10 Jan 2009

Palestine: quelle est la nature du FPLP et du FDLP? Y a-t-il un rapport entre leur faiblesse et la force des islamistes?

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Les récents événements en Palestine ont montré avec encore plus de force la nécessité de connaître la gauche palestinienne.

Mais il y a une chose qu'il faut bien comprendre: si dans les années 1970 le Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) et le Front Démocratique pour la Libération de la Palestine (FPLP) avaient une signification certaine, ce n'est plus le cas.

Il faut en comprendre les raisons pour comprendre ce que sont le FPLP et le FDLP.

Tout d'abord, il faut bien avoir en tête que le FDLP et le FPLP sont des organisations populistes.

Ce sont des mouvements, avec une tradition, une ligne politique, des conceptions idéologiques, etc., mais ce ne sont pas des partis à l'identité bien définie. Cette forme d'organisation a joué un très grand rôle dans leur décadence.

En fait, historiquement, ces deux organisations ont scissionné en 1968 sur la question du Parti.

Le FPLP reprenait la stratégie du foyer insurrectionnel de Guevara, et se réclamait des expériences chinoise, vietnamienne et cubaine. Le FDLP s'est fondé lui en opposition à cette ligne, affirmant qu'il fallait auparavant une avant-garde organisée, pour orienter le travail de masse.

Mais en pratique, le FDLP a la même base d'organisation que le FPLP. Il s'agit dans les deux cas de « fronts », c'est-à-dire de formes « populaires »qui n'en sont pas vraiment, à la mi-chemin entre l'avant-garde et le front de masse.

La conséquence en est un flou idéologique et une orientation clairement pragmatique. Vue la situation palestinienne, les conséquences en ont été ravageuses.

En fait, ce qui s'est passé est simple: la gauche palestinienne a bien vu que sur les plans financier et militaire, l'Etat sioniste était porté à bout de bras par les USA.

Ni l'Etat israélien ni l'Etat turc ni l'Etat pakistanais ne pourraient de fait exister en tant que tel s'ils n'étaient pas des marionettes au service des puissances impérialistes. Par conséquent, par pragmatisme, le FPLP et le FDLP sont tombés dans les bras de l'URSS.

Comment cela est-il possible, alors que ces deux organisations mettaient en avant la guerre populaire et Mao Zedong?

La raison en est simple: ni le FPLP ni le FDLP n'ont compris la question essentielle qu'est la nature semi-coloniale semi-féodale des pays arabes.

A son second congrès, en 1969, le FPLP met en avant les principes de la guerre populaire et de la révolution démocratique, et reconnaît le marxisme-léninisme comme idéologie.

Mais le FPLP n'a pas compris la question semi-coloniale semi-féodale, c'est-à-dire que sur le plan de la révolution démocratique, la conception du FPLP en reste au mieux aux enseignements de Lénine-Staline et de l'Internationale Communiste, et méconnaît totalement les enseignements de Mao Zedong.

La conséquence en a été une incompréhension générale de la question arabe, qui a amené la naissance par le FPLP de la conception de la « réaction arabe. »

Le FPLP considérait comme réactionnaire les régimes jordanien, les pays du Golfe, l'Arabie Saoudite, c'est-à-dire les pays semi-coloniaux semi-féodaux dominés par l'impérialisme US.

Mais le FPLP n'a pas considéré comme étant réactionnaires des pays comme l'Irak, la Libye ou la Syrie; pour le FPLP ces pays étaient des « Etats nationaux » et le FPLP considérait que le nationalisme de gauche les poussait en avant, dans le camp progressiste.

Le FDLP a eu exactement la même considération. Et en pratique, cette conception des « Etats nationaux » était celle du social-impérialisme russe (mais aussi du marxisme-léninisme albanais, mais également du trotskysme du type « pabliste » représenté en France par la LCR).

Le FPLP et le FDLP ont donc cherché à se placer sous l'aile du social-impérialisme russe, face au prétendu ennemi commun et unique: l'impérialisme US.

