30 mar 2017

La logique insuffisante du soutien de Manuel Valls à Emmanuel Macron

Submitted by Anonyme (non vérifié)

L'ancien Premier ministre Manuel Valls, en appelant à voter Emmanuel Macron dès le premier tour des élections présidentielles, pose la question de ces élections présidentielles de la même manière que Robert Hue, l'ancien dirigeant du Parti « Communiste » français.

Manuel Valls a expliqué hier qu'il n'y avait pas le choix face à Marine Le Pen :

« Rien n'est joué pour le premier tour, ni pour le second, dans un climat nauséabond. Je crains une abstention forte, je m'étonne aussi qu'on ne souligne pas plus le risque du Front national (…). Donc je voterai pour Emmanuel Macron. »

Robert Hue avait expliqué la chose suivante dans une tribune publiée dans Le Monde le 10 mars 2017 :

« Je persiste à penser que jamais la menace de l’extrême droite n’a été si grande et qu’il serait irresponsable – au-delà des différences – de ne pas tenter ensemble de la conjurer (…).

Le sens de mon engagement est celui d’un progressiste de gauche, au cœur d’une France dont beaucoup, je crains, ne mesurent pas dans le moment présent l’extrême fragilité démocratique.

Aujourd’hui, le combat primordial des démocrates doit à mes yeux se porter vers le rassemblement le plus utile et efficace pour barrer la route du pouvoir à la droite radicalisée et à l’extrême-droite lepéniste, dont les sondages actuels sous-estiment peut-être le score. »

L'idée est, somme toute, la suivante :

1. Marine Le Pen a une chance de devenir présidente ;

2. La gauche « historique » ne sera pas au second tour dans tous les cas ;

3. Emmanuel Macron est moins pire que François Fillon ;

4. En cas de second tour, bon nombre de gens de gauche risquent de ne pas voter pour François Fillon si celui-ci fait face à Marine Le Pen.

C'est un raisonnement implacable et le dernier point est tout à fait juste : la gauche au sens le plus large est contaminée par les conceptions de l'ultra-gauche et ne croient pas que le fascisme soit une menace réelle.

Lien vers le portail Elections 2017

Il est terrible de voir que les socialistes réformistes ont une meilleure compréhension du fascisme que les « radicaux ». Cela montre l'influence terriblement néfaste de l'anarchisme et du trotskysme.

Disons le sans ambages : si, comme on peut largement s'y attendre, Marine Le Pen est au second tour des élections présidentielles, alors il faudra voter pour s'y opposer. Parce qu'il faut stopper Marine Le Pen, parce qu'il faut se battre sur tous les fronts contre le fascisme.

Cependant, la question se pose : pourquoi soutenir Emmanuel Macron dès le premier tour ?

Ici, Manuel Valls et Robert Hue exposent une hypocrisie certaine.

Tout d'abord, parce que même si François Fillon est un ultra-réactionnaire, ce n'est pas un fasciste et il est erroné de l'assimiler à Marine Le Pen.

Ensuite, parce que Robert Hue a rallié le mouvement d'Emmanuel Macron, alors que Manuel Valls compte faire une scission au sein du Parti socialiste et former une nouvelle structure politique qui viendra épauler le mouvement d'Emmanuel Macron, afin d'asseoir une majorité présidentielle.

C'est là ni plus ni moins que du machiavélisme, du calcul politique tout à fait classique et sordide, sans aucune morale, sans aucun principes, sans aucune valeur.

Lien vers le texte : Ce que représente Emmanuel Macron

C'était toutefois inévitable, dans la mesure où tant Manuel Valls que Robert Hue acceptent le libéralisme politique, idéologique et culturel d'Emmanuel Macron.

Ils peuvent lui reprocher un style, un manquement d'élan « républicain » ou bien une absence de revendications sociales, mais ils n'ont aucun désaccord sur le plan du libéralisme idéologique et culturel, avec son art contemporain, sa reconnaissance absolue de l'ultra-individualisme, sa revendication du droit à l'enfant généralisé même pour les personnes seules, la mise en avant des « LGBTQ+ », etc.

Il y a des nuances inévitables sur certains thèmes, comme le cannabis et les migrants, et c'est pour cela d'ailleurs que Manuel Valls ne rejoint pas Emmanuel Macron, prétendant représenter l'aile « républicaniste » du libéralisme de gauche.

Mais sur le fond, Manuel Valls et Robert Hue témoignent, en soutenant Emmanuel Macron, de leur soutien au libéralisme et non pas de leur antifascisme, qui lui se cantonnerait à l'affirmation qu'il faut coûte que coûte s'opposer à Marine Le Pen.

Manuel Valls sait d'ailleurs très bien ce qu'il fait. Il s'était opposé de manière formelle à Dieudonné et a très bien vu quel était le rapport de forces, qui était contre Dieudonné et qui était pour.

Mais il n'a pas soutenu « Je suis Charlie », il ne s'est pas tourné vers la gauche, préférant chercher à tenter de former un courant social-libéral républicain, dont il émergerait comme figure de proue, afin d'apparaître comme l'homme « providentiel » de la République, un nouveau Georges Clémenceau.

Lien vers le dossier : PCF(mlm)/Pour une démocratie populaireC'est là une ligne totalement idéaliste, s'appuyant sur un esprit réactionnaire et une vision égocentrique de la politique.

Et avec son absence de loyauté par rapport aux primaires de gauche à laquelle il a participé contribue inévitablement à l'apolitisme, auquel contribuent par ailleurs les courants d'ultra-gauche, sous le mot d'ordre « soyons ingouvernables », appelant à « boycotter » les élections.

En appelant à voter Emmanuel Macron dès le premier tour, Manuel Valls et Robert Hue s'opposent à la logique du Front populaire, d'une gauche unie comprenant que la menace fasciste impose non pas le « républicanisme », mais l'affirmation de valeurs authentiquement progressistes.

Celles-ci, inévitablement, passe selon nous aujourd'hui, entre autres, par la défense de « Je suis Charlie », le refus du militarisme et de la tendance à la guerre, l'affirmation de l'écologie comme principe directeur, la répression de l'agitation d'extrême-droite, la valorisation de la classe ouvrière et des masses populaires, la reconnaissance de la défense des animaux, la présentation des grandes monopoles comme l'ennemi principal.

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