10 avr 2015

Les cotisations des membres dans le Parti Communiste

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Traditionnellement dans l'histoire du Mouvement Communiste International, les statuts d'un Parti Communiste expliquent que pour être membre, il faut deux choses : être actif dans un comité du Parti et être à jour de ses cotisations.

Il n'y a pas de documents présentant cette question des cotisations et c'est un tort, aussi un petit aperçu est-il nécessaire.

Il y a lieu en effet de distinguer les différentes facettes de cette question des « cotisations ».

Cotiser signifie verser une certaine somme.

Par exemple, on peut adhérer à une association, auquel cas on paie des frais d'adhésion à l'année. On peut également cotiser de manière obligatoire, par une partie des salaires, afin d'alimenter financièrement différentes caisses sociales gérées par l’État, comme l'assurance-chômage, l'assurance-vieillesse, etc.

Ici, le terme de « cotiser » ne propose qu'une dimension passive. Dans un Parti Communiste, la cotisation ne saurait par contre consister en un versement simplement symbolique ou utilitaire ; il y a une dimension politique.

Ainsi, le Parti Communiste français disait dans ses statuts de 1926 que le membre doit être actif :

« Peut être membre du Parti quiconque accepte le programme et les Statuts de l’Internationale Communiste, s’engage à y travailler activement, à se conformer à toutes les décisions de l’Internationale Communiste et du Parti et acquitte régulièrement sa cotisation. »

Devenu révisionniste, le Parti « Communiste » français donnait inversement en 1964 la définition suivante d'un de ses membres :

« Quiconque accepte son programme et ses statuts, adhère à l’une des organisations de base du Parti et acquitte régulièrement ses cotisations. »

La nouvelle définition relève de l'adhésion, non de l'activisme propre à un Parti Communiste, ni même d'ailleurs d'une organisation de la social-démocratie de la fin du XIXe siècle. On adhère à un parti politique traditionnel, mais pas à un Parti Communiste, qu'on ne peut que rejoindre en devenant militant, et non un simple adhérent.

Pour cette raison, et cela date de la social-démocratie, les cotisations ne sont pas payées à l'année, mais par mois, voire deux fois par mois.

Dans une association, on paie une fois par an, on est débarrassé. C'est une démarche formelle, administrative.

Par contre, dans la tradition révolutionnaire social-démocrate, on paie donc sa cotisation et on reçoit en échange un timbre qui est la preuve de la cotisation, et qu'on colle dans un petit livret à cet effet.

Si on ne paie pas sa cotisation, on est amené à sortir de l'organisation, et cela donc non pas à l'année, mais très rapidement. L'organisation est militante, son moteur est idéologique : si on ne montre pas qu'on y est actif et qu'on ne la soutient pas, on est placé dehors, on est rejeté.

Dans le Parti Communiste français, de 1926 à 1945, on était ainsi exclu si on ne payait pas ses cotisation pendant trois mois (ce qui revenait à six cotisations non payées).

Les cotisations ont donc une dimension idéologique, et non seulement pratique. On ne peut pas « adhérer » à un Parti Communiste, car on ne peut y être que coopté, intégré avec l'accord de la direction du Parti Communiste. De la même manière, pour y rester, il faut montrer qu'on a choisi de rester dans la ligne, de se plier à la discipline de l'organisation.

Il reste à traiter de la question du montant des cotisations. Comme on le sait, le Parti Communiste est avant tout une organisation de cadres, qui doivent si possible être des révolutionnaires professionnels, consacrant toute leur vie à cela.

Il serait cependant formel, de type d'ultra-gauche, de considérer que tous les membres du Parti Communiste doivent consacrer l'ensemble de leur revenu à celui-ci. Une telle démarche ne saurait s'imposer par en haut ; elle relève du processus historique.

Pour cette raison, le montant des cotisations est arbitraire. On peut affirmer qu'il semble juste qu'il soit de 5 % pour les salaires relevant du minimum et de 8 % pour les salaires supérieurs.

Néanmoins, ce genre de décisions relève du congrès, qui fixe les barèmes selon les contextes, les besoins de l'organisation, le niveau des luttes de classes et d'engouement allant avec, etc.

L'aspect politique de la question des cotisations est toujours principal ; il ne saurait être question d'un paiement formel, relevant de la routine de type associative ou syndical.

C'est d'ailleurs ici quelque chose qui a fait du mal à la social-démocratie et au Parti Communiste français : le paiement et l'obtention des timbres sont devenus des routines masquant la signification réelle de ces actes éminemment politiques, idéologiques et culturels.

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