«Nuit debout», alcool, casse, viols: une «convergence» sous forme d'existentialisme petit-bourgeois et de nihilisme
Submitted by Anonyme (non vérifié)Au Moyen-Âge, il existait à Paris la cour des miracles, cet endroit rassemblant les brigands, voleurs et mendiants, présentant souvent des infirmités, disparaissant le soir tombé. « Nuit debout », place de la République à Paris, est actuellement un tel endroit.
Une fois passée les prétentions à réécrire la Constitution ou promouvoir telle ou telle solution miracle, devant se réaliser comme par magie car écrit en commun avec ferveur, l'alcool coule à flots et les débordements s'ensuivent, jusqu'aux viols.
Car « Nuit debout » n'a pas le charme de réunions hippie où l'esprit est pacifique, solidaire, pétri de bons sentiments ; on est ici dans le ressentiment, la hantise du déclassement, admirablement bien résumé par ce slogan de « Nuit debout » :
« Puisqu'ils nous empêchent de rêver, on va les empêcher de dormir »
A cela s'ajoutent les vils calculs : ceux du gouvernement, qui espèrent renforcer la gauche tout en apparaissant comme responsable et incontournable, ceux des anarchistes, des trotskystes et des révisionnistes qui espèrent qu'il y aura un scandale – y compris par la mort d'une personne manifestant – pour apparaître comme « révolutionnaire » car victime.
Tout cela est bien sordide et il est évident qu'à part être les idiots utiles d'un capitalisme cherchant à se réimpulser, « Nuit debout » ne saurait aboutir à rien.
« Nuit debout » est le produit du fait que les rêves de propriété des petits-bourgeois sont troublés par la bourgeoisie, et pour faire pression les petit-bourgeois, désorientés, n'hésitent pas à se laisser gangrener par le lumpenproletariat et la fraction radicale de la petite-bourgeoisie.
C'est cela la fameuse « convergence », non pas celle avec le peuple mais celle avec les « couches intellectuelles précarisées » exigeant leur place au soleil, comme le résume ce slogan de « Nuit debout » :
« Nous ne sommes pas de la marchandise dans les mains des politiques et des banquiers »
Pour ces gens, la bourgeoisie n'existe pas, le prolétariat non plus d'ailleurs ; le capitalisme ne saurait être remis en cause, car cela serait remettre en cause la propriété privée. Reste alors les politiques et les banquiers, ce qui ramène « Nuit debout » au populisme anticapitaliste romantique de l'extrême-droite.
Cette « convergence » petite-bourgeoise ramène, bien sûr, également une foule de lumpens et il en résulte que les « casseurs » dont on parle dans les médias ces derniers jours, qui profitent des manifestations contre le projet de loi travail et de « Nuit debout », sont un assemblage hétéroclite de rebelles sans autre cause que la « casse » comme réformisme « dur » masqué derrière des discours sur la révolution permanente, la création continue, la révolte totale, etc.
Il faut sauver le soldat petite-bourgeoisie, tel est le mot d'ordre d'opérations de casse sans perspective. Cela n'est pas sans rappeler la situation à Berlin où chaque 1er mai de ces dix dernières années a été parasité par des casseurs toujours plus éloignés des causes sociales, politiques et culturelles défendues.
Les autonomes n'ont cessé, de manière toujours plus dure, de dénoncer cette situation plus que néfaste, craignant un asséchement de la démarche. Ce qui se réalisa effectivement : cette année fut un fiasco, d'ailleurs sans aucun affrontement sauf quelques bouteilles lancées à la fin du cortège de 13 000 personnes.
Ce qu'ont pensé alors les autonomes allemands des casseurs sans perspective à Berlin, on peut le penser aujourd'hui en France.
Ce qui compte ce n'est pas l'acte en soi ni l'intention, mais l'effet, l'impact, la conséquence. C'est cela qu'il faut évaluer. Sinon on bascule dans le nihilisme, la philosophie à la Nietzsche…
Faut-il des révoltes, de la casse ? Oui, puisqu'il faut la révolution, mais justement c'est la révolution qui détermine ce qu'il est juste de faire ou non. La casse en soi n'a aucun contenu et revient au nihilisme si c'est une fin en soi.
