28 nov 2016

Élections présidentielles de 2017 : François Fillon, candidat «Les Républicains»

Submitted by Anonyme (non vérifié)

François Fillon a été nommé candidat « Les Républicains » pour les élections présidentielles de 2017, lors du second tour de la « primaire de droite et du centre », avec 66,5% des voix contre 33,5% pour Alain Juppé.

Sa porte-parole s'est empressée, sur France 2 à 20 heures, de saluer cette victoire en arborant fièrement un pendentif catholique extrêmement ostensible. 

Etaient également présents avec François Fillon au soir de la victoire l'ancienne porte parole de la Manif pour tous Frigide Barjot, la directrice de la rédaction de l'hebdomadaire ultra-conservateur Causeur Elisabeth Lévy, l'ancien ministre de la défense et fondateur de la Droite libérale chrétienne Charles Millon.

C'est tout à fait révélateur du projet porté par François Fillon ; cela correspond à la nature des forces qui soutiennent celui-ci, qui sont la source même de son existence.

Quelles sont les forces sociales qui portent
la candidature de François Fillon ?

Il y en a trois, qui se sont alliées en raison de leurs intérêts communs. On trouve ainsi :

1. Le mouvement catholique et conservateur, porteur des valeurs de la bourgeoisie traditionnelle.
Sens commun, la principale expression organisée de la « manif pour tous », a pris fait et cause pour François Fillon, le soutenant massivement dans les milieux catholiques.

2. La haute finance.
Depuis plusieurs mois, François Fillon a des rencontres nombreuses et significatives dans le milieu des banquiers, des assureurs, de la haute finance. L'appui lui est ici acquis.

3. La fédération Syntec.
Regroupant 1250 entreprises d'ingénierie et du numérique, d'études et de conseil), elle cherche à se développer en cassant les négociations sociales traditionnelles et pour cette raison mène une lutte au sein du MEDEF contre l'Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie. Le soutien affirmé de grosses entreprises du secteur des services à la personne suit la même logique.

Quelle est par conséquent la nature
du projet de François Fillon ?

Le projet de François Fillon est, selon ses propres termes, la mise en place d'un « l’État protecteur » et d'un gouvernement « commando ».

C'est un choix agressif, qui vise d'un côté la réorganisation générale de la société française et de l'autre un interventionnisme très volontaire sur le plan international, alors que jusqu'à présent la ligne hégémonique était celle d'une modernisation pas à pas. La France est censée devenir la première puissance européenne dans les dix ans.

L'aspect principal est précisément cette question internationale et les premières lignes du projet de François Fillon résument parfaitement cette « ambition » :

« Nous sommes la France, une grande Nation qui vient de loin et qui peut encore viser haut si nous décidons de libérer ses forces. Oui, nous devons et nous pouvons répondre à la compétition internationale. »

Quelles sont par conséquent les mesures
qu'il entend appliquer ?

Lien vers la liste d'articles : La "manif pour tous"

Les mesures prônées par François Fillon expriment les besoins des forces sociales qui portent sa candidature.

La haute finance et la fédération Syntec ont comme intérêt commun de vouloir s'élancer tous azimuts et ont besoin pour cela de faire sauter le statu quo dans l'équilibre social.

Cela en fait la fraction la plus agressive du capital.

Ces intérêts sont également ceux du mouvement catholique et conservateur, qui soutient de manière naturelle la tendance au corporatisme, qui est justement conforme à la vision sociale catholique et conservatrice, à l'opposé des accords généraux et par en haut entre patronat et syndicat.

Il est d'ailleurs à ce titre absurde de comparer François Fillon à l'ancienne première ministre anglaise Margaret Thatcher.

Là où cette dernière visait une société composée uniquement d'individus en compétition les uns avec les autres, François Fillon met en avant de manière très affirmée un coporatisme d'inspiration catholique.

C'est le sens des propositions de François Fillon de mise en place d'une politique familiale « forte », de la participation des salariés aux résultats des entreprises, de l'alignement des retraites du public et du privé, de la défense des « racines chrétiennes de l'Europe » et de la formation des imams directement par l’État, la défense de l'agriculture comme activité économique mais aussi comme « identité culturelle ».

C'est également bien entendu le sens de ses propositions de suppression de l'ISF, de 40 milliards d'impôts en moins pour les entreprises, de suppression du monopole syndical aux élections professionnelles, de l'activité à mi-temps obligatoire pour les délégués syndicaux, du référendum d'entreprise, de suppression des 35 heures, de l'instauration des 39 heures dans la fonction publique, de suppression de 500 000 postes de fonctionnaires.

