Le programme d'Emmanuel Macron : l'électro-choc libéral
Submitted by Anonyme (non vérifié)Emmanuel Macron a un programme de consensus d'un côté, de libéralisme tous azimuts de l'autre. Pour cette raison, il a sans cesse repoussé le fait d'assumer d'avoir un programme, pourtant exposé dans son ouvrage « Révolution ». C'est la raison qui fait qu'il était déjà possible de produire comme nous l'avons fait un document intitulé « Que représente Emmanuel Macron ? ».
Hier, il s'est pourtant tenté à un exercice de style, devant 300 journalistes, tout en accordant une interview au Parisien. C'est une excellente occasion de voir si notre analyse est juste, ou s'il faut l'améliorer, l'infirmer, la corriger ou la rectifier.
Car Emmanuel Macron est obligé d'abattre ses cartes, la date des élections se rapprochant. Et effectivement, dans Le Parisien, il explique la nature de son projet présidentiel et les choses sont très claires :
« Il y aura, en plus de la société civile, plusieurs familles politiques dans la majorité présidentielle : la gauche sociale-démocrate, les radicaux de gauche, les écologistes, le centre, la droite... »
C'est là une position mêlant apolitisme et nationalisme : les différences idéologiques ne comptent pas, seuls compteraient le pays et les fameuses « réformes nécessaires ». C'est la volonté de mettre en place un gouvernement d'experts, de technocrates.
C'est, au sens strict, quelque chose qui correspond de manière assez typique au type de gouvernement existant historiquement juste avant la prise du pouvoir par le fascisme.
C'est là pour le moins inquiétant, surtout si l'on pense qu'Emmanuel Macron, s'il est présent au second tour des élections présidentielles, devra servir d'obstacle à Marine Le Pen. Il faudra voter pour lui pour lutter contre quelqu'un qu'il va constamment servir s'il est élu…
L'histoire va nous imposer ici une compréhension approfondie de la dialectique, si l'on ne veut pas connaître ce que le Front populaire nous avait évité : le sort de l'Espagne franquiste ou de l'Italie fasciste.
Emmanuel Macron attribue six thèmes au gouvernement des experts : l’éducation et la culture, « la société du travail », « la modernisation de notre économie », « renforcer la sécurité de la Nation », le « renouveau démocratique », « au plan international à défendre les intérêts de notre pays ».
Rien de très original et pourtant, devant les journalistes, Emmanuel Macron s'est en même temps présenté comme le candidat des classes moyennes et des classes populaires.
Pourquoi cela ? C'est là le vrai fond du problème : Emmanuel Macron parle du travail, ce qui est un thème essentiel aux masses. La dignité par le travail est une valeur essentielle au peuple.
Emmanuel Macron tente pour cette raison de se légitimer en se positionnant comme celui qui va permettre, tout comme lors des 30 glorieuses (1945-1975), de relancer un cycle de croissance, où le travail sera à la fois disponible et une carrière personnelle possible.
Voilà pourquoi Emmanuel Macron se positionne comme en faveur de moyens pour l’apprentissage, les exonérations de cotisations sociales sur les heures supplémentaires, l'ouverture tous les cinq ans des droits à l’assurance-chômage aux salariés qui démissionnent, un effort national de formation « sans précédent ».
On doit pouvoir trouver un travail : voilà un sujet qui parle aux masses, d'autant plus qu'Emmanuel Macron promet d'améliorer le pouvoir d'achat.
On doit pouvoir même « faire carrière » : voilà qui enchante par définition tous ceux qui font des rêves petits-bourgeois à l'ombre des monopoles bloquant leurs possibilités de s'élever socialement.
D'ailleurs, Emmanuel Macron promet en même temps de baisser « le coût du travail », afin de soutenir les entreprises.
Comment pourtant promettre à la fois aux uns et aux autres ? Tout simplement en abaissant les cotisation sociales, c'est-à-dire en réduisant la fonction sociale de l’État.
Les preuves de cette tendance sont innombrables dans le programme : les universités doivent devenir encore plus autonomes, le système des retraites sera uniformisé, les horaires seront décidés par un référendum sur le lieu de travail, un quart des départements sera fusionné avec d'autres, la majorité des épreuves du baccalauréat sera en contrôle continu, etc. etc.
Et par quoi sera remplacé l’État ? Par les entreprises : Emmanuel Macron entend faire baisser l'impôt sur les société de 33,3% à 25%, réduire l'ISF à un impôt sur la valeur du patrimoine immobilier (laissant donc le capital de côté), etc.
À cela s'ajoute bien entendu la perspective de l'Union Européenne comme bastion capitaliste : Emmanuel Macron veut un Buy European Act pour les marchés publics réservés alors à des entreprises avec au moins la moitié de leur production dans l'U.E., à quoi s'ajoute un marché unique du numérique en Europe, un marché unique de l’énergie.
Cela correspond à ce que nous disions dans le document « Que représente Emmanuel Macron ? » :
« Emmanuel Macron représente les banques et les entreprises participant de plain-pied à ce qu'il appelle lui-même la « transition numérique » et la « mondialisation heureuse ». Il est le partisan de l'électro-choc libéral dans tous les domaines. »