Le socialisme contre l'étalement urbain
Submitted by Anonyme (non vérifié)1/ L'étalement urbain est un fléau propre au mode de production capitaliste.
« La ville doit périr dans les ruines du mode de production capitaliste, car la ville était une nécessité de la société capitaliste de marchandises. Ces nécessités disparaîtront, la ville elle même disparaîtra, en tant que leur produit. La ville est la forme, la condition des rapports sociaux de cette société là. »
Sovremenaia Arkitectura, revue soviétique d’architecture, 1929.
Pour le marxisme-léninisme-maoisme c'est une évidence, les villes doivent disparaître, l'Humanité doit reculer et adopter un nouveau rapport symbiotique avec la Biosphère.
Pour autant, la transition entre le mode capitaliste d'occupation du territoire que représente l'urbanisme et la forme communiste de vie avec la nature ne se fera pas du jour au lendemain.
L'Humanité va devoir passer par une étape intermédiaire entre la vieille société divisée en classes et le monde nouveau, le communisme. Tout l'enjeu de cette période de transition, la période du socialisme, sera de concilier harmonieusement le développement des forces productives avec les nécessités que posent les problèmes d'ordre écologique.
Ainsi seulement l'Humanité pourra dépasser les deux grandes contradictions du mode de production capitaliste - la contradiction entre le travail intellectuel et le travail manuel ainsi que la contradiction entre les villes et les campagnes - et amorcer un nouvel élan civilisationnel.
Et comme nous le rappelle Engels dans l'Anti-Düring:
« la suppression de la séparation de la ville et de la campagne n'est donc pas une utopie, même en tant qu'elle a pour condition la répartition la plus égale possible de la grande industrie à travers tout le pays. Certes, la civilisation nous a laissé, avec les grandes villes, un héritage qu'il faudra beaucoup de temps et de peine pour éliminer. Mais il faudra les éliminer et elles le seront, même si c'est un processus de longue durée. Quelles que soient les destinées réservées à l'Empire allemand de nation prussienne, Bismarck peut descendre au cercueil avec la fière conscience que son souhait le plus cher sera sûrement exaucé : le déclin des grandes villes. »
Mais justement, plutôt que de parler de villes au sens propre du terme, il convient plutôt de parler d'espaces urbains. Les villes en tant que concentrations culturelles et commerciales ne représentent plus grand chose en France. Il y a Paris ainsi que les centres de la vingtaine de plus grandes villes, qui ne regroupent finalement qu'une partie de la population urbaine, dont une minorité de prolétaires.
La majorité des prolétaires en France vit dans des zones qui ne sont pas de la campagne mais qui ne sont pas véritablement de la ville non plus. Elle sont disséminées partout sur le territoire et se ressemblent toutes. Ainsi, l'arrivée en automobile dans les grands centres urbains est partout similaire, avec la 4 voies, des grands centres commerciaux, des tours HLM ou des zones pavillonnaires, ainsi qu'une nature quasi-absente.
Ces espaces urbains sont concentrés autour ou entre des pôles concentrant des activités (pouvoir, culture) et répartis sur le territoire. Aujourd'hui ces zones n'en finissent plus de s’étaler et de détruire les espaces naturels ou semi-naturels.
Ce saccage cause des déséquilibres majeurs dans le fonctionnement de la Biosphère. D'abord au niveau des écosystèmes locaux, en les anéantissant purement et simplement. Mais c'est aussi le cas à l'échelle de la planète elle-même. Le développement des zones urbaines induit inévitablement le pillage des ressources de la Terre ainsi que des pollutions diverses, sources notamment de changements climatiques.
La croissance exponentielle de ces espaces urbains est récente, elle date de l'exode rural des années 60/70. Cet étalement urbain est lié à l'augmentation des constructions (logements et infrastructures) autour des (et entre les) villes-centres du fait de la croissance démographique, de la diminution du nombre de personnes par logement, de l'augmentation des surfaces d'habitation et de l'augmentation des résidences secondaires (pour le loisir ou pour le travail).