Cette tendance destructrice au nihilisme comme appel au secours de la petite-bourgeoisie est inévitable ici puisque « Nuit debout » et les casseurs n'ont aucun programme, aucune valeur culturelle ou idéologique : c'est un mouvement petit-bourgeois tentant d'imposer les intérêts de la petite-bourgeoisie agonisante, ce n'est pas une classe en tant que telle, mais une couche intermédiaire consistant en une anomalie permise par le cycle de développement du capitalisme désormais en crise générale.
La démarche des casseurs actuels est outrancièrement substitutiste d'ailleurs ; ces gens ne font même pas semblant de représenter les masses ou de proposer des « débordements ». On est ici dans la mystique nietzschéenne de la rébellion créatrice, de la célébration du spectacle : quel autre sens peuvent avoir des casseurs qui cassent devant une nuée de photographes et de caméras, qui provoquent la police pour le simple plaisir de le faire ?
C'est là l'autopromotion de soi-même, dans un esprit purement petit-bourgeois, nullement une bataille pour un objectif.
Il est intéressant de voir comment l'ultra-gauche tente de masquer ce vide conceptuel, intellectuel et culturel, derrière une prose délirante mystique. On peut lire par exemple les « axiomes » sur « Nuit debout » proposés par la mouvance de L'insurrection qui vient, avec ses discours cryptiques et son nietzschéisme :
AXIOME - I
La multitude de « Nuit debout » ne se constitue pas pour son dehors (le spectacle, le public, les médias) mais pour elle-même (la place, l’ami.e, la rumeur) (…).
AXIOME - II
Chaque individu de la multitude des Nuits Debout est un mode par lequel les Nuits Debout existent d’une certaine manière et en un certain sens (…).
AXIOME - III
La violence a lieu et s’accroît autant que le désert et sans se déclarer.
Explication : Le désert croît : malheur à celui qui protège les déserts (Nietzsche)
gaîtés
prudences
puissances »
C'est là l'idéologie de la destruction comme création, ce qui est de l'existentialisme fasciste. La provocation est d'ailleurs très grande ici pour quiconque porte un regard avisé, puisque cette prose irrationnelle à la Nietzsche tente de copier la forme totalement rationnelle de l'immense matérialiste Baruch Spinoza.
Une telle démarche « subversive » se retrouve à l'infini sur le site lundi.am, dont est tirée cette prose. Il n'est même pas hésité à utiliser des photographies de nazis jouant du piano sur la place Maïdan de Kiev !
Du moment qu'il y a révolte, cela leur suffit bien, mais comme c'est fondamentalement petit-bourgeois. Sourions de manière moqueuse en lisant ces propos légalistes :
[NDLR : Après de longues discussions au sein de la rédaction de lundimatin, nous avons choisi de censurer un paragraphe du texte original. Si le caractère artistique, créatif voire informatif de la description d’un "petit cocktail molotov de poche qui s’allume comme une cigarette" ne nous a pas échappé, nous aimerions autant que possible que notre site d’information ne soit pas susceptibles de poursuites de la part d’autorités taquines ou malveillantes. Ce fut un choix difficile dont nous nous excusons tant auprès de nos lecteurs que de l’auteur.]
C'est bien une preuve que ces gens veulent du spectacle, et non la révolution. Ils prétendent critiquer la société du spectacle, l'aliénation de la société, alors qu'eux-mêmes ont une démarche entièrement « spectaculaire » et que leurs discours irrationnels sont aliénants.
« Nuit debout » est une tentative de contourner les masses, de profiter d'un levier mystique pour contourner le travail démocratique dans le peuple. Nous vivons une caricature de mai 1968, où une minorité d'ultra-gauche, totalement coupée de la société, s'imagine avoir trouvé une « faille » et provoquer une « révolution permanente ».