La question de l'État au cœur du Grand Débat présidentiel du 4 avril
Submitted by Anonyme (non vérifié)Le débat télévisé hier des onze candidats aux élections présidentielles a obéi à une logique impitoyable, celle de la personnalisation des candidatures dans le régime de la Ve République.
Il est, dans un tel cadre, extrêmement difficile de faire passer un message rationnel, dans la mesure où les médias, les institutions, la nature même du poste de président, la tradition bonapartiste, tout contribue à empêcher un débat cohérent, sur la base du contenu.
Philippe Poutou, candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste, en a été tout à fait conscient et, en venant sans costume ni cravate, s'est lancée dans une posture anarchiste réformiste.
À défaut de contenu, il a tenté de faire le trublion, refusant de participer à la photo de groupe des candidats, cherchant à tacler François Fillon mais sans aller jusqu'au bout, revendiquant une « démocratie directe », demandant une « police désarmée », appelant à la « fin de la professionnalisation de la politique », etc.
Nathalie Artaud, candidate de Lutte Ouvrière, a cherché à faire passer un message combatif d'opposition aux licenciements. Mais, prisonnière de son idéologie trotskyste qui voit en l'Europe capitaliste un pas en avant vers la révolution mondiale d'un coup, elle n'a nullement la capacité de faire face à l'exigence populaire d'un État à la hauteur.
De notre point de vue, cet État ne peut être que la démocratie populaire. Mais la gauche est passée dans le camp du post-modernisme ou du nationalisme de gauche, ce qui fait que seule l'extrême-droite occupe le terrain de l'affirmation de la forme étatique, bien entendu sous une forme ultra-réactionnaire ou fasciste.
François Asselineau a appelé au Frexit, Marine Le Pen aussi mais en cherchant à ne pas être trop brutale en appelant à un référendum au préalable. Nicolas Dupont-Aignan a pu tenir un discours très agressif de défense de l'industrie nationale au nom de la défense de toutes les classes sociales.
Du côté de Jacques Cheminade, la solution au problème étatique passe par la modernisation. Chez Jean Lassalle elle passe par une sorte de spiritualisation de la France au moyen des communes.
François Fillon, lui, est plus mesuré, dans la mesure où il prône une continuité européenne dure, mais lui-même se présente comme le représentant d'une sorte de rétablissement de l’État.
Cela est très grave, car cela montre que le besoin historique d'un nouvel État n'est non seulement pas assumé par la classe ouvrière, mais déjà revendiqué par la bourgeoisie sous la forme d'une ré-impulsion du vieil État.
C'est là le problème de fond.
Et malheureusement, la gauche au sens large y contribue. Emmanuel Macron représente un centre-gauche assumant entièrement le libéralisme modernisateur de l'Union Européenne. Benoît Hamon se pose en défenseur du post-modernisme communautariste, la « démocratie territoriale » avec la « cogestion », ainsi que le revenu universel.
Quant à Jean-Luc Mélenchon, il s'est présenté comme le représentant d'une « révolution pacifique » dont le postulat de base est que « la question centrale » est « la puissance de la France : nous représentons 18 % de l’économie européenne ».
C'est un nationalisme de gauche, populiste, sans aucun contenu réel sur le plan de la remise en cause de la bourgeoisie.
Preuve de cela, l'urgence écologiste n'a nullement été prise en compte, alors qu'elle aurait dû être au cœur de n'importe quel débat rationnel sur l'état de la France et du monde.
C'est également la preuve que la question du nouvel État dont nous avons besoin va de pair avec les exigences planétaires de planification et de communisme.
Voilà pourquoi notre stratégie est celle de la bataille pour la démocratie, en développant la culture, en se fondant sur l'idéologie du matérialisme dialectique, permettant une pratique qui ouvre des espaces aux masses populaires pour leur affirmation en tant qu'État.