Quelles sont alors les figures connues 
pour leur soutien à François Fillon ?

Parmi les soutiens directs de François Fillon, on retrouve notamment Henri de Castries – présenté comme un Premier ministre possible de François Fillon – ex-PDG du groupe d'assurance Axa et actuel président du Comité Directeur du Groupe Bilderberg, Pierre Danon l'ex-PDG de Numéricable et actuel Vice-président d'AgroGeneration (« producteur de matières agricole» en Ukraine), le président du conseil de surveillance de Schneider Electric Henri de Lachmann...

Le PDG du groupe O2 Guillaume Richard, Anne Méaux la présidente de l'agence de conseil en communication Image 7 (qui s'occupe notamment des entreprises du CAC 40), le PDG de Devoteam Stanislas de Bentzmann, l'associé-gérant chez Rothschild Christian de Labriffe...

Le responsable mondial des actions pour le gestionnaire d'actifs Amundi Romain Boscher, le président de CNP Assurances Jean-Paul Faugère, Arnaud Vaissié PDG d'International SOS et président de l'Union des chambres de commerce et d'industrie à l'étrange, la présidente de la fédération Syntec Viviane Chaine-Ribeiro, Arnaud de Montlaur banquie chez Quilvest, le président du groupe Les Républicains au Sénat (et catholique conservateur) Bruno Retailleau, etc.

Dès lors, en quoi François Fillon exprime-t-il 
le renforcement de la tendance à la guerre ?

Face à la stratégie du statu quo plus ou moins modernisateur, de la simple participation à l'Union Européenne et de l'alliance avec l'impérialisme américain, avec ses différentes variantes (celle de François Hollande, de Nicolas Sarkozy, etc.), François Fillon prône ouvertement la refondation de l'Union Européenne et l'alliance avec l'impérialisme russe.

Malgré l'agressivité de ce dernier, avec notamment la partition de l'Ukraine, François Fillon peut expliquer que, selon lui :

« la Russie est le plus grand pays du monde et l'on ne cesse de la repousser vers l'Asie alors qu'elle ne constitue en rien une menace. »

Il entend également mettre un terme définitif au projet d'unification fédérale européenne. Il n'a pas hésité à affirmer que :

« le rêve d’une Europe fédérale, auquel je n’ai jamais cru, est terminé. »

Les mesures économiques de François Fillon ont pour objectif de renforcer le poids de la France dans l'Union Européenne et d'ainsi pouvoir mener à bien une restructuration de celle-ci dans le sens des intérêts de l'impérialisme français.

Il n'entend pas rompre l'alliance avec l'Allemagne, contrairement à Jean-Luc Mélenchon qui lui a pour projet l'affrontement avec elle, mais la rééquilibrer dans le sens de l'impérialisme français et « mettre au pas » les petites nations. 

C'est une rupture très nette, passant par un repli stratégique nationaliste d'un côté, une restructuration des alliances de l'autre, en opposition essentiellement au social-fascisme chinois (qu'il présente comme étant « le danger ») et en s'autonomisant de l'impérialisme américain, sans rompre totalement avec lui comme le préconise par contre Marine Le Pen.

Il dit ainsi :

« Faire gagner la France, lui donner les moyens de la richesse, défendre ses intérêts : voilà mon seul cap.

Je ne considère pas le libéralisme comme étant l'alpha et l'oméga de la pensée économique et politique.

Dans la compétition économique mondiale, il ne faut pas être naïf. Face à de grands blocs économiques comme les États-Unis ou la Chine qui défendent bec et ongles leurs intérêts, la France et l'Europe doivent faire de même (…).

Je suis ainsi contre la signature du traité de libre-échange avec les États-Unis (TAFTA). L'an passé, le Crédit Agricole a dû payer une amende massive dépassant 900 millions de dollars pour avoir contourné des embargos décidés par les seuls États-Unis. Idem pour la BNP, pénalisée à hauteur de 9 milliards de dollars pour des faits similaires. »

François Fillon correspond à la tendance historique qui a fait gagner le BREXIT en Grande-Bretagne et Donald Trump aux Etats-Unis : dans le contexte de crise de la « mondialisation », c'est-à-dire de crise générale du capitalisme, on assiste à une réorganisation générale en prévision des batailles à venir. C'est la tendance à la guerre impérialiste, à une nouvelle guerre pour le partage.

Comment résumer la nature
de la candidature de François Fillon ?

François Fillon est le candidat de la haute finance, ainsi que du capitalisme du numérique faisant irruption dans le mode de production capitaliste, également soutenu par la frange la plus catholique conservatrice de la droite.

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