Marine Le Pen au Zénith de Paris : un discours fasciste
Submitted by Anonyme (non vérifié)Marine Le Pen a tenu son dernier meeting de la campagne présidentielle ce 17 Avril au Zénith de Paris. Devant plus de 6000 sympathisants (son plus gros meeting de la campagne), elle a tenu un discours qu'on peut aisément qualifier de fasciste.
Ces dernières semaines Marine Le Pen avait tactiquement mis en avant l'aspect autoritaire et anti-communiste de son programme pour séduire les électeurs venant de la droite déçus par Nicolas Sarkozy. Mais dans son discours du Zénith, elle a affirmé de manière très claire son caractère indubitablement fasciste. Ce discours résonne en écho à son premier discours de campagne de Toulouse qui posait les bases d'une politique fasciste pour l'impérialisme français.
Si le discours de Toulouse et le programme du Front National s'adressait principalement à la bourgeoisie impérialiste afin d'annoncer la proposition stratégique du Front National pour l'impérialisme français ; le discours du Zénith s'adressait lui principalement aux masses populaires avec une claire volonté mobilisatrice. C'est ce qui explique son aspect extrêmement offensif, très lyrique et pratiquement guerrier.
Marine Le Pen, au delà des piques politiques, a ravivé toutes les thématiques classique du fascisme dans un discours au fond théorique très important. Elle a exposé plusieurs idées qui sont à proprement parler des idées typiques du fascisme et que donc toute personns antifasciste doit comprendre.
Charles Maurras opposait le "pays réel" -pris comme les structures traditionnelles (famille, corporations, régions, etc.)- au "pays légal" c'est-à-dire les institutions républicaines "vendues" au mondialisme. Marine Le Pen fait exactement la même chose lorsqu'elles parlent des "élites mondialisées", des "bobos" "serviteurs du capitalisme financier mondialisé".
Cette fausse opposition entre les élites "cosmopolites mondialisées" et le prétendu "vrai peuple" a pour but de nier la lutte des classes. On voit là un aspect typique du fascisme. Le but du fascisme est de dépasser la lutte des classes par la mise en avant du nationalisme. L'objectif est de mobiliser les masses populaires derrière les projets expansionnistes de la bourgeoisie impérialiste qui n'en peut plus d'attendre d'exercer son pouvoir direct.
Cette négation de la lutte de classe typique du fascisme se fait par le biais d'une rhétorique intelligente qui oppose les "travailleurs" aux spéculateurs. Cette rhétorique a été théorisée par les grands penseurs du fascisme français comme Georges Sorel ou Henri De Man.
Marine Le Pen réutilise cette rhétorique en parlant des "producteurs" qu'elle oppose aux "élites mondialisées". Ces "producteurs" ne sont bien entendus pas les mêmes que ceux de l'Internationale mais "les ouvriers, les employés, les artisans, les professions libérales, les commerçants, les petits patrons". Ainsi, il est distillé l'idée que la classe ouvrière aurait les mêmes intérêts que la petite-bourgeoisie.
Durant tout son discours Marine Le Pen a pointé clairement son "ennemi". Cet ennemi, ce n'est pas le mode de production capitaliste ou l'exploitation mais le "capitalisme libéral financiarisé", "l'Argent Roi", " le capitalisme financier mondialisé". Comme nous l'avons déjà dit à propos du meeting de Toulouse, le fond du discours de Marine Le Pen est clairement antisémite.
Ainsi, ce "capitalisme financier mondialisé" est matérialisé par Marine Le Pen sous la forme de complots, de forces obscures qui dirigeraient le monde et dont toute la classe politique et médiatique seraient les "serviteurs zélés". L'Union Européenne est considéré comme étant la dictature de ce capitalisme financier et des banques (principalement Goldman & Sachs qui chercherait selon Marine Le Pen a mettre au pouvoir ses employés partout en Europe).
Dans ce délire complotiste, elle va même jusqu'à présenter ces "élites mondialisées" comme étant celles qui se rendent aux dîners du club bourgeois Le Siècle. Rappelons que les dîners de ce club avaient donner lieu à des mobilisations communes d'une partie de l'extrême-gauche et de fascistes radicaux ainsi que l'explique cet article paru sur un blog antifasciste.
L'ennemi, la source des maux du peuple est selon les fasciste à chercher "ailleurs". Ailleurs, loin des rapports concrets de production, dans des sociétés secrètes, des forces obscures étrangères qui se seraient liguées pour détruire et dominer le monde. C'est là la rhétorique typiquement antisémite des "forces de l'Argent" comme forces diaboliques visant à détruire le monde.
Marine Le Pen, dans son discours très guerrier, va même jusqu'à annoncer que l'on se situerait au "moment historique qui oppose la France au mondialisme, au capitalisme financier".
Ainsi, elle oppose l'"économe réelle, productrice" à "l'économie virtuelle qui produit des richesses virtuelles mais en s'accaparant de l'argent bien réel". On reconnaît là aussi très clairement la rhétorique antisémite de la non-réalité, de la virtualité des forces qui spolieraient les "vrais gens". Une logique qui est clairement la même qui a présidé à l'objectivation des personnes juives par Mohamed Merah, prélude nécessaire à ses massacres.
Enfin Marine Le Pen a mis en avant l'idée que seule la Nation serait capable de protéger le peuple. C'est là aussi une rhétorique typique du fascisme. Après avoir nié la lutte des classes et posé que la classe ouvrière aurait des intérêts convergents avec la petite-bourgeoisie, le fascisme met en avant l'idée que seule la Nation peut être un rempart contre la "finance mondiale" et le chaos engendré par la crise du capitalisme.
La Nation devrait retrouver son "unité profonde" qui serait menacé par les forces du "mondialisme". Marine Le Pen dit ainsi de ces forces du mondialisme que "leur rêve (est de) détruire l'Etat Nation pour faire régner les communautés religieuses, sexuelles, etc..."
En fasciste typique, ce que Marine Le Pen attaque ici ce sont les revendications démocratiques des masses. Ainsi, la lutte pour les droits démocratiques des minorités nationales et des personnes homosexuelles est considérée comme étant une attaque contre l'unité "organique" de la Nation. C'est bien là le fond génocidaire qui a été à l'origine de l'élimination des personnes homosexuelles, des rroms, des témoins de Jehovah, etc. par le nazisme.
La proposition que Marine Le Pen fait aux masses avec son "produire et consommer français" c'est l'autarcie. C'est le projet économique classique du fascisme mis en oeuvre par Mussolini. Cette idée pourrait paraître proche de ce que les communistes défendent, mais il n'en n'est rien. L'autarcie, c'est la soumission des masses de France à l'effort de production dicté par la bourgeoisie impérialiste unifiée dans l'Etat. Il n'est pas question de pouvoir du peuple, de main-mise de la classe ouvrière sur la production afin de répondre à ses besoins par la planification ; mais d' "Etat stratège".
Et c'est dans cette exaltation de la Nation que se met à jour clairement le réel projet du fascisme. Après ces appels à "l'unité de la Nation", à l'égalité "entre nationaux", Marine Le Pen a proclamé qu'il fallait "retrouver la puissance de la France pour protéger les travailleurs français". Ainsi donc cette sensée "protection" des travailleurs français par la "vraie" bourgeoisie nationale ne serait possible qu'en menant à bien ses projets de conquêtes. En fait de "protection", c'est la guerre pour les intérêts impérialistes que Marine Le Pen propose à la classe ouvrière (comme nous l'avons démontré à propos de son programme).
Comme nous l'avons dit ce discours de Marine Le Pen s'adressait principalement aux masses et plus particulièrement aux masses de gauche. En effet, Marine Le Pen a bien compris qu'une partie de plus en plus importante des masses est intoxiquée de nationalisme par le biais des sociaux-démocrates. Les positions qu'elle met en avant sur les "producteurs", les "forces de l'argent roi", la Nation, etc. paraissent d'autant moins étrangères aux masses populaires qu'on retrouve pratiquement les mêmes dans la bouche de Jean-Luc Melenchon ou de François Hollande et que leur meetings grouillent de drapeaux bleu-blanc-rouge.
Marine Le Pen a donc logiquement pu avancer que "la Nation est née à gauche" mais que la gauche l'aurait "abandonné pour un Internationalisme de pacotille" et la droite pour "le marché".
C'est là quelque-chose de très osé qui s'ancre pleinement dans la tradition fasciste française qu'a analysé Zeev Sternhell. Le fascisme naît de la fusion des forces idéalistes de gauche refusant le marxisme et des forces idéalistes nationalistes de droites voulant régénérer la Nation.
Que le populiste nationaliste Mélenchon attire des foules dans ses meetings de rue ou que François Hollande soit élu président de la République ne fera en rien reculer la marche du fascisme au pouvoir. Plus la crise avance, plus le fascisme se structure idéologiquement, politiquement. et plus les sociaux-démocrates s'enfoncent dans la démagogie nationaliste.
Seul l'activisme autonome concret, l'analyse idéologique précise, le travail acharné de propagande au sein de masse pourra contrer le fascisme soutenu par la démagogie des sociaux-démocrates.
C'est seulement en reprenant conscience d'elle-même, de sa mission historique et en se ressaisissant de son drapeau, le drapeau Rouge, que la classe ouvrière pourra sortir l'Humanité de la barbarie fasciste qui est en train d'emporter la civilisation humaine. Et pour cela il lui faut un parti discipliné, un parti qui ne cède pas aux aléas démagogique de la démocratie bourgeoise et qui reste ferme sur ses principes car il se fonde sur une idéologie scientifique. Ce parti, c'est le PCMLM !