20 avr 2012

Hollande, Mélenchon : les sociaux-démocrates frères jumeaux du fascisme

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Le comportement des deux candidats sociaux-démocrates - François Hollande et Jean-Luc Mélenchon- , les lignes politiques qu'ils ont mis en avant durant la campagne précédent le premier tour des élections présidentielles illustrent parfaitement le concept bolchevik comme quoi la social-démocratie et le fascisme sont des frères jumeaux. 

Cette expression avait été utilisé par Staline en 1924 pour caractériser le lien objectif unissant la politique social-démocrate et la montée du fascisme. Il expliquait :

 

Le fascisme est une organisation de combat de la bourgeoisie qui s'appuie sur le soutien actif de la social-démocratie. La social-démocratie est objectivement l'aile modérée du fascisme. Il n'y a aucune raison de supposer que l'organisation de combat de la bourgeoisie puisse obtenir des succès décisifs dans les batailles, ou dans la gestion du pays, sans le soutien actif de la social-démocratie. Ces organisations ne se nient pas, mais se complètent mutuellement. Ils ne sont pas aux antipodes, ils sont des jumeaux.

Joseph Staline, Sur les questions Internationales

 

Est-ce que cela veut dire que la social-démocratie et le fascisme sont la même chose, que leurs militants et leurs politiques se valent ? Non ça ne veut pas dire cela.

 

Cela veut dire que la social-démocratie est une puissance sociale dans la société capitaliste sans laquelle rien ne peut se passer. C'est une force centrale car elle encadre la classe ouvrière pour la mettre au service du capitalisme. Elle l'est, car elle détourne la puissance de la seule vraie force sociale de notre époque, celle du prolétariat. Car tout procède des masses. Ce sont elles qui produisent le monde, ce sont elles qui font l'histoire. 

 

La social-démocratie est une force d'encadrement de la classe ouvrière issue des rangs même de la classe ouvrière. Une force qui a révisé le marxisme et rejeté le principe de dictature du prolétariat. Mais la social-démocratie entraîne avec elle une forte proportion des masses et particulièrement en France, un des bastions historiques du Socialisme.

 

La social-démocratie, c'est le dévoiement du Socialisme pour le transformer en force contre-révolutionnaire de fait.

 

Ce qu'expliquait Staline, c'est que si le fascisme est possible, s'il peut prendre le pouvoir, mobiliser une partie des masses pour les plans de conquête de la bourgeoisie impérialiste, ce ne peut être qu'avec le soutien objectif, actif de la social-démocratie qui aujourd'hui recueille la majorité de la puissance organisée du prolétariat

 

Cela est un fait historique. Si la première guerre mondiale impérialiste a pu se dérouler c'est grâce au soutien actif des partis sociaux-démocrates de chaque pays à la politique d'Union Nationale. Ils ont tous, à l'exception du Parti Bolchevik de Lénine, jeté par-dessus bord l'Internationalisme prolétarien et soutenu l'effort de guerre de leurs pays respectifs. De la même manière, dans les années 1920, 1930, partout où la social-démocratie a empêché l'union à la base des forces prolétariennes dans un Front Populaire, le fascisme l'a emporté.

 

Qu'est-ce que cela veut dire dans la France de 2012 ?

 

Cela veut dire que si le fascisme peut progresser culturellement et politiquement comme il le fait, c'est avec le soutien, avec l'apport de la social-démocratie. 

 

La crise du système capitaliste s'intensifiant, l'impérialisme français cherche à reprendre son autonomie pour partir dans des plans agressifs de conquête. Mais sans soutien des masses françaises ou au moins sans leur neutralisation, cela n'est pas possible.

