21 avr 2017

La question animale dans les élections présidentielles de 2017 (5) : Jean-Luc Mélenchon et le faux universalisme franc-maçon

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Nous avons opposé la question de la biosphère comme réalité matérielle planétaire à la dénonciation partielle de la condition animale.

C'est là une question de point de vue de classe : la classe ouvrière voit l'ensemble, la petite-bourgeoisie n'ayant qu'une lecture partielle, la bourgeoisie une lecture erronée.

C'est pour cette raison que la petite-bourgeoisie se focalise sur certains aspects ne remettant pas en cause le mode de production capitaliste, cherchant des problèmes intermédiaires.

C'est la raison pour laquelle les thèmes de la corrida, des combats de coqs, des cirques, etc. reviennent si souvent.

Le mode de production capitaliste peut très bien accepter leur interdiction, alors qu'en même temps leur interdiction relève d'une exigence démocratique, ce qui permet de mobiliser les masses en ce sens.

La petite-bourgeoisie est alors gagnante, pouvant s'affirmer comme au coeur du « changement ». C'est le même phénomène qu'avec Nuit debout avec sa tentative de dévier la question révolutionnaire vers la modification des institutions, au moyen d'une « VIe République ».

Voici donc les propositions du collectif AnimalPolitique, qui regroupe les principales associations institutionnelles : 

11 - Interdire la capture des animaux sauvages dans leur milieu naturel et leur importation sur le territoire à des fins de divertissement.

12 - Mettre un terme à la présence et à l'utilisation d'animaux sauvages et domestiques dans les établissements et spectacles itinérants ou fixes. 

13 - Mettre fin dans les zoos et les delphinariums aux programmes d'échanges, d'élevage et de reproduction à des fins commerciales, de divertissement, de pédagogie ou d'études scientifiques.

14 - Abolir les corridas et les combats de coqs.

Ces questions sont indéniablement importantes, mais leur mise en avant relève d'une tentative de mélanger ce qui est principal et secondaire, d'une part, et de mélanger des revendications au succès possible à celles au succès impossible, d'autre part.

À cela s'ajoute, encore une fois, le fait que c'est Marine Le Pen qui peut, par des propositions formulées ainsi, le mieux s'en sortir.

Jean-Luc Mélenchon croit ainsi que la première question parle du braconnage, alors qu'il n'en est rien ; Benoît Hamon est pour faire « disparaitre progressivement les animaux sauvages dans les cirques », ce qui n'engage à rien.

Philippe Poutou imagine qu'on peut « mener des campagnes d'information visant à éradiquer les pratiques de corrida et de combats de coqs », ce qui n'a aucun sens.

Marine Le Pen jongle, quant à elle, avec un certain succès, voulant fermer les delphinariums et interdire les combats de coqs, mais pas les corridas même si elle veut engager un débat public. C'est satisfaire tout le monde, tout en faisant en sorte que rien ne change : en apparence tout change, mais rien en réalité.

C'est-à-dire qu'ici, la démagogie fasciste, irrationnelle, l'emporte forcément sur les non-propositions des autres candidats.

Il y a toutefois une partie des questions où c'est Jean-Luc Mélenchon qui s'en sort le mieux. Nous étudions avec une grande attention son discours à ce niveau, au sujet de l'écologie au niveau planétaire, car nous constatons qu'il reprend des arguments et une manière de voir les choses dont nous voyons mal ce quelle est peut être à part dans ce que nous mettons nous-mêmes en avant.

De quoi s'agit-il ?

Par définition, les candidats s'alignent sur les intérêts de la France et rejettent tout ce qui dépasse ce cadre. Faire autrement signifierait exiger un gouvernement mondial, ce que la bourgeoisie ne conçoit pas, contrairement à nous en tant que communistes.

Jean-Luc Mélenchon, de manière à moitié sincère à moitié opportuniste, pour apparaître de haut niveau, a énormément travaillé cette question.

Il tente ainsi de formuler une idéologie des Lumières « prolongée », conformément à son arrière-plan idéologique franc-maçon (d'où le symbole « phi », la référence au nombre d'or comme harmonie, etc.).

Membre du Grand Orient De France, Jean-Luc Mélenchon voit en la franc-maçonnerie le « fil d'or » de l'intelligence, du culte du progrès, etc.

Tout son discours idéologique repose sur cette approche, comme le montre sa réponse à la proposition 15, que voici.

15 - Imposer un  code  de  bonne conduite  dans  les  eaux territoriales  françaises pour  mettre les  cétacés libres  à  l'abri des perturbations induites par l’observation touristique.

Voici alors l'argumentaire de Jean-Luc Mélenchon à ce sujet.

« Dans le cadre de la planification écologique, nous allons donc prolonger et développer très largement les lois en vigueur en France métropolitaine et dans les DOM TOM : parcs naturels, protections des espèces, réserves, protections du littoral etc.

Nous pensons également que la préservation de la biodiversité (notamment la continuité des trames vertes et bleues) doit pouvoir être opposable, dans des conditions à discuter, à différents projets de construction.

Les mammifères marins sont particulièrement vulnérables à la pollution chimique. Nous visons l’interdiction des rejets industriels et miniers sur le territoire (à fortiori en Méditerranée, qui se trouve dans une situation écologique particulièrement alarmante). Une enquête publique sera également menée pour faire la lumière sur les déchets nucléaires et militaires présents dans nos eaux. Dépolluer ces zones est une priorité.

L’agriculture est responsable d’une forte pollution des eaux (eutrophisation, pollution aux nitrates, surcharge de sédiments…). La transition agricole passe par une interdiction à terme des pesticides chimiques et des engrais minéraux ainsi que par un couvert végétal et forestier limitant l’érosion. C’est donc un moyen incontournable pour rendre nos eaux moins toxiques pour la faune marine.

La navigation actuelle a des conséquences grave sur le milieu marin (moteurs thermiques et pollution sonore, dégazages, ballastes contenant des espèces étrangères parasites…). Elle doit évoluer vers des standards neutres sur le plan environnemental (navigation électrique, à voile…). »

Cette vision extrêmement travaillée est démagogique ; elle pose des points justes, surprenant même Nicolas Hulot par leurs justesses comme celui-ci ne cesse de l'expliquer aux médias, mais en même temps elle est incapable de raisonner au niveau de la Biosphère.

Pour cette raison, Jean-Luc Mélenchon nous apparaît à la fois comme un obstacle empêchant les masses de saisir les questions à ce niveau, et en même temps comme un vecteur d'une transition inévitable à une pensée planétaire, par conséquent matérialiste dialectique.

Ce double caractère ne saurait durer, étant simplement transitoire, n'existant que par l'opportunisme de Jean-Luc Mélenchon au moyen de son arrière-plan intellectuel faussement universaliste avec la franc-maçonnerie.

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