Attention : il n'y aura pas que le Front National ces 5 prochaines années !
Submitted by Anonyme (non vérifié)Il y a une thèse essentielle qu'il faut bien saisir pour comprendre comment le fascisme va se développer ces 5 prochaines années.
Cette thèse, la nôtre, est que le fascisme est un mouvement ; il ne peut pas se constituer comme parti unifié. Même après la prise du pouvoir, il restera pétri de contradictions. L'un des épisodes connus de ce type de contradictions est la « nuit des longs couteaux » où en Allemagne la direction des SA fut liquidé par la fraction des SS.
Par conséquent, et c'est une thèse essentielle, il n'y aura pas que le Front National. Il est même probable que le Front National ne sera pas du tout la fraction la plus radicale.
Le Front National ressemble en effet bien plus, si l'on compare à l'Allemagne des années 1930, au DNVP qu'au NSDAP, c'est-à-dire au parti conservateur-radical qu'à un parti mettant en avant une rhétorique « socialiste ».
En fait, ce qui va se passer est inévitable : il y aura dans le fascisme, principalement, d'un côté un parti conservateur-nationaliste mordant sur la droite « traditionnelle », de l'autre un parti « révolutionnaire » utilisant une rhétorique « socialiste ».
A côté de cela, il y aura bien entendu une foule de groupes et d'organisations, toutes aux motivations et aux idéologies plus ou moins contradictoires, voire antagonistes.
Il faut lire Zeev Sternhell sur le fascisme – qui est intellectuellement une invention française – pour comprendre ce caractère multiple du fascisme.
C'est très important, si déjà on veut comprendre pourquoi le fascisme se présente d'un côté comme une sorte de retour à la nature, et de l'autre comme un appel à l'ultra-modernité.
Comme le constate Zeev Sternhell au sujet des années 1930 :
« Le fascisme français, héritier direct de Barrès et de Drumont, de Sorel et de Janvion, de Berth et de Biétry, se distingue aussi par la richesse de ses variantes et de ses courants.
C’est en France, plus encore qu’en Italie, que le fascisme présente une diversité qui permet mieux
qu’ailleurs d’en dégager un paradigme, un « type idéal. »
Il contient notamment, d’une manière quasi parfaite, les deux courants majeurs du fascisme: un fascisme mystique et romantique, et un fascisme « planiste » et technocratique. »
« Il convient de mentionner le niveau intellectuel tout à fait exceptionnel de la littérature et de la pensée fascistes [en France]. L’oeuvre de Gentile mis à part, il n’existe nulle part en Europe d’idéologie fasciste de qualité comparable.
Il importe ensuite de souligner que, parallèlement à l’aspect mystique et irrationnel, romantique et émotionnel, le fascisme français s’est donné aussi une dimension planiste, technocratique et « manageriale », serait-on tenté de dire.
Cet aspect essentiel, et souvent méconnu, du fascisme provient de la crise du socialisme d’alors, elle-même résultat de l’impuissance de la pensée marxiste à répondre au défi que présente la crise du capitalisme.
Plus qu’ailleurs, c’est en France que fleurissent toutes les chapelles du fascisme, tous les clans et groupuscules possibles et imaginables. Ce foisonnement de tendances et d’écoles est certes pour beaucoup dans l’impuissance politique du fascisme français.
Mais il atteste aussi de sa richesse idéologique et de son potentiel. L’imprégnation fasciste dans ce pays fut bien plus profonde et les milieux touchés bien plus nombreux qu’on ne l’imagine ou qu’on ne le reconnaît d’ordinaire »
(Zeev Sternhell, Ni droite ni gauche : l’idéologie fasciste en France, extrait d’une présentation de sa pensée)
Le fascisme va avoir une foule de visages, par conséquent. Et il passe par la droite comme par la gauche ; tout ce qui abandonne le sérieux du matérialisme et de l'universalisme peut à tout moment basculer dans le fascisme.
Tout refus du collectivisme comme avenir, tout ce qui idéalise l'individu, la petite propriété, la petite production, tend au romantisme. Le fascisme naît comme anti-capitalisme romantique.
Il est suicidaire de ne pas voir que le fascisme ne se veut pas simplement « contre », mais qu'il prône un « retour » à un passé idéalisé et « communautaire. »
Le fascisme, dans son cœur, le « vrai » fascisme, se veut « socialiste. » C'est un « socialisme » illusoire, porté parfois par des gens sincères (les pèlerins du néant), qui image que l'ennemi est « l'argent » et qui n'assume pas la bataille du vrai socialisme : celle pour l'abolition de la propriété privée.
Comme le constate Lénine :
« L’idéalisation de la petite production nous révèle un autre trait spécifique de la critique romantique et populiste: son caractère petit-bourgeois.
Nous avons vu que le romantique français comme le romantique russe font de la petite-production une « organisation sociale », une « forme de production », qu’ils opposent au capitalisme.
Nous avons vu aussi que cette opposition n’implique qu’une compréhension très superficielle, qu’elle isole artificiellement et à tort une forme de l’économie marchande (le grand capital industriel) et la condamne, tout en idéalisant utopiquement une autre forme de cette même économie marchande (la petite production). » (Lénine, Pour caractériser le romantisme économique). »
Comprendre les multiples visages du fascisme ces cinq prochaines années, combattre ce qu'ils représentent, est une tâche difficile – et elle nécessite, pour exister, d'avoir un programme positif, des propositions claires et constructives.
C'est la ligne du PCMLM, qui entend abolir les contradictions travail intellectuel / travail manuel et villes / campagnes.