PCMLM - Déclaration 51 - Front uni antifasciste et défense de la loi Gayssot
Submitted by Anonyme (non vérifié)1.Front uni antifasciste pour stopper les pogromistes
2.Front populaire : un exemple à suivre
3. « Ni Valls ni Dieudonné » : une position qui revient à soutenir Dieudonné
4.L'antisémitisme n'est pas apparu en janvier 2014 !
5.Le sens de l'ordonnance de référé du conseil d’État du 9 janvier 2014
6.Défendre la loi Gayssot est une tâche démocratique et ainsi révolutionnaire !
7.Sur la question de la collaboration de classe
8.1928 et 1935
1.Front uni antifasciste pour stopper les pogromistes
Le front uni face à l'antisémitisme est une nécessité lorsque cette idéologie est à l'offensive, comme en ce moment alors que Dieudonné est la pointe d'une vague largement populaire.
L'antisémitisme est une idéologie meurtrière, c'est un anti-capitalisme romantique du type pogromiste, qui ne se développe que de manière véhémente et assassine.
Au nom d’Auschwitz, le front le plus large est nécessaire, l'alliance la plus ouverte est nécessaire pour contrer les pogromistes. Stopper les pogromistes lorsqu'ils sont lancés est une priorité antifasciste, qui demande l'acceptation du front unique antifasciste dans l'esprit de rassemblement le plus large.
Faire front en masse, le plus possible, est un devoir. Cela a été le cas au moment de l'affaire Dreyfus, cela a été le cas au moment du meurtre d'Ilan Halimi, cela a été le cas au moment de l'affaire Merah, c'est le cas face à Dieudonné et ce qu'il représente.
2. Front populaire : un exemple à suivre
Au milieu des années 1930, le Parti Communiste – Section Française de l'Internationale Communiste a considéré que la priorité était devenue l'antifascisme. Par conséquent, il fallait savoir faire des compromis qui dans une situation différente auraient été inacceptables.
Telle est l'exigence, effectivement, du front uni antifasciste.
De la même manière que des revendications économiques partielles doivent être exigées et peuvent être obtenues, des revendications politiques partielles peuvent être exigées et peuvent être obtenues.
Tel a été le sens de l'exigence du Front populaire d'interdire les ligues d'extrême-droite ; cela a été une chose parfaitement juste. Le fait d'avoir le poids politique pour – à défaut d'être en mesure de mener la révolution socialiste – contrer temporairement le fascisme, a été une action exemplaire du Parti Communiste – Section Française de l'Internationale Communiste.
Il faut savoir profiter de cet exemple historique. Comme Staline l'a souligné :
« le chauvinisme national et racial est une survivance des mœurs misanthropiques propres à la période du cannibalisme. L’antisémitisme, comme forme extrême du chauvinisme racial, est la survivance la plus dangereuse du cannibalisme. »
La survivance la plus dangereuse et la plus meurtrière, aussi pour l'arrêter faut-il accepter d'être uni dans un même mouvement historique y compris avec la social-démocratie. C'est le principe du front uni : face au danger immédiat, que celui-ci soit l'antisémitisme ou le fascisme, il faut l'unité la plus large.
3. « Ni Valls ni Dieudonné » : une position qui revient à soutenir Dieudonné
L'extrême-gauche a été unanime dans son refus de soutenir le mouvement contre Dieudonné. Olivier Besancenot, un dirigeant du Nouveau Parti Anticapitaliste (ex-LCR), a même affirmé que les interdictions faites à Dieudonné sont « lamentables ».
Ces positions sont les mêmes, non seulement qu'au moment de l'affaire Dreyfus, mais également au moment du Front populaire, où le front antifasciste du Parti Communiste – Section Française de l'Internationale Communiste était rejeté comme relevant de la « collaboration de classe ».
Telle est la position des anarchistes et des troskystes encore aujourd'hui.
Le plus souvent, la répression contre Dieudonné est même considérée comme un « complot », soit afin de cacher les problèmes du gouvernement, soit pour attaquer l'« antisionisme ».
« Il y a arnaque, la campagne de Valls arrive à point nommé pour le gouvernement » (NPA); tout cela serait donc un piège : « Affaire Dieudonné/Valls : antisémitisme télévisé ou xénophobie d’État, faut-il vraiment choisir ? » (Réseau No pasaran).
Il ne faudrait donc surtout pas prendre parti et soutenir l'interdiction de Dieudonné : « Pas question de la moindre alliance avec le PS dans la lutte anti-fasciste » dit l'OCML-VP ; le choix entre Valls et Dieudonné reviendrait à choisir entre « Pepsi ou Cola » (« Feu de prairie ») etc. etc.
4.L'antisémitisme n'est pas apparu en janvier 2014 !
Il est significatif, et documenté, que l'extrême-gauche n'a jamais abordé la question de l'antisémitisme, même pas au moment de l'affaire Merah dernièrement, et qu'elle le fait à la va-vite, en catastrophe, ces tous derniers jours.
La raison en est que la question est devenue brûlante, et qu'il faut pour ces gens préserver les apparences.
Cependant, de manière systématique, dans ses quelques prises de positions nouvelles, l'extrême-gauche se sent obligée de dire d'un côté qu'il ne faut pas d'antisémitisme, mais en même temps elle ne peut s'empêcher de l'autre de « nuancer », de « relativiser », de borner sa critique de l'antisémitisme, d'en même temps parler d'autres choses : le sionisme, le ministre de l'intérieur Manuel Valls, le gouvernement, le racisme en général, etc.
Manuel Valls est d'ailleurs présenté comme une sorte de petit Hitler, qui prônerait autant une idéologie de l'extermination que les nazis – cela est faux, cela est trompeur, cela montre que l'extrême-gauche est dans la posture irrationnelle, dans un fond de commerce politique sans aucun rapport avec la réalité.
5.Le sens de l'ordonnance de référé du conseil d’État du 9 janvier 2014
L'ordonnance de référé du conseil d’État du 9 janvier 2014 qui a permis l'interdiction du spectacle de Dieudonné est une avancée importante à défendre. Si elle reste conjoncturelle au spectacle « Le Mur » de Dieudonné, elle consiste en fait en une extension importante de la loi Gayssot de 1990.
Cette ordonnance s'appuie sur une autre ordonnance de 1995 qui a permis l'interdiction d'un spectacle barbare du « lancer de nains », considérant que cela consiste en une atteinte à la « dignité humaine » et par conséquent en soi un « trouble à l'ordre public » - quand bien même les personnes y participant seraient « volontaires ».
L'ordonnance du 9 janvier 2014 met en avant deux choses importantes :
- que l'apologie de la Shoah constitue une « atteinte à la dignité de la personne humaine » ;
- que l'incitation à la haine raciale et les atteinte à la dignité de la personne humaine constituent un trouble à l'ordre public.
Il est ainsi considéré que les paroles antisémites, racistes ou la négation (et son corollaire qui en est l'apologie) de la Shoah sont le prélude aux actes racistes et génocidaires et doivent donc être interdites.
Il y a là la reconnaissance d'une vérité antifasciste : les paroles précèdent toujours les actes ! On attaque les morts pour ensuite attaquer les vivants !
Critiquer cette ordonnance comme les fascistes, les libéraux et la quasi-totalité de l'extrême-gauche au nom de la « liberté d'expression » est en fait une attaque directe contre la loi Gayssot de 1990 interdisant l'incitation à la haine raciale et le négationnisme des crimes contre l'Humanité (et donc la Shoah).
6.Défendre la loi Gayssot et l'ordonnance du conseil d’État est une tâche démocratique et ainsi révolutionnaire !
La loi Gayssot est aujourd'hui dans la France capitaliste des années 2010 un très grand obstacle au développement effréné de l'antisémitisme et du racisme génocidaire.
Sans cette loi qui date de 1990, la haine pogromiste se serait déjà répandue à une plus grande ampleur et serait déjà passée à l'offensive physique.
La loi Gayssot et ses applications sont le produit de la poussée antifasciste des masses, elles ont été concédées par l’État bourgeois de manière forcée. Avec la Belgique, seuls des pays marqués historiquement par le nazisme, comme l'Allemagne et l'Autriche, connaissent de mêmes lois.
Une preuve que l'Etat bourgeois se serait passé de cette loi, s'il l'avait pu, est qu'il l'applique le moins possible. Sinon on ne comprend pas pourquoi Dieudonné ou Alain Soral ne sont pas déjà en prison, pourquoi le spectacle « Le Mur » n'a pas été interdit depuis bien longtemps, alors que tout cela aurait pu être largement possible depuis longtemps en s'appuyant sur la loi Gayssot.
De forts courants au sein de la bourgeoisie militent pour en limiter le plus possible l'application – en particulier la bourgeoisie impérialiste qui se renforce jour après jour à la faveur de la crise générale du capitalisme.
Elle ne concède son application que pour les cas extrêmes comme le néo-nazisme revendiqué ou bien sous la pression des masses et c'est bien ce qui s'est passé ici. La preuve en est que ces mesures d'interdiction des spectacles de Dieudonné ont été prise en catastrophe par le ministère de l'Intérieur et non à la suite d'une action juridique du ministère de la Justice.
Pour cette raison, ces conquêtes antifascistes, précaires au sein de l'Etat bourgeois, doivent être préservées. Ne pas pas défendre la loi Gayssot ou son application concrète par le biais de l'ordonnance du Conseil d'Etat du 9 janvier 2014, c'est objectivement soutenir l'offensive fasciste pogromiste.
7. Sur la question de la collaboration de classe
Les trotskystes et les anarchistes, soucieux de préserver leur aura « radicale », ont parfois avancé ces derniers jours qu'appuyer une loi bourgeoise relevait de la collaboration de classe.
Ce point de vue était déjà avancé au moment de l'affaire Dreyfus ou encore du Front populaire. Pourtant, il ne viendrait à l'idée de personne de considérer comme de la collaboration de classe la conquête d'une loi sur la sécurité du personnel des entreprises ou bien encore davantage de congés payés.
Il est vrai qu'il existe en France un précèdent particulier, puisque le Parti Communiste – SFIC, dirigé par Maurice Thorez, a basculé dans l'opportunisme de droite par l'intermédiaire du Front populaire.
Cependant, l'existence d'un tel écueil ne justifie pas une posture gauchiste. Il faut discerner ce qui relève de la trahison, lorsque les principes sont trahis, lorsque la bourgeoisie est soutenue, de ce qui relève du soutien à un mouvement démocratique de fond.
Il aurait été absurde, en 1934-1936, de ne pas profiter de l'opportunité d'une vague démocratique pour bloquer les activités fascistes au moyen du Front populaire. Que le Parti Communiste – SFIC y ait succombé est un échec, mais l'échec ne vient pas du Front populaire, mais de l'incapacité à y participer correctement et de la soumission en définitive aux institutions « républicaines ».
8. 1928 et 1935
A la suite du 6e congrès de l'Internationale Communiste en 1928, le Parti Communiste d'Allemagne a su développer l'Action Antifasciste, afin de déborder la direction de la social-démocratie qui refusait la lutte antifasciste.
A la suite du 7e congrès de l'Internationale Communiste en 1935, le Parti Communiste – Section Française de l'Internationale Communiste a su développer le Front populaire, afin de parvenir à bloquer le développement du fascisme y compris en mobilisant la social-démocratie.
En fait, ces situations alternent ; il est des moments où la ligne de 1928 doit être l'aspect principal, d'autres où c'est la ligne de 1935 qui doit l'être.
Dialectiquement, la social-démocratie est le frère jumeau du fascisme, son appui formidable de par ses échecs et son anti-communisme, et en même temps elle ne l'est pas, car elle est parfois une expression démocratique des exigences de la base.
Saisir ces moments différents est une nécessité tactique pour l'antifascisme. Cela montre encore plus l'importance capitale de l'étude du matérialisme dialectique.
Parti Communiste Marxiste Léniniste Maoïste [France]
Janvier 2014