17 mai 2015

Le rôle néfaste d'Aimé Césaire au PCF pour les arts et les lettres

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Le colonialisme est un phénomène social qui a, au cours de son développement, élaboré une idéologie raciste. Ce n'est pas le racisme en tant qu'idéologie qui a donné naissance au colonialisme en tant que réalité matérielle, mais l'inverse.

Or, au cours du XXe siècle, le « post-modernisme » a prétendu qu'il existait un « racisme » qui serait « matériel ». Il y aurait un coupable qui serait « l'homme blanc », auquel s'opposerait une figure « pure », car toujours opprimée et jamais oppressante : celle du colonisée.

Aimé Césaire (1913-2008) fut l'un des principaux défenseurs de cette conception, participant de son côté au mouvement dit de la « négritude », jouant ainsi un rôle éminemment contre-révolutionnaire au sein du Parti Communiste français.

Martiniquais, il rejoint la métropole à l'occasion de ses années de préparation aux études littéraires, à Paris, au lycée Louis Le Grand, le plus prestigieux du pays, où est déjà Léopold Sédar Senghor, qui sera l'autre grand nom de la « négritude ». Il va ensuite à l’École Normale Supérieure, encore une fois l'école littéraire la plus prestigieuse et classique du pays, pour devenir ensuite agrégé de lettres.

Aimé Césaire a donc suivi le parcours le plus classique possible au sein de l’État bourgeois dans le domaine littéraire. Et lors de ce parcours, il écrit des œuvres marquées par le surréalisme, dénonçant le colonialisme comme le fruit non pas d'une évolution économique et sociale, mais d'une « civilisation ». A la culture logique « blanche » est opposée la « négritude ».

Dans ce cadre, Aimé Césaire formule également des thèses relativistes, voire négationnistes au sujet de l'extermination des populations juives d'Europe par les nazis, considérant que l'esclavage est le type même de l'oppression, de l'exploitation, de l'extermination. Aimé Césaire, annonçant la rhétorique de Dieudonné qui est précisément la même, nie par conséquent le caractère « gratuit » et industrialisé de la Shoah, et de fait également même la logique concentrationnaire propre aux nazis.

L'esclavage du colonialisme a comme parallèle l'esclavage de l'antiquité, tout à fait brutal et criminel, mais conditionné par des formes sociales non pas justement réellement capitalistes, mais tout au contraire féodales ou pré-féodales. Voici un exemple de ce que peut raconter Aimé Césaire :

« On aurait peine à s’imaginer ce qu’à pu être pour les Nègres des Antilles la terrible époque qui va du début du XVIIe siècle à la moitié du XIXe siècle, si depuis quelque temps, l’histoire ne s’était chargée de fournir quelques bases de comparaison.

Que l’on se représente Auschwitz et Dachau, Ravensbrück et Matthausen, mais le tout à l’échelle immense, celle des siècles, celle des continents, l’Amérique transformée en "univers concentrationnaire", la tenue rayée imposée à toute une race, la parole donnée souverainement aux kapos et à la schlague, une plainte lugubre sillonnant l’Atlantique, des tas de cadavres à chaque halte dans le désert ou dans la forêt et les petits bourgeois d’Espagne, d’Angleterre, de France, de Hollande, innocents Himmlers du système, amassant de tout cela le hideux magot, le capital criminel qui fera d’eux des chefs d’industrie.

Qu’on imagine tout cela et tous les crachats de l’histoire et toutes les humiliations et tous les sadismes et qu’on les additionne et qu’on les multiplie et on comprendra que l’Allemagne nazie n’a fait qu’appliquer en petit à l’Europe ce que l’Europe occidentale a appliqué pendant des siècles aux races qui eurent l’audace ou la maladresse de se trouver sur son chemin. L’admirable est que le nègre ait tenu ! »

« Oui, il vaudrait la peine d'étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d'Hitler et de l'hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXe siècle qu'il porte en lui un Hitler qui s'ignore, qu'Hitler l'habite, qu'Hitler est son démon, que s'il vitupère, c'est par manque de logique, et qu'au fond, ce qu'il ne pardonne pas à Hitler, ce n'est pas le crime en soi, le crime contre l'homme, ce n'est pas l'humiliation de l'homme en soi, c'est le crime contre l'homme blanc, et d'avoir appliqué à l'Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu'ici que les Arabes d'Algérie, les coolies de l'Inde et les nègres d'Afrique. »

Aimé Césaire développe parallèlement une poésie délirante, ouvertement ethno-différencialiste, pratiquement racialiste, où la personne noire est saine, la personne blanche est contaminée.

C'est lui qui a inventé le concept de « négritude », qu'il explique en 1935 dans un article intitulé Conscience raciale et révolution sociale et publié dans un journal qu'il avait fondé : L'Étudiant noir, Journal Mensuel de l’Association des Étudiants Martiniquais en France.

Au « capitalisme blanc », Aimé Césaire oppose l'authenticité noire, qui dépasse donc absolument le matérialisme dialectique :

« Le héros de Paul Morand, « l'assimilé » Occide, est révolutionnaire lui aussi : grâce à lui, Haïti a ses Soviets, Port-au-Prince devient Octobreville ; bel avantage s'il reste prisonnier des blancs, singe stérilement imitateur ! (…) Être révolutionnaire, c'est bien ; mais pour nous autres nègres, c'est insuffisant ; nous ne devons pas être des révolutionnaires accidentellement noirs, mais proprement des nègres révolutionnaires, et il convient de mettre l'accent sur le substantif comme sur le qualificatif. »

Ce message national-révolutionnaire, ethno-différentialiste, Aimé Césaire va le diffuser par l'intermédiaire d'un anti-colonialisme de façade. C'est cela qui lui permet d'adhérer en 1945 au Parti Communiste français. Il est alors élu, à 32 ans, maire de Fort-de-France qui est la capitale de la Martinique, puis en 1946 député de cette dernière.

Mais, bien entendu, il rompt très vite avec le PCF, fondant son propre « Parti Progressiste Martiniquais ». Dans une lettre au dirigeant du Parti Communiste français, Maurice Thorez il annonce qu'il faut renoncer « à la civilisation avec un grand C ; au progrès avec un grand P », au nom du « particulier ».

La question posée par ce qu'il appelle la négritude n'a plus rien à voir avec les luttes de classes :

« En tout cas, il est constant que notre lutte, la lutte des peuples coloniaux contre le colonialisme, la lutte des peuples de couleur contre le racisme est beaucoup plus complexe – que dis-je, d’une tout autre nature que la lutte de l’ouvrier français contre le capitalisme français et ne saurait en aucune manière, être considérée comme une partie, un fragment de cette lutte. »

Cette ligne national-révolutionnaire trompe les masses et les éloigne du matérialisme dialectique ; à ce titre cette position a permis à Aimé Césaire de devenir un notable voyageant entre Fort-de-France et Paris, totalement reconnu par les institutions françaises et la bourgeoisie.

Ses œuvres sont célébrées par les médias, les institutions scolaires ; lui-même a été député pendant 48 ans, maire de Fort-de-France pendant 56 ans. Il devint ainsi un « anti-colonial » officiel, diffusant en fait en Martinique une idéologie réformiste de soumission à la France capitaliste, en la masquant derrière un nationalisme racialiste et « rebelle ».

Voici un extrait du Cahier d’un retour au pays natal, publié en 1947, où l'on retrouve le style « ultra-gauche » s'associant à une ligne ethno-différentialiste:

« Va-t’en, lui disais-je, gueule de flic, gueule de vache, va-t’en je déteste les larbins de l’ordre et les hannetons de l’espérance.

Va-t’en mauvais gris-gris, punaise de moinillon (…). Au bout du petit matin bourgeonnant d’anses frêles les Antilles qui ont faim, les Antilles grêlées de petite vérole, les Antilles dynamitées d’alcool, échouées dans la boue de cette baie, dans la poussière de cette ville sinistrement échouées.

Au bout du petit matin, l’extrême, trompeuse désolée eschare sur la blessure des eaux ; les martyrs qui ne témoignent pas ; les fleurs de sang qui se fanent et s'éparpillent dans le vent inutile comme des cris de perroquets babillards ; une vieille vie menteusement souriante, ses lèvres ouvertes d’angoisses désaffectées ; une vieille misère pourrissant sous le soleil, silencieusement ; un vieux silence crevant de pustules tièdes,

l’affreuse inanité de notre raison d’être (…).

Qui ne me comprendrait pas ne comprendrait pas davantage le rugissement du tigre.

