisme contre l'étalement urbain. Et bien évidemment, à part nous à l'extrême-gauche personne ne l'a fait... alors que les fascistes et des intellectuels fascisants comme Eric Zemmour ou le géographe chevénementiste Christophe Guilluy avaient bien compris l'importance de ce phénomène.

Les chiffres de la participation aux élections sont révélateurs de cet enchaînement au capitalisme de la classe ouvrière. Bien loin de la rupture fantasmée par les anarchistes, les masses ne voient aucune porte de sortie hors des institutions de la bourgeoisie.

En effet, malgré les vacances scolaires, les masses ont massivement participé à ces élections. Y compris la classe ouvrière dont 72% sont allés voter.

La classe ouvrière, désarmée de toutes ses structures autonomes par le révisionnisme et la social-démocratie, est totalement désorientée idéologiquement et désorganisée. Il est donc logique que plutôt que de suivre les illusionnistes de l'extrême-gauche petite-bourgeoise, elle préfère faire confiance aux institutions bourgeoises. Et il est encore plus logique qu'elle cherche son salut auprès de la social-démocratie ou du fascisme, qui sont les seules forces à apparaître comme pouvant prendre le pouvoir.

Or que voit-on au niveau des résultats électoraux de Marine Le Pen dans ces zones ?

4) Les zones péri-urbaines : des no man's land politiques ouverts au fascisme

C'est précisément dans ces zones que Marine Le Pen obtient ses meilleurs scores et qu'elle progresse le plus. En passant, l'infographie présentant les votes en fonction de la distance au centre-ville confirme bien que la social-démocratie et le fascisme ont des zones d'influences diamétralement opposées.

évolution des votes le pen, hollande et sarkozy en fonction de l'éloignement des centres-villes. Sarkozy stable, Le pen plus forte dans la zone péri-urbaine et hollande dans les centres villes et les campagnes

La zone d'influence principale du fascisme est donc la zone allant de 15 à 80km autour des centres des grandes villes. C'est-à-dire que le fascisme évolue dans une dynamique d'encerclement du centre par la périphérie. Ce qui est exactement la stratégie qui mène au pouvoir.

Ces zones sont des sortes de déserts politiques. L'extrême-gauche petite-bourgeoise a totalement refusé la ligne de masse avancée par les maoistes dans les années 70 et a concentré son action sur les centres des villes puis a tenté mollement, en faisant preuve de populisme, d'investir les zones immédiatement périphériques des grandes villes.

L'extrême-gauche, en suivant les tactiques du trotskysme et de l'anarcho-syndicalisme, s'est donc retrouvée totalement à l'extérieur de la classe ouvrière. Le P"C"F révisionniste quant à lui est devenu un parti de notables qui se contentent de sauvegarder leurs places. Il n'a donc jamais essayé de sortir de ses zones d'influences traditionnelles.

Ainsi, il n'y avait pas de verrous, pas de concurrents à la pénétration culturelle du fascisme dans les masses vivant dans les espaces péri-urbains.

Ces masses désorientées idéologiquement, vivant dans des no-man's land culturels sont celles qui subissent le plus la crise. Vivant dans un environnement totalement anti-naturel et privé de la culture des centres-villes, les masses des zones péri-urbaines sont en attente de changement, en quête d'idéal. Il n'est pas étonnant que ce soit dans ces mêmes zones que se développent le plus rapidement les courants religieux néo-mystiques comme les évangélistes, les témoins de Jehovah, les loubavitchs, les salafistes, etc...

5) Le fascisme encercle les villes et gagne la classe ouvrière

Il est possible de généraliser les enseignements tirés de l'analyse du comportement électoral en Picardie à toutes les zones industrialisées de France. Y compris en Ile-de-France et sa périphérie, malgré un vote moins fort pour le Front National, ses meilleurs scores se situent dans les zones péri-urbaines (pour plus de détail sur l'Ile-de-France nous vous renvoyons à cette très interessante analyse faite par un groupe local antifa). Et y compris dans ces zones-là, c'est dans les petites villes dortoirs que Marine Le Pen obtient ses meilleurs résultats.

