La question animale dans les élections présidentielles de 2017 (2) : la sensibilité comme aspect principal
Submitted by Anonyme (non vérifié)Pour le matérialisme dialectique, la vie est de la matière plus développée. Elle dispose à ce titre d'une dignité. C'est un point de vue qui affirme le caractère universel de la matière, posant de ce fait que tout être vivant relève, en particulier, de cet universel.
Pour cette raison, le communisme implique un respect toujours plus grand du vivant. La marche au communisme est universelle ; l'Univers, toujours plus complexe, avance de manière éternelle vers davantage de synthétisation.
Seul le matérialisme dialectique comprend ainsi les implications de notre époque et saisit la nature de la sensibilité, cette « ultime frontière » morale et intellectuelle.
Cet aspect étant incontournable, voyons comment l'aborde le collectif AnimalPolitique, rassemblant les principales associations institutionnelles. La chose est définie comme suit :
21 - Reconnaître à tout animal sauvage le statut d'être vivant doué de sensibilité.
Sur la question de la sensibilité, le matérialisme dialectique l'attribue à la matière elle-même. Il n'y a pas d'ajout « extérieur », même si bien entendu la matière vivante est davantage développée, plus complexe, ce qui implique une gamme plus complexe de sensibilité.
Ce qui implique, de fait, que le véganisme authentique ne peut qu'assumer le matérialisme dialectique, sans quoi il n'a aucune base intellectuelle cohérente pour se justifier.
Et aucun penseur bourgeois ou petit-bourgeois ne peut s'en sortir ici. Les réponses candidats aux présidentielles sont, pour cette raison, exemplaires.
Philippe Poutou sait qu'il ne peut pas répondre :
« Mais la question mérite davantage de précision : qu'est-ce qu'un animal sauvage ? Une mouche ? Le moustique tigre ? »
Emmanuel Macron, rompu aux questions intellectuelles, bascule sur le droit, car il sait qu'il n'y a aucune solution pour le droit bourgeois mais au moins cela lui permet de ne pas fermer la porte :
« Oui, sous réserve d’une expertise des implications juridiques plus approfondie. »
Marine Le Pen sait que les chasseurs sont au taquet sur cette question et, pour cette raison, ferme immédiatement la porte :
« Le code civil reconnaît désormais aux animaux la qualité d’être vivant doué de sensibilité, qui parfait leur protection, tout en ne bouleversant pas notre équilibre juridique et sans peser sur nos filières agricoles.
Je ne suis pas favorable à l’extension de cette disposition aux animaux sauvages mais je suis pour un renforcement des peines sanctionnant la maltraitance des animaux sauvages et le braconnage. »
Benoît Hamon promet tout et son contraire, en bon social-réformiste :
« Je pense qu’un être vivant est forcément doué de sensibilité. Comme nous l’avons fait au cours de ce quinquennat, je proposerai de reconnaître le statut d’être vivant doué de sensibilité à tout animal sauvage.
Cela aurait pour conséquence de permettre la sanction des actes de cruautés ou des mauvais traitements infligés aux animaux sauvages.
La situation actuelle incohérente fait que maltraiter un cheval, un chien ou un ours de spectacle est puni par la loi, en revanche infliger des sévices graves à un animal sauvage n’appelle aucune poursuite.
Cela ne signifie pas de remettre en cause la chasse ou le fait de tuer un animal, mais de mettre fin aux méthodes de chasse cruelle par exemple. »
Nicolas Dupont-Aignan et Jacques Cheminade disent un « oui » qui n'engage à rien, Nathalie Arthaud, François Fillon, François Asselineau, et Jean Lassalle ne répondent pas.
Jean-Luc Mélenchon, comme très souvent dans ces réponses, prétend assumer l'universel. Voici ses propos :
« Comme le reconnaît l'article L214 du code rural, adopté en 1976 « Les animaux sont des êtres sensibles ». Nous étendrons la portée de cet article à tous les animaux. »
C'est là typique de la démagogie de Jean-Luc Mélenchon dans le domaine de l'écologie. Car sa position implique, de fait, l'interdiction de la chasse.
Or, Jean-Luc Mélenchon n'assume nullement une pareille interdiction.
Pourquoi prétend-il alors représenter l'universel ?
Car il sait que c'est une question importante dans les masses. Cependant, il sait aussi que le niveau idéologique est encore très faible. Alors, il prend les devants, en sachant que personne ne pourra encore, pratiquement, lui reprocher son incohérence.
En ce sens, de notre point de vue, Jean-Luc Mélenchon joue un rôle tout à fait néfaste. Il siphonne littéralement des énergies devant aller chez nous. Nous en avons conscience depuis longtemps et nous regrettons cela.
Toutefois, ce n'est qu'une parenthèse. Jean-Luc Mélenchon ne pourra pas dévier la perspective révolutionnaire. Il ne pourra jamais assumer le communisme sur le plan de la sensibilité.
Seul le matérialisme dialectique peut se mettre à la hauteur de la biosphère, de la reconnaissance de la sensibilité universelle de la matière, de la reconnaissance de la dignité des êtres vivants de par la dignité du réel.