 

C'est là qu'intervient le fascisme : comme forme politique de la domination de la bourgeoisie impérialiste et comme moyen de mobilisation des masses pour ses plans de conquête. Mais c'est aussi là qu'intervient la social-démocratie comme force de neutralisation de la classe ouvrière et comme force d'appoint temporaire pour restructurer l'Etat bourgeois quand le fascisme n'est pas encore prêt à prendre le pouvoir

 

Ainsi, la social-démocratie distille le poison nationaliste, l'illusion d'un intérêt commun entre les objectifs de l'impérialisme et les besoins des masses populaires. Elle les distille, mais pas franchement comme les partis fascistes ou pré-fascistes ; elle les distille en les mélangeant au socialisme, au progressisme, voire même au marxisme. 

 

Bien qu'ils fassent mine de s'opposer au fascisme, d'être son ennemi, tant Jean-Luc Mélenchon que François Hollande ont durant toute cette campagne rivalisé de démagogie nationaliste, servant ainsi sa progression. 

 

Jean-Luc Mélenchon, qui a réussi une OPA sur le P"C"F révisionniste, prend une pose de social-démocrate radical. Adossé à la perspective sociale, à la culture progressiste, il avance sur une ligne social-chauvine. Que ce soit ses positions internationales, son analyse économique où il exalte l'idéalisme anti-"finance", ses projets de développement, à chaque fois derrière le projet progressiste se cache les intérêts de l'impérialisme français.

 

Encore une fois, lors de son meeting de clotûre de campagne à Paris, il a fait applaudir l'impérialisme français comme quelque-chose de positif. En l'enrobant dans  un projet progressiste de découverte de la biodiversité des mers et des océans, il a exalté la "puissance maritime" de la France "deuxième puissance mondiale sur les mers".

 

Mais cette puissance maritime, la France ne l'a que parcequ'elle est un impérialisme possédant encore un grand nombre de colonies réparties sur toute la surface de globe ! 

 

Dans le même esprit, il a renoué avec la tradition du P"C"F révisionniste d'associer le drapeau rouge et le drapeau de la République bourgeoise française, d'associer l'Internationale et la Marseillaise.

 

Du côté du Parti Socialiste, comme nous l'avons dit à ce moment-là, ce qui restait de forces authentiquement social-démocrates, ou tout du moins encore liées à la classe ouvrière et ses traditions, ont été écrasées lors de la primaire du mois de Septembre 2011.

 

En effet, François Hollande a réussi à faire l'union de toutes les forces périphériques au Parti Socialiste pour se faire élire : des sociaux-chauvins de Chévenement et Ségolène Royal aux idéalistes de Montebourg en passant par les néo-planistes. 

François Hollande a ainsi jeté toutes les traditions social-démocrates : finis les drapeaux rouges, finie l'Internationale, place au Bleu Blanc Rouge, à la Marseillaise et au nationalisme. Ces débauches de drapeaux bleu blanc rouge, qui effrayaient encore il y a quelques années la plupart des caciques socialistes quand c'était Ségolène Royal qui les faisait agiter dans une ambiance de ferveur ultra-chauvine, sont arborés avec fierté aujourd'hui. 

Mais cela n'est pas qu'une question de forme mise en avant sous pretexte de "ne pas laisser le drapeau français au Front National". François Hollande met en avant la même collusion entre les interêts de l'impérialisme française et les interêts des masses populaires que le fascisme. Et il le fait afin de se présenter comme la meilleure force capable de gérer l'Etat pour le compte de la bourgeoisie impérialiste.

 

Il a ainsi pu faire ces déclarations violemment nationalistes, aux antipodes de toute la tradition du mouvement ouvrier, au meeting de Vincennes le Samedi 15 Avril:

"Nous sommes des patriotes. Le drapeau français ne doit pas être aimé simplement dans les stades mais quand il flotte au fronton des écoles, au milieu des quartiers les plus pauvres et comme ici, partout sur le rassemblement que nous faisons. Oui, le drapeau quand il garde l’entrée de nos tribunaux où la justice de la République est rendue, à condition qu’elle soit indépendante. Et quand notre drapeau est associé à nos brevets, à nos médecins, à nos chercheurs, à nos prix Nobel mais aussi à nos ouvriers, à nos ingénieurs, à nos entreprises, oui, nous sommes fiers d’appartenir à la Nation. Et quand notre drapeau se mêle à celui de l’Europe, nous sommes conscients de notre devoir de Nation qui doit être aussi de conduire l’Europe face à son nouveau destin."

La France est une grande Nation, au génie si particulier. Je refuse l’idée qu’elle devrait devenir quelque chose d’autre, qu’elle se soumette, qu’elle ressemble à un modèle étranger. Nous n’avons pas à copier les autres, pour lesquels nous avons du respect et de la reconsidération. Nous n’avons pas à regarder de l’autre côté du Rhin ou de l’autre côté de l’Atlantique. Nous avons simplement à nous regarder nous-mêmes, à regarder notre histoire et à savoir que nous avons toujours été capables de surmonter nous-mêmes les épreuves. La France n'est pas un problème, elle est la solution. (…) Je serai le président d’une République qui sera plus forte que les marchés, d’une France qui sera plus puissante que la finance. 

 

Ces déclarations sont dignes de De Gaulle et de Le Pen. Dans le même esprit que le fascisme, il est fait de la Nation la solution aux souffrances des masses et de la finance l'ennemi commun des masses et de la Nation. Et pire, il est fait de la grandeur, de la puissance de la Nation française cette solution.

 

C'est bien d'un projet de conquête dont il est question ici. Ce projet de conquête a d'ailleurs été clairement réaffirmé lors du meeting de Lille du 17 Avril, en plein bastion historique du Socialisme et du mouvement ouvrier :

 

Moi, je ne veux pas d’une France sans usines, ni d’usines sans ouvriers. Je ne veux pas d’une France sans bureaux d’études, sans laboratoires de recherche. Je ne veux pas d’une France qui achèterait davantage de produits qu’elle n’en vendrait aux autres pays. Je ne veux pas d’une France dépendante, d’une France soumise ! Je ne veux pas non plus, dans la mondialisation, d’une France reléguée comme une puissance secondaire, spectatrice. Je n’accepte pas la perspective d’une France condamnée à assembler ce qui serait fabriqué à l’autre bout de la planète ! 

 

Nous avions déjà évoqué le fait que François Hollande utilisait comme Arnaud Montenbourg la dénonciation anticapitaliste romantique de la "finance". Dans le même mouvement, il a utilisé les mêmes mots pour mettre en avant les mêmes concepts que Marine Le Pen lors de son discours fasciste du Zénith. Ainsi il a déclaré à Lille que:

 

La crise est venue de cet oubli de l’économie réelle, de cette place disproportionnée des services, de la finance, de ce qui ne crée pas toujours la valeur nécessaire pour créer de l’emploi et de l’activité. 

Non, la crise ne provient d'un "oubli", ni d'une fausse économie "virtuelle" qui serait opposée à une "économie réelle". La crise, comme l'a démontré Karl Marx il ya plus de 150 ans, est consubstantielle au mode de production capitaliste. Elle est dûe à la surproduction de Capital, inévitable dans le mode de production capitaliste. Il n'y a pas de capitalisme sans crise !

 

Comme nous le voyons, même si les sociaux-démocrates semblent marquer des victoires lors de ses élections, c'est bien le fascisme qui est en train de se développer culturellement et politiquement. Et cela, les dirigeants sociaux-démocrates, loin de s'y opposer, l'accompagnent par leur démagogie chauvine, par l'abandon ou le travestissement de l'Internationalisme ouvrier. 

 

Refuser le matérialisme dialectique - aujourd'hui le marxisme-léninisme-maoïsme, c'est rejeter le socialisme, c'est aujourd'hui de manière immanquable servir le fascisme, propager ses illusions dans l'impérialisme et son anticapitalisme romantique.

 
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