Et vous fantômes montez bleus de chimie d'une forêt de bêtes traquées de machines tordues d'un jujubier de chairs pourris d'un panier d'huîtres d'yeux d'un lacis de lanières découpées dans le beau sisal d'une peau d'homme j'aurais des mots assez vastes pour vous contenir et toi terre tendue terre saoule

terre grand sexe levé vers le soleil
terre grand délire de la mentule de Dieu
terre sauvage montée des resserres de la mer avec dans la bouche une touffe de cécropies terre dont je ne puis comparer la face houleuse qu'à la forêt vierge et folle que je souhaiterais pouvoir en guise de visage montrer aux yeux indéchiffreurs des hommes (…).

Trésor, comptons :

la folie qui se souvient
la folie qui hurle
la folie qui voit
la folie qui se déchaîne

Et vous savez le reste

Que 2 et 2 sont 5 que la forêt miaule
que l'arbre tire les marrons du feu
que le ciel se lisse la barbe
et caetera et caetera…

Qui et quels nous sommes ? Admirable question !

A force de regarder les arbres je suis devenu un arbre et mes longs pieds d'arbre ont creusé dans le sol de larges sacs à venin de hautes villes d'ossements
à force de penser au Congo
je suis devenu un Congo bruissant de forêts et de fleuves
où le fouet claque comme un grand étendard
l'étendard du prophète
où l'eau fait
likouala-likouala
où l'éclair de la colère lance sa hache verdâtre et force les sangliers de la putréfaction dans la belle orée violent des narines. (…)

Tiède petit matin de chaleur et de peur ancestrales
je tremble maintenant du commun tremblement que notre sang docile chant dans la madrépore.
Et ces têtards en moi éclos de mon ascendance prodigieuse !

Ceux qui n'ont inventé ni la poudre ni la boussole
ceux qui n'ont jamais su dompter la vapeur ni l'électricité
ceux qui n'ont exploré ni les mers ni le ciel mais il savent en ses moindres recoins le pays de souffrance
ceux qui n'ont connu de voyages que de déracinements
ceux qui se sont assouplis aux agenouillements
ceux qu'on domestiqua et christianisa
ceux qu'on inocula d'abâtardissement tam-tams de mains vides

tam-tams inanes de plaies sonores
tam-tams burlesques de trahison tabide

Tiède petit matin de chaleurs et de peurs ancestrales
par-dessus bord mes richesses pérégrines
par-dessus bord mes faussetés authentiques

Mais quel étrange orgueil tout soudain m'illumine ?
vienne le colibri vienne l'épervier
vienne le bris de l'horizon vienne le cynocéphale
vienne le lotus porteur du monde
vienne de dauphins une insurrection perlière brisant la coquille de la mer
vienne un plongeon d'îles vienne la disparition des jours de chair morte dans la chaux vive des rapaces
viennent les ovaires de l'eau où le futur agite ses petites têtes
viennent les loups qui pâturent dans les orifices sauvages du corps à l'heure où à l'auberge écliptique se rencontrent ma lune et ton soleil (…)

Sang ! Sang ! tout notre sang ému par le coeur mâle du soleil
ceux qui savent la féminité de la lune au corps d'huile
l'exaltation réconciliée de l'antilope et de l'étoile
ceux dont la survie chemine en la germination de l'herbe !

Eia parfait cercle du monde et close concordance !

Ecoutez le monde blanc
horriblement las de son effort immense
ses articulations rebelles craquer sous les étoiles dures
ses raideurs d'acier bleu transperçant la chair mystique
écoute ses victoires proditoires trompeter ses défaites
écoute aux alibis grandioses son piètre trébuchement
Pitié pour nos vainqueurs omniscients et naïfs !

Eia pour ceux qui n'ont jamais rien inventé
pour ceux qui n'ont jamais rien exploré
pour ceux qui n'ont jamais rien dompté
Eia pour la joie Eia pour l'amour
Eia pour la douleur aux pis de larmes réincarnées.  »

On a là une démarche typiquement subjectiviste, une révolte contre le monde moderne sur une base ethno-différentialiste, qui va effectuer une fascination faussement anti-coloniale et partant de là considérablement affaiblir le Parti Communiste français dont la ligne anti-coloniale était déjà elle-même vacillante: à l'opportunisme de Maurice Thorez répond l'ultra-gauchisme ethno-différentialiste d'Aimé Césaire, ajoutant à la confusion idéologique, amenant les énergies vers une voie de garage.

Les multiples références à la Yougoslavie titiste d'Aimé Césaire dans sa lettre à Maurice Thorez témoigne d'ailleurs assez bien du rôle de cinquième colonne à l'intérieur du PCF puis de force anti-communiste prétendument de gauche « anti-coloniale » ensuite.

Les grandes questions: