Qui a intérêt à nier la normalité sociale complète des pays impérialistes ?
Submitted by Anonyme (non vérifié)La France est un pays riche et puissant, l'un des principaux pays impérialistes du monde. L’État contrôle le territoire de manière totale ; les accords sociaux régissent les rapports économiques entre les travailleurs et les employeurs, avec des syndicats portés à bout de bras par les institutions.
L'hégémonie des médias traditionnels est absolue et sur le plan des mœurs le conformisme est général. Il n'y a aucun engagement révolutionnaire dans les masses populaires ; la soumissions aux institutions concerne la quasi totalité de la population.
58% des ménages sont propriétaires de leur logement, un pourcentage en constante augmentation depuis les années 1970 avec une accélération depuis la fin des années 1990, ce qui correspond bien à une certaine mentalité de petit propriétaire dans notre pays.
Cette liste de la normalité sociale pourrait former un ouvrage en tant que tel, tellement tous les paramètres montrent bien la banalité du capitalisme en France.
Et ce qui est vrai pour la France l'est aussi pour l'Allemagne, les Pays-Bas, la Suède, la Belgique ou même l'Italie ou l'Espagne. Même la Grèce, pays dont l'économie s'est effondrée, n'a nullement basculé dans une vague révolutionnaire, malgré l'émergence de quelques secteurs radicaux.
Mais on peut même aller plus loin et voir que la normalisation et le renforcement des rapports capitalistes bureaucratiques existent aussi dans certains pays. En Turquie, Recep Tayyip Erdoğan n'est pas un tyran tombé du ciel ; il correspond à toute une période de stabilisation et de renforcement du capitalisme bureaucratique.
C'est cette stabilité qui permet l'élargissement du fanatisme et les affirmations expansionnistes en Turquie, en profitant des mobilisations nationalistes.
Qui a intérêt à nier tout cela ?
Qui a besoin de raconter qu'il y aurait une expression révolutionnaire puissante dans les pays impérialistes, rencontrant un vif écho ?
Des gens qui, représentant les intérêts de la petite-bourgeoisie, exigent une part plus grande de gâteau, et présentent ce combat corporatiste derrière un masque révolutionnaire.
En France, on joue à la révolution, et cela depuis longtemps. La direction de la Gauche Prolétarienne, organisation qui avait rompu avec ce cinéma, s'est finalement dégonflée ; la conséquence en a été Action Directe, qui a cherché d'exprimer une rupture en ruant dans les brancards, mais avec une dignité du réel qu'il faut reconnaître.
Ce n'est pas pour rien, justement que cette dignité du réel n'a jamais été reconnu à part par les révolutionnaires authentiques. Action Directe, au-delà de ses erreurs, a montré que quelque chose ne tournait pas rond, que tout le monde à l'extrême-gauche ne faisait que faire semblant de vouloir la révolution.
Cela a donc été la conspiration du silence à ce sujet et encore aujourd'hui d'ailleurs. Le même phénomène existe dans les autres pays, bien entendu. Quelle ironie de voir des Italiens parler de Guerre Populaire aujourd'hui alors que dans les années 1970 et 1980, ils s'opposaient farouchement à tout « gauchisme » illégal !
C'est bien une preuve que dans le capitalisme, tout se recyle. D'ailleurs la classe ouvrière française s'est recyclée aussi. Après avoir soutenu des années un Parti Communiste français révisionniste partisan de la paix sociale et de la cogestion, elle s'est lancée dans les bras du Front National, exprimant une vision du monde corporatiste et trouvant en Marine Le Pen un bon vecteur pour cette affirmation égoïste et absurde.
La faiblesse historique de la classe ouvrière française s'est muée en trahison. Ne pas dire cela, c'est trahir la classe ouvrière et la flatter de manière populiste. La classe la plus révolutionnaire de l'Histoire qui vote Front National et reste passive à l'égard des idées révolutionnaires, c'est une absurdité et une preuve de corruption.
L'effet le plus direct de cela est, forcément, que les gens au sens le plus large qui soit ne s'intéressent pas aux idées révolutionnaires, au gauchisme, au marxisme, au socialisme, à l'URSS, à Mao Zedong, etc.
Est-ce absurde pour nous de dire cela, alors que nous avons publié une avalanche de documents à ce sujet, jouant un rôle incontournable et central dans la réaffirmation de ce patrimoine ?
Absolument pas : c'est justement parce que nous portons cela que nous le savons. Nous ne sommes pas des gens nous appropriant quelque chose tels des contrebandiers et s'imaginant savoir mieux que tout le monde ; nous portons la chose, donc nous sommes réalistes.
C'est ce réalisme qui fait notre continuité depuis plusieurs années et le strict maintien de nos principes, avec une capacité productive (nos dossiers) et une implication réelle dans la ligne de masses.
Sur ce dernier point, nous ne nous étendons jamais, selon les principes traditionnels de sécurité. Nous ne sommes pas une organisation de la génération facebook, qui vit à travers une sorte de show permanent.
Ce qui compte c'est l'idéologie et la démarche ; que nous soyons 50, 500 ou 5000 ne change rien à l'affaire. Ce sont les principes qui décident, la valeur de ce qui est analysé, dit, proposé.
Il ne faut pas céder aux sirènes des victoires d'un jour et encore, surtout vu ce que peuvent représenter des victoires aujourd'hui. Il n'y a pas d'engouement révolutionnaire.
Le seul moyen de contourner cela pour exister est de diffuser des idées post-modernes : ça, ça marche, car cela correspond à l'esprit libéral-libertaire de nos sociétés capitalistes actuelles.
C'est ce qu'ont fait la LCR-NPA, l'OCML-VP, Futur Rouge, même Lutte Ouvrière cédant de plus en plus.
Il y aussi le syndicalisme, ce choix facile de soutien à des corrompus dont les organisations syndicales n'existent que par le soutien historique des institutions, par la reconnaissance et l'argent.
Mais la révolution, ce n'est ni les post-modernes, ni la CGT et la révolution en France ne passera pas par la « pensée Jean-Luc Mélenchon ».
Alors que faut-il faire pour préserver la proposition stratégique révolutionnaire, celle qui dit qu'il faut prendre le pouvoir par les armes pour que la classe ouvrière décide de tout ?
Eh bien déjà, il ne faut pas utiliser cette proposition comme un masque pour agir en syndicalistes CGT ou en agent du post-modernisme.
Ensuite, il faut acquérir un bon niveau idéologique et culturel, ce qui demande du travail et nécessite un long apprentissage, avec discipline.
Au-delà de cela, il faut comprendre les phénomènes actuels, comme le réchauffement climatique ou la situation des animaux, sans quoi la prétention à être révolutionnaire n'est qu'un vain mot, dans la mesure où sa propre vie quotidienne obéirait au conformisme capitaliste.
Il est des gens qui disent : cela va nous isoler. À quoi il faut répondre : tout à fait, c'est ce qu'ont fait Lénine et les bolchéviks, qui se sont formés en deux temps comme l'enseigne le léninisme (et même la social-démocratie historique part ailleurs). Il faut d'abord avoir une base solide pour ensuite aller révolutionner les masses.
Tout le reste est du réformisme et du subjectivisme. Car on ne fera pas la révolution sans comprendre les mentalités et l'Histoire de France, on ne fera pas la révolution sans une capacité de direction s'appuyant sur un haut niveau idéologique, on ne fera pas la révolution sans réelle capacité d'analyse matérialiste dialectique de la réalité.
Concluons avec ce que nous enseigne Lénine dans Que faire ? :
« Le dogmatisme, le doctrinarisme", "l'ossification du parti, châtiment inévitable de la compression forcée de la pensée", tels sont les ennemis contre lesquels entrent en lice les champions de la "liberté de critique" du Rabotchéïé Diélo (…).
L'exemple des social-démocrates russes illustre d'une façon particulièrement frappante ce phénomène commun à l'Europe (et signalé depuis longtemps par les marxistes allemands) que la fameuse liberté de critique ne signifie pas le remplacement d'une théorie par une autre, mais la liberté à l'égard de tout système cohérent et réfléchi ; elle signifie éclectisme et absence de principes (…).
Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire On ne saurait trop insister sur cette idée à une époque où l'engouement pour les formes les plus étroites de l'action pratique va de pair avec la propagande à la mode de l'opportunisme. »