24 mar 2017

Élections présidentielles de 2017 : Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la France 

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Cadre historique de la droite française, maire d'une petite ville (Yerres), député de l'Essonne Nicolas Dupont-Aignan relève de la bourgeoisie traditionnelle : il a un diplôme de gestion de l’entreprise et marché financier à la prestigieuse université sélective Paris-Dauphine, il a fait l'ENA, ses filles s'appellent Victoire et Sixtine, etc.

Cependant, il appartient depuis pratiquement deux décennies dans le camp de la droite dite « souverainiste », sur une ligne farouchement opposée à l'Union Européenne et à l'euro. Il s'est à ce titre déjà présenté à l’élection présidentielle de 2012, obtenant 1,79 % des votes (643 900 voix).

Il a cette fois désormais très largement assoupli son positionnement, appelant désormais à « passer d’une monnaie unique à une monnaie commune » et à « renégocier » les fondements de l'Union Européenne.

Dans le cadre de cette bataille pour la crédibilité, il faut ajouter le positionnement civilisationnel de Nicolas Dupont-Aignan, qui insiste sur le thème de la « civilisation européenne », qui serait « fille de la Grèce, de Rome et du christianisme ».

D'une certaine manière, Nicolas Dupont-Aignan reprend tous les questionnements propres au principe de démocratie populaire (établissement d'un cadre social bien déterminé, mise aux pas des monopoles, affirmation de valeurs strictes, etc.), pour y répondre uniquement par une ré-impulsion du capitalisme industriel et de l’État sur un mode gaulliste. C'est le sens du nom de son parti, Debout la France (anciennement Debout la République).

Quelles sont les forces sociales qui portent
la candidature de Nicolas Dupont-Aignan ?

Nicolas Dupont-Aignan reflète concrètement la volonté de rupture d'une partie de la bourgeoisie industrielle – notamment des petites et moyennes entreprises – à l'encontre de l'hégémonie toujours plus grande des banques et des assurances.

À cela s'ajoute le courant historique porté par Philippe de Villiers, Philippe Séguin et Charles Pasqua, prônant une droite populaire s'appuyant sur une bourgeoisie provinciale conservatrice et soucieuse de maintenir l'ensemble de ses prérogatives.

Conscient qu'il n'est pas possible de contourner entièrement le capital financier, Nicolas Dupont-Aignan lui propose trois solutions « magiques » : une Europe des nations , l'engagement complet en Afrique et une Union Méditerranéenne.

Quelle est par conséquent la nature
du projet de Nicolas Dupont-Aignan ?

L'idée de Nicolas Dupont-Aignan est de se proposer comme une version allégée de Marine Le Pen, une version plus institutionnelle, qui ne passe pas par des mobilisations de masse et maintient le cadre d'une droite populaire historique. C'est une réédition du sarkozysme, où la bourgeoisie industrielle avait le dessus, avec une volonté de « renouvellement » beaucoup plus marquée et en rupture avec l'encadrement de l'Union Européenne.

Quelles sont par conséquent les mesures
qu'il entend appliquer ?

Nicolas Dupont-Aignan propose un programme extrêmement détaillé, avec comme démarche de proposer une sorte de version capitaliste du programme de démocratie populaire. Il propose la remise sur pied des valeurs et d'un cadre social réel, mais sans l'intervention des masses.

Cela aboutit alors inévitablement en des appels démagogiques associés à des mesures favorables de manière unilatérale à la bourgeoisie industrielle : augmenter le nombre de places en crèches de 20 %, créer un « BUY French ACT » à la manière des États-Unis d'Amérique réservant une large proportion d’achats publics (75% minimum) aux entreprises françaises lors des marchés publics (dont 50 % aux PME), créer deux millions d'emplois, relancer la « Participation gaullienne » des salariés, limiter l'immigration, relocaliser un million d'emplois par le « patriotisme économique », baisser de moitié le taux de l’Impôt sur les Sociétés (IS) pour les bénéfices réinvestis sur le sol français, créer un « Label Tricolore » pour les produits fabriqués en France, rétablissement de l'autorité à l'école, etc.

Cela se conjugue avec une vraie proposition stratégique de type impérialiste agressive, pour que le capital financier accepte de suivre la bourgeoisie industrielle :

- transformer l'Union Européenne en une « Communauté des États Européens » ;

- « s'engager dans un grand plan Marshall pour le continent africain avec lequel nous partageons une histoire et un destin communs. Et dont les promesses de développement inédites constituent par ricochet un enjeu crucial pour notre pays... » ;

- « créer une Union Méditerranéenne entre les pays francophones (France, Liban, Maroc, Algérie, Tunisie), latins (Espagne, Italie) et francophiles (Malte, Croatie, Grèce, Égypte) ».

Dès lors, en quoi Nicolas Dupont-Aignan représente-t-il
un Nicolas Sarkozy opposé à l'Union Européenne ?

Nicolas Sarkozy a représenté la bourgeoisie industrielle affirmant qu'il fallait maintenir le cap pro-Union Européenne tout en unifiant les fractions de la bourgeoisie ; Nicolas Dupont-Aignan entend faire de même, mais en mettant de côté l'Union Européenne et en canalisant le capital financier vers des objectifs compatibles avec l'existence d'une forte bourgeoisie industrielle.

Comment résumer la nature
de la candidature de Nicolas Dupont-Aignan ?

Le projet de Nicolas Dupont-Aignan consiste non pas en un « altermondialisme » de droite comme avec François Asselineau, mais en une sorte de droite « altermondialiste ».

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