Présidentielles 2017 : Marine Le Pen s'est brisée sur l'antifascisme
Submitted by Anonyme (non vérifié)Emmanuel Macron a reçu 65,8% des voix et c'est un succès de l'antifascisme. Avec 34,3% des voix, Marine Le Pen a clairement perdu : elle n'a pas réussi à rendre hégémonique un courant populiste et réactionnaire.
Cela aurait massivement modifé l'appareil d’État, dans la direction du fascisme !
Et c'est pourquoi aussi ce succès repose sur la mobilisation massive des masses de culture socialiste et communiste, qui sont il est vrai orientées vers le réformisme, mais qui savent ce que signifie le fascisme.
A cela s'ajoute la position nette des masses d'origine arabe et juive, qui ont exigé un refus unilatéral de Marine Le Pen.
Cela n'a donc rien à voir avec un soutien à Emmanuel Macron, qui a été décrit de manière juste comme un « Europatriote et un partisan de la dérégulation » par le quotidien allemand Die Zeit.
Emmanuel Macron, passé par l'ENA et ancien banquier, ancien ministre de l'économie sur une ligne de gauche libérale, n'est pas apprécié des masses ; elles savent que son but est de développer des plans libéraux de liquidation des acquis.
Malgré cela, il était nécessaire de soutenir Emmanuel Macron contre Marine Le Pen. Celle-ci a tout de même reçu 11,5 millions de voix, gagnant presque 4 millions de voix entre les deux tours !
Il a été faux de mener, comme l'ont fait les anarchistes, des campagnes de boycott, alors qu'il était clair que Marine Le Pen serait avec assurance au second tour des élections présidentielles.
Il a été faux, comme l'ont fait Jean-Luc Mélenchon et son mouvement « la France insoumise », de ne pas appeler à voter Emmanuel Macron et de mener en sous-main une campagne pour l’abstention ou le vote blanc.
Voter blanc, ne pas aller voter… Cela n'a aucun sens, alors que le fascisme a une chance de s'établir.
Et cette propagande anti-antifasciste a malheureusement eu de l'effet. Il y a eu 9 % de votes blancs (5 % environ normalement), 24,88 % d'abstention (environ 20 % normalement).
C'est un retour à la situation à la fin du XIXe siècle, lorsque la gauche était anti-parlementaire de manière populiste, totalement syndicaliste anti-politique ou bien anarchiste-illégaliste.
C'est le prix à payer pour le fait qu'il n'y ait jamais eu en France de véritable social-démocratie, dans le sens d'un Parti marxiste, qui voit la politique, la culture et l'idéologie comme aspect essentiel du mouvement ouvrier, et non pas les syndicats ou la « révolte » anti-politique.
Même le Parti Communiste français a été, pour l'essentiel, seulement un parti politique syndicaliste.
Mais il y a ici une différence historique. La « gauche radicale » a aujourd'hui, si l'on regarde bien, sur le plan culturel, les mêmes valeurs que la gauche réformiste et Emmanuel Macron : le post-modernisme, la défense de l'individualisme complet et de sa subjectivité « créative », l'apologie de l'idéalisme avec le refus intégral de la Nature, la valorisation de « l'art » contemporain, etc.
Culturellement et idéologiquement, la Gauche est malheureusement totalement libérale. Emmanuel Macron est ici le produit de cette tendance. Et nous savons que la réaction se maquille comme la défenseuse des « valeurs ».
Marine Le Pen a gagné beaucoup de points dans les masses, parce qu'elle s'est placée comme protectrice de la culture, de la vie quotidienne, du travail, des animaux.
Si la Gauche ne parvient pas à se modifier de fond en comble, alors, malgré cette défaite de Marine Le Pen, elle disparaîtra simplement.
Nous disons que la Gauche devrait assumer au moins les points suivants :
1) il a été juste de mobiliser contre le fascisme et d'appeler à voter Emmanuel Macron le 7 mai 2017 ;
2) le mouvement « Je suis Charlie », totalement oublié à Gauche, doit voir un musée lui être consacré Place de la République à Paris ;
3) la France est née au XVIe siècle seulement avec François Ier et a été défini par le classicisme ;
4) l'humanisme et les Lumières ont été des démarches progressistes universelles ;
5) les huit guerres de religion contre le calvinisme doivent particulièrement être prises en compte ;
6) il n'est pas acceptable que l’État rémunère les professeurs de l'école privée ;
7) la destruction de l'environnement doit être analysée comme une catastrophe morale et comme expression du caractère erroné de l'anthropocentrisme ;
8) le véganisme doit être entièrement respecté comme démarche progressiste, et soutenu ;
9) les grands monopoles doivent être présentés comme l'ennemi principal et la base du fascisme et de la tendance à la guerre ;
10) le but d'une société utopique doit être défendue.
Que le 7 mai soit une leçon et qu'elle permette d'aller de l'avant dans la bataille pour la démocratie, avec comme horizon la révolution socialiste pour un monde sans classes ni État, dans le respect de la Biosphère !
Et qu'on saisisse bien que l'affrontement avec le fascisme va toujours davantage augmenter en intensité !