30 Jan 2017

Élections présidentielles de 2017 : Benoît Hamon, candidat du Parti Socialiste

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Benoît Hamon a été le vainqueur des « primaires citoyennes » en réunissant autour de 59% des voix lors du seond tour, alors que la large majorité des responsables du Parti Socialiste ne le soutenaient pas. C'est la particularité des « primaires » organisées pour la première fois en 2011, où François Hollande était sorti vainqueur.

C'est l'expression d'un changement très profond au sein du Parti Socialiste, qui a cessé d'être une structure politique avec une tradition bien déterminée, des courants d'idées, pour ne plus être qu'une machine électorale.

Le succès de Benoît Hamon accompagne cette transformation, dans la mesure où il vient de la tradition portée par Michel Rocard d'une « seconde gauche » sociale et moderne, en opposition historique à ce que symbolisèrent Léon Blum et François Mitterrand.

Benoît Hamon représente la gauche moderniste, qui est libérale-libertaire sur les mœurs, sociale en économie car considérant que les politiques de « relance » sont efficaces, partisane aussi d'un renouvellement modernisateur permanent du capitalisme.

Quelles sont les forces sociales qui portent
l
es « primaires citoyennes » ?

Benoît Hamon est porté par les mêmes couches sociales qui ont porté le mouvement « Nuit debout » : la petite-bourgeoisie urbanisée et diplômée coupée de tout lien historique avec la classe ouvrière et cherchant à éviter le déclassement et le précarisation.

C'est à mettre en parallèle avec la sociologie du Parti Socialiste, dont la base n'a pratiquement plus d'ouvriers, mais une part très importante de cadres supérieurs (pratiquement 40%).

Traditionnellement, on retrouve également comme soutien au Parti Socialiste une partie significative de la bourgeoisie industrielle, qui considère que l’État doit jouer un rôle essentiel dans la pacification sociale et dans l'organisation économique. C'est également le cas d'une très large partie de la bourgeoisie liée à l'industrie de la culture et aux milieux universitaires.

Quelle est par conséquent la nature
du projet de
Benoît Hamon ?

En raison des couches sociales qu'il représente, Benoît Hamon est obligé de considérer que la société est devenue post-industrielle. Il s'agit alors de raisonner en termes d'individus dont il faut élargir le champ d'action dans la société :

« Être de gauche, c'est doter en droits les plus fragiles et ainsi leur donner de la liberté »

Quelles sont par conséquent les mesures
qu'il entend appliquer ?

Benoît Hamon cherche à contrecarrer la tendance historique au renforcement des monopoles et à la socialisation par en haut de l'économie au moyen de trois mesures.

La première est de taxer les « richesses créées par les robots », au nom du fait que les entreprises utilisant des robots ont le vent en poupe et qu'elles doivent par conséquent contribuer à maintenir la socialisation des personnes déclassées par ce processus de modernisation. C'est une idée déjà présente dans les années 1970 chez le Parti Socialiste Unifié de Michel Rocard.

Cette considération visant à taxer les robots témoigne d'une incompréhension tant de la notion de travail humain à la base de la réelle richesse sociale que de la question de la robotisation dans ce qu'elle représente justement comme avancée matérielle vers le communisme.

La seconde est d'instaurer un revenu universel, qu'il présente comme devant remplacer la Sécurité Sociale. Cette dernière est en effet l'expression universelle d'une affirmation liée au travail par la classe ouvrière en 1944 ; elle ne correspond donc pas à l'individualisation générale « post-industrielle ».

Chaque personne doit disposer d'une certaine marge de manœuvre pour participer au capitalisme, sans risquer de se précariser. Le revenu universel est ici un « filet » social correspondant au fantasme de la petite-bourgeoisie d'un capitalisme serein.

C'est pourquoi Benoît Hamon revendique également un statut unique pour tous les actifs afin de « dépasser la distinction entre salariat et travail indépendant » : le salarié doit se considérer désormais comme un travailleur indépendant, un partenaire de l'entreprise.

Afin de permettre de maintenir partout cette autonomie individuelle recherchée par la petite-bourgeoisie, Benoît Hamon entend également créer un chèque syndical pour faciliter la syndicalisation dans les petites et moyennes entreprises.

La troisième est la reconnaissance générale de cette autonomie sur le plan culturel. Benoît Hamon est le candidat du relativisme propre à l'individualisme du capitalisme développé. Ainsi lors de son discours de victoire du 29 janvier, Benoît Hamon a expliqué qu'il laissait la vérité « aux philosophes et aux hommes de foi ». Il est à noter que récemment il parlait même du « message incroyablement positif du pape François ».

C'est le sens de sa défense du droit à l'euthanasie ou de ses propos cherchant à justifier, de manière erronée historiquement par ailleurs, l'absence de femmes dans un café dans la banlieue nord de Paris :

« Historiquement, dans les cafés ouvriers, il n’y avait pas de femmes »

Pour cette raison, Benoît Hamon est considéré comme un allié naturel par le prosélytisme musulman et par tous les courants dits « sociétaux » cherchant à élargir les « droits » individuels, comme par exemple la légalisation du cannabis.

Dans quelle mesure Benoît Hamon fait-il simplement une candidature témoignage ?

Benoît Hamon représente les intérêts des couches petites-bourgeoises éduquées et urbaines, qui tentent d'agglomérer autour d'elles une partie des masses en se présentant comme opposé à l'austérité et favorable à l'élargissement des droits sociaux.

Mais ces couches sociales ne représentent pas une classe sociale et elles ne peuvent pas véritablement impulser une orientation relevant d'autre chose que d'une série de revendications diverses afin de chercher à freiner la brutalité du capitalisme les pressurisant.

Rubriques: