Hier, le 5 octobre, autour de 300 000 personnes ont défilé à l'appel de la « manif pour tous », un organisme généré par la droite catholique, contre « la PMA, la GPA, la théorie du genre ». C'est-à-dire que des forces conservatrices se sont appropriées la critique du post-modernisme, sur la base d'un anticapitalisme romantique.

Ce dernier a été résumé dans un message commun, la semaine dernière, de deux cardinaux : les  archevêques Angelo Scola de Milan en Italie et Schönborn de Vienne en Autriche, où l'on peut lire notamment :

« Il y a là, en effet, en germe toutes les conditions d'un esclavagisme moderne où l'enfant est conçu comme une marchandise, un commerce dans lequel les plus riches exploiteront les plus pauvres, et une accélération de l'eugénisme occidental. »

Il est tout à fait traditionnel en France que la critique du capitalisme soit faite par la mouvance catholique : on a déjà vu cela avec les forces qui se sont agglomérés pour donner naissance au pétainisme, notamment avec l'école d'Uriage, dont le prolongement sera toute la mouvance « catholique de gauche » du groupe de presse publiant notamment Le Monde.

Ce qui doit frapper toute les personnes ayant compris un tant soit peu le matérialisme dialectique est que justement, en raison des faiblesses du communisme scientifique en France, « l'anticapitalisme » a toujours tendu à correspondre à cet esprit « catho de gauche », ou bien à passer dans le camp du post-modernisme.

Si l'on prend Jean Jaurès et Léon Blum, François Mitterrand et Lionel Jospin, sans parler de François Hollande, on a toujours un esprit « catho de gauche », dans une démarche « républicaine », célébrant Victor Hugo et les réformes soi-disant « révolutionnaires ». Cela est vrai également pour Maurice Thorez, le grand dirigeant historique du Parti Communiste français.

En raison de la crise générale du capitalisme, on assiste à un transvasement. Après l'altermondialisme de gauche, on a désormais un anti-mondialisme de droite, dans le prolongement du « non » nationaliste ayant gagné lors du référendum sur la constitution européenne.

Mais sur le fond, il n'y a guère de différences, notamment dans l'anti-américanisme primaire, la tendance à l'antisémitisme, la défense de la petite propriété et de la petite production, etc.

Le communisme rejette la Gestation Pour Autrui (GPA), mais il le fait en défense de la réalité naturelle. Le communisme choisit le camp de la mère. C'est une valeur historique du communisme, depuis le communisme primitif jusqu'à aujourd'hui. La mère, c'est la vie, et la vie c'est la matière en mouvement, dans un processus toujours plus complexe.

Tel n'est pas le point de vue « catho de gauche » ou bien de la « manif pour tous », qui rejette la Gestation Pour Autrui au nom de la « magie » de la vie, du « mystère » divin de la vie.

Là est la clef du souci. Nombre de gens se croient athées et progressistes, alors que ce ne sont que des libéraux post-modernes et semi-décadents. Tout leur claque dans les mains, et les départs pour le « djihad » de jeunes de ce genre de famille en est une terrible expression.

Une génération entière de la jeunesse issue de milieux progressistes a été sacrifié sur l'autel du libéralisme libertaire, devenant des relativistes complets, laissant le libre champ à l'extrême-droite et aux religions.

C'est pour cela que la GPA n'a jamais été un thème avant que la « manif pour tous » ne la mette en avant. Le gouvernement devait la mettre en place, avant de saisir de son caractère totalement explosif !

Il est donc frappant ici que la gauche et l'extrême-gauche avaient, jusqu'aux initiatives de la « manif pour tous », tout à fait accepté le principe de la GPA, n'en parlant jamais par ailleurs. Cela souligne leur vision post-moderne du monde, leur incapacité à voir le capitalisme dans toute sa profondeur.

Même aujourd'hui, les « post-modernes » ne peuvent pas s'empêcher de tendre dans le libéralisme ultra. Ainsi, Alexis Corbière, secrétaire national du Parti de Gauche, se prétend désormais contre la GPA. Toutefois, il dit : « Je suis pour qu'on ne refuse pas une filiation aux enfant nés de GPA », c'est-à-dire qu'il est pour la reconnaissance des enfants nés de la GPA à l'étranger.

C'est ce qu'exige également la Cour européenne des droits de l'homme, et le gouvernement français n'a pas fait appel : il va être obligé de reconnaître au cas par cas des enfants issus de la GPA.

C'est le point de vue d'Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, qui a expliqué que :

« Le combat (...) c'est que des enfants qui sont issus des GPA ne soient pas orphelins de la République et soient reconnus par l'Etat français: c'est ce qu'a dit la Cour européenne des droits de l'Homme ».

La directrice de l'Ecole Nationale d'Administration, Nathalie Loiseau, dans cette même logique post-moderne, libérale et technocratique, avait pareillement expliqué dans un ouvrage que :

« A mes yeux, j’y pense comme une sorte de don. Je n’arrive pas à comprendre les arguments de ceux qui y sont hostiles. Ce n’est pas “naturel” ? Les vaccins, les antibiotiques, les greffes d’organe non plus.

Cela brouille la filiation ? Pas d’avantage que l’adoption, que fort heureusement personne ne condamne. Cela permet à des couples de même sexe de fonder une famille ? S’ils en sont capables, pourquoi le leur refuser ? »

Voilà l'hypocrisie des post-modernes : en fait, ils sont pour la GPA. Avant que cela ne devienne un thème, ils n'ont rien dit. Et maintenant que c'est un thème, ils se disent contre, sauf qu'en pratique on peut aller l'étranger, notamment en Europe, comme en Grèce, et que cela sera « légal », si ce n'est aujourd'hui, tout au moins très bientôt.

Au point d'ailleurs qu'il y a également en France des entreprises faisant leur publicité pour la GPA, démarchant des couples…

Dans la même logique, il y un large mouvement pour que soit autorisé la Procréation Médicalement Assistée (PMA) pour n'importe quelle femme, même sans couple. C'est là véritablement le mépris de la vie et l'ultra-individualisme le plus éhonté. Le principe même du couple est nié, alors que pour le matérialisme dialectique son caractère viable et durable est la seule base possible pour l'autorisation de la PMA.

Et les masses sont prises en étau, entre Charybde post-moderne et Scylla religieux. Alors que la réponse révolutionnaire est facile à trouver, quand on regarde l'histoire. Car tout cela est la conséquence de la non-existence d'une social-démocratie historique en France, de la non-pénétration authentique du matérialisme dialectique dans notre pays.

Ce sont les communistes qui auraient dû avoir pris la tête du combat contre la GPA, tout en rejetant la propagande irrationnelle sur la dimension « mystérieuse » de la vie, son caractère pseudo « divin ».