Mais l'augmentation du nombre de logements n'induit pas en lui même l'étalement urbain. C'est la forme bourgeoise d'organisation du territoire qui, quelques siècles après avoir généralisé les villes, produit maintenant une dé-densification du tissu urbain, à l’origine de son étalement.
Il convient donc de comprendre comment le mode de production capitaliste génère ses propres territoires et de saisir le rôle de l'urbanisme.
2/ La plus-value et l'étalement urbain
« Dans l'agriculture moderne, de même que dans l'industrie des villes, l'accroissement de productivité et le rendement supérieur du travail s'achètent au prix de la destruction et du tarissement de la force de travail. En outre, chaque progrès de l'agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l'art d'exploiter le travailleur, mais encore dans l'art de dépouiller le sol; chaque progrès dans l'art d'accroître sa fertilité pour un temps, un progrès dans la ruine de ses sources durables de fertilité. Plus un pays, les Etats-Unis du nord de l'Amérique, par exemple, se développe sur la base de la grande industrie, plus ce procès de destruction s'accomplit rapidement. La production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du procès de production sociale qu'en épuisant en même temps les deux sources d'où jaillit toute richesse : La terre et le travailleur. »
Karl Marx, Le Capital, L. I, Sc. IV, Ch. XV, X.
Depuis la moitié du XXème siècle, les villes ont grossi tout en se dé-densifiant, asséchant ainsi des zones de plus en plus importante de la planète. Cela est la conséquence du développement des forces productives, particulièrement en terme de transports. Le train (y compris le métro ou le tramway) a permis de créer les premières banlieues, au début du siècle dernier.
L’avènement de l'automobile les a ensuite généralisées, après la deuxième guerre mondiale.
On est en fait là au cœur de la contradiction du mode de production capitaliste (qui prouve au passage son caractère historiquement dépassé).
D'un coté le capitalisme a permis un développement massif et rapide des techniques, c'est l'aspect positif. C'est un progrès indéniable que de pouvoir se déplacer rapidement et confortablement entre différents lieux sur la planète. Le développement des moyens de transport est un outil indispensable dans la quête du bonheur par l'Humanité. Surtout que cela permet d'améliorer la sécurité, sur le plan médical par exemple avec les ambulances ou les hélicoptères.
Mais dans le même temps, le mode de production capitaliste se montre totalement incapable d'organiser rationnellement ce progrès. C'est l'aspect négatif. Et plus le capitalisme s'enfonce dans sa décadence, plus sa crise se généralise, plus cet aspect prend de l'importance.
Outre le fait que ce développement se fait au détriment du prolétariat, la bourgeoisie s'avère être totalement incapable de mettre le progrès au service de la civilisation. Dans le capitalisme, le développement des forces productives n'est possible qu'en charriant simultanément son lot de nuisances et de conséquences dramatiques.
En l’absence de planification, d'organisation rationnelle et harmonieuse de la vie collective, se sont les intérêts capitalistes privés qui commandent. Cela induit un cycle mécanique mortifère dont l'étalement urbain est la conséquence visible.
Et l'automobile apparaît ici comme l'incarnation matérielle de ce vieux mécanisme rouillé.
Bien que représentant aussi des avancées sur le plan technologique, l'industrie automobile est avant tout au cœur du processus d'accumulation du capital.
Tout les moments du cycle économique de l'industrie automobile - depuis l'industrie sidérurgique jusqu’à l’industrie du pétrole, depuis les usines d'assemblage jusqu'aux travaux publiques - forment un arsenal pour l'accaparation de la plus-value ouvrière par la bourgeoise.
Et l'aliénation des prolétaires vis à vis de leur voiture est une étape fondamentale de ce processus d'exploitation.
Et c'est à cause de ce qu'elle induit, de l'impact qu'elle a dans la vie quotidienne des masses et la manière qu'elle a de façonner le territoire, que l'industrie automobile représente un fléau à détruire !
A détruire rapidement car le cycle mécanique qu'elle engendre est mortelle.