Tout autant le FPLP que le FDLP ont au fur et à mesure de plus en plus abandonné la question nationale arabe, au profit d'un anti-impérialisme conforme à l'idéologie du social-impérialisme russe.

C'est-à-dire que la petite-bourgeoisie palestinienne, que représentait ces deux organisations, a tenté de dévier le mouvement des masses populaires afin de se propulser comme bourgeoisie, cette fois bureaucratique et inféodée au social-impérialisme russe.

Tant que le social-impérialisme russe existait, le FPLP et le FDLP avaient donc une signification propre. Le FDLP avait même un soutien quasi officiel de l'URSS social-impérialiste, tant sur le plan matériel qu'idéologique.

C'est également à ce niveau qu'apparaît quelqu'un comme Carlos, issu du FPLP et travaillant comme agent secret plus ou moins indépendant selon lui, mais en fait totalement intégré aux appareils du social-impérialisme russe (par l'intermédiaire notamment de l'Allemagne de l'Est et de pays arabes semi-féodaux semi-coloniaux comme la Syrie, etc.).

Le FPLP et le FDLP ont donc été des cartes dans la main du social-impérialisme russe pour faire « pression » sur l'OLP.

Car si l'OLP de Yassir Arafat était initialement tournée vers l'URSS, au milieu des années 1980 et principalement après la guerre au Liban, la bourgeoisie nationale palestinienne que représentait l'OLP est lassée du trop faible soutien du social-impérialisme russe et se tourne vers les Etats-Unis, par l'entremise de la Jordanie et de l'Egypte.

A partir de 1985 et surtout 1989, elle s'est donc intégrée dans les institutions impérialistes mondiales, et devient une bourgeoisie bureaucratique inféodée à l'impérialisme US.

Mais cela signifiait encore plus d'oppression sur les masses et la petite-bourgeoisie. La petite-bourgeoisie et les capitalistes locaux ont donc réagi.

Ils n'ont pu se tourner vers l'URSS, celle-ci n'existant plus, et n'ont pu donc pas avoir comme option la soumission au social-impérialisme russe, option qui avait donc exercé une attraction sur l'OLP et la bourgeoisie locale palestinienne subissant la pression de l'impérialisme US et du sionisme.

Par conséquent, la petite-bourgeoisie et une partie de la bourgeoisie nationale palestinienne ont littéralement abandonné le FPLP et le FDLP à leur sort, ces organisations s'effondrant comme des châteaux de cartes, pour s'orienter vers une nouvelle option illusoire servant d'alternative à l'inévitable révolution démocratique arabe: l'Islam.

L'Islam a permis à la petite-bourgeoisie de manipuler les masses populaires pour ses propres objectifs. Voilà ce qui explique les surenchères permanentes du Hamas et du Hezbollah, tout autant que les conflits avec le Fatah de Yassir Arafat, principale composante de l'OLP devenue l'institution centrale de la bourgeoisie locale devenue bureaucratique et vendue à l'impérialisme US.

Alors, que vont devenir le FPLP et le FDLP? En pratique, sans une autocritique générale de leur ligne, ces organisations ne progresseront pas.

Et pour l'instant, il n'y a pas d'autocritique. Le FDLP et le FPLP se contentent d'exprimer leurs « regrets » vis-à-vis de la disparition de l'URSS.

La sixième conférence du FPLP en juillet 2000 est très claire : non seulement il n'y a plus aucune référence au socialisme, mais en plus il est fait appel à la communauté européenne, la Russie et la Chine.

Il y est critiqué le manque de démocratie au sein de l'Autorité Palestinienne, ce qui est évidemment insuffisant vue la nature compradore - bureaucratique de l'Autorité Palestinienne!

Le FPLP et le FDLP se rattachent aux vieilles lunes, de la même manière que Carlos qui considère aujourd'hui qu'il n'y a pas de contradiction entre être religieux et communiste, qui considère positivement l'histoire du social-impérialisme russe et soutient évidemment les pseudos Etats nationaux arabes ainsi que Chavez, etc.