Par exemple dans le Val d'Oise, alors que Marine Le Pen fait un score général de 15,6%, elle obtient à peine 10% à Sarcelles alors qu'elle fait 26% à Survilliers. De manière diamétrale, François Hollande obtient 44% à Sarcelles et 26% à Survilliers

répartition des votes en fonction des âges et catégories socialesTous les anciens bastions industriels du P"C"F ont été retournés. On pense évidemment au bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, mais il en va de même des bassins sidérurgiques de l'Est, ou des bassins industriels du Sud de la France. Ainsi Marine Le Pen arrive en tête à Martigues sur l'étang de Berre avec 24,4% des voix.

Dans le bassin minier, en mettant de côté Hénin-Beaumont qui est devenu un symbole pour le Front National, on voit aussi que Marine le Pen fait ses meilleurs scores dans les petites villes et François Hollande dans les grosses.

Elle fait par exemple 32,8% Billy-Montigny et François Hollande 24,2% ; alors qu'à Lens elle obtient 26,8% et François Hollande 34,9%.Et même dans les grosses villes, Marine Le Pen l'emporte dans les quartiers les plus populaires.

En fait, cette progression du fascisme se voit dans toutes les zones anciennement sous l'influence du P"C"F. Même dans l'Allier, pourtant considéré jusque là comme le département "le plus à gauche de France", Marine Le Pen fait 18,32% des voix et arrivent largement devant Jean-Luc Mélenchon qui fait 13,4%.

On le voit, la dissémination du fascisme est profonde. Il s'implante dans les entrailles des masses de France en gagnant d'abord les périphéries puis en s'avançant vers les centres dans une marche effrénée vers le pouvoir. Et pour cela, il est train de conquérir très profondément le coeur de la classe ouvrière.

6) le fascisme un mouvement en spirale ascendante

Car il s'agit bien là d'une marche continue vers le pouvoir et pas de nouveaux rapports de force allant vers la stabilisation. La social-démocratie ne sera qu'une étape et ne va pas résister bien longtemps face à la montée du fascisme. D'autant plus qu'elle même est déjà largement contaminée idéologiquement par le fascisme comme nous l'avons montré.

La social-démocratie, loin d'être une alliée des antifascistes sincères sera un allié objectif du fascisme, préparant son arrivée au pouvoir sous prétexte de lutter contre lui et brisant les illusions que les masses portent encore en elle.

Le fascisme est un mouvement, une dynamique. Il n'existe pas en tant que part constituée de la société. C'est un appendice de la bourgeoisie impérialiste afin de décréter la mobilisation générale derrière son projet barbare de conquête.

 

Il est très clair que nous sommes face à un mouvement ascendant généralisé du fascisme. En effet, même là où Marine Le Pen enregistre des scores plus bas que son résultat national, elle progresse. Et c'est même là qu'elle progresse le plus !

Le Front National double quasiment son score en Bretagne passant de 7,18% en 2007 à 13,24%. Pareil en Aquitaine où elle fait 15,5% contre 8,65% en 2007 pour son père.

Cette dynamique se retrouve d'ailleurs renforcée par l'aspect "choc" du résultat de ce 22 Avril. Alors qu'un tel niveau de voix pour le Front National était aisément prévisible, les instituts de sondage l'ont systématiquement sous-évalués lors des derniers mois de la campagne présidentielle. Cela a créé artificiellement un effet de surprise qui renforce la dynamique générale du fascisme.

7) le fascisme à l'assaut des forces vives

Enfin, le dernier aspect qui montre l'étendue de la catastrophe, est l'importance du vote des jeunes. Marine Le Pen réalise ses meilleures scores dans les catégories jeunes et arrivent même deuxième chez les personnes ayant entre 25 et 34 ans.

Ce sont les forces vives des masses de France qui ont le plus voté pour Marine Le Pen, celles qui peuvent se mobiliser et se soulever. C'est la jeunesse qui fait se mouvoir une société. C'est elle qui réclame le changement, qui est prête à soulever des montagnes et à se battre. C'est pour cela que la jeunesse a toujours plus ou moins penchée à gauche, voire à l'extrême-gauche.

Et c'est très exactement pour cela que le fascisme a depuis plusieurs années adopté une stratégie très poussée en sa direction.

En effet, les fascistes ont, bien avant les partis bourgeois traditionnels et encore plus avant l'extrême-gauche (qui ne l'a toujours pas vraiment compris), saisi l'importance d'internet dans la diffusion d'idées au sein de la jeunesse et des masses. Ils se sont consciemment servis de cette tribune peu réglementée pour diffuser leurs idées et augmenter leur influence.

Ils l'ont fait en créant des sites ultra-modernes, investissant les plateformes de blogs, les réseaux sociaux, en publiant des milliers de vidéos, d'images. Cela leur a permis de contourner les interdictions légales de diffuser certaines de leurs thématiques et la difficulté qu'ils avaient à intervenir publiquement.

Ils ont aussi adopté une stratégie offensive de noyautage des forums de jeunesse comme le forum jeuxvidéos.com par exemple, les forums et les commentaires des grands journaux ou chaînes de télévision, les forums populaires comme doctissimo, etc... Ils sont tellement développés sur internet qu'ils peuvent aller noyauter y compris les sites de gauche, des forums de logiciels libres, des forums de sports ou de cuisine.

C'est une stratégie élaborée qui se base sur deux axes théorisés par les intellectuels fascistes français que son Alain de Benoist et Jean-Yves Le Gallou : la métapolitique et la réinformation. D'un côté, il est considéré que toute victoire politique est précédée d'une victoire culturelle (ce qui est repris de Gramsci en déformé) et deuxièmement qu'il faut non pas avoir l'air de faire de la propagande, mais de "nourrir" le débat démocratique pour créer une vision du monde.

Quand on voit l'attitude complètement décalée - et pour tout dire réactionnaire - de l'extrême-gauche qui considère qu'internet "ce n'est pas la vraie vie" ou qui nous traite de "cyber-militants" parce-que nous avons un site internet bien fait ; on comprend que les fascistes y ait trouvé un espace libre pour intervenir, de la même manière qu'ils en ont trouvé un dans les espaces péri-urbains. Précisément là où se trouvaient les masses populaires et la jeunesse.

Comme on le voit, le fascisme est en train d'emporter la jeunesse et la classe ouvrière. C'est-à-dire qu'il est en train de gagner les deux forces qui peuvent faire se mouvoir la société. Mais pourquoi cela ?

8) Les raisons de cette situation

Tout d'abord, le fascisme est poussé par des courants puissants de la bourgeoisie. Des courants qui étaient jusqu'ici obligés au compromis avec les autres fractions de la bourgeoisie. Mais qui, du fait de la crise voient leurs possibilités de développement ouvertes comme jamais.

En effet, le consensus impérialiste qui existait depuis la chute de l'URSS social-impérialiste est en train de craquer. Les impérialismes français, allemand, anglais et italien qui devaient vivre dans l'ombre de l'impérialisme américain peuvent enfin penser voler de leurs propres ailes et entrer en conflit ouvert avec ce dernier depuis qu'il a été considérablement affaibli par la crise.

Pour cela, ils doivent prendre le pouvoir direct sur leurs états et mobiliser au plus les masses pour leurs propres intérêts. C'est là le rôle du fascisme.

Mais cela seul n'explique pas l'influence historique que le fascisme est en train d'acquérir sur les masses populaires en France. Comme nous l'avons dit, historiquement, le fascisme n'a jamais réussi à obtenir cela en France ou en Allemagne du fait de l'opposition du mouvement ouvrier.

Se borner, comme le font la plupart des organisations de gauche et d'extrême-gauche à ne voir dans la montée sans précédent du Front National qu'une conséquence de la démagogie raciste de Nicolas Sarkzoy et de l'UMP est non seulement absurde et totalement anti-marxiste, mais fait preuve d'un mépris réel pour les masses.

Si une partie importante des masses populaires et particulièrement de la classe ouvrière pousse en avant Marine Le Pen, et donc le fascisme, c'est qu'elle répond d'une manière ou d'une autre à leurs besoins et leurs préoccupations. C'est d'ailleurs ce que montre très bien un sondage d'après-élection où 67% des personnes ayant voté Marine Le Pen disaient l'avoir fait car "elle répond à (leurs) préoccupations".

Les masses et la jeunesse veulent le changement, elles veulent la révolution. C'est une loi, un fait objectif. Cela fait partie de leur essence même!

Elles ne supportent plus la fausse vie des espaces dénaturés et déculturés péri-urbains ; elles ne supportent plus non plus la vie insupportable , stressante et polluée des centres des grandes-villes.

Elles ne veulent plus du règne de la marchandise. Elles ne sont pas comme Philippe Poutou qui répondait quand une journaliste lui faisait remarquer qu'il ne critiquait plus la société de consommation : "Mais justement on veut consommer, nous!". Elles sont à mille lieues du syndicalo-réformisme.

Les masses réclament du sens dans un monde qui leur paraît aberrant. Elles veulent de la culture, un mode de vie, une vision du monde. Aujourd'hui que l'extrême-gauche a sombré corps et biens dans le syndicalisme, il n'y a plus guère que la religion qui paraît leur offrir ça ... et le fascisme !

Pressées par la crise, les masses voient leur monde s'écrouler inexorablement. Elles savent qu'elles doivent se mettre en mouvement. Elles réclament à cors et à cris le changement mais elles sont totalement liées au capitalisme par leur vie quotidienne.

Les masses réclament la justice face à la barbarie de la guerre du tous contre tous qui se généralise dans le capitalisme en crise. Par exemple, à Bellegarde dans le Gard où la petite Océane avait été massacré par un jeune homme désocialisé sous l'emprise de l'alcool, Marine Le Pen fait 35% quand Jean-Marie Le Pen faisait 19,8% ; ou encore à Germingy-L'Evêque où avait eu lieu le supplice du petit Bastien, elle passe de 11,4% à 20,7%.

Redisons-le encore une fois : nous sommes à un moment historique! Ces élections montrent le saut qualitatif effectué par le fascisme. Il marche résolument vers le pouvoir et sera épaulé par la social-démocratie et les désillusions qu'elle entraînera.

La pression sur la société exercée par le fascisme ne va cesser d'augmenter dans les mois et les années à venir. Si l'ambiance reste encore soft en France aujourd'hui, cela ne va pas le rester. Les signes de craquement ne cessent de se faire sentir, comme nous l'avions dit lors de l'attentat nazi de Mohamed Merah. Le fascisme a clairement compris que le pouvoir était à portée de main et va accélérer la cadence.

Toute personne antifasciste, toute personne authentiquement progressiste et même toute personne démocratique doit aujourd'hui prendre conscience de l'ampleur de la menace. Il faut assumer l'échec historique de l'extrême-gauche, assumer que le France est en train de s'enfoncer dans la nuit de la barbarie. La situation ne reviendra pas "à la normale", le chemin tracé pour l'avenir est limpide : la marche au pouvoir du fascisme et la généralisation de la crise.

C'est en assumant la nuit que l'on peut trouver la voie de l'aurore. Et c'est ce que seul a fait le PCMLM.

Pour contrer le fascisme, il faut une analyse juste et en profondeur de la société française. Et cela seul le PCMLM l'a. Pour contrer le fascisme, il faut une stratégie civilisationnelle globale. Et cela seul le PCMLM l'a.

Lève le drapeau de la Civilisation ! Rejoins le Parti de la Culture et de la Science, le Parti du Socialisme ! Rejoins le PCMLM !

bloc antifa communiste suisse

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