1. L'augmentation du nombre d'automobiles entraîne une augmentation des infrastructures routières afin de fluidifier la circulation.
2. Mais cela permet également d'augmenter la vitesse de déplacement et permet donc l'installation encore plus loin autour de la ville.
3. Cela augmente donc le nombre de d'automobiles en circulation dans ces nouvelle zones.
4. Des nouvelles infrastructures sont donc créées, ce qui permet un étalement urbain encore plus important.
Ce cycle infernal se répète ainsi inlassablement depuis une cinquantaine d'années sur l'ensemble du territoire français.
Ces infrastructures permettent également un déplacement des lieux de production et de commerce sur des terrains moins cher et plus grands (les grandes usines péri-urbaines, les centres commerciaux, etc.) Ceci contribue à l'étalement urbain en permettant l'installation encore plus loin des villes-centres pour les prolétaire qui tentent de fuir la spéculation immobilière.
L’étalement urbain se propage d'autant plus que chaque commune limite sont taux de croissance à un certain seuil. Cela repousse l'urbanisation à chaque fois encore plus loin dans une nouvelle couronne autours de la (ou entre les) ville-centre(s).
Toute planification en matière d'urbanisme est de toute façon très difficile du fait du découpage du territoire en 36000 communes ayant chacune leurs propres prérogatives en matière d'occupation des sols. De plus, en terme de coûts de production ou de fiscalité, il est souvent plus intéressant pour les promoteurs de faire des maisons plutôt que de l'habitat collectif.
Mais il est aussi un autre facteur qui a une importance fondamentale dans ce processus. Il s'agit de l'aspiration petite-bourgeoise pour le logement individuel isolé. Cette aspiration pour ce type de logement est profondément ancrée dans les masses populaires de France, la majorité des familles souhaitant en être propriétaire. Environ 2/3 des français vivent aujourd'hui dans une maison individuelle.
Ce type d'habitat requière beaucoup d’espace et favorise donc l'étalement des villes. Et ce d'autant plus que la densité est perçue comme quelque chose de négatif par les masses qui tentent de fuir l'enfer urbain en cherchant le calme. Mais cette démarche est le fruit d'une représentation fantasmée et aliénée de la Nature. Elle se matérialise par la promotion du jardin privé individuel, qui témoigne d'une vision totalement anticommuniste de la nature. Anticommuniste car individualiste mais aussi car entendant soumettre la nature.
Dans tout les cas, même quand ils cherchent à le fuir, le schéma d'excroissance des espaces urbains s'impose à la vie des prolétaires. L'augmentation des prix et la pauvreté des offres de logements dans les villes-centres poussent inévitablement les masses populaires à s'installer toujours plus loin en banlieue, et les rendre dépendantes de l'automobile par la même occasion.
3/ La Commune Populaire marquera la fin de l'urbanisme !
La croissance démesurée des villes induit de fait une sur-production de pollutions, tant lumineuses que sonores ou toxiques.
Ou comme l'explique Karl Marx dans le Capital :
« Avec la prépondérance toujours croissante de la population des villes qu'elle agglomère dans de grands centres, la production capitaliste d'une part accumule la force motrice historique de la société; d'autre part elle détruit non seulement la santé physique des ouvriers urbains et la vie intellectuelle des travailleurs rustiques, mais trouble encore la circulation matérielle entre l'homme et la terre, en rendant de plus en plus difficile la restitution de ses éléments de fertilité, des ingrédients chimiques qui lui sont enlevés et usés sous forme d'aliments, de vêtements, etc. »
Et aujourd'hui, l'augmentation des gaz à effet de serre est notamment une conséquence dramatique de la massification des déplacements, surtout qu'ils se font sur des distances de plus en plus importantes. Cela est dû à l'étalement urbain d'abord, mais aussi à la spécialisation des lieux, au zonage par activités. La généralisation du zonage (habitat, production, commerce, lieu de décisions, etc.) est une constante de l'urbanisme « moderne ».