Il n'y a aucune compréhension de ce qu'est un pays semi-colonial semi-féodal; le FPLP considère que des pays comme la Corée du Nord, l'Iran islamiste, l'Irak de l'époque de Saddam Hussein ou une force comme le Hizbullah s'opposent réellement à l'impérialisme!

Il ne comprend pas que ces forces ne peuvent PAS être indépendantes car elles ne sont pas portées par les masses populaires et dirigées par la classe ouvrière, et que par conséquent inévitablement elles passent sous la coupe de puissances impérialistes.

En fait, le FPLP ne voit que l'impérialisme US; il ne voit pas l'impérialisme français pourtant très présent dans la région, ni l'impérialisme russe ou encore le social-fascisme chinois.

Cela n'a pourtant pas relevé du hasard que le fondateur du FPLP, George Habache, tout comme Yassir Arafat, ait été soigné en France.

En fait, le FPLP a historiquement eu la même ligne guévariste que la Fraction Armée Rouge, et ces organisations se sont par ailleurs mutuellement influencés. Et le FPLP tout autant que la RAF en Allemagne considéraient comme positifs l'activité du social-impérialisme russe.

Il n'est donc pas étonnant que, sur cette base guévariste, le FPLP ait également eu depuis le départ des rapports privilégiés avec la LCR en France, qui avait la même vision positive du rôle de l'URSS; le FPLP était d'ailleurs encore récemment, en 2008, invité au congrès de la LCR, et a envoyé un message de salutations.

De fait, il y a tout un contingent trotskyste régulièrement envoyé en Palestine sous des prétextes humanitaires, en réalité pour pourrir idéologiquement les mouvements populaires.

A nous en France par conséquent de pratiquer un internationalisme prolétarien réel, capable de saluer et de soutenir le peuple arabe palestinien, composante essentielle du mouvement de libération nationale arabe.

Un mouvement de libération nationale passant inévitablement par la guerre populaire et la liquidation des Etats semi-coloniaux semi-féodaux opprimant les masses arabes.

A ce titre, ni le FDLP ni le FPLP ne sont des organisations à la hauteur de cette nécessité. Mais ils représentent deux forces progressistes, opposés aux discriminations ethniques et religieuses, ainsi que théoriquement favorables à l'égalité hommes-femmes.

De plus et c'est pour cela que ces organisations, notamment le FPLP, ont eu le soutien des masses populaires: elles mettent en avant la question des réfugiés palestiniens et rejettent en effet un accord de paix impérialiste - tout au moins avec l'impérialisme US, prédominant dans la religion et utilisant l'Etat israélien comme une de ses marionnettes.

Pour résumer en quelque sorte:

1.Les communistes considèrent qu'une révolution démocratique est nécessaire dans tous les pays arabes, et le FPLP et le FDLP ne sont pas à la hauteur en ce qui concerne cette question centrale.

La conséquence en est que le FPLP et le FDLP peuvent rentrer par moment dans le jeu de puissances impérialistes concurrençant l'impérialisme US, notamment l'impérialisme français.

2.Le FPLP et le FDLP portent des éléments authentiquement démocratiques et s'opposent à un réglement pacifié sur le dos du peuple arabe palestinien.

A ce titre, le FPLP et le FDLP peuvent devenir le fer de lance de la révolution démocratique arabe, si un saut qualitatif est effectué de leur part, notamment par leur retour à leurs positions initiales, qui ont été abandonné de manière erronée au profit d'une intégration dans le jeu du social-impérialisme russe.

3.Il appartient aux communistes de France de soutenir la révolution démocratique arabe, et de mettre en avant les positions et programmes des organisations palestiniennes des années 1970, alors qu'elles s'avançaient vers le marxisme-léninisme-maoïsme, qu'elles avançaient dans l'identité de la guerre populaire et de la révolution démocratique.

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