L'urbanisme, en systématisant les réseaux de transport, a également permit la généralisation de lieux de production ultra-toxiques. Sans cela, il serait impossible d'avoir des centrales nucléaires ou certaines usines très polluantes, car elle seraient soit trop proches des villes-centre, soit inaccessibles.
La consommation d’énergie des bâtiments est aussi plus importante dans les zones peu denses. Mais en plus des pollutions que cela génère, l'étalement urbain entraîne également un isolement et une désertification des lieux de vie. La vie dans les grandes banlieues pavillonnaires ou les grands ensembles est glauque, triste et pauvre.
A part les zones commerciales avec supermarchés et cinémas multiplex, les zones péri-urbaines sont quasi-vides d'activités.
Face à tout cela, le marxisme-léninisme-maoisme doit formuler des propositions concrètes pour la planification socialiste.
Et pour cela, il est nécessaire de comprendre que la maison individuelle de banlieue n'est que le pendant dialectique des grand ensembles, ils fonctionnent simultanément. La maison individuelle constitue le «rêve à atteindre » pour les habitants des grands ensembles et inversement ces dernier constituent le repoussoir, la menace permanente pour les prolétaires les ayant fui.
Pour les communistes, il n'est pas question de promouvoir ou de préférer l'un de ces deux modèles urbains à l'autre.
Au contraire, le socialisme généralisera l'habitat collectif à taille humaine, grâce à la Commune Populaire.
Les Communes Populaires seront des centres culturels d'importance, organisés autour de la production. Elles seront issues du démantèlement systématique des grandes métropoles et seront réparties sur le territoire dans les zones habitables. Et surtout, les Communes Populaires laisseront une place importante à la nature pour qu'elle s'exprime librement.
Les Communes Populaires ne seront ni de la ville, ni de la campagne ! Elles matérialiseront le dépassement de l'urbanisme, en synthétisant les aspects positifs de l'ancien mode bourgeois d'occupation des espaces et en détruisant ses conséquences négatives !
Car si la généralisation des villes a été un progrès fondamental dans l'Histoire de l'Humanité, elles sont aujourd'hui totalement dépassées, décalées par rapport à notre époque !
« Seule une société qui engrène harmonieusement ses forces productives l'une dans l'autre selon les lignes grandioses d'un plan unique peut permettre à l'industrie de s'installer à travers tout le pays, avec cette dispersion qui est la plus convenable à son propre développement et au maintien ou au développement des autres éléments de la production.
La suppression de l'opposition de la ville et de la campagne n'est donc pas seulement possible. Elle est devenue une nécessité directe de la production industrielle elle-même, comme elle est également devenue une nécessité de la production agricole et, par-dessus le marché, de l'hygiène publique. Ce n'est que par la fusion de la ville et de la campagne que l'on peut éliminer l'intoxication actuelle de l'air, de l'eau et du sol; elle seule peut amener les masses qui aujourd'hui languissent dans les villes au point où leur fumier servira à produire des plantes, au lieu de produire des maladies.»
(Friedrich Engels, l'Anti-Dühring)
Ce que veulent les masses populaires, ce sont des lieux de vie calmes et sains où règne la convivialité. Des lieux dans lesquels les espaces collectifs sont importants mais où les individualités peuvent s'exprimer librement et largement !
C'est cela la Commune Populaire, le reflet de la civilisation contre la barbarie urbaine !
L'étalement urbain, lui, est en quelque sorte la métaphore, la quintessence de la tentative bourgeoise d'asservissement de la nature, de domination tentaculaire du capitalisme sur tout ! Et l'urbanisme est l'arme idéologique de la bourgeoisie dans cet exercice. Aujourd'hui l'urbanisme « vert », la propagande autour de l'habitat et des transports soit disant écologiques, forme une dernière tentative de la bourgeoisie de tout dominer.
Mais cela est vain car les masses exigent le changement, la révolution socialiste est inarrêtable! C'est toute la planète qui exige le communisme ! Et seul le prolétariat en exercant sa dictature sera capable de prendre les mesures d'urgence pour sauver la Terre de sa maladie urbaine !